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Eh ben, comme s'il n'y avait déjà eu assez d'adaptations... Mais après tout , pourquoi pas tant le matériau d'origine est devenu un mythe qui peut être réinterprété à l'envi.
Pour patienter, je vous conseille la mini-série très sombre de Steven Knight avec Guy Pearce (A Christmas Carol, 2019) :
J'avais manqué Sinners lors de sa sortie en salles, je viens de me rattraper à la télévision, c'est un film assez puissant, tant par son ambiance d'époque, une ambiance durant longtemps difficile à évoquer à Hollywood, que par ses scènes d'horreur (angoisse ou gore). Il est certain que dans un film de Ryan Coogler se déroulant dans le Sud profond des USA vers la fin de la Prohibition, les thèmes fantastiques ne peuvent que servir de métaphore pour une parabole sociale. Le récit, qui évoque de nombreux aspects de la société de cette région imprégnée de violence et de racisme, aspects donc peu évoqués au cinéma jusqu'à présent, et vus par les yeux des minoritaires victimes de cette violence et de ce racisme, a ainsi de nombreux niveaux de lecture.
Une ambivalence qui définit les personnages principaux, gangsters exilés à Chicago mais tentant plus ou moins de se racheter aux yeux de leur milieu d'origine (très bon Michael B. Jordan dans un double rôle) ; et qui se retrouve dans le rôle joué par les vampires, qui n'apparaissent d'ailleurs que tardivement, après que les personnages aient été bien campés ; si je n'aime pas trop certains aspects (la vitesse à laquelle ils ressuscitent), ils sont aussi dotés de quelques caractéristiques originales (comme quasiment toute variation du vampire), notamment la faculté de récupérer les souvenirs et talents de leurs victimes, ce qui leur donne un caractère particulièrement redoutable. Mais si leur caractère habituel de monstres horrifiques est bel et bien présent, et guide leur perception durant la majorité du film, il se double plus tard, à notre surprise, d'un côté émancipateur. On pourrait même voir dans les foules émancipées et pan-raciales (même des membres du Ku Klux Klan oublient leurs préjugés sectaires) levées par le "recruteur" Remmick (superbe Jack O'Connell) une figuration du mouvement des droits civiques autant que des hippies à venir. Au point qu'on en vient à se demander qui sont vraiment les méchants de l'histoire, une hésitation que Smoke (ou Stack ? j'avoue avoir un peu perdu le fil, à dessein) ressent lui-même, les paroles finales de Remmick faisant d'ailleurs justice de toute interprétation manichéenne – et la fin finissant par bien établir que les vrais méchants sont humains et bien humains, en la personne du KKK. Pour toutes ces raisons, Sinners est à voir plusieurs fois pour être bien appréhendé.