Dead for a Dollar, western de Walter HILL, sur un scénario de Matt HARRIS et Walter HILL (USA/Canada, 2022), avec Christoph WALTZ, William DAFOE, Rachel BROSNAHAN, Warren BURKE, Brando SCOTT, Benjamin BRATT, Luis CHÁVEZ, Hamish LINKLATER, Fidel GOMEZ, Guy BURNETT, Alfredo QUIROZ, Scott PEAT, Diane VILLEGAS...
En 1897, au Nouveau-Mexique, Martin Kidd, un riche propriétaire blanc aux ambitions politiques (H. Linklater), envoie le chasseur de primes Max Borlund (C. Waltz) rechercher sa femme Rachel (R. Brosnahan) qui a fui au Mexique avec Elijah Jones, un déserteur de l'US Army, noir de surcroit (B. Scott). Assisté du sergent Poe (Warren Burke), il retrouve Joe Cribbens (W. Dafoe), un des bandits qu'il avait envoyés en prison, récemment libéré, mais ile st le cadet de ses soucis, car si lui et Poe parviennent à retrouver Rachel Kidd et E. Jones, ils trouvent sur leur route Tiberio Vargas (B. Bratt), un redoutable propriétaire terrien, envers qui les deux tourtereaux en fuite se sont endettés...
Sur un point de départ qui n'est pas sans rappeler Les professionnels, il met en scène des personnages un peu inhabituels, toujours à dessein cependant ; ainsi, si Elijah Jones est noir, ce n'est pas un choix pour satisfaire une logique gratuite de quotas ou pour plaire à l'esprit wokiste du moment, mais bien pour mettre en évidence les difficultés que rencontraient les noirs à l'époque, réduits à voir dans le métier de soldat, aussi ingrat soit-il, la seule façon de s'élever au dessus du rang de cireur de chaussures. Tandis que Rachel Kidd illustre combien une femme d'esprit ouvert et indépendant pouvait être poussée à fuguer pour ne pas passer son existence sous l'emprise de son mari. On a aussi un portrait d'amérindien à qui la bourse d'un grand propriétaire blanc (ou considéré comme tel) mexicain a permis d'accéder à un métier de juriste, malheureusement devant se mettre au service de ce maître tyrannique. Le parallèle est d'ailleurs vite dressé entre les riches blancs influents des deux côtés de la frontière, dépeints tous les deux comme de riches brutes abusant de leur pouvoir. Se croisent aussi divers personnages hauts en couleur, et tous dangereux, notamment ce ancien hors-la-loi gardant un compte à régler avec le chasseur de primes, remarquablement incarné par William Dafoe, toujours à l'aise dans ce type de rôle limite. On notera aussi les prestations remarquables de Rachel Brosnahan en cette épouse indépendante, et de Christoph Waltz en un chasseur de primes qui à première vue ferait penser à son rôle de Django Unchained, si ce n'est qu'il est beaucoup plus taiseux. Walter Hill semble longtemps à l'aise dans cet écheveau complexe, prenant plaisir à livrer un nouveau western de style crépusculaire aux larges horizons. Malheureusement, la fin décevante, trop simple par son dénouement (à la limite de la happy end) et marquée par un affrontement raté à force de vouloir être conduit dans un esprit un peu trop festif par le réalisateur de 48 heures, gâche un peu l'ensemble.
11/20
Film de Western, Cape et épée, Aventures et Chanbara
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Butcher's crossing, western de Gabe POLSKY (USA, 2023), sur un scénario de Liam SATRE-MELOY, Gabe POLSKY d'après le roman de John WILLIAMS, avec Nicolas CAGE, Fred HECHINGER, Jeremy BOBB, Paul RACI, Xander BERKELEY, Rachel KELLER, Amber Rose MASON...
Vers 1880, Will Andrews (F. Hechinger), un étudiant de l'Ivy League qui a abandonné ses études afin de découvrir les rudesses de l'Ouest sauvage, se rend au Colorado, où il rejoint une équipe de chasseurs de bisons menée par un certain Miller (N. Cage). Ce dernier, désolé qu'il ne reste plus de grands troupeaux de bisons, prétend connaître une vallée où il en demeure encore un, et entend bien en profiter pour damer le pion à ses concurrents...
