Le Centre de Visionnage : Films et débats

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yhi
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sokol a écrit : lun. 8 sept. 2025 15:48 Comment peut-on avoir envie d’aller voir un film, présenté avec une affiche pareille ??
J'avoue qu'au moment où les affiches sont sortis j'étais un peu circonspect.
Après contrairement à toi (si mes souvenirs sont bons) j'vais adoré Viendra le feu. Et la bande annonce de Sirat rattrape un peu l'affiche même si j'ai encore quelques appréhensions.
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groil_groil
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sokol a écrit : lun. 8 sept. 2025 15:48 Comment peut-on avoir envie d’aller voir un film, présenté avec une affiche pareille ??

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:mrgreen2:
tu trouves que c'est pire que ça ? :D
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sokol
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yhi a écrit : mar. 9 sept. 2025 00:32 J'avoue qu'au moment où les affiches sont sortis j'étais un peu circonspect.
Après contrairement à toi (si mes souvenirs sont bons) j'vais adoré Viendra le feu. Et la bande annonce de Sirat rattrape un peu l'affiche même si j'ai encore quelques appréhensions.
Ma question était davantage rhétorique, car il est hors de question que j’aille voir ce film, peu importe la qualité de l’affiche. Cela dit, il faut reconnaître qu’elle est d’une laideur remarquables
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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sokol
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groil_groil a écrit : mar. 9 sept. 2025 10:26
tu trouves que c'est pire que ça ? :D
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Oui, car l’affiche du film de Lapid est volontairement pathétique : un canard sur l’épaule d’un humain, ça n’existe pas normalement ; et l’écriture de "OUI" évoque — volontairement, encore une fois — celle des magazines des années 80. De surcroit, le gars sur l'affiche a la même tête que la bête :mrgreen2: . Or, l'affiche de Sirat se veut sérieuse
Modifié en dernier par sokol le mar. 9 sept. 2025 10:55, modifié 1 fois.
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sokol
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À propos du dernier film de Lapid : j’ai appris, dans un article du Monde, que c’est Thierry Frémaux qui a refusé de le sélectionner en compétition officielle, suite à des pressions (sans doute, par des sionistes) qu’il a subies.
Quel ordure ce Thierry :poop:
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Kahled
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sokol a écrit : mar. 9 sept. 2025 10:55 À propos du dernier film de Lapid : j’ai appris, dans un article du Monde, que c’est Thierry Frémaux qui a refusé de le sélectionner en compétition officielle, suite à des pressions (sans doute, par des sionistes) qu’il a subies.
Quel ordure ce Thierry :poop:
Excellente raison pour aller le voir du coup. :jap:
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Tyra
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yhi a écrit : mar. 9 sept. 2025 00:32
sokol a écrit : lun. 8 sept. 2025 15:48 Comment peut-on avoir envie d’aller voir un film, présenté avec une affiche pareille ??
J'avoue qu'au moment où les affiches sont sortis j'étais un peu circonspect.
Après contrairement à toi (si mes souvenirs sont bons) j'vais adoré Viendra le feu. Et la bande annonce de Sirat rattrape un peu l'affiche même si j'ai encore quelques appréhensions.
Tu seras le cobaye du forum. :love5:
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sokol
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Kahled a écrit : mar. 9 sept. 2025 11:43

Excellente raison pour aller le voir du coup. :jap:
"Oui" c'est inratable, avec ou sans la "pub" du Monde !
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Tamponn Destartinn
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groil_groil a écrit : mar. 9 sept. 2025 10:26
tu trouves que c'est pire que ça ? :D
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Ca reste entre nous, mais ma femme qui bosse au Losange m'avait montré cette affiche en demandant mon avis, et c'était absolument terrible car j'avais bien compris qu'elle voulait juste être rassurée, qu'il n'y avait pas moyen de faire machine arrière. Le dilemme que j'ai vécu... :crazy: :lol:

(après, ça marche un peu mieux avec "Yes", j'ai remarqué)
(et je pense que le film est à voir absolument et qu'il aurait dû avoir la Palme, on en reparle soon)
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sokol
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Tamponn Destartinn a écrit : mar. 9 sept. 2025 14:28
Ca reste entre nous, mais ma femme qui bosse au Losange m'avait montré cette affiche en demandant mon avis, et c'était absolument terrible car j'avais bien compris qu'elle voulait juste être rassurée, qu'il n'y avait pas moyen de faire machine arrière. Le dilemme que j'ai vécu... :crazy: :lol:
N’étant pas francophone de langue maternelle, il m’arrive d’avoir des problèmes de compréhension. Donc, ton épouse l’a trouvée moche, c’est bien ça ?

