Le Centre de Visionnage : Films et débats

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sokol
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groil_groil a écrit : ven. 26 sept. 2025 14:02
Tyra a écrit : ven. 26 sept. 2025 10:54 Que devient son corps après la mise à mort? Il est à chaque fois évacué et trainé au sol avec sauvagerie, j'aurais aimé savoir ce qu'il advient de la dépouille.
C’est marrant : je ne l’avais pas vu ton post avant que j’écrive le mien or tu cites exactement le même passage de Tyra !! :ouch: :love:
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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groil_groil
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sokol a écrit : ven. 26 sept. 2025 15:13
Tyra a écrit : ven. 26 sept. 2025 10:54 Petite frustration sur un point: j'aurais mp le aimé un peu plus d'égalité avec le taureau dans le traitement : comment vit-il de son coté avant le massacre ? Que devient son corps après la mise à mort? Il est à chaque fois évacué et trainé au sol avec sauvagerie, j'aurais aimé savoir ce qu'il advient de la dépouille.
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ah oui c'est marrant :)
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Tamponn Destartinn
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Oui, mais non.
Enfin sacré morceau tout de même. Difficile de savoir par quel bout le prendre...

Déjà, il y a deux films.
La première partie (qui doit représenter les 2/3 du film, mais peut-être le temps ressenti me donne une fausse impression) a une ligne directrice simple et droite : un père et son jeune fils cherchent un troisième membre de leur famille, la fille/soeur ainée, au sein d'une rave dans le désert du Maroc. Elle a disparu depuis 5 mois. Ce n'est pas une fugue à proprement parler car elle est majeure et appartient volontairement à ce monde de la fête (ça aura son importance), mais ils sont suffisamment inquiet pour suivre un groupe de teufeurs qui se rendent à une autre rave à l'autre bout du pays, malgré la traversée du désert que cela implique.
Dès lors, Sirat s'inscrit dans la lignée d'un genre, le road trip cauchemardesque, que les personnages sont prêts à faire pour un but très précis. Normalement, ils terminent tous un peu de la même façon : le but est atteint... mais avec tous les sacrifices qui ont eu lieu sur la route, cela valait-il vraiment le coup ? On peut penser à Mad Max Fury Road, Fitzcarraldo, Le salaire de la peur/Sorcerer, ou même Il faut sauver le soldat Ryan.

"L'originalité" de Sirat, on va dire, est de casser le jouet. Une première scène choc conclue la première partie (et là je passe tout le reste de ma critique en zone spoiler) : après nous avoir teaser par deux fois la mort du chien comme premier sacrifice sur la route, c'est finalement bien lui qui meurt... mais accompagné surtout du jeune fils ! Ce geste ultra radical et soudain fait basculer le récit. La réponse à la question "cela valait-il le coup?" est évidente avant même d'atteindre le but : non, clairement pas ! Tu ne sacrifies pas la vie de ton jeune enfant pour retrouver ta fille majeure et même pas forcément en danger (comme dit plus haut), c'est absurde.

Et c'est sur cette absurdité que commence la seconde partie. Le personnage du père (très bon Segi Lopez) devient une poule sans tête. J'étais à la fois fasciné et circonspect : où allait désormais le film ? Allions nous assister à une réinvention du genre ? Eh bien, la réponse est... oui mais non. Pourtant, ça semblait en prendre la forme. Déjà tu captes que jamais on va retrouver la fille : on s'en fout désormais. J'ai pas mal cru un temps qu'on allait retrouver une civilisation ravagée par la guerre nucléaire, une fin du monde qui va au bout de la thématique "a quoi bon?". Puis, arrive l'idée d'improviser une rave solo dans un endroit random du désert, sous drogue pour oublier le trauma. J'ai cru qu'on allait terminer là dessus, une conclusion permettant de rendre enfin fluide l'enjeu du personnage principal avec l'univers dans lequel il se retrouve parachuté. Encore une fois, j'étais devant la scène aussi bien méfiant qu'enthousiaste, tout dépendait du talent du metteur en scène pour nous embarquer dans cette idée via sa mise en scène... Et en fait BOOM. Champ de mines. Le film devient définitivement un film survival, où seule un minorité des personnages en sortira vivant. Tout ça pour finir sur une scène dans un train, qui m'a fait fortement penser à la fin en voiture du Gerry de Gus Van Sant. Mais alors pardon, la comparaison ne va pas le sens de Sirat ! Parce que la fin douce amer, presque ironique, du film de Van Sant est en osmoce avec ce qu'est le film, à savoir un geste radical et minimaliste au possible dans sa narration de son début à sa fin. Sirat, ce n'est pas ça. Sirat mélange très mal ses genres et ses références, pour aboutir - selon moi - à pas grand chose.

Pour moi, le problème est très simple : il y a une scène choc coup-de-poing-dans-la-gueule de trop. Soit tu tues le gamin comme ça été fait et le reste du film a la lourde de tâche d'assumer la disparition d'enjeux narratifs classiques que cela amène (ce que j'espérais), soit tu veux faire ce truc de champ de mines, mais dans ce cas, le gamin est encore là (quitte à ce qu'il soit la première victime à sauter). Parce que l'effet que me procure la séparation de ces deux drames /accidents, c'est que putain cette route était bien trop dangereuse pour les enjeux annoncés ! Le concept était juste d'aller à une seconde rave, pour rappel. Et les teufeurs qui sont ceux qui connaissent la route et ses dangers, ils ne cherchent pas quelqu'un, eux. Chose marrante : ma belle-mère a vu le film avant moi et m'avait dit "j'ai bien aimé au début, mais y a trop de drames". La formulation m'avait fait sourire, mais devant le résultat je pense qu'en vrai elle a tout dit ! Laxe a été gourmand et s'est perdu en route. C'est dommage.
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yhi
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Tamponn Destartinn a écrit : sam. 27 sept. 2025 16:23 Laxe a été gourmand et s'est perdu en route. C'est dommage.
Un Laxe hâtif en quelque sorte :imout:
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Tamponn Destartinn
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yhi a écrit : sam. 27 sept. 2025 18:10
Tamponn Destartinn a écrit : sam. 27 sept. 2025 16:23 Laxe a été gourmand et s'est perdu en route. C'est dommage.
Un Laxe hâtif en quelque sorte :imout:
Ohlalala, la lourdeur du jeu de mot !
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Kit
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Tamponn Destartinn a écrit : sam. 27 sept. 2025 18:57
yhi a écrit : sam. 27 sept. 2025 18:10
Tamponn Destartinn a écrit : sam. 27 sept. 2025 16:23 Laxe a été gourmand et s'est perdu en route. C'est dommage.
Un Laxe hâtif en quelque sorte :imout:
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sokol
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Tyra a écrit : ven. 26 sept. 2025 14:07
Déjà, j'ai un problème avec la musique : elle est n'est jamais prise sur le vif en condition réelle, c'est toujours un enregistrement, la plupart du temps tiré des albums de Kangding Ray, telle quelle. Et cela s'entend. L'effet trip tant vanté partout m'a semblé bien limité. Le réal ne sait pas non plus choisir entre musique diégétique et extradiégétique, alternant de l'une à l'autre sans que cela change grand chose.
Le hasard a voulu que j’écoute hier une émission consacrée au Mépris de Godard. Les intervenants y analysent notamment l’usage de la musique chez le cinéaste (vers 1 h 06 min 55 : https://www.radiofrance.fr/francecultur ... 94-5682400 ), à rebours, semble-t-il, de la démarche de Laxe. Et je me suis dit : il est tout de même stupéfiant que, soixante ans plus tard, nous semblions régresser alors que les modèles exemplaires existent déjà.
Reste à comprendre pourquoi.

Selon moi, deux hypothèses se dessinent :
1. Certains cinéastes ne sont, pour parler simplement, pas cinéphiles.
2. D’autres agissent sciemment, mais leur prétention les conduit à se croire novateurs.

P.-S. : à partir de 1 h 10 min 12, c’est une véritable leçon de cinéma
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groil_groil
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Drôle de film, pas totalement réussi, un peu bancal, mais plein de mystères aussi, et qui présente l'avantage de ne ressembler à rien de connu (l'ambiance me fait parfois un peu penser à Dellamore Dellamorte mais n'a rien à voir dans le fond). Une sorte de Mullholland Drive au camping...

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L'autre film réalisé par Leterrier avec Clavier, deux ans après l'excellent Je Vais Craquer, et aussi connu sous le nom des Babas Cool. Là aussi c'est un très bon film. On y suit un jeune cadre, Clavier joue encore parfaitement un con fini, qui rencontre une jeune femme, alors qu'il est marié, appartenant à une communauté de hippies avec tous les clichés que cela évoque. Il change brusquement de vie et s'installe avec cette bande de bons à rien, uniquement pour des raisons sexuelles. Si Je Vais Craquer est meilleur, Leterrier montre ici aussi ses qualités, parvenant à faire des films comiques qui ont du sens, et se veulent de beaux miroirs critiques de la société d'alors.

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Documentaire édifiant sur un cinéaste inconnu et pour cause : il n'a jamais réussi à finir un film et n'a laissé aucune trace dans l'histoire du cinéma. Le film est passionnant, et fait intervenir nombre de ses amis ou de ceux qui l'ont connu alors, de Jean Rochefort à Anouk Aimé, de Claude Lelouch à Jean-Claude Carrière, de Michel Boujut à Edouard Baer. Le film oscille entre témoignages et enquête sur la vie de cet homme (passages vraiment passionnants), tout en laissant place à l'introspection du cinéaste Avril Tembouret, qui a mis lui-même 15 ans à venir à bout de ce film et dont les incertitudes et les problématiques liées au bouclage de son film le mettent en parallèle avec le destin de son modèle. Une pure merveille donc, qui commence à courir les festivals (Montreuil ce weekend et plein d'autres à venir) avant une sortie en salle probablement en 2026, on en reparlera.

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Avec Sonia Wieder Atherton - Chantal Akerman - 2003

Touchant et respectueux portrait par Akerman, d'une des plus grandes violoncelliste de son temps, que la cinéaste admire puisqu'elle lui consacrera deux films. La place laisser à la musique et à son interprétation dans le film est plus que satisfaisante.

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Bouclage de la trilogie avec les enfants, qui ont visiblement bien aimé ce virage western.