Un western choquant, qui s'attaque à un sujet sensible, si sensible qu'il n'a que rarement été évoqué par Hollywood, et peut-être jamais de façon aussi directe : celui du véritable génocide qu'ont subi les bisons du cœur des USA, au point que leur population passa en quelques années de plusieurs dizaines de millions à quelques centaines. Tout cela pour affamer les populations indigènes et pour l'appât du gain. Et Gabe Polsky ne se gêne pas pour montrer cet immense gâchis de la façon la plus crue, et de là la plus choquante, qui soit. On ne peut être qu'atterré par la façon dont les chasseurs (les tueurs) alignent sans le moindre scrupule les abattages de ces grands bovidés, sans remords ni conscience. Et sans prévoyance. Car le même Miller qui se plaignait qu'il n'y avait quasiment plus de grands troupeaux se met à son tour à les massacrer, apparemment incapable de voir plus loin que le bout de son nez et de réaliser que c'est justement son type de comportement qui est à l'origine de cette situation déplorable.
Tout cela pour une cupidité qui le conduit à mettre en danger son équipe, contrainte d'attendre trois mois dans le froid en raison de son impatience qui l'a empêchée de rentrer dans les temps avant les grands froids de l'hiver, puis qui les obligé à conduire des chariots dangereux parce que beaucoup trop chargés de peaux. Le clou sera atteint lorsque enfin rentré à bon port, après avoir perdu deux de ses acolytes, il réalise que les prix se sont effondrés en raison de la saturation du marché, pour les mêmes raisons de recherche du gain à tout prix qui motivaient ses concurrents. Tout le grotesque massacre qu'il aura réalisé aura été pour rien...
Beaucoup de spectateurs ont été dégoûtés et ont clamé leur rejet du film pour, étant donc complètement à côté de la plaque car c'était exactement cela, montrer le caractère dégoûtant de cette période de l'histoire des États-Unis, que cherchait le film. Et Miller est parfaitement incarné, dans sa simplicité et sa candeur meurtrière, par un Nicolas Cage difficilement reconnaissable avec son crâne rasé (semble-t'il la première fois qu'il en arbore un à l'écran). Tandis que Gabe Polsky trouve le ton juste en refusant toute grandiloquence pour atteindre ses buts, filmant l'abattage des bisons sans se permettre la moindre fioriture, avec une grande sobriété, ce qui renforce encore son caractère choquant.
Un film à découvrir pour son intérêt historique.
14/20
Vers 1880, Will Andrews (F. Hechinger), un étudiant de l'Ivy League qui a abandonné ses études afin de découvrir les rudesses de l'Ouest sauvage, se rend au Colorado, où il rejoint une équipe de chasseurs de bisons menée par un certain Miller (N. Cage). Ce dernier, désolé qu'il ne reste plus de grands troupeaux de bisons, prétend connaître une vallée où il en demeure encore un, et entend bien en profiter pour damer le pion à ses concurrents...
Un western choquant, qui s'attaque à un sujet sensible, si sensible qu'il n'a que rarement été évoqué par Hollywood, et peut-être jamais de façon aussi directe : celui du véritable génocide qu'ont subi les bisons du cœur des USA, au point que leur population passa en quelques années de plusieurs dizaines de millions à quelques centaines. Tout cela pour affamer les populations indigènes et pour l'appât du gain. Et Gabe Polsky ne se gêne pas pour montrer cet immense gâchis de la façon la plus crue, et de là la plus choquante, qui soit. On ne peut être qu'atterré par la façon dont les chasseurs (les tueurs) alignent sans le moindre scrupule les abattages de ces grands bovidés, sans remords ni conscience. Et sans prévoyance. Car le même Miller qui se plaignait qu'il n'y avait quasiment plus de grands troupeaux se met à son tour à les massacrer, apparemment incapable de voir plus loin que le bout de son nez et de réaliser que c'est justement son type de comportement qui est à l'origine de cette situation déplorable.