Personnellement, elle me fait penser à une affiche d’un film de Quentin Dupieux (photos ci-dessous).
Oui, je sais bien que « tout le monde » connaît Dupieux (et que personne ne connaît Lapid), mais ma foi, un spectateur lambda peut très bien penser qu’il s’agit d’une farce, non ?

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Modifié en dernier par sokol le mar. 9 sept. 2025 16:00, modifié 1 fois.
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Tamponn Destartinn a écrit : mar. 9 sept. 2025 14:28
(et je pense que le film est à voir absolument et qu'il aurait dû avoir la Palme, on en reparle soon)
Ma seule hantise est la suivante : est-ce que l’UGC de ma ville le programmera ?

L’Utopia, oui, je le sais. Mais ce qui m’intrigue, c’est de savoir si l’UGC le prendra aussi ou non.
(Exemple comparable : ils avaient bien programmé "Valeur sentimentale" ou "Miroir n°3", alors même que ces films passaient déjà à l’Utopia au même moment ;) )
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groil_groil
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Tamponn Destartinn a écrit : mar. 9 sept. 2025 14:28
groil_groil a écrit : mar. 9 sept. 2025 10:26
tu trouves que c'est pire que ça ? :D
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Ca reste entre nous, mais ma femme qui bosse au Losange m'avait montré cette affiche en demandant mon avis, et c'était absolument terrible car j'avais bien compris qu'elle voulait juste être rassurée, qu'il n'y avait pas moyen de faire machine arrière. Le dilemme que j'ai vécu... :crazy: :lol:

(après, ça marche un peu mieux avec "Yes", j'ai remarqué)
(et je pense que le film est à voir absolument et qu'il aurait dû avoir la Palme, on en reparle soon)
:D :jap:
et "politiquement", le film se situe comment ? (ps. je n'ai rien lu dessus, je ne connais même pas le sujet).
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cyborg
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@groil_groil : c'est probablement irréprochable, Lapid étant assez clairement contre le gouvernement israélien dans ses précédents films. Le fait qu'il ai été refusé de Cannes suite à des pressions est déjà une bonne indication.

Pour ma part très impatient de le voir !
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groil_groil
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cyborg a écrit : mer. 10 sept. 2025 10:35 @groil_groil : c'est probablement irréprochable, Lapid étant assez clairement contre le gouvernement israélien dans ses précédents films. Le fait qu'il ai été refusé de Cannes suite à des pressions est déjà une bonne indication.

Pour ma part très impatient de le voir !
Oui je l'espère, même si il "est" israélien et que son point de vue doit forcément, et heureusement, être complexe.
Quant au refus de Cannes, êtes vous certain d'où viennent les pressions ou sont-ce de simples suppositions ?
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groil_groil a écrit : mer. 10 sept. 2025 11:17 Oui je l'espère, même si il "est" israélien et que son point de vue doit forcément, et heureusement, être complexe.
Quant au refus de Cannes, êtes vous certain d'où viennent les pressions ou sont-ce de simples suppositions ?
Puisque tu es abonné au Monde, voici le lien : https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article ... ick_rank=1

et pour ceux qui ne peuvent pas lire l'article :


Personnalité phare du cinéma hexagonal actuel, Hugo Sélignac, qui se dit « très fier d’avoir participé à un projet important », a usé de son entregent pour que le film soit présent à Cannes. Las, le Festival ne l’a pas retenu et c’est la Quinzaine des cinéastes, sélection parallèle, qui l’a présenté. La blessure est encore à vif pour Nadav Lapid et son équipe. D’autant que le chemin a été tortueux. Selon plusieurs sources, le visionnage aurait suscité l’enthousiasme des sélectionneurs. Après quelques coupes réclamées, le film étant trop long mais aussi trop violent, les hautes instances du Festival l’auraient finalement refusé. Manque d’entrain pour la version présentée, autocensure ou raison idéologique ? Thierry Frémaux, directeur général du Festival, a refusé de répondre à nos questions.
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groil_groil a écrit : mer. 10 sept. 2025 11:17
Oui je l'espère, même si il "est" israélien et que son point de vue doit forcément, et heureusement, être complexe.
Son point de vue n'est pas complexe du tout comme tu dis. Il est clair dans son interview : « J’ai fait l’armée, soutient-il, j’ai du crédit pour ouvrir ma bouche. »