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J'en sors à l'instant, donc ces remarques sont à chaud. Je n'aime Anderson que depuis peu de temps, déteste ses premiers films et pense sincèrement qu'il se bonifie au fil du temps (je n'aime que les tout derniers et Licorice Pizza est pour moi son meilleur). Ce dernier film conforte mon opinion et j'ai trouvé ça vraiment très bien. Mais je dois dire que je ne m'attendais pas à ce qu'il fasse un film aussi simple. Le cinéaste semble non pas rentrer dans le rang mais plutôt mettre de côté ses récentes ambitions littéraires et qui parfois figeaient un peu ses films, les rendaient mal aimable. Ici, je ne veux pas dire non plus que c'est un film bas du front, mais c'est simple, l'intrigue est linéaire, et c'est presque un film d'action. Heureusement le cinéaste est intelligent ça se sent, mais franchement on est très proche d'un Tarantino. Pulp Fiction ou Jackie Brown ne sont vraiment pas loin. Car le film a beau présenter un propos politique (constat assez amer d'ailleurs), c'est aussi une comédie, où l'on rit beaucoup, notamment à cause des personnages, qui sont tous ou presque des caricatures assez hilarantes. Et comme chez Tarantino, on avance avec un récit qui change de braquets régulièrement qui prend des virages à 90° sans crier gare, qui joue beaucoup avec l'écoulement du temps. Et comme chez Tarantino, il y a cette femme centrale même si absente 80% du temps, qui irradie de son aura et qui fait se mouvoir tous les personnages du film, centre de toute action. C'est très chouette, ça passe vite, même si ça aurait pu être un poil plus court, mais qui sait ce qu'il en restera dans quelques mois...
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yhi a écrit : sam. 27 sept. 2025 18:10
Tamponn Destartinn a écrit : sam. 27 sept. 2025 16:23 Laxe a été gourmand et s'est perdu en route. C'est dommage.
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Tyra
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sokol a écrit : ven. 26 sept. 2025 15:13
Tyra a écrit : ven. 26 sept. 2025 10:54 Petite frustration sur un point: j'aurais mp le aimé un peu plus d'égalité avec le taureau dans le traitement : comment vit-il de son coté avant le massacre ? Que devient son corps après la mise à mort? Il est à chaque fois évacué et trainé au sol avec sauvagerie, j'aurais aimé savoir ce qu'il advient de la dépouille.
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J'en aime pas beaucoup, c'est vrai, mais j'en ai beaucoup à revoir, je réviserais peut être mon jugement.
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groil_groil
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Le film à sketches italien est l'un de mes genres cinématographiques favoris, depuis toujours. J'ai même failli travailler dessus de manière universitaire jadis, c'est dire, avant de finalement changer d'avis. C'est un genre qui mêle à la fois la comédie, la satire, la critique sociale, ça vous allez me dire que ça concerne tout le cinéma italien de l'époque, mais le film à sketches, et que ces sketches soient réalisés par le même cinéaste ou non (ici il y en a trois), permet d'accentuer deux choses : tout d'abord la science de gag, ou de la situation comique, qui s'accorde parfaitement au format court, inscrit par effet de répétition dans un format plus long, et ensuite la multiplicité des sujets (autant de sujets que de sketches) permet d'insister avec encore plus de force sur ce que l'on souhaite dénoncer, ou mettre en avant (exemple frappant et que tout le monde connait : Les Monstres de Dino Risi, l'un des chefs d'oeuvre du genre). 3 sketches ici, sur le thème des complexés. Le premier est le meilleur, et comme par hasard il est réalisé par Dino Risi. Nino Manfredi joue un modeste employé de société qui souhaite profiter d'un voyage d'entreprise en car pour se rendre dans une réception chic dans la villa du grand patron du groupe, pour déclarer sa flamme à l'une de ses collègue. Dans le second sketch, signé Franco Rossi, un professeur pudibond joué par Ugo Tognazzi fait tout pour remettre la main sur un extrait de péplum coupé au montage dans lequel sa femme apparaissait la poitrine dénudée. Et enfin, dans le troisième, signé Luigi Filippo d'Amico, on voit Alberto Sordi participer à un concours organisé par une chaine de télévision pour recruter le nouveau présentateur du journal télévisé. Sordi est brillant et sort gagnant de toutes les épreuves, mais il a une dentition de cheval qui fait que la direction veut à tout prix l'écarter. Ces trois sketches sont géniaux, savoureux, même si comme je le disais le Risi est celui qui a le plus d'ampleur cinématographiquement parlant, et brillent aussi par les interprétations de trois monstres sacrés qui visiblement s'y amusent beaucoup. Cette merveille vient tout juste d'être éditée en bluray par Tamasa, et est immanquable.
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groil_groil
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ça y est, enfin vu ! Il était temps ! Et c'est je crois le film d'Hamaguchi que je préfère, celui qui m'a le plus ému. C'est un très beau film sur le deuil, et plus précisément sur la notion de perte : perte de l'enfant, perte de l'être aimé, perte de la mère, perte de la voix (avec ce magnifique personnage d'actrice muette qui joue Tchekov via la langue des signes, idée géniale), perte de sa maison, détruite, perte de tous repères bien sûr, et enfin, et je dirais presque surtout, perte de ses clefs de bagnole. Le personnage ne veut pas confier ses clefs dans un premier temps, car tout le monde sait que la bagnole est le prolongement du pénis et que laisser quelqu'un d'autre, qui plus est une femme, conduire sa propre bagnole à sa place, est un aveu de castration pour l'homme, mais il finit par s'y résigner, et c'est sans doute cela qui va le sauver. Superbe, vraiment ! Et c'est sans parler de la sursublimissime B.O. d'Eiko Ishibashi et Jim O'Rourke, parmi les plus belles oeuvres composées par le couple, et qu'on entend pas suffisamment à mon goût dans le film (je vous invite à écouter l'album qui est un vrai chef-d'oeuvre). Jim a eu la délicatesse de laisser Eiko signer seule le score, il est crédité comme musicien (guitare acoustique, guitare électrique, pedal steel, basse et vibraphone, mais aussi comme responsable du mixage et du mastering) mais on sent bien qu'il est derrière chaque accord, chaque note, chaque souffle d'instrument, quand on le connait un peu (et je dis ça sans rien enlever au talent d'Eiko dont l'apport est aussi fondamental ici).
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cyborg
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Resnais aura tourné autour du médium théâtral dans une bonne partie de sa carrière, disons la deuxième, avec plus ou moins de réussite (on se souviendra du calvaire qu'est "Vous n'avez encore rien vu", mais gageons que son grand age d'alors -90 ans- n'aidait pas). Je crois que cet esprit très moderniste, tentant de capter l'essence du medium théâtre, n'est pas ce que je préfère chez lui, ce que confirme Mélo. Ce qui est néanmoins assez génial est à quel point Resnais s'impose absolument certaines contraintes du théâtre (les décors très faux, la quasi unité de temps / de lieu) mais pour mieux y déployer du pur cinéma. Sa mise en scène s'y inscrit avec une précision folle, jouant à merveille des découpes de plans, d'espace, de corps. Tout ceci servant avant tout les acteur.ice, mis.es sur des piédestals pour dérouler leurs numéros. En ce sens le double césar d'interprétation n'est en rien surprenant.
Le problème tiendrait plutôt dans la nature de la pièce adaptée : il est bien difficile de s'intéresser le moins du monde à ce drame amoureux et petit-bourgeois sentant le renfermé. Je me suis alors mis d'un coup à songer à Fassbinder, autre très grand cinéaste fricotant avec le théâtre, dont Petra Van Kant se jouait également dans un espace essentiellement réduit. Mais pour des enjeux, bien qu'également amoureux, tout à fait autre. Peut-être est-ce le poids de cette vision bourgeoise (du théâtre, mais aussi de la vie) qui à finit par nuire à l’œuvre de Resnais.
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groil_groil a écrit : dim. 28 sept. 2025 23:44. Car le film a beau présenter un propos politique (constat assez amer d'ailleurs), c'est aussi une comédie, où l'on rit beaucoup, notamment à cause des personnages, qui sont tous ou presque des caricatures assez hilarantes.
Ben oui, car personne n’est pris au sérieux (ni les gauchistes, ni les fascistes)
groil_groil a écrit : dim. 28 sept. 2025 23:44 mais qui sait ce qu'il en restera dans quelques mois...
Rien du tout :mrgreen2:
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cyborg
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Le succès critique et public de Sirat semble indiquer que la question de la foi n'est pas autant reléguée aux oubliettes de notre époque que l'on aurait pu le croire. Peut-être continue-elle de nous habiter, de ronger le fond de notre modernisme sceptique. Sans doute la somme des crises mondiales que nous traversons, générant une perte de repères généralisée, est-elle en train de la remettre au gout du jour. Et c'est bien ce dont s'empare Olivier Laxe, livrant avec Sirat le plus grand film sur la foi que nous avons pu voir depuis longtemps sur grand écran.

Nous savions l'auteur attiré par la mystique religieuse qui composait ouvertement la trame de ses premiers films ("Mimosa", que j'ai vu, mais aussi "Vous êtes tous des capitaines", que je n'ai pas encore vu). Les grandes idées de Sirat sont au nombre de deux. D'une part se placer dans un imaginaire de fin du monde, digne d'une dystopie à la Mad Max (un dialogue du film dit même que nous sommes déjà après la fin du monde), particulièrement en vogue. De l'autre de ne pas aborder son sujet frontalement et se donner une apparence laïque, le monde des teufeur-travellers, et prétexter l'histoire d'une disparition, de la recherche d'un proche au fin fond du Maroc.

En ce sens Sirat se pare avec adresse d'une hypertexualité, laissant se dérouler son intrigue en la parsemant de signes mystico-spritualo-religieux Tout s'ouvre sur l’installation d'un mur d'enceinte filmé comme la Cène, tandis que la foule de danseurs composés de marginaux, de hors-castes et d'éclopés n'a rien à envier à la plèbe des croyants bibliques. A ce titre, que deux des personnages principaux soient des amputés n'est pas un hasard. Leur évacuation du dance-floor par l'armée est digne de l'éviction des croyants dans L’Évangile Selon St Mathieu de Pasolini. Les vrais, ceux qui croient par dessus tout, s'échappent alors du convoi pour poursuivre leur quête. Et ce n'est qu'alors qu'apparaissent en énorme les lettres du titre du film, peu avant le franchissement d'un cours d'eau-Jourdain, marqueur d'un impossible retour en arrière. Le film véritable peut commencer, celui d'une traversée aveugle du désert, tâche évangélique si il en est. Laxe y débute alors un film plastiquement superbe, n'hésitant ni à faire corps avec son sujet, ni à convoquer les plus grands films de désert (on songe sans hésiter à 2001, à Zabriskie Point, au Salaire de la Peur, à Gerry...) tout en les dépassant pour livrer un film des plus saisissants.

Ici certains vont chercher le son (l'esprit saint ?) et d'autres un être (le corps du... ?). La quête est différente mais le trajet commun. Du moins jusqu'au basculement du cœur du film venant en rebattre les enjeux. Dans Mimosa déjà, la mort d'un des personnages principaux se posait comme centre, comme rebond scénaristique forçant à se confronter à l'après (ici la perte d'un fils, élément sacrificiel digne d'un verset biblique). Car, pour ceux qui restent, il faut bien vivre, continuer à être, à avancer. Sirat finit de la sorte par se composer d'une double abstraction vertigineuse, celle de la quête d'une raison d'être et celle d'un territoire réduit à ses pures surfaces. Le film pourrait confiner à la folie -on sent d'ailleurs un relent de Voyage au bout de l'Enfer dans ces véhicules fonçant droit dans la nuit battue par le vent- mais la réponse de Laxe est bien plus belle, à savoir la voie du groupe et de la communauté, donnant à son film une tonalité initiatique. Les uns et les autres, désormais réuni par la sidération du désespoir, deviennent alors un seul corps (la nuitée partagée dans la camion, tous collés ensemble), celui d'une famille choisie (terme employé par un personnage) se formant de facto par les affinités et les souffrance partagées.