Tout cela pour une cupidité qui le conduit à mettre en danger son équipe, contrainte d'attendre trois mois dans le froid en raison de son impatience qui l'a empêchée de rentrer dans les temps avant les grands froids de l'hiver, puis qui les obligé à conduire des chariots dangereux parce que beaucoup trop chargés de peaux. Le clou sera atteint lorsque enfin rentré à bon port, après avoir perdu deux de ses acolytes, il réalise que les prix se sont effondrés en raison de la saturation du marché, pour les mêmes raisons de recherche du gain à tout prix qui motivaient ses concurrents. Tout le grotesque massacre qu'il aura réalisé aura été pour rien...
Beaucoup de spectateurs ont été dégoûtés et ont clamé leur rejet du film pour, étant donc complètement à côté de la plaque car c'était exactement cela, montrer le caractère dégoûtant de cette période de l'histoire des États-Unis, que cherchait le film. Et Miller est parfaitement incarné, dans sa simplicité et sa candeur meurtrière, par un Nicolas Cage difficilement reconnaissable avec son crâne rasé (semble-t'il la première fois qu'il en arbore un à l'écran). Tandis que Gabe Polsky trouve le ton juste en refusant toute grandiloquence pour atteindre ses buts, filmant l'abattage des bisons sans se permettre la moindre fioriture, avec une grande sobriété, ce qui renforce encore son caractère choquant.
Un film à découvrir pour son intérêt historique.
14/20
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Lone Ranger : Naissance d'un héros, western de Gore VERBINSKY (The Lone Ranger, USA, 2013), sur un scénario de Justin HAYTHE, Ted ELLIOTT et Terry ROSSIO, avec Johnny DEPP, Armie HAMMER, William FICHTNER, Tom WILKINSON, Ruth WILSON, Helena BONHAM CARTER, James Badge DALE, Bryant PRINCE, Bary PEPPER, Mason COOK...
Dans les années 1930, Tonto, un vieil amérindien (J. Depp), raconte comment John Reid (A. Hammer), un avocat idéaliste, est devenu le justicier masqué appelé le Lone Ranger ; laissé pour mort après une embuscade alors qu'il poursuivait le desperado Butch Cavendish (W. Fichtner) avec les Texas Rangers, il fut sauvé par Tonto, alors un Comanche en disgrâce, et forma avec lui un duo qui poursuivit le bandit malgré une forêt obstacle jusqu'à ce qu'ils le mettent hors d'état de nuire...
Loin d'être aussi médiocre que certains échos l'ont laissé entendre. L'intention de Verbinsky était là de réaliser un film mariant à la fois tragédie brutale et réalisme avec excès et satire voire parodie, explorant un large éventail de clichés du western. À vrai dire, le justicier masqué et son acolyte improbable sont là pour nous le rappeler, ils sont des personnages de type super-héros à la Zorro, leur simple présence empêche tout film qui leur est consacré d'être vraiment réaliste (le scénario se permettant même un petit détour vers le fantastique). Ce choix était donc logique, le seul qui pouvait donner à notre époque de l'intérêt à l'adaptation d'une vieille série télé aujourd'hui bien désuète (une approche qui n'est pas sans rappeler Le frelon vert, avec cependant un plus grand souci d'introduire des éléments dramatiques, là où ce dernier ne jouait que sur la satire et la parodie). Qui était très loin d'être débarrassée de tout oripeau colonial, ainsi le douteux nom de l'acolyte peau-rouge ("idiot" en espagnol), scorie dont le présent long-métrage se débarrasse d'un trait auto-référentiel ironique.
En tant que satire, le scénario se veut plus ambitieux que d'autres tentatives du même genre, en ce qu'il veut renvoyer à des situations issues de différentes époques du western. Aussi bien les classiques hollywoodiens à grand spectacle des années 40 et 50, emplis de racisme plus ou moins larvé, que ceux de la renaissance des années 60 et 70. Les desperados sont brutaux, sales et mal rasés, dans le mode crépusculaire/spaghetti, mais leur chef est lui dépeint simultanément de façon emphatique ; les duels au révolver sont réalistes au départ, puis de plus en plus surréalistes au mesure que le film avance et qu'entrent en scène les deux protagonistes principaux ; le bâtisseur du chemin de fer est un homme d'affaires brutal caricatural mais bien ancré dans la réalité etc... Tous les clichés du western sont évoqués, sorciers et tipis, combat indiens contre cavalerie US, officier militaire à la dégaine de George Armstrong Custer, rangers du Texas, édification du chemin de fer, camp d'ouvriers et filles de joie, mines d'or etc... Tout en montrant sans détour la réalité de la conquête de l'Ouest, avec son lot d'affairisme et de corruption, le massacre et l'expulsion des indigènes et le mauvais traitement des ouvriers chinois.