Et il a bien raison :
Il fait son service militaire, obligatoire pour tous, d’une durée de deux ans et huit mois pour les hommes. Son régiment est basé au Sud-Liban, occupé par l’armée israélienne depuis la fin des années 1970. Il dit avoir été « un soldat extrêmement enthousiaste », avoir rêvé de devenir « un héros de guerre », avoir été « pris au piège de cet idéal avec lequel on berce les enfants d’Israël ».
Modifié en dernier par sokol le mer. 10 sept. 2025 12:10, modifié 2 fois.
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sokol a écrit : mer. 10 sept. 2025 12:03
groil_groil a écrit : mer. 10 sept. 2025 11:17 Oui je l'espère, même si il "est" israélien et que son point de vue doit forcément, et heureusement, être complexe.
Quant au refus de Cannes, êtes vous certain d'où viennent les pressions ou sont-ce de simples suppositions ?
Puisque tu es abonné au Monde, voici le lien : https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article ... ick_rank=1

et pour ceux qui ne peuvent pas lire l'article :


Personnalité phare du cinéma hexagonal actuel, Hugo Sélignac, qui se dit « très fier d’avoir participé à un projet important », a usé de son entregent pour que le film soit présent à Cannes. Las, le Festival ne l’a pas retenu et c’est la Quinzaine des cinéastes, sélection parallèle, qui l’a présenté. La blessure est encore à vif pour Nadav Lapid et son équipe. D’autant que le chemin a été tortueux. Selon plusieurs sources, le visionnage aurait suscité l’enthousiasme des sélectionneurs. Après quelques coupes réclamées, le film étant trop long mais aussi trop violent, les hautes instances du Festival l’auraient finalement refusé. Manque d’entrain pour la version présentée, autocensure ou raison idéologique ? Thierry Frémaux, directeur général du Festival, a refusé de répondre à nos questions.
merci :)
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cyborg a écrit : mer. 10 sept. 2025 10:35 Lapid étant assez clairement contre le gouvernement israélien dans ses précédents films.
Tout est déjà dans son "Synonime" ! Lorsque je l'ai revu il y a quelques mois, j'ai halluciné à quel point il est évident que le film est autobiographique
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Tamponn Destartinn
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Ajoutons que Binoche déclare souvent à la presse que Lapid est un de ses cinéastes actuels préférés, elle avait même dit que "OUI" était le film qu'elle attendait le plus de l'année, et cet amour l'avait déjà amené à l'Ours d'Or pour Synonyme au Festival de Berlin l'année où elle était Présidente du Jury.
C'était THE présidente de Jury de rêve pour qu'il ait la Palme cette année... et je parie que c'est exactement ce qui a fait peur à Fremaux :D
Une palme pour un film aussi politique sur un sujet aussi brûlant, il n'en voulait pas. Ca reste qu'une supposition.
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Tamponn Destartinn a écrit : mer. 10 sept. 2025 14:04 Ajoutons que Binoche déclare souvent à la presse que Lapid est un de ses cinéastes actuels préférés, elle avait même dit que "OUI" était le film qu'elle attendait le plus de l'année, et cet amour l'avait déjà amené à l'Ours d'Or pour Synonyme au Festival de Berlin l'année où elle était Présidente du Jury.
C'était THE présidente de Jury de rêve pour qu'il ait la Palme cette année... et je parie que c'est exactement ce qui a fait peur à Fremaux :D
Une palme pour un film aussi politique sur un sujet aussi brûlant, il n'en voulait pas. Ca reste qu'une supposition.
:jap:
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Un auteur de bande dessinée français (suffisamment rare comme héros de film pour le signaler) débarque dans une petite pension de famille Coréenne afin de s'isoler pour créer sa nouvelle oeuvre. Il tissera des liens forts avec la fille de sa logeuse. Joli film downtempo qui a l'intelligence d'éviter tous les poncifs de ce genre d'histoire (pas d'histoire d'amour entre les deux, pas de secret caché qui resurgit (alors qu'on croit un moment que si) pour se concentrer sur une fin étude de personnages contraints à la solitude et qui vont s'aider l'un l'autre. Le film capte très bien son environnement extérieur, la ville Coréenne est magnifiquement filmée et donne envie de prendre un avion pour s'y installer.

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Biopic consacré à Jeanne, Reine de Castille que son mari fit passer pour folle par jalousie. Sur le papier ça peut annoncer quelque chose de ronflant mais le résultat est super, car Vicente Aranda, que je ne pensais pas capable d'un film si réussi si tardif, livre une mise en scène nerveuse et enjouée qui lui permet d'éviter tous les poncifs du biopic historique. Son actrice est génial et le film vraiment passionnant.