Avec habileté Laxe ne reste néanmoins pas resserré sur son groupe de personnages, enchâssant adroitement son film à une plus vaste échelle. Plane ainsi le présage du début d'une nouvelle guerre mondiale, dont on préfère détourner le regard quand passe un convoi sous nos yeux, ou que l'on nie en éteignant la radio. La collusion de tout ces éléments est d'autant plus violente quand explosent des mines sous les pieds des danseurs. L'écho des bombes et l’écho des basses se rencontrent ici dans une sidérante déflagration. Alors que le film s'immobilise par un effroyable jeu de vie ou de mort, la seule façon de reprendre la route sera, à nouveau, la foi pure. "Droit devant sans trop y réfléchir" crie Luis aux deux survivants qui devront reproduire le miracle tandis que ses traces ont déjà été effacé par le vent. Et le film de se conclure sur un train de marchandises où se mélangent à nouveaux les corps, tous les corps, fonçant sur un chemin de fer vers un horizon inhospitalier. C'est en propulsant les spectateurices à toute allure vers ce paysage aride que Laxe nous confronte alors à une question essentielle : qu'elle est notre croyance pour la possibilité d'un monde de demain ?
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Pour la comparaison "mur de son" / "Cène" qui m'a obsédé en sortant de la salle, j'ai été télécharger le film pour vérifier et je crois qu'il y a vraiment un truc par la composition/construction générale de l'image, je vous laisse juger :

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en voyant la scène du film je ne comprenais pas pourquoi le mur de son était aussi long, alors que c'est souvent un peu plus "compact" (dans mon esprit du moins) + ce plan large très précis. C'est avec ce déclic qu'est venu ma compréhension du film en tout cas.
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The place on a grey tricorne - Yermek Shinarbayev - 1993

Le quotidien désœuvré d'un jeune adulte, entre flirts, glandes, défonces, errances et écritures poétiques. On songe aux débuts de Jim Jarmusch, dans un contexte (le Kazakhstan juste après la chute de l'URSS) et une mise en scène (usage surprenant d'une sorte de téléobjectif réduisant les avants et les arrières plans, créant des sensations d'espace très particulière, assez judicieuse pour retranscrire l'état d'esprit du héros) totalement différents. Le tout se regarde comme une curiosité qui peine à pleinement convaincre, et on s'interroge sur l'obtention du Léopard d'Or en 1993 (un geste politique, peut-être ?). Le film est en tout cas moins surprenant que l'autre vu de Shinarbayev, le fantomatique La Flûte de roseau. Je reste néanmoins très curieux de voir "Refuge dans la clairière" qui me reste encore introuvable.
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cyborg
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Un homme s'offre une caméra Super 8 à l'occasion de la naissance de sa fille. Il débute alors une carrière improvisée de documentariste qui bouleversera sa vie intime et son rapport au réel. Par ce pitch très simple, Kieślowski livre une réflexion judicieuse sur notre rapport aux images et sur l'acte créatif. Le film débute par une "déréalisation" à travers la vision machinique de l'objectif plutôt classique mais gagne progressivement en épaisseur en s'incluant de plein pied dans son époque et son contexte : la Pologne soviétique des années 70s. Il y est alors question de censure et de propagande mais surtout de la portée politique de toute prise de vue, de tout montage, de toute mise en scène, en d'autre mot de toute création/pensée. La politique commence dès la représentation du réel et ce qu'on lui fait, ou non, dire. L'obsession du personnage ira jusqu'à détruire sa vie privée, retournant enfin la caméra vers lui dans le dernier plan, espérant sans doute se narrer et regagner le temps passé auprès des siens. Trop tard...
Modifié en dernier par cyborg le lun. 6 oct. 2025 16:42, modifié 1 fois.
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groil_groil
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Un village du Niger, situé près des côtes, manque d'eau, et rien ne pousse, la famine règne. Quelques pontes du village ont l'idée de faire un voyage aux Pays-Bas pour démarcher un fabriquant de moulins, afin d'importer cette technique en leurs terres. Après plusieurs visites et rencontres parfois assez cocasses nos débonnaires chefs du village rentrent chez eux avec un constructeur de moulins (sans oublier de ramener deux mulets qui prennent l'avion dans la soute à bagages), qui va leur en construire un, mais surtout leur apprendre à les construire. Le film est jusque là très agréable mais plutôt anecdotique, comme un reportage TV de qualité (le film fut fait pour la TV et non le cinéma), mais cette dernière partie le rend passionnant. Parce qu'il y est véritablement question de miracle, le moulin est construit, l'eau arrive, les champs deviennent fertiles, mais aussi de transmission, le Hollandais après aux villageois à construire eux-mêmes des moulins, avec les matériaux du coin, et le miracle prend et devient cinématographique. On leur a offert à Amsterdam des bulbes de tulipes noires, ils les plantent, et ce sont des fleurs qui poussent en une heure (incroyable, mais vrai). Une heure plus tard, Jean Rouch, dont c'est le dernier long-métrage, filme un champ, il a peu sec comme un désert d'Afrique, et quelques minutes plus tard couvert de milliers de tulipes noires à perte de vue, et ce plan résonne comme une épiphanie, comme la manifestation de cette terre qui ne demandait qu'à devenir fertile.

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Un homme croit reconnaitre par hasard son ancien tortionnaire alors qu'il était prisonnier des griffes du guide suprême. Il l'assomme puis s'apprête à l'enterrer vivant, mais il n'est pas sûr de lui à 100%. Et s'il enterrait un innocent ? La suite du film va donc constituer à la recherche d'autres personnes torturées par le même homme qui vont statuer sur son identité, tout en ayant un doute permanent (ils étaient yeux bandés, peu ont vu son visage). Le tout traité dans une ambiance qui tire parfois vers le comique absurde qui n'est pas forcément le meilleur moyen d'aborder des questions aussi lourdes. Car oui, le dernier Panahi est une relative déception (le fait qu'il reçoive la Palme d'Or pour ce film-là et pas un autre, pouvait déjà le laisser craindre). Pour moi, le problème principal du film vient du fait que le spectateur n'est pas informé durant le film (on ne le sait qu'à la toute fin), et que, contrairement au principe élaboré par Hitchcock, le spectateur n'est pas aussi intelligent que le metteur en scène, car ce dernier ne lui a pas donné les informations. Le suspense (malsain) qui en découle ne relève plus que de la question bête coupable ? / non coupable ? au lieu d'aborder les questions de morale et de responsabilité qu'on attend de la part d'un cinéaste de la trempe de Panahi. Donc pendant tout le film tu es gêné, en te disant qu'ils torturent peut-être un innocent, comme eux l'étaient. Lorsqu'on apprend finalement le pot aux roses, il est bien tard, mais surtout on est dans le personnage et le spectateur sont confrontés à double cas de figure où ils sont mal à l'aise et malmenés, qu'il soit coupable ou non. Heureusement il y a ce monologue final qui est très fort, ainsi que le tout dernier plan (qui dit en gros que les personnes torturées seront hantées toute leur vie par leur bourreau, que celui-ci soit puni ou non), mais tout ça est un peu scolaire et appliqué pour du Panahi. La preuve, il n'a pas été embêté par le régime iranien pour ce film, alors qu'il a fait de la prison pour plein d'autres de ses oeuvres. Celui-ci semble ne pas déranger le guide suprême, on l'autorise même à aller chercher sa Palme d'Or et à revenir au pays sans passer par la case prison comme d'habitude. Qu'est-ce qui a changé ? Cela m'étonnerait qu'il s'agisse du système de répression du régime.

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On adore la trilogie Dumas / Lester à la maison, et ce weekend on montrait le second volet aux enfants, plus sombre, plus dur que le premier, mais tout aussi réussi. Seul le 3ème est, de mémoire, moins bon.

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Je m'attendais à un affreux nanar intersidéral, mais pas du tout, c'est un très bon film de SF à l'humour noir et sexuel permanent, qui est sans cesse dans l'outrance mais une outrance très cadrée quand même, ce qui fait, hormis de petites longueurs à partir du moment ou 17 et 18 cohabitent, que le film est extrêmement bien construit. On pense bien évidemment à la SF de Terry Gilliam mais aussi à des univers très liés à la bande dessinée (Le réal est connaisseur), comme ceux de Möbius, Bilal, et qui offrent un film assez réjouissant (les acteurs s'en donnent à coeur joie), beaucoup plus réussi, pour rester sur le versant bande dessinée que Le Transperceneige qui était pour moi un ratage total.

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En bord de mer, un gamin de 11 ans disparait quelques instants de la surveillance de sa mère. Lorsqu'il réapparait, il est étrange et irrésistiblement attiré par l'eau. Chez lui, il ne communique plus, et s'entoure d'eau, passe ses soirées dans la baignoire, etc. Jusqu'à ce que sa mère se mette aussi à dériver et à ressentir les même syndromes. Je m'énerve souvent quand je vois des gens, surtout sur les réseaux sociaux, dauber sur le cinéma français, disant que c'est de la merde, etc., alors qu'on sait tous très bien qu'il s'agit d'un plus riche au monde. Seulement... quand tu es confronté à ce genre de trucs, tu ne peux que leur donner raison. Dans ce film, il y a l'idée, que je viens de vous évoquer, qui en soi n'est pas plus mal qu'une autre, mais c'est tout ! Il n'y a rien d'autre ! C'est le zéro absolu, le vide total et abyssal. Il n'y a rien ! Le scénario est consternant, les dialogues n'en parlons pas, c'est du stéréotype au kilomètre, plus creux tu meurs, et même les acteurs sont archi mauvais; car même quand tu es assez douée comme c'est habituellement le cas de Cécile de France, comment être juste quand tu récites des âneries pareilles ? Je dirai bien "il faut le voir pour le croire", mais je ne veux pas vous infliger cela.

