Vu ce soir
Inunaki : Le Village oublié, dernière oeuvre horrifique japonaise de Takashi Shimizu (sa plus connue étant évidemment Ju-On / The Grudge).
Sorti dans l'indifférence assez générale en VOD il y a quelques mois (mais remarqué à Gérardmer où il avait obtenu le Prix du Jury), le film prend racine, comme souvent au Japon, dans une légende urbaine assez connue du pays, celle du village abandonné et supposément maudit de Inunaki et son tunnel duquel on ne ressortirait jamais vivant (
plus d'infos là sur le vrai et le faux d'un lieu qui ferait plaisir aux amateurs d'urbex).
On y retrouve pas mal de tics habituels de Shimizu, et surtout sa propension à mélanger les temporalités.
Le film s'avère même assez labyrinthique, pour ne pas dire parfois brouillon. Les morceaux se recollent encore un peu après le visionnage. Les sous-textes et thématiques aussi. Le récit tourne énormément autour de la notion du deuil, mais il y a plusieurs éléments que l'on peut assez aisément interpréter comme une critique du système hollywoodien, je suppose en réaction à ce qu'est devenu la licence Ju-On, qu'il a dans un premier temps accompagné jusqu'aux US, avant de la laisser agoniser en voyant ce qu'on lui faisait subir de film en film.
J'ai trouvé globalement le film vraiment intéressant à analyser et comprendre et il contient deux ou trois très jolies scènes, notamment un plan séquence qui joue assez habilement avec la timeline. Et une autre assez marquante autour de la mort d'un personnage dans le premier quart du film.
Le problème c'est qu'à côté de ça, on voit bien que le film est fauché et que les personnes allouées aux costumes et maquillages ne sont pas des artistes de premier plan.
Du coup la plupart des scènes purement horrifiques, et même si l'intérêt global est ailleurs, sont assez largement plombées par la forme. Quelques effets fonctionnent, mais la plupart du temps on est plus affligé qu'apeuré quand il s'agit de nous montrer du monstre/spectre/fantôme (il y a un peu de tout dans le film

).
Et c'est bien dommage parce que si on arrive à outrepasser la forme, le fond mérite qu'on s'y attarde.
Un sentiment de gâchis donc. Avec un peu plus de moyens et aussi peut-être un récit légèrement plus épuré, je suis persuadé qu'on aurait pu avoir une grande œuvre horrifique à la hauteur des ambitions de son metteur en scène.