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Cronenberg a son sommet, car c'est du bis, et il ne faut jamais oublier qu'il vient de là. Et tout son cinéma, toutes ses obsessions, tous ses délires esthétiques sont déjà là, et pas qu'en substance.

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Par pure fainéantise, je recopie mon avis de 2012 : The Big Year, littéralement La Grande Année, est une compétition ornithologique se déroulant sur le territoire américain. Le but du jeu : observer le plus d'espèces d'oiseaux en un an. Le tenant du titre est Owen Wilson, 732 espèces. Une nouvelle compétition commence, et 3 principaux concurrent s'affrontent : Wilson qui remet son titre en jeu, Steve Martin, riche homme d'affaires proche de la retraite, et Jack Black vieux garçon de 36 ans. Tous trois vont s'affronter et parcourir les USA dans un seul but : référencer les oiseaux ! Je trouve ça fantastique, et je pèse mes mots, qu'un film hollywoodien, à caractère commercial, aujourd'hui qui plus est, propose ça : compter des oiseaux ! Sans autre enjeu que ça ! et les participants n'ont même pas besoin de les prendre en photo ou de prouver leurs découvertes : ils se font confiance mutuellement ! Voir ce beau film me donne presque envie de croire en l'avenir de l'humanité ! Ce qui ne gâche rien, c'est que c'est un film de David Frankel, cinéaste que personne ne remarque, qu'on prend pour un réal de commande, mais que moi j'adore. Après les excellents Diable s'habille en Prada et Marley & Moi, il signe de nouveau un film très beau, simple, premier degré, plein de beaux sentiments sans être ni racoleur ni cucul. Bref, c'est un cinéaste que j'aime. Ce film là n'a eu droit en France (le mois dernier) qu'à une sortie technique. Une salle, une séance et basta ! Les distributeurs pensent sans doute le grand public français trop con pour apprécier un film comme celui-ci. C'est dommage, c'est un beau film, et personne ne l'aura vu ici, personne ne le verra. Le nouveau Frankel est sorti cette semaine. On en a donc eu deux en un mois. Ce dernier est lui sorti normalement. Il évident qu'après avoir vu The Big Year je vais m'y précipiter.
Je rajoute un mot : c'est toujours aussi bien et les kids ont adoré.

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Après l'immense claque ressentie à The Brutalist (toujours mon top 1 2025 à ce jour), il me tardait de découvrir ces deux films précédents. C'est chose faite pour Vox Lux qui est un film étrange et réussi. On y suit la carrière d'une chanteuse pop à succès, seule rescapée d'un attentat sanglant dans son collège alors qu'elle était adolescente. Le film est très fort, très éprouvant, mais c'est surtout sa première partie qui est saisissante. Lorsque la chanteuse devient adulte, pourtant très bien interprétée par Natalie Portman, le film change de braquet et me saisit un peu moins, sans doute parce que le personnage devient ce qu'on ne voudrait pas qu'elle devienne, mais sans doute qu'elle ne le souhaite pas elle non plus, et qu'elle est ainsi à cause de ce qu'elle a vécu. Ancien acteur Corbet est un excellent directeur d'acteurs, mais aussi un grand metteur en scène, à la personnalité déjà très affirmée.

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Là aussi, grosse flemme, je recopie mon avis de 2014 : Un vrai bonheur à revoir.
Le film est vraiment bien, Michel Blanc est hilarant et ses dialogues - il en est l'auteur - sont vraiment géniaux. D'un point de vue plus sociologique, il est étonnant de constater qu'un tel film n'est plus possible aujourd'hui. Le couple Giraudeau-Liotard (au passage ils excellent aussi tous les deux) est composé d'un déménageur et d'une serveuse de MacDo, et pourtant ils habitent Paris Centre ! Aujourd'hui, c'est totalement impensable, ces gens seraient malheureusement obligés d'habiter en banlieue, puisqu'il n'y a quasiment plus aucune classe moyenne dans Paris intra-muros et que c'est l'un des grands problèmes de la ville. En extrapolant, je pense que c'est aussi à cause de ça que le gros du cinéma français est en crise. A cause des gens qu'il ne peut plus filmer. Une grosse partie des films se déroulant à Paris, il n'y a plus que des bourgeois à filmer. ou bien des gens en marge. Mais de moins en moins de gens vrais tels qu'on pouvait en voir chez Pialat par exemple, ou de manière plus légère, dans des comédies comme celle-ci.