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Il y a plusieurs mois (grosso modo à la sortie du dernier) j'avais entrepris une intégrale de NB Ceylan durant laquelle j'ai revu tous ses films. Tous sauf un, je m'étais mis de côté Nuages de Mai, l'un de ses plus beaux, et puis vous savez comment avance la barque d'un cinéphile, on passe d'une rive à l'autre, d'une filmo à l'autre, on oublie des films en route, jusqu'à y revenir enfin. J'ai eu un plaisir fou à revoir Nuages de Mai (la première fois en bluray en revanche) et je confirme qu'il s'agit d'un de ses plus beaux films, et sans doute le plus autobiographique. On y voit un effet un cinéaste qui revient chez ses parents vivants à la campagne pour faire un film où ils seraient les acteurs principaux (ils n'en ont pas forcément envie) et le couple est joué par les propres parents du cinéaste, et le cinéaste par son alter ego, qu'on verra ensuite dans Uzak. Ce film peut d'ailleurs très bien être vu comme le prologue d'Uzak (il y a aussi le personnage du cousin, héros d'Uzak, omniprésent), en tout cas comme son film miroir. Et visuellement, je crois que c'est le plus beau Ceylan, c'est à tomber de beauté, plus encore dans cette version restaurée, et on ne se remettra jamais de certaines séquences comme celle du panier de tomates, parmi d'autres, qui semblent justifier à elles seules l'invention de l'art cinématographique.
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groil_groil a écrit : lun. 6 oct. 2025 14:14
le spectateur n'est pas informé durant le film (on ne le sait qu'à la toute fin)
Mais si ! Hamid, l’ex de la photographe — celui qui est debout à gauche sur la photo ci-dessous :

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le confirme dès son apparition dans le film (vers le premier tiers) : il s'agit bel et bien du bourreau !
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sokol a écrit : lun. 6 oct. 2025 14:58
groil_groil a écrit : lun. 6 oct. 2025 14:14
le spectateur n'est pas informé durant le film (on ne le sait qu'à la toute fin)
Mais si ! Hamid, l’ex de la photographe — celui qui est debout à gauche sur la photo ci-dessous :

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le confirme dès son apparition dans le film (vers le premier tiers) : il s'agit bel et bien du bourreau !
pardon ? je n'ai absolument pas compris cela...
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groil_groil a écrit : lun. 6 oct. 2025 15:24

pardon ? je n'ai absolument pas compris cela...
Pourtant, Hamid monte dans le camion, ouvre le coffre, regarde le bourreau et, à l’inverse de la photographe et de la mariée, il est catégorique : c’est Eghbal, le tortionnaire. Il hurle (car il veut le tuer) mais les autres le retiennent.
Aucun doute ne subsiste.

C'est pour cela que, dès lors, les dialogues et les attitudes des personnages ne gravitent plus autour de la question de son identité, mais autour d’une autre : mérite-t-il la mort ?
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sokol a écrit : lun. 6 oct. 2025 15:41
groil_groil a écrit : lun. 6 oct. 2025 15:24

pardon ? je n'ai absolument pas compris cela...
Pourtant, Hamid monte dans le camion, ouvre le coffre, regarde le bourreau et, à l’inverse de la photographe et de la mariée, il est catégorique : c’est Eghbal, le tortionnaire. Il hurle (car il veut le tuer) mais les autres le retiennent.
Aucun doute ne subsiste.

C'est pour cela que, dès lors, les dialogues et les attitudes des personnages ne gravitent plus autour de la question de son identité, mais autour d’une autre : mérite-t-il la mort ?
ah ok je viens de comprendre ce que tu voulais dire.
Oui lui l'identifie, mais les autres ont un doute, et la parole de l'un n'est pas plus forte que celle d'un autre, donc le spectateur continue à douter. Le doute n'est levé que lors du monologue de fin.
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sokol a écrit : lun. 6 oct. 2025 15:41
groil_groil a écrit : lun. 6 oct. 2025 15:24

pardon ? je n'ai absolument pas compris cela...
Pourtant, Hamid monte dans le camion, ouvre le coffre, regarde le bourreau et, à l’inverse de la photographe et de la mariée, il est catégorique : c’est Eghbal, le tortionnaire. Il hurle (car il veut le tuer) mais les autres le retiennent.
Aucun doute ne subsiste.

C'est pour cela que, dès lors, les dialogues et les attitudes des personnages ne gravitent plus autour de la question de son identité, mais autour d’une autre : mérite-t-il la mort ?
Je ne suis pas sûr qu’il faille prendre l’avis catégorique de Hamid comme confirmation irréfutable à ce stade du film : il est clairement présenté comme un personnage impulsif, dont l’emportement prend le pas sur la lucidité.

Sinon, avec le recul, tout en étant peut-être moins sévère que vous deux, le film ne vieillit pas très bien dans mon esprit, sans doute car c’est plus un film de scénario que de mise en scène (à des champs contrechamps assez mécaniques - le premier échange entre le protagoniste et la photographe est assez gênant de ce point de vue là - se succèdent des plans-séquences peu inspirés). Mais le dernier plan sauve le film pour moi, car, s’il a beau être prévisible, il est d’une efficacité implacable.
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Mr-Orange a écrit : lun. 6 oct. 2025 15:53
sokol a écrit : lun. 6 oct. 2025 15:41
groil_groil a écrit : lun. 6 oct. 2025 15:24

pardon ? je n'ai absolument pas compris cela...
Pourtant, Hamid monte dans le camion, ouvre le coffre, regarde le bourreau et, à l’inverse de la photographe et de la mariée, il est catégorique : c’est Eghbal, le tortionnaire. Il hurle (car il veut le tuer) mais les autres le retiennent.
Aucun doute ne subsiste.

C'est pour cela que, dès lors, les dialogues et les attitudes des personnages ne gravitent plus autour de la question de son identité, mais autour d’une autre : mérite-t-il la mort ?
Je ne suis pas sûr qu’il faille prendre l’avis catégorique de Hamid comme confirmation irréfutable à ce stade du film : il est clairement présenté comme un personnage impulsif, dont l’emportement prend le pas sur la lucidité.

Sinon, avec le recul, tout en étant peut-être moins sévère que vous deux, le film ne vieillit pas très bien dans mon esprit, sans doute car c’est plus un film de scénario que de mise en scène (à des champs contrechamps assez mécaniques - le premier échange entre le protagoniste et la photographe est assez gênant de ce point de vue là - se succèdent des plans-séquences peu inspirés). Mais le dernier plan sauve le film pour moi, car, s’il a beau être prévisible, il est d’une efficacité implacable.
Ce que tu dis en spoil est exactement ce que j'essayais d'expliquer dans le post qui précède
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groil_groil a écrit : lun. 6 oct. 2025 15:45
ah ok je viens de comprendre ce que tu voulais dire.
Oui lui l'identifie, mais les autres ont un doute, et la parole de l'un n'est pas plus forte que celle d'un autre, donc le spectateur continue à douter. Le doute n'est levé que lors du monologue de fin.
Oui, car le tortionnaire avoue à la toute fin. Mais déjà, le comportement de Vahid — le héros principal du film — ainsi que celui des autres personnages ne laisse aucun doute : à partir du moment où Hamid confirme qu’il s’agit bien de lui, leurs dialogues ne tournent plus qu’autour d’une seule question : mérite-t-il la mort ou non ?
De surcroît, s’ils avaient encore un doute, c’est qu’ils n’étaient pas 100% sûrs… mais l’avis de Vahid, le dernier à rejoindre le groupe, vient clore le débat
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groil_groil a écrit : lun. 6 oct. 2025 14:14 le tout dernier plan (qui dit en gros que les personnes torturées seront hantées toute leur vie par leur bourreau, que celui-ci soit puni ou non), mais tout ça est un peu scolaire et appliqué pour du Panahi. La preuve, il n'a pas été embêté par le régime iranien pour ce film, alors qu'il a fait de la prison pour plein d'autres de ses oeuvres. Celui-ci semble ne pas déranger le guide suprême, on l'autorise même à aller chercher sa Palme d'Or et à revenir au pays sans passer par la case prison comme d'habitude. Qu'est-ce qui a changé ? Cela m'étonnerait qu'il s'agisse du système de répression du régime.
C'est plus compliqué que ça : Panahi a été condamné pour avoir soutenu l’opposition iranienne en 2009 (il soutient le mouvement de contestation après la réélection contestée de Ahmadinejad). il est arrêté et condamné à 6 ans de prison, une interdiction de réaliser des films pendant 20 ans, interdiction de voyager et de donner des interviews. Mais finalement il a été assigné à résidence, où il a réalisé Ceci n’est pas un film (2011), Taxi Téhéran (2015), Trois visages (2018).

En juillet 2022, il est à nouveau arrêté, cette fois pour avoir protesté contre l’arrestation de deux collègues. Il est emprisonné pendant 7 mois, puis libéré en février 2023 sous caution, après une grève de la faim.

Donc, il n'a jamais été arrêté pour avoir réalisé tel ou tel film.

Son dernier film est ouvertement contre le régime (le Guide y est même évoqué). et sur tous les plateau de télé Panahi dit que soit le régime va tomber soit il va se réformer.

suite en cours...
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cyborg
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The Face of Another - Hiroshi Teshigahara - 1966

Deux ans après l'incroyable "La Femme des Sables", Teshigahara signe "Le Visage d'un autre", film peut-être plus fou encore. Les thématiques sont proches : le changement d'identité, la disparition, le poids des carcans sociaux, des sujets assurément brulants dans la société japonaise des années 60.
Un homme gravement défiguré se fait fabriquer un masque copié sur le visage d'un inconnu rencontré dans la rue. Cette prothèse parfaite va lui permettre de recommencer à vivre normalement, mais la force de cet étrange déguisement semble le dévorer peu à peu.
Si il s'agit avant tout d'une œuvre de science-fiction, le film revêt lui aussi un masque philosophique. Une bonne part du film se passe ainsi dans le cabinet du médecin, mi-repère de Frankenstein mi-Grand Verre de Duchamp, ou lorsqu'il s'observe l'un l'autre à discuter d'enjeux questionnant la liberté, l'identité, la science et leurs impacts sur la société. Tiraillé entre ces différents niveaux, le film fini par devenir d'une étrangeté radicale. Comprendre non pas une étrangeté illustrative, mais une étrangeté incarnée, faites de boucles, d'onirismes supposés, d'histoires intercalées... Le résultat est captivant et extrèmement singulier. Je ne comprends pas pourquoi Teshigahara n'est pas plus célébré par chez nous.



