Skipper Mike a écrit : ↑ven. 21 oct. 2022 23:29
J’ai quand même du mal à rapprocher Östlund de Lanthimos, ils ont un rapport très différent à leurs personnages. Chez Lanthimos ce sont des robots, ils n’existent absolument pas en dehors des films et n’ont aucune réaction humaine, tandis que chez Östlund au contraire ils regroupent des tas de défauts humains, alors certes la barque est chargée mais je trouve que ça les rend justement très attachants. Ils sont un peu ridicules, mais comme n’importe qui peut l’être, et en fin de compte je ressens pas mal d’empathie envers eux. D’ailleurs Fleuros disait craindre que le réalisateur les prenne de haut il y a quelques semaines et je ne l’avais pas forcément contredit car je n’avais pas vu le film depuis un moment et je me souvenais surtout du couple anglais. En effet celui-ci est salement humilié, mais maintenant que je l’ai revu je me rends compte que ce couple est sans doute le seul dans ce cas-là, tandis que tous les autres personnages sont plus ou moins sauvés, ou ont en tout cas quelque chose qui fait que ce ne sont pas de purs salauds. L'humour joue beaucoup là-dessus justement, alors que la froideur d'un Lanthimos rendrait cela insupportable.
Toujours est-il que je ressentais un certain surplomb qui me mettait mal à l’aise dans
Snow Therapy alors que peu de monde le lui reprochait, et maintenant que j’adhère pleinement au cinéma d’Östlund c’est la critique qu’on lui fait le plus
Quant à la scène centrale du dîner, elle me fait toujours très très rire et reste à mes yeux un modèle d'accumulation comique

Par contre j'avais oublié l'irruption de la musique métal à la fin, qui effectivement casse le rythme et n'est clairement pas le truc le plus subtil.
Pour le Lanthimos c’est trop bizarre parce que justement, pour moi, ça n’est pas totalement ça en fin de compte : autant l’ensemble des personnages secondaires du film était effectivement pris de haut (de manière franchement odieuse parfois), autant j’avais finalement réussi à trouver le couple Farrell / Weisz très émouvant malgré la froideur extrême du film (qui était sauvé seulement par ces deux personnages principaux justement). Eux, parvenaient à instaurer une certaine humanité dans ce film qui en semblait totalement dépourvu. Parce que c’était un couple auquel j’arrivais finalement à croire et auquel j’arrivais quand même à me raccrocher contrairement au couple d’Anglais chez Östlund qui est clairement un punching-ball pour le cinéaste.
Exception faite des premières scènes du film, au restaurant puis à leur hôtel, où là j’ai réellement eu l’impression qu’il s’agissait d’un vrai couple avec des préoccupations que je comprenais (malgré le malaise que le cinéaste prend plaisir à instaurer, chose qui ne m’a absolument pas gêner pour le coup). C’est d’ailleurs pour ça que c’est ma partie préférée et pour ça aussi que j’ai cru, à ce moment là, que je pourrais apprécier le reste du film. Mais la suite, c’est un autre délire je trouve. D’où la sensation, d’ailleurs, qu’Östlund avait eu plusieurs idées de films qu’il a regroupées en un. Et le mélange ne marche pas.
Quant à la scène du dîner, je n’arrive pas du tout à lui trouver le moindre intérêt. Elle ne s’inscrit nullement dans la durée et il n’y a aucun gag qui soit pensé, aucune idée un peu surprenante sur le plan cinématographique. C’est juste des plans puérils et des images outrancières pour choquer le bourgeois, genre les multiples plans de vomi, le mec assis sur la cuvette des chiottes, etc. Quand on sait qu’un film comme La Grande Bouffe est passé par là il y a bien 50 ans, franchement cette scène est assez pitoyable. Et comme tu le précises, il y a la musique metal qui achève le tout : mais qui fait encore ça ?!
C’est un peu comme l’utilisation de la musique de Vivaldi dans Snow Therapy d’ailleurs. Ostlünd n’est pas seulement en manque de subtilité, il est complètement putassier.
Et j’ai également été très déçu du rôle attribué à Woody Harrelson dans le film. D’une part j’adore cet acteur et ensuite j’aurais bien aimé que le film traite son personnage de manière complètement différente. L’idée d’en faire un capitaine de navire américain communiste dans un yacht peuplé de bourgeois et de milliardaires c’était quelque chose de génial sur le papier et sur laquelle le film aurait pu s’appuyer davantage pour développer une pensée sur la lutte des classes. J’aurais aimé que le cinéaste en fasse un personnage qui observe cyniquement (un vrai cynisme j’entends) le monde qui l’entoure et qu’il en fasse un véritable contre-point. Notamment dans cette scène du dîner vomi-caca où il aurait pu être le seul personnage à en réchapper et tenter de gérer la crise. Là on aurait pu avoir quelque chose de réellement pensé (c’était d’ailleurs l’idée que je m’étais faite du personnage avant de voir le film, et ça a peut-être en partie jouer sur mon appréciation du personnage). Au lieu de ça, le film le réduit à un personnage alcoolique et nonchalant. Je n’ai pas compris l’intérêt de ses scènes je t’avoue.
Pour en revenir à Snow Therapy, par contre, je trouve effectivement que le couple prend cher mais on sent malgré tout que le cinéaste ne les prend pas (complètement) de haut, il leur laisse systématiquement une porte de sortie. Et surtout, à la manière du couple d’Anglais tel qu’il est présenté dans la première partie de Sans filtre, c’est un véritable couple qui est dépeint, autrement dit un couple dont je comprends les préoccupations et surtout, qui les dépeint avec acuité et un semblant d’intelligence.
Kahled a écrit : ↑dim. 16 oct. 2022 16:18
Je n'ai absolument pas vu ce truc

Mais je trouve l'idée très drôle

Moi ça m’a sauté aux yeux !
Peut-être parce que je déteste les mouches et que ça m’énerve toujours quand je les vois roder dans mon environnement !
Par contre, j’en ai aussi discuté avec Fleuros / shenbov sur une autre discussion et lui non plus ne s’en souvient pas. Du coup c’est moi qui commence à douter : j’espère que je ne l’ai pas rêvé !