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Encore un formidable film de Damiano Damiano (je fais un cycle actuellement, de manière épisodique mais sérieuse), une sorte de Carlito's Way avant l'heure, montrant un homme rattrapé malgré lui par son passé de criminel sans pouvoir y échapper. C'est aussi beau que sombre, sans espoir aucun.

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Envie subite de revoir ce classique du néo-noir, et absolument pas déçu une fois de plus : c'est vraiment l'une des grandes réussite du genre (et j'adore Costner de plus en plus). Et puis, cerise sur le pompon, j'oublie le fabuleux twist final à chaque fois, donc c'est à chaque fois une surprise et un choc renouvellé. Bonheur total !

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Je n'avais encore pas vu le 1er KMF et il était temps : si il n'a pas la force d'Aquarius, c'est déjà un film magnifique, tellement personnel, dans lequel le cinéaste s'affirme déjà comme un des plus grands penseur de cinéma de son temps. Image, mise en scène, fulgurance, tout est pertinent, marquant, unique.

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L'un des premiers courts métrage de Kleber Mendonça Filho, construit uniquement avec une succession d'images fixes, et dont le sujet est un vinyle (vert) dont l'écoute tue. Que demander de mieux ?

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Autre court-métrage de KMF qui est passionnant pour une raison simple : c'est la matrice des Bruits de Récife, ou si vous voulez Les Bruits de Récife sont la version longue de ce film. Il n'englobe évidemment pas toute la richesse du long métrage et se concentre sur un seul personnage (la jeune femme qui se masturbe sur sa machine à laver). Le film est bien en soi, mais c'est encore mieux d'imaginer tout le processus créatif du cinéaste qui le mènera à son premier long.

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Ce film-là est un faux documentaire dans lequel Kleber Mendonça Filho imagine un refroidissement climatique sur la région de Recife, ainsi que toutes les conséquences que cela peut avoir. C'est très amusant, et plutôt malin.
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cyborg
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Saul Williams, rappeur afro-américain dont les faits d'armes musicaux remontent au début des années 2000, s'associe à Anisia Uzeyman, une dramaturge française (et accessoirement sa compagne) pour réaliser Neptune Frost, tentative de film néo-afrofuriste. Comprendre : la remise au gout du jour de l'afro-futurisme des 70s80s en le croisant aux thématiques post-coloniales et aux enjeux technologiques contemporains.

La toile de fond du projet est ainsi d'une cruciale actualité : le pillage des mines de métaux rares sur le continent africain et le mépris adressé à l'Afrique dans les enjeux géopolitiques globaux. Ce sujet, passionnant, brulant, complexe, ne tient malheureusement pas la route une seconde face à la faiblesse esthétique et cinématographique du projet. Les enjeux intellectuels deviennent des mots clés dans les prénoms ou les échanges poético-creux des personnages, tandis que le simili-scénario d'aventure est ponctué de scènes musicales qui n'osent pas s'affirmer comme telles, sombrant dans un entre-deux mou. Peut-être aurait-il fallu faire un choix : un film concept-clip illustrant un album-concept, réduisant volontairement la narration, ou au contraire une véritable comédie musicale conjuguant musique et mise en scène. Le résultat est particulièrement indigent, régurgitant sans y réfléchir une somme de codes esthétiques plats et hyper-calibrés, desservant totalement l'ambition politique du film. Fait rare chez moi : j'ai été incapable d'aller au bout du visionnage.

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Ticket of No Return - Ulrike Ottinger - 1979


Ottinger est notamment connue pour ses documentaires ethnographiques, aux formats parfois extrêmes (plus de 8h pour certain), qui proposent toujours une réflexion sur les enjeux de ce type de cinéma et les geste créatifs qui les constituent.
Mais peut-être cette approche documentaire a également toujours été l'enjeu de ses films de fiction ? Si cela est évident dans son merveilleux Jeanne d'Arc de Mongolie (1989), c'était peut-être déjà le cas 10 ans plus tôt avec Ticket Of No Return. Elle y met en scène une femme alcoolique, une "diva" pourrions nous dire, et sa longue déambulation sans queue ni tête dans le Berlin-ouest des années 70. Il y a déjà dans cette simplicité narrative quelque chose de l'observation contextuelle : voici les paramètres et voyons ce qu'il pourrait bien se passer, semble nous proposer Ottinger.

