Le problème c'est que quand on y réfléchit, les méchants dans les Indiana Jones sont plutôt faibles. Pour moi, un méchant réussi doit cocher un maximum parmi des cases suivantes :
1. Etre dangereux pour le héros (par ex plus adroit que lui sur son domaine de compétence), pour imposer sa menace
2. Etre réellement "méchant" (cruel, sadique, sans scrupule...)
3. Avoir un gimmick sonore/musical/graphique (voire les 3) qui le distingue et auprès du spectateur en quelques secondes (costume, effet sonore, thème...)
4. Avoir une portée symbolique (par ex incarner le mal pur)
5. Avoir des motivations humaines et crédibles, que le spectateur peut comprendre (par exemple la vengeance, la recherche de sa famille, l'évasion après une humiliation...)
6. Avoir le même objectif que le héros
7. Et évidemment, être joué par un acteur très convaincant
Quand on applique cette grille de lecture, on se rend compte que des méchants comme Darth Vader, Hannibal Lecter, ou l'infirmière Ratched, sont particulièrement réussis.
A l'inverse, dans Indiana Jones, Spielberg n'exploite que très peu de critères :
- Dans Indy 1, les Nazis sont choisis car ils représentent immédiatement le mal absolu pour n'importe quel spectateur occidental, sans avoir besoin de développement (critère 4) et ils veulent la même chose qu'Indy (critère 6). Et c'est tout ! Ils ne sont pas particulièrement menaçants, juste tenaces, et il y a trop de personnages pour qu'un antagoniste se démarque. Et Belloq est trop civilisé et remplit à peine le critère 2.
A la rigueur les uniformes et drapeaux nazis remplissent le critère 3, mais c'est de la triche !
- Dans Indy 2, le gourou est dangereux (critère 1) car il peut arracher le coeur... et c'est à peu près tout. On se moque un peu de cette histoire de pierre sacrée et de village à sauver que l'on voit à peine. La secte des thugs est trop bricolée pour évoquer quelque chose de symbolique. A la rigueur la traite des enfants remplit le critère 2.
- Dans Indy 3, c'est pareil que dans le 1, avec un thème musical récurrent qui remplit à moitié le critère 3.
- Dans Indy 4, il n'y a que le critère 6, et encore c'est très faible. Ils ont essayé de nous fourguer les Soviétiques comme nouveau symbole maléfique mais à part pour quelque illuminés américains ça ne marche pas. Et ils ne sont ni menaçants (pour ça il aurait fallu butter Marion, ça aurait alors eu un vraie intérêt de faire revenir Karen Allen), ni développés.
Vu ce tableau pas terrible, les Nazis sont la solutions de facilité. Le méchant qu'il suffit de voir débarquer pour que l'on comprenne où l'on est (une simple croix gammée suffit, cinématographiquement c'est fort !), et qui ne gênera personne.