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4 témoignages d'expériences de la folie, lus/rejoués par Charlotte Rampling que l'on voit quelques instants jouer une psy dans son bureau à écouter des cassettes d'anciens patients. Sa voix off se superpose ensuite à des images de Super 8 (16 ?) en n&b d'un voyage en voilier jusqu'à l'arctique : mer, cote, intempérie, mât, vague, glace, animaux marin, etc en plus ou moins proches, détournés, déformés... Les témoignages sont intéressants et précieux, car incroyables par leurs intimités : il est rare d'entendre parler de la folie directement par celui ou celle qui l'a traversé.
Mais je m'interroge encore sur le sens ou l’intérêt véritable des images. Suffisent elle à faire tenir une oeuvre cinématographique ? Très belles et séduisantes, ne sont elles pas un peu illustratives ou, pire, astreignantes ? Y a t'il besoin d'aller filmer le pôle nord en caméra analogique pour parler de la folie quotidienne ? Au final, le tout ne ferait-il pas un excellent documentaire radio ? Je n'ai pas la réponse...
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groil_groil
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Après un premier visionnage ou soit je n'avais rien compris / soit il n'y avait rien à comprendre, j'ai décidé de le revoir car des personnes que j'estime l'ont récemment réhabilité en le revoyant. Il faut dire que je porte pas Nolan dans mon coeur, mais que j'adore Interstellar et que j'aime beaucoup Tenet, et disons qu'Inception est un film qui se glisse parfaitement entre les deux. Cette nouvelle tentative est un peu plus satisfaisante, mais me laisse tout de même perplexe. Disons que ce coup-ci j'ai réussi à m'intéresser un peu plus au récit, une suite de péripéties dramatiques qui passe de rêve en rêve... en rêve, même si je continue à me demander pourquoi ils ont toujours besoin de se flinguer en permanence, sans doute parce que ce sont des Américains, mais je ne vois pas - encore ? - l'intérêt global. En fait, je ne capte pas les motivations, ce qui fait que les personnages se meuvent, de rêve en rêve. Rien ne nous l'explique, le film débute directement dans l'action et rien ne nous permet de comprendre ce qui se joue, ni même les motivations des personnages. J'ai donc suivi ça d'un oeil extérieur, sans jamais n'être concerné, et c'est vraiment dommage, car je sens bien qu'il y a de la matière, mais elle ne m'est transmise. Je ne sais pas où ça merde, alors que sur Tenet, le récit est sans doute encore plus complexe, et même lorsque je suis parfois paumé, je suis toujours captivé, et je finis toujours par raccrocher les wagons, là ce n'est pas le cas, et j'ai peur de penser que l'histoire, débarrasser de ses oripeaux liés aux passages d'un rêve à l'autre, manque tout simplement de fond.

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Je n'avais pas revu le live à Pompéi (quelle idée géniale) depuis des lustres, et c'est un vrai bonheur, surtout en copie restaurée. J'avais un souvenir tronqué du film car je gardais le souvenir d'un concert enregistré et diffusé en intégralité, sans coupures, durant le couché du soleil, dans la grande arène de Pompéi. Si ils jouent bien dans l'arène, le film n'est pas la captation du live complet. Nous voyons le groupe en répète, en enregistrement, en train de bouffer des tartes aux pommes ou de se prendre le chou, on les entend beaucoup parler de matos (un peu de leur génie aussi) et ces conversations coupent les chansons live de manière régulières et qui ne sont pas diffusés dans l'ordre de leur enregistrement (il fait jour, puis nuit, puis jour, etc.). C'est dommage car tout ça casse un peu la magie du truc, ce qu'on aurait aimer c'est voir le concert de A à Z. Car ce qu'il y a de plus beau dans le film, c'est de voir ce groupe, au sommet de son talent en 1971, jouer dans ce site incroyable, historiquement l'un des lieux les plus fascinants au monde, et je trouve que le réalisateur n'exploite pas suffisamment le lieu, qu'il y avait beaucoup mieux à faire, comme s'il ne prenait pas conscience de l'endroit où il filmait. Et l'autre chose magnifique, c'est tout simplement de voir jouer ces 4 mecs ensemble, en 1971, conscients (un peu trop) de leur succès et de leur talent, mais qui parviennent vraiment à donner en live et sans moyens énormes non plus des versions incroyables de chansons magnifiques comme Echoes, A Saucerful Of Secrets ou Set The Controls For The Heart Of The Sun.
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Narval
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sokol a écrit : lun. 6 oct. 2025 16:56
Son dernier film est ouvertement contre le régime (le Guide y est même évoqué). et sur tous les plateau de télé Panahi dit que soit le régime va tomber soit il va se réformer.

suite en cours...
en effet Panahi disait justement à Montreuil pour la présentation du film que le régime vivait sans doute ses derniers mois. Les autorités sont tombées sur lui à la toute fin alors qu'il avait déjà tourné (et sécurisé) la majorité du film. Le reste a été tourné dans d'autres lieux et il me semble qu'il a même de trucage numérique pour combler ce qui manquait (??) mais il n'y a pas eu de questions là-dessus.

Ah je partage aussi la certitude de Sokol concernant l'identité du type : souvenez-vous du geste au départ surprenant d'Hamid, presque charnel. Il caresse la jambe valide de Gibole pendant plusieurs secondes et la reconnaît facilement, car son tortionnaire la lui faisait sentir de long en large pour apprécier ses cicatrices. Cicatrices qui, ajoutees à sa prothèse -, ne laissent pas vraiment de doute.
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Narval a écrit : mar. 7 oct. 2025 10:37
en effet Panahi disait justement à Montreuil pour la présentation du film que le régime vivait sans doute ses derniers mois.
Comme je disais hier, Panahi a eu des problèmes avec la justice en 2009 parce qu’il a soutenu le mouvement de contestation qui a suivi la réélection controversée d’Ahmadinejad. Mais il faut savoir que Moussavi, le candidat malheureux à qui on aurait volé l’élection – et que Panahi, parmi d’autres, soutenait – n’était autre que l’ancien Premier ministre iranien (un poste depuis supprimé), en fonction de 1981 à 1989, sous la présidence… d’Ali Khamenei, l’actuel Guide suprême.

Ce que je veux dire ici – et ce n’est absolument pas une critique – c’est qu’en Occident, il faudrait qu’on cesse de tout ramener à une lecture simpliste en termes de “dissidence”, de “dictature”, etc. L’Iran est, économiquement parlant, un pays d’économie de marché. Comme partout ailleurs dans le monde, on y trouve des riches, des pauvres, et une classe moyenne. Ces dynamiques sociales sont d’ailleurs parmi les éléments les plus intéressants du film "Un simple accident".

Par ailleurs, Panahi, lors de son discours après avoir reçu la Palme d’Or, s’est montré très réaliste et nuancé, en insistant sur la nécessité de respecter toutes les sensibilités (politiques, culturelles etc etc).

Personnellement, je pense que le problème iranien est d’abord national. L’Iran est une mosaïque d’ethnies, où les Persans eux-mêmes ne représentent qu’environ 46 % de la population totale (si vous faites attention, au début du film, lorsque Vahid, le garagiste, croise son ancien tortionnaire, il parle avec ses proches au téléphone en azéri (ou dans une autre langue turcique), et non en persan (farsi).

Pour faire très simple : l’Iran, c’est un peu comme la Libye. Oui, on peut bombarder le pays (les américains et les israéliens l'ont bombardé d'ailleurs !), on peut renverser un "tyran"... mais ensuite ? Au mieux, il faut assumer une montée de l’extrême droite dans plusieurs pays européens (Italie, France, Espagne, Royaume-Uni ?), à cause d’un afflux migratoire massif et mal géré – la Libye étant historiquement l’une des principales portes de l’émigration vers l’Europe.
Au pire, on risque de provoquer des guerres civiles dans ces pays eux-mêmes. La Libye hier… l’Iran demain ?

Personnellement, non seulement je ne suis pas pour, mais je suis farouchement contre.

Tout cela pour dire que la position actuelle de Panahi n’est pas simplement inconfortable : elle est, à l’image de la situation en Iran, profondément complexe.
Peut-être que le régime vit ses derniers mois (je n’en suis pas sûr), mais il ne faut pas oublier que M. Panahi – comme beaucoup d’autres – fait malgré tout partie d’un pays. Un pays qui, faute de véritable perspective socio-politique (comme presque partout sur la planète), a tout intérêt à préserver son unité nationale, sa culture (si brillante et unique), et son peuple. Ce peuple incroyable qui a su nous offrir, rien que ces 30 ou 40 dernières années, des cinéastes de la trempe de Kiarostami ou de Panahi.

(Je m’arrête là, j’ai les larmes aux yeux. Je suis sincère)
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sokol a écrit : mar. 7 oct. 2025 12:41
Merci pour les précisions concernant les langues, je ne l'avais pas remarqué. Il est évident que le spectateur français moyen, même renseigné ne peut pas saisir la complexité de cette situation.

Puisque l'on parle de l'Iran, je viens d'apprendre que la monnaie nationale (le rial) allait perdre 4 zéro. Pas sûr que cela permette de combattre l'inflation absurde qui a touché le pays depuis plusieurs années cependant. Inflation que l'on voyait notamment assez bien dans le film Leïla et ses frères. Bref tout va très vite dans le pays.
https://tradingeconomics.com/iran/inflation-cpi
https://youtu.be/xv7Ni2jVK5M
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Tamponn Destartinn
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Le grand film politique sur l'état actuel des USA de l'année 2025 reste haut la main Eddington.
Le PTA est peut être plus aimable mais assez inoffensif. Adapter un récit sur un mouvement révolutionnaire d'extrême gauche dans les années 60 à 80 pour le transposer à de nos jours, sur le papier pourquoi pas, mais dans ce cas il ne faut oublier le sens premier de "adapter" !

Retour rapide en arrière : moi aussi j'ai vécu un virage à 180° concernant PTA. Je n'avais pas aimé ses premiers films, du moins ceux que j'ai vu (Boogie Nights, Magnolia, There will be blood). Au point de snober ses deux suivants avec Joaquim Phoenix. Puis, il y a eu Phantom Thread qui est sans nul doute un chef d'oeuvre. Comme Licorice Pizza m'a aussi bcp plu, j'en suis venu à me demander si je ne devais pas redonner une chance au début de carrière du cinéaste. Il faut dire que j'étais ado quand je les ai découvert. Jusqu'à 19 ans pour There will be blood. Quasi la moitié de ma vie aujourd'hui (oh boy...) Donc oui, je vais leur redonner une chance, il le faut. MAIS : ce nouveau film change tout de même un peu la donne. Car les 30 premières minutes m'ont tout de suite rappelé l'image que j'ai des Magnolia & co. Du simili Scorsese rapide et nerveux, pas très subtil, au service de pas grand chose au final, et parfois même étonnamment vulgaire... Il y a des idées intéressantes, mais souvent gâchées.
Heureusement, le film bifurque totalement après ces 30 min, et j'ai retrouvé un peu du nouveau PTA que j'aime bien. Mais en plus couil.lon, tout de même. Le coup du budget à 130 millions de dollars, ce qui en fait techniquement le premier vrai blockbuster de son auteur, cela se voit bien, tant on est sur du cinéma grand public. Et là dessus, PTA est moins pertinent qu'un Cameron meilleur période, par exemple. Au moins, il reste un exercice de style régulièrement jouissif à suivre. En oubliant donc les 30 premières minutes, PTA livre de vraies scènes d'action réussies, je pense notamment à tout le passage de DiCaprio avec DelToro jusqu'à la fuite sur le toit. Jonny Greenwood a une nouvelle fois livré une excellente OST, très simple dans sa proposition atonale. (je répète : ça n'arrive qu'une fois terminée la première partie qui a une exploitation OST très différente, autre preuve qu'il y a un film dans le film)
Et pour revenir au début de ma critique : politiquement, c'est pas très pertinent avec notre époque, MAIS c'est agréable de voir un film aussi grand public dire aussi fermement les choses, sans chipoter.