Ce point de départ est ensuite savamment enrobé d'humour et d'absurde, de dérision et de folie. Le film regorge d'expérimentations formelles et scénaristiques et l'on fini par penser à l'esprit de Godard du début, ou du moins de la fin de sa première période : un peu Pierrot Le Fou (la traversée en bateau) mais plus certainement encore Week-End pour sa morosité générale et ses personnages "littéraires" (ici plutôt cabaret ou cirque) qui débarquent et disparaissent sans crier gare.

Il est assez curieux de constater à quel point les titres allemands et internationaux diffèrent : Bildnis einer Trinkerin en allemand (cad "Portrait d'une alcoolique") et "Ticket of No Return" (voir même Aller sans retour en France) pour l'étranger. Chacun donne une lecture très différentes de l'ambition et de la tonalité du film, mais dans les deux cas il ne faut pas s'y tromper : c'est à la représentation, la place et la liberté du corps féminin - et plus largement des corps marginaux et minoritaire- que s'intéresse Ottinger.


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Ganja & Hess - Bill Gunn - 1973

Ma récente découverte de la comète que fut Bill Gunn ne finit pas de me surprendre . Décédé à tout juste 54 ans il laisse derrière lui quelques livres, de nombreuses pièces de théâtres (dont je n'ai malheureusement rien lu) et plusieurs incursions dans le monde du cinéma que ce soit devant (dans le délicieux Losing Ground de Kathleen Collins notamment) ou derrière la caméra.... pour 3 films seulement. Sa dernière création, Personnal Problem (1980), à la lisière du soap-opéra télévisuel et du cinéma expérimental n'avait pas manquer de m'épater par sa radicalité étrange et son sous-texte politique.

Dans un genre extrêmement différent c'est ce même esprit qui guide Ganja & Hess, réalisé aux grandes heures de la blaxploitation. Dr. Hess Green, un riche anthropologue, contaminé par une étrange malédiction, devient immortel et assoiffé de sang, commettant divers délits et meurtres pour assouvir ses besoins. Il tue son assistant, dont il fini par héberger la femme, venu prendre des nouvelles... et qui, après avoir découvert le corps, tombera amoureuse de Hess...! La crédibilité narrative du film n'est assurément pas sa qualité première, qui surprend plutôt pour sa façon transversale de traiter la question de l'envoutement : des corps, des esprits, des images.

La relecture de ces questions par le biais de corps afro-américains n'est bien sur pas neutre, et ce n'est pas pour rien que, bien que Hess ait tout d'un vampire, ce mot ne soit jamais employé, détail tout sauf anodin ! Peut-être faut-il aborder le film en ce disant qu'ici le mot "domination" a été remplacé par le mot horrifique de "possession", explorant ce concept à travers tous les rapports de domination/possession possible : travail, culture, amour, filiaux, religieux ? C'est au final le film lui-même qui finit par être hanté, ses images expérimentales finissant par être possédées par les corps de celles et ceux qu'il filme, par l'esprit malade de ses personnages, par leur chair et par leur sang qui semble ne faire plus qu'un avec les gros grains de la pellicule. Troublant et singulier.
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B-Lyndon
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groil_groil a écrit : jeu. 11 sept. 2025 17:32
Je n'avais encore pas vu le 1er KMF et il était temps : si il n'a pas la force d'Aquarius, c'est déjà un film magnifique, tellement personnel, dans lequel le cinéaste s'affirme déjà comme un des plus grands penseur de cinéma de son temps. Image, mise en scène, fulgurance, tout est pertinent, marquant, unique.

Tu as revu Aquarius ? Je l'ai revu récemment et, dieu sait comme il a été important pour moi à l'époque où je l'ai découvert, je l'ai trouvé beaucoup moins fort.
Je suis quasi sûr maintenant que c'est le contraire, ce premier film est bien son plus beau. :love2:
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groil_groil
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B-Lyndon a écrit : ven. 12 sept. 2025 13:09
groil_groil a écrit : jeu. 11 sept. 2025 17:32
Je n'avais encore pas vu le 1er KMF et il était temps : si il n'a pas la force d'Aquarius, c'est déjà un film magnifique, tellement personnel, dans lequel le cinéaste s'affirme déjà comme un des plus grands penseur de cinéma de son temps. Image, mise en scène, fulgurance, tout est pertinent, marquant, unique.

