Tout simplement le meilleur film de Gareth Edwards ! Avec The Creator, ce dernier renoue avec l'aspect humain de Monsters conjugué à l'ampleur guerrière de Rogue One. Mais au-delà de ça, on tient avant tout un gros mariage d'influences de SF venant de toute part (il y a du Star Wars, Animatrix, Asimov, Philip K. Dick, Teeminator, Avatar, Ghost in the Shell ou même Akira et Children of Men).
Évidemment tout cela est convoqué d'entrée de jeu : un ancien soldat se retrouve embarqué en mission en Nouvelle-Asie en 2070 pour trouver une super-arme mise au point par l'IA (cette dernière étant quasi une civilisation à part entière après avoir bombardé LA). Manque de bol, cette arme semble être un enfant, et dans un périple pour leur survie, Joshua (John David Washington) va tenter de trouver un amour perdu et aussi sa place au sein de ce conflit.
The Creator puise donc dans d'innombrables œuvres séminales du genre, du coup on devinera assez rapidement quelle tournure pourra prendre l'histoire globale.
Et pourtant Edwards arrive selon moi à totalement digérer des influences, mais aussi amener sa propre voix. La singularité tient non seulement en 2-3 points thématiques et scénaristiques plutôt singuliers (pas de spoiler, mais le point de vue sur l'IA apporte une dimension transhumaniste bienvenue, où la Machine a besoin de dimension humaine), allié à une histoire d'amour au traitement original en filigrane.
Mais surtout, en terme de direction artistique et de production design, The Creator peut se targuer d'être le plus beau film de SF qu'on ait eu depuis de nombreuses années. Pour 80M de dollars seulement, Edwards et son chef op' Oren Soffer ont tourné en équipe réduite à travers l'Asie, apportant pour le coup une vraie vie et une authenticité dingue à ce monde futuriste peuplé de "simulants".
Chaque plan est un festin pour tout fana de SF, et Edwards a aussi la riche idée de faire de The Creator une sorte de film de guerilla en mode Guerre du Vietnam cyberpunk (pas pour rien qu'on voit des américains bombarder sans scrupule des robots à faciès d'asiatiques). Une identité visuelle assez unique dans le genre je trouve, qui fait totalement sens de par son décorum chargé en mythologie bouddhiste (le titre du film n'étant pas choisi pour rien).
Certes ce n'est pas aussi riche que du Cameron à ce niveau mais quand même. Ce dont ces subtilités qui arrivent à donner de l'incarnation à certains persos méritant + de développement (notamment l'excellente Allidon Janney).
Outre un rôle secondaire bien intégré pour Gemma Chan et la classe de Ken Watanabe, The Creator tient avant tout par un John David Washington impeccable et immédiatement attachant. Dans ce simili Lone Wolf & Cub, il faut saluer la jeune Madeleine Yuna Voyles. On évite le cliché de l'enfant-boulet insupportable par un jeu en retenue mais totalement adéquat. Malgré que le film aurait mérité 15 min de plus et 1 ou 2 précipitations en moins dans le traitement de leur relation, cela fonctionne et est même plutôt vecteur d'émotion.
Enfin un petit mot sur la BO de Zimmer : c'est réussi ! Pas sa partition la plus mémorable mais un beau sound design allié à quelques sonorités ethniques pas piquées des vers parviennent à apporter une certaine identité musicale (pour le reste la BO a aussi du Debussy ou du Radiohrad pour mon plus grand bonheur).
Bref selon un très bon film de SF, optimiste vis-à-vis de son sujet. Cela ne transcende pas ses influences, mais ça a le mérite d'apporter quelques éléments inédits dans le genre malgré une écriture parfois précipitée. Mais du blockbuster comme ça on en veut tous les jours, et il me tarde déjà de le revoir !
7/10