Verbinsky a eu là tous les moyens pour mettre en image ce projet ambitieux, un peu trop de moyens sans doute. Il n'y a pas grand-chose à redire sur sa réalisation ni sur l'interprétation des acteurs, qui donnent dans le bon ton, outranciers quand il le faut*. La fin se veut en apothéose. Et là, je suis un peu perplexe face à la propension obligatoire des grosses productions actuelles à donner dans les scènes de destruction à outrance, mais il est vrai que le côté second degré dont Verbinsky revêt l'exercice lui donne un petit goût assez savoureux , même s'il ne fait pas complètement disparaître mon questionnement. On lorgne là plus du côté du récent Tintin de Spielberg, ce qui n'est pas un hasard car on s'abreuve au même domaine du swashbukler, dont est livrée là une véritable version symphoniesque, à la fois hommage, détournement et parodie. Il reste que cette overdose de scènes d'action débridées a enflé le budget au-delà du raisonnable, et amené ce long-métrage à afficher une retentissante perte financière en salles, malgré une fréquentation correcte ; inaugurant alors une série de désastres financiers, qui allaient plomber les grands studios.
Ce côté excessif assumé n'empêche pas le film d'être plutôt réussi. Il n'a hélas remporté qu'un succès assez moyen, même s'il n'est pas le flop souvent décrié, le problème étant donc financier, en raison d'un budget trop débridé. Il a été un peu plombé surtout par les résultats de son pays, où le parti-pris anticolonialiste a déplu, tandis qu'ailleurs, le côté trop confidentiel des personnages a peu rameuté les foules. Dommage ; au moins, il n'y aura pas eu de suite, mais face à la litanie des adaptations de séries télé et de super-héros du moment et celles qui ont suivi, il ne sortait pas trop mal.
* Le fait que le rôle de Tonto ait été confié à un blanc (remarquable Johnny Depp, dans une prestation qui non n'a rien de commun avec Jack Sparrow, contrairement à ce que certains critiques très paresseux ont prétendu) paraît un des points négatifs du film, renvoyant paradoxalement aux époques de sinistre mémoire que le film décrie pourtant (et bon, ressortir que Johnny Depp aurait des ancêtres indigènes est une défense faible, dans la mesure où ils ne représentent qu'une très petite part de son héritage génétique). Référence très poussée dans l'ironie, ou est-ce tout simplement du au manque de grands acteurs amérindiens ?
14/20
Dans les années 1930, Tonto, un vieil amérindien (J. Depp), raconte comment John Reid (A. Hammer), un avocat idéaliste, est devenu le justicier masqué appelé le Lone Ranger ; laissé pour mort après une embuscade alors qu'il poursuivait le desperado Butch Cavendish (W. Fichtner) avec les Texas Rangers, il fut sauvé par Tonto, alors un Comanche en disgrâce, et forma avec lui un duo qui poursuivit le bandit malgré une forêt obstacle jusqu'à ce qu'ils le mettent hors d'état de nuire...
Loin d'être aussi médiocre que certains échos l'ont laissé entendre. L'intention de Verbinsky était là de réaliser un film mariant à la fois tragédie brutale et réalisme avec excès et satire voire parodie, explorant un large éventail de clichés du western. À vrai dire, le justicier masqué et son acolyte improbable sont là pour nous le rappeler, ils sont des personnages de type super-héros à la Zorro, leur simple présence empêche tout film qui leur est consacré d'être vraiment réaliste (le scénario se permettant même un petit détour vers le fantastique). Ce choix était donc logique, le seul qui pouvait donner à notre époque de l'intérêt à l'adaptation d'une vieille série télé aujourd'hui bien désuète (une approche qui n'est pas sans rappeler Le frelon vert, avec cependant un plus grand souci d'introduire des éléments dramatiques, là où ce dernier ne jouait que sur la satire et la parodie). Qui était très loin d'être débarrassée de tout oripeau colonial, ainsi le douteux nom de l'acolyte peau-rouge ("idiot" en espagnol), scorie dont le présent long-métrage se débarrasse d'un trait auto-référentiel ironique.