Tu as revu Aquarius ? Je l'ai revu récemment et, dieu sait comme il a été important pour moi à l'époque où je l'ai découvert, je l'ai trouvé beaucoup moins fort.
Je suis quasi sûr maintenant que c'est le contraire, ce premier film est bien son plus beau. :love2:
Non pas revu mais je commence à en avoir très envie, pour moi c'est son meilleur film, d'assez loin. Mais on verra. Les Bruits de Récife c'est super, mais j'y vois encore des tics, des choses qui ne marchent pas, je n'avais rien vu de tout cela dans Aquarius.
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Palombella Rossa
(alias : Le tir en cloche rouge ; alias : La trajectoire rouge ; alias : La petite colombe rouge ; alias…)

Autant dire : un titre qui contient déjà un nombre illimité d’interprétations !

Le FOND :
Palombella Rossa, c’est un peu le Mulholland Drive de Moretti. Michele Apicella (il faut lire à l’italienne : Mikélé) perd la mémoire après un accident de voiture, tout comme Camille/Rita dans le film de Lynch. D’où l’absurdité des scènes et surtout des dialogues (que je trouve parmi les plus beaux et les plus intelligents du cinéma !) : absurdes et logiques en même temps, exactement comme chez Lynch — sauf que Mulholland Drive n’était pas encore né en 1989.

Mais Palombella Rossa est aussi la Chinoise de Moretti. Tout comme Godard en 1967, qui avait anticipé Mai 68 en captant avant tout le monde l’effervescence, le mélange d’utopie et de naïveté qui allait exploser dans les rues, Moretti sort son film en 1989, l’année même de la chute du mur de Berlin. Et il y devine déjà la perte de mémoire idéologique du communisme européen : un mouvement qui survit, mais vidé de sa certitude historique. Le sport devient alors la métaphore d’un parti qui continue à « jouer », à se battre, mais sans stratégie claire, sans cohésion.


La FORME :
Moretti est le véritable héritier de Fellini (le faux héritier serait Kusturica, avec ses horreurs gueulardes et tape-à-l’œil). Mais ici, il y a vraiment du Godard : les ralentis (Sauve qui peut [la vie], 1981), la scansion exclamative des dialogues (La Chinoise), l’utilisation de la musique et surtout de chansons précises (Prénom Carmen — Lion d’or à Venise en 1983, à la même époque où Moretti réalisait Bianca et Sogni d’oro), la grande mise en scène (tout le film se déroule autour d’un match de water-polo, le sport devenant la scène du politique, comme chez Godard avec Week-end, où l’embouteillage incarne un système saturé, incapable d’avancer malgré la promesse de vitesse et de liberté qu’était l’automobile). Sans oublier la présence de Moretti en tant qu’acteur (procédé utilisé dès ses premiers courts-métrages), qui ici ressemble assez au Godard de Prénom Carmen.



C’était quelques réflexions à propos de cette merveille intitulée Palombella Rossa (Le tir en cloche rouge ; alias : La trajectoire rouge ; alias : La petite colombe rouge ; alias...), même si je suis conscient que, très probablement, tout est déjà dit.

Je ne l’avais vu qu’une seule fois auparavant, et cette fois-ci c’était en version restaurée, sur grand écran. Nous étions une vingtaine dans la salle. Mais dès que les premiers titres du générique de fin sont apparus, au moins un spectateur sur trois consultait déjà son portable. (À côté de moi, quelqu’un regardait tout simplement les nouvelles sur Facebook ! C’est dire !) Et pourtant, sur le grand écran continuaient la musique et le générique…

Je sais bien que c’est un film difficile, aux lectures multiples (malgré ses allures comiques). Mais ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi ces spectateurs ne quittent pas la salle avant la fin, plutôt que d’allumer leur portable en plein générique — dans un cinéma art et essai, quand même ! Allumer son téléphone dès qu’apparaît le générique d’un « vieux » film de 1989, c’est qu’on s’est trompé de marchandise. Donc, franchement, pourquoi subir une telle projection, pour ensuite, très probablement, dire du mal du film en sortant ? Je ne comprends pas.



Et pour ceux qui connaissent le film, voici la magnifique chanson de Franco Battiato (un de mes deux ou trois cantautori italiens préférés) que Moretti chante dans la piscine (larmes de ma part…)
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Toujours à propos de Palombella Rossa :

Moretti est un acteur d’une puissance rare. Quand il fixe la caméra, ce n’est pas un regard qu’il pose : c’est une véritable prise de possession
Min 1:16 :


***

ps: Le film, c’est aussi un manifeste sur la langue — "Adieu au langage" avant l’heure.