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C'est le Radu Jude le plus "classique" vu jusqu'alors.
j'ai pensé à Septembre sans attendre, avec cette idée de répéter la même scène, où un personnage répète inlassablement le gros évènement récemment vécu à son entourage, comme on le fait souvent dans la vraie vie. Cette fois, c'est un évènement tragique où elle a le mauvais rôle. Hussière de justice humaniste (!), cette femme s'en veut d'avoir participé au suicide d'un homme en le délogeant et en faisant officiellement un SDF. Elle insiste pour dire qu'elle s'en veut, mais à force de raconter, on voit que ça devient son petit drame personnel, son sujet de conversation préféré, ce qui la meut... et sans en faire une méchante cruelle, le cinéaste fait le portrait efficace de nos perversions et nos hypocrisies communes à nous, spectateurs mais aussi acteurs de ce monde capitaliste.
Classique dans la forme, mais efficace.
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sokol
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Tamponn Destartinn a écrit : mer. 8 oct. 2025 15:23
Classique dans la forme, mais efficace.
Hmmm, linéaire dans sa narration mais pas classique du tout dans sa forme (pas un seul champ-contrechamp !!)
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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Tamponn Destartinn
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sokol a écrit : mer. 8 oct. 2025 23:15
Tamponn Destartinn a écrit : mer. 8 oct. 2025 15:23
Classique dans la forme, mais efficace.
Hmmm, linéaire dans sa narration mais pas classique du tout dans sa forme (pas un seul champ-contrechamp !!)
J'aurai dû ajouter "pour du Radu Jude"
Mais oui, il garde une forme typique de son cinéma, qui n'est pas typique pour le cinéma mainstream (je pense qu'il n'y a pas une scène dialoguée qui n'est pas un plan séquence)
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Tyra
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Je vais parler ici de ce qui me dérange le plus, un truc que j'ai déjà vu chez Tarantino (le film m'a beaucoup fait penser à Tarantino post-Jackie Brown, et ce n'est pas un bon signe), une sorte de jouissance perverse dans l'humiliation sexuelle des ennemis (nazis ou fascistes dans ces films-ci). Dans ce dernier PTA, cela commence dès la première scène par la demande à un gardien de s'agenouiller "comme s'il suçait une bite", puis par le viol du personnage de Sean Penn. Les films de Tarantino regorgent aussi de ce type de scènes, et j'ai toujours l'impression que ces cinéastes ce servent de cibles majoritairement réprouvées par le grand public pour se livrer à la dégueulasserie la plus crasse. S'ajoutant en plus à cela à un penchant pour un fétichisme racial (qui concerne le grand méchant comme les activistes de gauche), qui ne me semble pas toujours être des vices caractérisant des personnages mais quelque chose d'étrangement révélateur sur PTA, sachant que celui-ci est marié avec une femme métisse (l'affiche plus haut est pas mal dans le genre aussi).
Bref, il y aurait des choses à creuser dur ce terrain là pour analyser le film, mais j'ai l'impression que l'angle est très peu abordé par les critiques, professionnels comme spectateurs.
Je trouve aussi que le film a un problème de ton. DiCaprio parlait de film cartoonesque en interview, or je ne vois rien de tout cela, tant le film se prend bien plus au sérieux qu'il ne le pense. Rendant cette invraisemblable histoire de filiation Lockjaw/Willa, qui pourrait passer dans un film décalé à la The Big Lebowski, absolument grotesque ici.
Je ne reviens pas sur le montage, l'utilisation de la musique, déjà évoqué sur le topic du top 2025.
Bref, séance cauchemar. :gore2:
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groil_groil
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Il faut être culotté pour s'attaquer à un truc pareil, aussi iconique. C'est dingue, d'ailleurs, parce que Godard, personne ne regarde ses films, à part deux ou trois grands tarés comme nous qui l'adorons, mais c'est un mythe pour tout le monde, que les gens l'aiment ou le détestent d'ailleurs, ils ont tous toujours besoin de parler de lui. Même ma fille d'ailleurs, du haut de ses huit ans, et depuis longtemps déjà, adore hurler en boucle '"Je suis Jean-Luc Godard" sans qu'on n'ait jamais compris pourquoi, et surtout pourquoi son choix s'est arrêté sur ce cinéaste plutôt que sur Brian De Palma ou Nanni Moretti... Bref, ce culot, Richard Linklater l'a eu, et ça tombe bien car c'est un très bon cinéaste, et un fin cinéphile, un peu à la manière d'un Todd Haynes. Le sujet de son film est on ne peut plus simple : il raconte le tournage de A Bout de Souffle, premier long métrage de Godard, l'un des derniers cinéastes des Cahiers, et donc de la Nouvelle Vague, à parvenir à tourner un film. On connait tous l'histoire par coeur, ainsi qu'un grand nombre des anecdotes (il y en a un paquet) qui sont narrées ici, et le plaisir immense éprouvé durant la projection sera donc celui des retrouvailles. Retrouvailles avec une partie de notre histoire, de notre cinéma, de nos souvenirs. Pour cela, Linklater fait plusieurs paris risqués. Il choisit de tourner en noir et blanc, bon, ok, mais dans une image qui tente de reproduire à l'identique celle du film qui est son sujet. Il choisit ensuite de tourner en français, avec des acteurs français, ce qui est bien sûr la bonne idée, mais quel autre cinéaste américain aurait eu le courage de faire ce choix ? Mais ce qui m'a le plus stupéfait, ce sont ses acteurs. Il ne choisit quasiment que des acteurs français inconnus, personnellement je n'en avais jamais vu aucun, où les a-t-il trouvés ? comment ? Conservatoire ? Théâtre ? Et ils sont tous, sans exception, absolument extraordinaire, déjà, mais aussi, encore plus fort, ils incarnent tellement bien leurs personnages, qui Godard, qui Truffaut, qui Coutard, qui Melville, qui Belmondo, etc., qu'au bout de deux minutes on oublie totalement qu'on est face à des acteurs (attention ils ne singent pas non plus, ils incarnent, littéralement), et on se retrouve propulsé à l'intérieur du film, comme si nous aussi participions au tournage de ce film mythique. On entend souvent que les acteurs américains sont meilleurs que les français, qu'ils jouent plus juste, etc., mais là on voit bien que ce n'est pas ça le problème, car Linklater fait tourner des acteurs français et les rend prodigieusement crédibles, incarnant leurs rôles comme aucun réalisateur français ne serait capable de le faire dans ce type de films (il n'y a qu'à voir l'échec du Redoutable où l'on ne voit que Louis Garrel essayer d'imiter bêtement Godard, et faisant pitié.) Je termine sur deux choses essentielles : tout d'abord le film est joyeux. Tellement heureux, tellement solaire. Il n'est jamais habité par cette déprime franco-française qu'on projette un peu sur l'époque, cette grisaille intellectuelle et distante, c'est même tout le contraire, ça irradie de bonheur et de soleil dans chaque plan et cette joie permanente est incroyablement contagieuse. Et enfin, un des trucs les plus importants : Linklater ne fait jamais (j'ai envie de l'écrire en capitales, je me retiens) de Godard un sale type. C'est la première fois que là aussi je vois un portrait aussi solaire et positif de Godard. Et pourtant il ne lui enlève rien de tout ce qu'on connait de son mauvais caractère où de ses travers, mais il n'est jamais jugé pour cela, c'est une facette de sa personnalité seulement, et j'ai rarement vu un cinéaste (Linklater) aimer autant un de ses personnages (Godard). Et c'est génial car pour la première fois j'ai l'impression de voir le vrai Godard de 1959, plus vrai que le vrai, tellement irrésistible.

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C'est un des films les plus marquants de mon enfance, montré par mon père et durant lequel j'avais éprouvé des sentiments extrêmement forts, l'un des films marquants de l'enfance. Giovanni y raconte le célèbre casse de Nice, mis en oeuvre par Albert Spaggiari et une bande formée pour l'occasion. Casse incroyable puisqu'ils ont oeuvré et préparé ce casse pendant de nombreux mois avant de réaliser ce qu'on appelle à juste titre le "casse du siècle", ouvrant 371 coffres de la banque et raflant un butin qui équivaut aujourd'hui à 40 millions d'euros. Très impatient de revoir ce film donc, et le début m'a cueilli à froid. Les 30 premières minutes sont complètement ratées, on ne comprend pas pourquoi l'idée lui vient, ni comment, alors que rien ne laisse penser que cet homme va sombrer dans la délinquance, ni comment il rencontre les gens qui vont former son équipe, bref, c'est plein de trous, d'incohérences. On sent bien que Giovanni, qui adapte le roman de Spaggiari, s'y prend super mal, ne sait rien condenser alors il fait des coupes mais il coupe ce qui est essentiel, bref, c'est la cata. Dieu merci cela s'arrange rapidement et dès que l'équipe se met à préparer le casse, ça devient intéressant, puis carrément passionnant dès que le casse a lieu, et ça dure une bonne heure. Parce qu'ils passent par les égouts et creusent jusqu'à entrer dans la banque, donc tout ça se déroule de mai à septembre dans la vie, et le film tient compte de cette durée. Il y a presque quelque chose du Trou de Becker dans cette seconde partie, peu de texte, des gestes, de la mise en scène, et une tension permanente et qui monte. Je suis au final très heureux de l'avoir revu et d'éprouver encore des sentiments très forts me rappelant ceux de l'enfance. En revanche, Giovanni qui était quand même une petite merde d'extrême droite réactionnaire et collabo bien comme il faut, oublie sciemment de mentionner le passé de Spaggiari, qui était une petite ordure de son acabit : partisan de l'OAS, extrême-droite, prévu pour être le type qui devait assassiner De Gaulle, bref, tout un programme de rêve jamais évoqué. Je me doute que Giovanni le cache pour des raisons de sympathie envers le personnage, mais au final c'est mieux de ne pas le savoir en voyant le film. Car ce n'est pas Spaggiari que l'on voit, c'est un personnage de braqueur, une coquille vide dans laquelle on peut tous se projeter et s'identifier, un personnage de cinéma en somme.
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cyborg
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La nuit de la vérité - Fanta Régina Nacro - 2004


Dans un pays fictionnel d'Afrique de l'ouest, un conflit long de dix ans entre les Nayaks et les Bonandés touche à sa fin. La majorité du film se déroule durant la soirée de célébration de l'accord de paix, voyant la rencontre des deux leaders, des discours, un banquet etc. Mais les fantômes du passé continuent de hanter les participant.es... Ce premier long métrage (et seul pour l'instant) de la réalisatrice burkinabaise Fanta Régina Nacro est intéressant d'une part pour le cadre ou il s'inscrit, dont les images qui nous parviennent sont très rares, et d'autre part pour sa puissance fictionnelle, agissant comme un baume réparateur face aux conflits complexes disséminés à travers le continent. Les moyens sont limités et la co-production avec France 3 explique peut-être ce style qui se rapproche parfois du documentaire-reportage, sans pour autant que cela semble théorisé comme Watkins à pu le faire. Le film reste assez simple et direct pour se suivre sans déplaisir.
Je dois simplement souligner avoir été particulièrement surpris par la fin. Alors que plusieurs personnages luttent contre leurs souvenirs des massacres passés, c'est finalement la femme du chef qui craque et exécute un soldat. Face au risque de fin du protocole de paix, son mari l'exécute alors de sang froid devant tout le monde, et ceci d’apaiser immédiatement les esprits et de clore le film sans qu'aucune question ne soit posé. En regardant le film j'ignorais qu'il s'agissait d'une réalisatrice, cela ne faisant que renforcer le malaise que cette conclusion générait chez moi et cette place problématique qu'incarne ce personnage féminin. Différence culturelle ? Peut-être, mais choix scénaristique assez surprenant quand on, en découvrant les courts métrages de l'autrice (ce que je ferais juste après) on comprend sa position habituellement plus proche d'un féminisme/sororité local.


