Prenant la suite de "Wandavision", soit une des rares bonnes séries du MCU, Agatha All Along avait une tâche à porter : développer et enrichir le monde des sorcières dans le cadre du MCU.
Et le fait est que Agatha All Along, même s'il se raccroche à la continuité, diffère en terme d'ambiance du reste des productions de la firme Marvel. On est presque plus dans une production de sorcières version Hollywood familial que chez Marvel. Au point d'ailleurs qu'un épisode en vient à faire des références un peu trop explicites à d'autres œuvres du genre.
N'en reste pas moins un résultat, sans grande surprise, trop inégal.
Etonnamment, c'est côté scénario que la série s'en sort le mieux. Ca n'est pas sans trous ni défauts, mais Agatha All Along essaie de raconter quelque chose et de développer certains personnages au-delà des deux principaux. Les autres ne sont pas de si inutiles faire-valoir et ont un minimum de background, à défaut de tous avoir une progression satisfaisante.
Et l'ensemble se permet de petits pas de côté pour travailler cela lorsque c'est nécessaire. Bref, là où Disney a tendance ces dernières années à étirer un scénario de long métrage sur 6 à 8 épisodes de série pour sa plateforme, là j'ai quand même le sentiment que cela a été réfléchi, travaillé et écrit pour être une série dès le départ. Même si c'est structurellement basique, un épisode revient à une "épreuve" sur le chemin des sorcières et à un changement de cadre et d'ambiance.
Parce que oui évidemment, la série se voulant être une séquelle de Wandavision, elle reprend à sa sauce le gimmick même si l'impact est ici moindre.
En bonne partie que le niveau de production global est très faiblard. On ressent tout du long le fait que la série est quasi à 100% tournée en studio. Beaucoup de décors sonnent faux, en plus d'être mal éclairés avec des nuits américaines dégueulasses. Certes je sors du sublimement photographié Disclaimer, mais là c'est un travail assez indigne d'un tel niveau de production supposé... Et cela casse grandement l'immersion. Cette sombre et profonde forêt de 50m², quel enfer...
(même si un plan vers la fin de la série en joue et j'ai d'ailleurs trouvé ça assez drôle). Tout n'est pas à jeter pour autant. Parmi les séquences importantes, on a droit à une épreuve chantée assez bien troussée, un épisode 6 à l'introduction réussie et potentiellement importante pour la suite du MCU, ou un bon travail de montage sur l'épisode 7. Ce dernier, réalisé par la showrunneuse Jac Schaeffer est probablement et d'assez loin le meilleur de la série.
Aussi la finalité de la série dénote un peu, le supposé climax arrivant plus tôt (et bien vite expédié) et laissant place ici à autre chose en conclusion de finalement plus intéressant.
En fait, il faut se fader 3-4 épisodes peu engageants avant que la sauce prenne et que la série prenne un tournant plus excitant.
Côté casting, ils ont tous l'air de plutôt s'amuser. A titre perso j'ai beaucoup de mal avec le cabotinage de Kathryn Hahn. Et globalement on sent le manque de direction d'acting et que chacun fait son petit numéro un peu en roue libre. Et dans ces cas là, comme dans le récent Megalopolis de Coppola, c'est Aubrey Plaza qui sait tirer son épingle du jeu dans un rôle, il faut dire, sur-mesure. Mais attention, on ne la voit pas tant que ça sur l'ensemble de la série.
En bref, Jac Schaeffer avait plein de bonnes intentions et cela se ressent par bribes. Mais Agatha All Along souffre assez terriblement des contraintes Disney, qu'il s'agisse de son encombrant cahier des charges (les conservateurs vont encore chialer et nous les briser, quand Disney devrait aussi (ré)apprendre la définition du mot subtilité quand il s'agit d'implémenter des éléments qui devraient l'être de façon bien plus naturelle) et d'une cadence de production qui ne permet simplement pas à ces séries de s'avérer mieux que passables.
Toujours est-il que, s'il fallait comparer, c'est mieux que Miss Marvel, Hawkeye, She-Hulk, Echo ou encore l'affreux Secret Invasion.