En tant que satire, le scénario se veut plus ambitieux que d'autres tentatives du même genre, en ce qu'il veut renvoyer à des situations issues de différentes époques du western. Aussi bien les classiques hollywoodiens à grand spectacle des années 40 et 50, emplis de racisme plus ou moins larvé, que ceux de la renaissance des années 60 et 70. Les desperados sont brutaux, sales et mal rasés, dans le mode crépusculaire/spaghetti, mais leur chef est lui dépeint simultanément de façon emphatique ; les duels au révolver sont réalistes au départ, puis de plus en plus surréalistes au mesure que le film avance et qu'entrent en scène les deux protagonistes principaux ; le bâtisseur du chemin de fer est un homme d'affaires brutal caricatural mais bien ancré dans la réalité etc... Tous les clichés du western sont évoqués, sorciers et tipis, combat indiens contre cavalerie US, officier militaire à la dégaine de George Armstrong Custer, rangers du Texas, édification du chemin de fer, camp d'ouvriers et filles de joie, mines d'or etc... Tout en montrant sans détour la réalité de la conquête de l'Ouest, avec son lot d'affairisme et de corruption, le massacre et l'expulsion des indigènes et le mauvais traitement des ouvriers chinois.
Verbinsky a eu là tous les moyens pour mettre en image ce projet ambitieux, un peu trop de moyens sans doute. Il n'y a pas grand-chose à redire sur sa réalisation ni sur l'interprétation des acteurs, qui donnent dans le bon ton, outranciers quand il le faut*. La fin se veut en apothéose. Et là, je suis un peu perplexe face à la propension obligatoire des grosses productions actuelles à donner dans les scènes de destruction à outrance, mais il est vrai que le côté second degré dont Verbinsky revêt l'exercice lui donne un petit goût assez savoureux , même s'il ne fait pas complètement disparaître mon questionnement. On lorgne là plus du côté du récent Tintin de Spielberg, ce qui n'est pas un hasard car on s'abreuve au même domaine du swashbukler, dont est livrée là une véritable version symphoniesque, à la fois hommage, détournement et parodie. Il reste que cette overdose de scènes d'action débridées a enflé le budget au-delà du raisonnable, et amené ce long-métrage à afficher une retentissante perte financière en salles, malgré une fréquentation correcte ; inaugurant alors une série de désastres financiers, qui allaient plomber les grands studios.
Ce côté excessif assumé n'empêche pas le film d'être plutôt réussi. Il n'a hélas remporté qu'un succès assez moyen, même s'il n'est pas le flop souvent décrié, le problème étant donc financier, en raison d'un budget trop débridé. Il a été un peu plombé surtout par les résultats de son pays, où le parti-pris anticolonialiste a déplu, tandis qu'ailleurs, le côté trop confidentiel des personnages a peu rameuté les foules. Dommage ; au moins, il n'y aura pas eu de suite, mais face à la litanie des adaptations de séries télé et de super-héros du moment et celles qui ont suivi, il ne sortait pas trop mal.
* Le fait que le rôle de Tonto ait été confié à un blanc (remarquable Johnny Depp, dans une prestation qui non n'a rien de commun avec Jack Sparrow, contrairement à ce que certains critiques très paresseux ont prétendu) paraît un des points négatifs du film, renvoyant paradoxalement aux époques de sinistre mémoire que le film décrie pourtant (et bon, ressortir que Johnny Depp aurait des ancêtres indigènes est une défense faible, dans la mesure où ils ne représentent qu'une très petite part de son héritage génétique). Référence très poussée dans l'ironie, ou est-ce tout simplement du au manque de grands acteurs amérindiens ?
14/20