
Oui TDK est meilleur, tout comme Batman Returns et Begins
mais The Batman est une masterclass absolue durant sa première partie, convoquant Frank Miller avec férocité, tout en allant vers le terrain du polar hardboiled (Seven, Saw ou Zodiac sont ouvertement cités, tout comme French Connection).
L'ambiance y est électrisante, magnifiée par la photo de Greig Fraser et les sonorités lourdes de Giacchino, conférant au film un cachet assez majestueux (en terme de fabrication, c'est le meilleur film Batman y a à doute).
Mais qui dit intrigue policière, dit que si tu commences comme Seven et finit comme Bone Collector, c'est un peu décevant. Et tout au long des 3h (passionnantes néanmoins et jubilatoires pour tout fan de comics et du perso), le film enchaine les séquences avec brio, avec un Matt Reeves qui te filme des joutes violentes en nightclub ou une superbe poursuite en Batmobile avec brio.
Le côté detective de Batou est bien mis en avant, au gré des enigmes (plutot bien trouvées du Riddler). Le souci vient du fait que l'écriture finale de cette intrigue déçoit un tantinet et se révèle plutot simpliste, en finissant d'aller dans les clous de ce que Nolan avait pu faire dans sa trilogie (et sans le même brio d'écriture). Sans spoiler, si on a déjà vu du film ou de la série policière, on ricanera un tantinet devant certaines couleuvres du style "haaann mais il a des flics corrompus à sa botte??". Pas de quoi annihiler le tout, d'autant que le climax se veut très bien tenu, et yva en mode full super-héroique et badass.
A ce titre, Pattinson est tout simplement parfait, proposant un Batman névrosé, insomniaque et à la limite du psychotique, laissant à de rares instants s'exprimer sans parole le trauma bouillonnant (que Reeves capte à merveille encore une fois).
Bruce Wayne n'existe cependant pas (pas encore ?).
Le reste du casting est top, à commencer par Kravitz en Selina Kyle : l'alchimie est parfaite et fait oublier la fadasserie d'Hathaway. On assiste par ailleurs à toute une origin story du perso en un sens.
Jeffrey Wright est impeccable en Gordon, tout comme Colin Farell en Pinguoin dopé au Al Capone de De Niro. Andy Serkis fait bien le job dans une version d'Alfred plus singulière qu'auparavant (cette fois-ci un ex-agent du MI6), et John Turturro est un bonheur à chaque séquence en Falcone (le vrai méchant réussi du film).
Car oui, Paul Dano a beau exceller dans pas mal de scènes du film, à quelques instants la roue libre est un peu présente (comme si il fallait singer le Joker de Ledger couplé à son rôle dans There Will Be Blood).
Au final, The Batman reste une très bonne pioche, qui cotoie l'excellence très souvent, mais légèrement handicapée par des défauts d'écriture pour son dernier acte qui nuisent un tantinet au ressenti final et la profession de foi.
Reste qu'on a un nouveau Batman assez flamboyant, et qu'il me tarde déjà de voir la suite (dont le vilain est même teasé assez frontalement) !
4/5