quelle jouissance

c'est simple j'ai pas pris un pied jouissif et viscéral devant un comic book movie live depuis Kick-Ass, Kingsman et sans doute même Blade 2
évidemment c'est pas pour tout le monde mais James Gunn arrive à faire un ptit miracle à plusieurs niveaux :
-faire un pur comic book movie ultra référencé et respectueux du genre (Starro non d'un chien)
- créer un gros blockbuster d'action à 200 patates avec de la viande sur les murs (et diablement bien mis en scène)
- un vrai film de misfits irrévérencieux qui pioche autant dans le film de guerre que la comédie noire potache
C'est simple dès l'intro on est dans le bain, et pendant 2h ça enchaine les idées, reprend des tropes connues, les retourne...et n'oublie jamais ses personnages au centre
tout comme chez un Del Toro y a un amour des freaks, et c'est une superbe idée de mettre au centre des persos ultra secondaires de DC pour justement les faire briller (on est pas loin de la formule Gardiens de la Galaxie finalement, mais ici en mode sale gosse XXL)
et que dire du casting, absolument parfait: Idris Elba montre encore une fois soncharisme à toute épreuve, sa badassitude (belles idées que l'armure-attirail de Bloodsport, qui a également une vraie âme de leader), Daniela Melchior (Ratcatcher 2) en plus d'être une très charmante révélation est la voix de la sagesse du groupe, King Shark est un superbe comic relief (toutes les notes d'humour fonctionnent du tonnerre) mais malgré son aspect d'imbécile fini est aussi le plus puissant de l'équipe.
Dastmalchian trouve un rôle sur mesure en Polka-Dot Man (un bad guy ridicule au possible mais avec ses propres traumas et sa folie bien retranscrits), et que dire de John Cena en Peacemaker (gros cliché du GI Joe US trop biberonné aux armes à feu) qui est également génial.
Le reste du cast,qui va de petits (vraiment petits) nouveaux à certains qui reviennent (Kinnaman,Viola Davis, Jai Courtney...), est riche, et prouve que Gunn arrive sans forcer à corriger et amener bien plus loin ce qui a été fait dans le film de 2016 (au hasard dès le début entre Storm Reid et Elba,quia tout d'un dialogue père-fille à contre-courant de ce qu'on a dans ce type de production)
Margot Robbie en Harley Queen (qui était d'ailleurs très bien dans Birds of Prey) en estle plus bel exemple,trouvant un arc au sein du métrage, des moments burlesques, touchants et même carrément mis en scène de main de maître (montage et réalisation au top lors d'une séquence d'action qui enterre à elle seule tout ce qu'on a eu dans le DCEU).
Là encore, Gunn sait de quoi il parle et si le film cite la Horde Sauvage ou les 12 Salopards,le matériau reste le comics de Ostrander (ptit caméo dans le film au tout début pour ceux qui auront l'oeil) : pas de simili anti-héros,ici on a une bande d'ordures ou de moralement déviants embrigadés contre leur gré en mission sur une île d'Amérique du Sud après un coup d'état.
Si The Suicide Squad n'a pas un scénario profondément troublant ou renversant, l'écriture globale force le respect dans sa capacité à renverser les enjeux, à avoir un discours (certes connu mais efficace) concernant les gouvernements corrompus qui n'hésitent pas à sacrifier pour le "bien commun", mais surtout à proposer de vrais moments d'émotion (pourtant concernant des persos totalement borderline encore une fois).
Visuellement la photo d'Henry Braham flatte et compose des cadres directement issus de comics à intervalles réguliers, sans être du décalque ou de la pose figée (on citera personne). La BO de John Murphy (Sunshine, 28 jours plus tard) amène ce qu'il faut de punch galvanisant (la playlist de Gunn avec musiques intégrées est moins présente que dans ses films Marvel, mais toujours bien choisie), jusqu'à un gigantesque climax de 30 min dément qui lorgne vers le film de zombie.
Bref, c'est une superbe réussite, et pour ma part un des meilleurs comic book movie jamais faits !
9/10