Le Cercle des profileurs disparus

Inutile de vénérer Godard pour venir discuter sur ce forum. Le Général vous permet en effet d'aborder tous les sujets outre le cinéma.
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Pale
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NaughtyDog
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Après The Brutalist, le duo Brady Corbet - Mona Fastvold revient avec The Testament of Ann Lee, cette fois mis en scène par madame. Un biopic étonnant, centré sur la prophétesse d'une obscure organisation religieuse : les Shakers. Née à Manchester au milieu du XVIIIe siècle, cette dernière va rejoindre cet ordre dérivé du protestantisme, prônant la chasteté et le puritanisme, annonçant la seconde venue du Christ et versant régulièrement dans des danses rituelles basées sur le mouvement et la respiration.
D'entrée de jeu, le film impressionne pas mal : malgré là encore un budget ridicule de 10M de dollars pour un métrage historique, la photographie 35mm texturée et la reconstitution d'époque (usant même de quelques matte paintings) rend le tout extrêmement palpable.
De plus, le casting est excellent, en particulier une Amanda Seyfried complètement impliquée (accent british réussi de surcroit).
Le problème est que le film propose une dimension musicale balourde dans son utilisation (réorchestrant des psaumes de shakers), surlignant le propos et parfois même pataud en mise en scène (tandis su'à quelques moments le travail choregraphique élève la scénographie figée). Heureusement, la BO de Daniel Blumberg est de très bonne facture.
Cependant, difficile de ne pas voir en The Testament of Ann Lee autre chose qu'une illustration de la vie de cette femme : passée un mariage traumatique avec un mari déviant, le récit n'ira jamais au-delà de la surface pour expliciter les convictions de don Mouvement.
Reste un propos universel sur les persécutions de religion, la place de la femme et la sngularité du projet.

3/5
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Pale
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NaughtyDog
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Immense coup de cœur que Roofman, nouveau film écrit et mis en scène par le trop rare Derek Cianfrance (Blue Valentine, The Place Beyond the Pines, I Know This Much is True). Contant l'incroyable histoire vraie de Jeffrey Manchester, un braqueur évadé de prison qui se sera caché 6 mois dans un Toys R Us tout en vivant une histoire d'amour avec une des employées, Roofman a tout de la comédie haite en couleurs de par son simple canevas de base.
Et oui, le film est très drôle, jouant de son concept avec ludisme, mais Cianfrance joue habilement avec les registres pour en faire une "dramédie" absolument touchante sur cet homme bon (les otages diront de lui que c'était quelqu'un d'extrêmement intelligent et courtois) dont le seul désir est de subvenir aux besoins de ses enfants, et de se connecter émotionnellement avec autrui.
Dès le 1er plan du film tout y est : un sigle McDo, un drapeau américain, et un blue collar ex-vétéran n'arrivant même pas à offrir un vélo à sa fille pour don anniversaire qui perce le toit du restaurant pour s'emparer de la caisse.
La narration est un modèle du genre, la mise en scène maîtrisée au plus près des regards, et la direction d'acteurs sans faille (Lakeith Stanfield et Peter Dinklage ont le temps de briller même en rôles secondaires).
Et si la romance centrale est peut-être amenée un peu rapidement, elle fonctionne grâce à Kirsten Dunst, et bien sûr Channing Tatum dans le rôle-titre. Ce dernier trouve ici son plus beau rôle, magnifié par un Derek Cianfrance oscillant efficacement entre l'humour, la tension et l'émotion. Le tout vers quelques instants surprennament déchirants. Bref, peut-être le meilleur film de son auteur !

4/5

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Avec Blue Moon, Linklater s'attaque à un projet plus modeste, centré sur les derniers jours du parolier Lorenz Hart en 1943, alors que son ancien comparse Richard Rodgers lance avec succès sa pièce Oklahoma!. Et là où le projet est original tient dans son concept pur : le film est un huis-clos en quasi temps réel d'1h30, alors que Larenz Hart se trouve dans le bar où se déroule l'afterparty.
On est donc presque sur du théâtre filmé, bien que Linklater ne fige jamais les déplacements des personnages dans un seul endroit. Le tout est extrêmement verveux, mais assez savoureux dans l'ensemble grâce à la caractérisation de Larenz Hart, impeccablement interprêté par un Ethan Hawke grimé et rapetissé.
Blue Moon doit donc beaucoup (voire même complètement) à sa performance d'acteur, jonglant entre gouaille, grandes tirades, regrets, romantisme et envie amoureuse. Le problème est que toutes ces thématiques s'entrecroisent, s'interrompent, se reprennent au gré des discussions des personnages (Andrew Scott, Bobby Canavale et Margaret Qualley sont également bien dirigés). Certes, le rendu est naturel et crédible, mais tourne plutôt en rond au bout de 45 minutes de métrage, sans trame précise autre qu'explorer succintement la psyché du personnage. Rien de mauvais ou de particulièrement réussi donc, mais un essai avec ses forces et ses limites.

2.5/5
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