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Un certain matin - Fanta Régina Nacro - 1992

Mise en abyme du cinéma : c'est au croisement de deux niveaux de perception qui s'ignorent que peut surgir le réel. L'ensemble est bref mais convaincant, assez amusant, adroitement mené et s'ouvrant vers une tournure pédagogique qui caractérise la suite du cinéma de Fanta Régina Nacro.

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Puk Nini - Fanta Régina Nacro - 1995

Histoire de mœurs, d'amour et de tromperie. Derrière la simplicité et l'évidence du film se dessine un une œuvre proche du conte avec vrai talent narratif bourré d'humour.

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Bintou - Fanta Régina Nacro - 2001

L'éducation coute trop cher : que les petites filles restent à la maison ! C'est en rébellion avec cette tradition que Bintou décide de s'inventer un travail pour gagner de quoi envoyer sa fille à l'école. Ce qui ne sera pas du goût de tous, en particulier de son mari... Une fois encore grande efficacité de la narration, rendant le film très agréable à suivre, avec toujours l'humour caractéristique de l'autrice et une vision réjouissante de l'émancipation des femmes au sein d'une société patriarcale.

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La truc de Konaté - Fanta Régina Nacro - 1997

Quand sa femme ramène de la ville un préservatif et lui demande de faire attention au sida, Konaté est furieux : lui, jamais ! Commence une aventure d'apprentissage et d'acceptation de ce curieux objet... Ce film est plus directement "pédagogique" (ce qui me semble être un des traits caractéristique d'une partie du cinéma africain) et donc d'apparence peut être plus banal pour un spectateur occidental, mais une fois encore le sens évident de la narration et l'humour ravageur (l'arbre à préservatif est hilarant) rendent le visionnage très agréable.
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cyborg
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L.A. Story - Mick Jackson

Version californienne du cinéma new-yorkais de Woody Allen, avec toutes les différences culturelles qui séparent les deux cotes des USA : plus de sunshine, plus de pop, plus de highway. Pas forcément plus de "smart", mais le personnage joué par Steve Martin est vraiment proche de celui porté par Allen, dans une veine est plus ouvertement absurdo-splapstick. Mais la crise existentielle traversée et les sous entendu sexuels et freudiens des blagues finissent par rapprocher les œuvres. A la différence -judicieuse- près que Martin fini par prendre conscience de qui il est et qu'il laisse tomber la jeunette au profit de la femme de son age, ce qui n'est pas tout à fait la conclusion de Manhattan (Story).



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Une bataille après l'autre, mais celle de la famille en premier : la révolution commencerait-elle donc par l'intime ? Après 30 minutes sur l'activisme politique radical PTA se recentre en effet sur une épopée filiale qui constitue le moteur des 3/4 du film. Ce qui est intéressant est qu'il semble y avoir d'un côté la famille intellectuelle ou disons "politique" avec laquelle on peut mentir et s'arranger un temps ( d'un côté comme de l'autre : Perfidia Beverly Hills qui balance tout le monde ou Lockjaw qui à couché avec une femme noire) et la famille de "sang" avec laquelle on est intransigeant. Si la paternité n'est pas vraiment une surprise (tout est dit dans la mise en scène lors de la "conception"), la scène clé du film repose dans le test ADN et la recherche absolue de pureté qu'elle fait transparaitre. La pureté, dégénérescence de notre modernité et mère du fascisme. Ce qu'il y a de rassurant (que la fin, sirupeuse, vient confirmer) est que One Battle... est un film fondamentalement impur. Impur dans son ton (mélange incessant des genres, de l'action à la comédie) mais aussi dans sa mise en scène (il y a un nombre assez stupéfiant de grain d'image différent, allant d'images hyper léchées à d'autres complément dégueulasses ou surexposés - c'est à se demander si ils ont utilisés plusieurs types de caméra). Même les acteurs (masculins) participent à cet esprit car étant tous utilisés à contre emploi d'une façon assez délicieuse, Del Toro, Penn et en tête DiCaprio courant en robe de chambre avec les cheveux gras pendant près de 2h. Que le film soit assez simpliste, certes, mais au moins il ne dupe pas sur son positionnement politique. Ce qui n'est pas du tout le cas d'Eddington qui se permet de laisser planer le doute, plus encore en lançant le fantasme d'une organisation Antifa internationale (la blague est encore moins drôle maintenant que le gouvernement Trump à classé les antifas et anticapitalistes comme organisation terroriste).
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A noter que la meilleure vanne du film est DiCaprio qui regarde La Bataille d'Alger, défoncé dans son canapé :D
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cyborg a écrit : dim. 12 oct. 2025 21:20
… PTA se recentre en effet sur une épopée filiale qui constitue le moteur des 3/4 du film

Ça, c’est un leurre, en réalité. Si on y réfléchit bien, on ne voit le père avec sa fille que pendant deux ou trois minutes ; à mon humble avis, ce n’est donc même pas un film sur la filiation
:(

cyborg a écrit : dim. 12 oct. 2025 21:20
…la scène clé du film repose dans le test ADN et la recherche absolue de pureté qu'elle fait transparaitre.
Elle devrait être la scène clé, mais elle ne l’est même pas, tant elle est mauvaise
:(

Si le sujet t’intéresse, je te conseille d’écouter Begaudeau parler de ce film (sur YouTube : Tout va bien). C’est passionnant, d’autant plus que cela vient d’un critique qui, il y a encore peu, voyait en ce réalisateur le plus grand cinéaste en activité. Mais là… je pense qu’il va sérieusement se demander s’il ne s’est pas trompé.
Modifié en dernier par sokol le dim. 12 oct. 2025 23:43, modifié 1 fois.
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cyborg a écrit : dim. 12 oct. 2025 22:33 A noter que la meilleure vanne du film est DiCaprio qui regarde La Bataille d'Alger, défoncé dans son canapé :D
Je crois que c’est un autre exemple qui illustre bien ce que je considère comme le principal problème du film : il recourt à des vannes qui appartiennent à une autre époque. Si l’histoire se déroulait entre les années 60 et 80, comme c’est le cas dans le roman de Pynchon, il n’y aurait aucun problème. Mais situer l’action en 2025 tout en laissant entendre que DiCaprio aurait été un révolutionnaire des années 2010, cela peut être considéré — au mieux — comme une blague complètement irréaliste (sans ancrage dans le réel, donc dépourvue de vérité), et au pire, comme une moquerie envers son propre héros. Selon moi, c’est plutôt la première hypothèse.
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Je n'ai pas tant dit que c'était un film SUR la filiation que le fait que la filiation était le MOTEUR du film : c'est ce qui crée la raison de l'intrigue et pousse les personnages à agir.

Pour le test adn, si c'est la scène clé. Dans ce qu'elle incarne. Qu'elle soit "bonne" ou "mauvaise" n'est pas la question dans ce que je dis.

Pour le reste je ne trouve le film ni bon ni mauvais et, au final je m'en moque un peu car il m'intéresse peu (en terme de cinéma, en terme de ce qu'il dit du monde). Mais je trouve que dans l'ensemble il tient la route pour ce qu'il est : un film grand public pas trop bête. C'est déjà ça.
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Comment ça des vannes d'une autre époque ? Mais La Bataille d'Alger était invisible dans les années 60 à 80 ! Aujourd'hui je te le trouve en quelques secondes ou que je me trouve sur la planète, et même en version restaurée. Peut-être même en streaming légal sur une plateforme ?! Je trouve que ce décalage, qui surgit ici, dit beaucoup de l'inspiration des luttes, de la façon dont elles se diffusent / circulent / se déforment / se rejouent dans le temps.
Si il fallait dénoncer une ref de ce genre je pense qu'il serait plus pertinent de parler de l'utilisation (multiples) de la géniale chanson "Revolution will not be televised" de Gil Scott-Heron. Mais une fois encore, rien de problématique pour moi.
Vraiment ce décalage 70s - présent ne me gène pas.
Il y a qqch de très 70s dans l’atmosphère alors qu'on est dans le présent c'est évident (la quasi non présence des téléphones portables et l'utilisation récurrentes des cabines téléphoniques, par exemple), mais ça crée quelque chose. Je ne sais pas quoi, mais c'est intéressant (ça me rappelle par exemple le geste que fait Akerman dans "Portrait d'une jeune fille des années 60" alors que tout se passe ouvertement dans le Bruxelles des 90s -> c'est génial).
Et puis le film n'a jamais prétendu une seconde être "réaliste" (ça veut dire quoi "réaliste" au cinéma ?!), ça serait absurde de s'arrêter à une incohérence du genre. Il faut plutôt voir ce que ça crée (peut-être du côté de cette impureté que j’avançais) dans son propos (la fascisme américain d'aujourd'hui à ses racines dans le Reganism ? Par exemple). On reste à Hollywood, c'est pas un film embarqué en première ligne par militant black-bloc de 2025...
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cyborg a écrit : lun. 13 oct. 2025 00:12
… mais ça crée quelque chose. Je ne sais pas quoi,
Moi non plus :D

En fait, à mon opinion, ça ne crée rien du tout et c’est pour cela qu’on ne comprend pas « ce que ça crée »

cyborg a écrit : lun. 13 oct. 2025 00:12ça me rappelle par exemple le geste que fait Akerman dans "Portrait d'une jeune fille des années 60" alors que tout se passe ouvertement dans le Bruxelles des 90s -> c'est génial).
Entièrement d’accord ! Et pas seulement dans ce film : dans India Song, tout se passe dans les années 30, alors que tous les personnages sont habillés comme dans les années 70 !
Mais c’est un tout, du début à la fin : on est peut-être un peu surpris au départ, mais on s’y fait, puisqu’on retrouve cette cohérence jusqu’au bout. Or là, ce n’est pas le cas car ce n’est que ‘de temps en temps’ (ce n’est pas un dispositif quoi)
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Revu en famille, j'ai beau avoir de la sympathie pour le truc, c'est quand même pas terrible... et on est loin des grandes réussites de Landis.

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Là aussi revu en famille, mais seulement quelques semaines après l'avoir découvert, et tant je l'avais aimé. Eh bien c'est toujours aussi génial la seconde fois, un des plus grands films d'action de ces dernières années, un des meilleurs films de sport ever également, avec une mise en scène absolument extraordinaire pour un film qui d'ailleurs ne parle de rien d'autre que de mise en scène. Je n'en avais pas parlé l'autre fois mais l'une des grandes réussites du film c'est la musique. Celle de Zimmer ou celle des morceaux préexistants et utilisés, peu importe, ce n'est pas tant la valeur de la musique qui m'interpelle que son utilisation. Là encore la musique est utilisée de manière uniquement narrative, et vient rythmer le film, créant encore d'avantage de dynamiques. Un des films de l'année.

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Une petite fille se noie alors qu'elle était gardée par la voisine et amie (Sigourney Weaver) de la mère (Julianne Moore). Elle n'est pas responsable, la mère ne lui en veut pas, mais le chagrin la ronge tant qu'elle ne s'en relève pas. Parallèlement, infirmière dans une école, elle est accusée, à tort, d'attouchements pédophiles sur un enfant difficile, manipulé par sa mère haineuse (Chloé Sevigny). La voilà arrêtée par la police et, le mari éleveur de vaches en difficulté financière ne pouvant payer la caution, jetée en prison en attente de son procès. Ici, le film change complètement de braquet et passe de "drame familial sur le deuil impossible" à "film de prisons de femmes" avec toutes les scènes et situations que cela implique. Mais le film change encore de braquet sur le troisième acte pour proposer le film de procès qu'on est venu à attendre. Une Carte du Monde n'est pas un film génial, mais il tient la route. Les comédiennes excellent, bien sûr, mais j'ai également apprécié que le metteur en scène traite ces sujets difficiles, voire carrément touchy, sans voyeurisme, ni vulgarité, et encore moins obscénité. Il sait rester à la bonne distance, ô combien salutaire.

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Ari est un jeune instituteur qui craque, et littéralement s'effondre, le jour même de l'inspection de l'Académie. Malgré sa taille de géant, c'est un fragile, un tendre, et il n'a plus les épaules pour affronter la cruauté du monde. Par dessus le marché, son père ne veut pas le garder à la maison et le fout dehors. En pleine dépression, il va tenter de revoir d'anciens amis, notamment pour espérer trouver un toit. Et cette errance va finir par le mettre sur le chemin d'Irène, son ex petite amie. Ils avaient rompu car elle était tombée enceinte et lui ne voulant pas d'enfant, souhaiter la convaincre d'avorter. Lui qui aime tant les enfants n'était pas prêt à en avoir, trop anxieux de les confronter à ce monde violent. Mais pourtant... Le nouveau film de Léonore Serraille est moins impressionnant que le précédent Petit Frère, disons que c'est une réussite mineure, un film touchant mais que je risque d'oublier assez rapidement par manque d'originalité et qui d'ailleurs ressemble beaucoup au cinéma français des années 90.

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Quand j'étais jeune cinéphile, c'était l'un des graal introuvables de tout amateur de cinéma, le film invisible de Bresson. Puis j'avais réussi à chopper un rip de mauvaise qualité, et je l'avais découvert ainsi. Depuis, la copie a été restaurée, ressortie en salles, et désormais en bluray, et le plaisir de revoir ce très grand Bresson dans une copie neuve est vraiment quelque chose de merveilleux. C'est un film à part dans la filmo du maitre, son film pop je dirais, au sujet d'apparence plus léger que les autres, mais qui décrit pourtant une société de jeunes gens à la dérive (nous sommes en 1971) qui, comme revenus des idéaux perdus de 1968, n'avaient plus rien d'autre à faire ou à espérer que de trainer seul dans la nuit parisienne. Le film pourrait presque décrire finalement belle histoire d'amour, mais cette jeune femme, que notre rêveur sauve du suicide la première nuit, et qui se jette dans ses bras, retourne finalement dans les bras de l'horrible type qui l'avait conduite au suicide, un peu comme cette jeunesse retourne à la tentation de la bourgeoisie et de la convention, après avoir cru un instant à la révolution et au changement. Quatre nuits d'un rêveur c'est un peu le film du renoncement et du retour à la case départ, et ce sentiment d'échec, mêlée à la beauté des images de la nuit parisienne, le rend encore plus triste et touchant.
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Tamponn Destartinn
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Qui sort le 10 décembre.

Pour ceux qui l'ignore : ce long métrage est très particulier pour ce forum, car il a été réalisé par un ancien membre, ce qui est - je crois - une première.
Alors Nicolas a déserté Aled il y a fort longtemps, avant même la mort des forums allociné, mais tout de même, c'est un évènement à célébrer ! D'autant plus me concernant, car il est depuis devenu l'un de mes plus proches amis IRL venant du forum.
Ceci étant dit, j'avais un peu peur avant la séance, car le forum a justement été l'occasion de constater qu'on n'aimait pas forcément les mêmes films, et donc il y avait possibilité que je n'aime pas le sien. Je pense que j'aurai juste fermé ma gueule si ça avait été le cas, c'est à dire rien écrit ici par respect, même s'il ne vient jamais. Fort heureusement, ça n'a pas été le cas !

Après une avalanche de drames terribles dans son enfance, "Louise" est aujourd'hui une jeune journaliste et photographe reconnue, qui survit à ses traumas en les gardant bien enfouis et ne s'ouvrant à personne. Alors, quand elle retrouve la trace de sa mère et sa soeur qu'elle n'a pas revu depuis ses 10 ans, elle hésite...
Il faut bien comprendre qu'on n'est pas loin du mélo à la Douglas Sirk. L'héroïne semble à chaque scène sur le point de s'écrouler, de fondre en larmes, mais elle tient. Elle ne craque jamais. Et le film est à cette image : il fonce tête baissé dans la dramaturgie la plus radicale sans jamais en devenir putassier ou lourd. C'est une cascade en soi, un vrai numéro d'équilibriste, aussi bien dans l'écriture que la direction d'actrices - notamment Diane Rouxel, qui a un rôle vraiment pas facile !
La fin du film est particulièrement exemplaire à ce sujet. Quand arrive l'heure des révélations, la question est de savoir comment faire ça sans passer par un long dialogue pompeux. Double, qui plus est. Et bien par deux fois, Keitel (lol) y parvient de la manière la plus simple et élégante qui soit. C'est presque dommage qu'il ne termine pas plus sèchement, directement après le climax émotionnel du film (une scène d'ascenseur). Jusqu'à présent, le montage était assez chirurgical, sans aucun gras, et là tu sens une peur de s'arrêter, une envie de rab pas nécessaire. Mais c'est très léger et pas grave, je dis ça par principe de ne pas être qu'élogieux :D

Bref, je ne sais pas si c'est un film que je serai aller voir sans son contexte, tant sur le papier ce n''est pas mon genre. Mais je suis ravi de l'avoir vu et d'apprendre que j'ai un copaing aussi fortiche dans ce dit genre.
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cyborg
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Oh wow @Tamponn Destartinn ! Nico à réussi à faire un long métrage et tout et tout ?! Dingue ! Je n'ai malheureusement plus de contacts avec lui depuis des siècles, mais ça fait très plaisir d'apprendre ça. Me reviennent instantanément à l'esprit les centaines de messages de l'époque, l'ambiance du forum et les nombreuses fois ou on s'est vu à Paris.

Sais tu si c'est une sortie prévue sur un grand nombre de copies ? Ça me dirait de le visionner, pour sur.
Et question subsidiaire, y a des ref à Battlestar Galactica, ou pas ? :D
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sokol
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Tamponn Destartinn a écrit : mar. 14 oct. 2025 15:23 Pour ceux qui l'ignore : ce long métrage est très particulier pour ce forum, car il a été réalisé par un ancien membre,
Quel était son pseudo ? Merci
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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groil_groil
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Tamponn Destartinn a écrit : mar. 14 oct. 2025 15:23 Image

Qui sort le 10 décembre.

Pour ceux qui l'ignore : ce long métrage est très particulier pour ce forum, car il a été réalisé par un ancien membre, ce qui est - je crois - une première.
Alors Nicolas a déserté Aled il y a fort longtemps, avant même la mort des forums allociné, mais tout de même, c'est un évènement à célébrer ! D'autant plus me concernant, car il est depuis devenu l'un de mes plus proches amis IRL venant du forum.
Ceci étant dit, j'avais un peu peur avant la séance, car le forum a justement été l'occasion de constater qu'on n'aimait pas forcément les mêmes films, et donc il y avait possibilité que je n'aime pas le sien. Je pense que j'aurai juste fermé ma gueule si ça avait été le cas, c'est à dire rien écrit ici par respect, même s'il ne vient jamais. Fort heureusement, ça n'a pas été le cas !

Après une avalanche de drames terribles dans son enfance, "Louise" est aujourd'hui une jeune journaliste et photographe reconnue, qui survit à ses traumas en les gardant bien enfouis et ne s'ouvrant à personne. Alors, quand elle retrouve la trace de sa mère et sa soeur qu'elle n'a pas revu depuis ses 10 ans, elle hésite...
Il faut bien comprendre qu'on n'est pas loin du mélo à la Douglas Sirk. L'héroïne semble à chaque scène sur le point de s'écrouler, de fondre en larmes, mais elle tient. Elle ne craque jamais. Et le film est à cette image : il fonce tête baissé dans la dramaturgie la plus radicale sans jamais en devenir putassier ou lourd. C'est une cascade en soi, un vrai numéro d'équilibriste, aussi bien dans l'écriture que la direction d'actrices - notamment Diane Rouxel, qui a un rôle vraiment pas facile !
La fin du film est particulièrement exemplaire à ce sujet. Quand arrive l'heure des révélations, la question est de savoir comment faire ça sans passer par un long dialogue pompeux. Double, qui plus est. Et bien par deux fois, Keitel (lol) y parvient de la manière la plus simple et élégante qui soit. C'est presque dommage qu'il ne termine pas plus sèchement, directement après le climax émotionnel du film (une scène d'ascenseur). Jusqu'à présent, le montage était assez chirurgical, sans aucun gras, et là tu sens une peur de s'arrêter, une envie de rab pas nécessaire. Mais c'est très léger et pas grave, je dis ça par principe de ne pas être qu'élogieux :D

Bref, je ne sais pas si c'est un film que je serai aller voir sans son contexte, tant sur le papier ce n''est pas mon genre. Mais je suis ravi de l'avoir vu et d'apprendre que j'ai un copaing aussi fortiche dans ce dit genre.
Ah j'ai le top d'abord, désolé, mais quelle nouvelle absolument merveilleuse ! Toutes ces soirées à se toucher les couilles dans le jardin de l'immeuble de SSJack, à boire le Jack Daniels au goulot, à comparer Max Pécas à Straub Huillet me remontent à la mémoire :lol: Je serai le premier à aller voir son film, je le note pour y aller le 1er jour, je sais combien c'est important ! Je suis tellement heureux pour lui, depuis le temps qu'il veut faire son premier long :love2: :love: Embrasse-le pour moi, je ne l'ai pas vu depuis des lustres.
I like your hair.
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