« Trend négatif », lâche la journaliste.
« Mais comment elle parle ! », réplique Moretti.

Le parole sono importanti (les mots sont important ! - dit il) : Il avait tout anticipé : les énergies positives, les énergies négatives, tout ce blabla pseudo-psy qu’on nous sert aujourd’hui à toutes les sauces.

Modifié en dernier par sokol le sam. 20 sept. 2025 15:03, modifié 1 fois.
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Suite et fin :

La balle rouge de "La messe est fini" :
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est le rêve auquel aspire toujours Michele
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la balle rouge devient une sorte d'énorme ballon rouge (un soleil !) qui s'élève dans les airs et que Michele-enfant (Palombella rossa) essaye d'attraper (mais il est ébloui par sa lumière) :
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Giovanni (le vrai prénom de Nanni) dans "Vers un avenir radieux" (Il sol dell’avvenire - le vrai titre : Le soleil de l'avenir) l'attrape car Giovanni Moretti, le vrai, ne rendra jamais les armes
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Il mourra rouge :
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sokol a écrit : mar. 9 sept. 2025 15:55
Ma seule hantise est la suivante : est-ce que l’UGC de ma ville le programmera ?

L’Utopia, oui, je le sais. Mais ce qui m’intrigue, c’est de savoir si l’UGC le prendra aussi ou non.
(Exemple comparable : ils avaient bien programmé "Valeur sentimentale" ou "Miroir n°3", alors même que ces films passaient déjà à l’Utopia au même moment ;) )
Je me permets de me citer, mais c’est pour la bonne cause : aucun des trois UGC de la métropole bordelaise n’a programmé le film de Lapid. Seul l’Utopia le diffuse.

En revanche, Sirat est bien sûr partout et bat son plein — le film cartonne
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sokol a écrit : lun. 15 sept. 2025 14:09
Giovanni (le vrai prénom de Nanni) dans "Vers un avenir radieux" (Il sol dell’avvenire - le vrai titre : Le soleil de l'avenir) l'attrape car Giovanni Moretti, le vrai, ne rendra jamais les armes
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Tu l'avais pas trop aimé ce film à sa sortie non ?
Pourtant, tu le cites ici : ça prouve bien qu'on avait raison ici bas, c'est un Moretti majeur !
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B-Lyndon a écrit : mer. 17 sept. 2025 12:53
Tu l'avais pas trop aimé ce film à sa sortie non ?
Pourtant, tu le cites ici : ça prouve bien qu'on avait raison ici bas, c'est un Moretti majeur !
Pas tout à fait. Voici ce que j'avais dit il y a 2 ans : viewtopic.php?p=95972#p95972

Puis, par la suite et surtout dans la page suivante (viewtopic.php?t=1536&start=300) j'avais pas mal parlé du film (surtout en échangeant avec @Mr-Orange )

Aujourd'hui, je suis bien plus clair : il s'agit en quelque sorte de la "suite" de Palombella Rossa, un film que j'avais vu qu'une seule fois, il y a une quinzaine d'année, chez moi; je l'avais beaucoup aimé mais pas "très bien vu" je crois.

Donc, il y a deux ans, je percevais "Vers un avenir radieux" comme un film avec des fulgurances évidentes (c'est écrit noir sur blanc ici : viewtopic.php?p=96351#p96351) mais ce qui me manquait, indéniablement aussi, c'est Palombella rossa et la corrélation avec lui.

ps: cela dit, Palombella rossa est, à mon gout, plus beau que Il sol del avenire (le vrai titre de Vers un avenir radieux)
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sokol a écrit : mer. 17 sept. 2025 13:26
B-Lyndon a écrit : mer. 17 sept. 2025 12:53
Tu l'avais pas trop aimé ce film à sa sortie non ?
Pourtant, tu le cites ici : ça prouve bien qu'on avait raison ici bas, c'est un Moretti majeur !
Pas tout à fait. Voici ce que j'avais dit il y a 2 ans : viewtopic.php?p=95972#p95972

Puis, par la suite et surtout dans la page suivante (viewtopic.php?t=1536&start=300) j'avais pas mal parlé du film (surtout en échangeant avec @Mr-Orange )

Aujourd'hui, je suis bien plus clair : il s'agit en quelque sorte de la "suite" de Palombella Rossa, un film que j'avais vu qu'une seule fois, il y a une quinzaine d'année, chez moi; je l'avais beaucoup aimé mais pas "très bien vu" je crois.

Donc, il y a deux ans, je percevais "Vers un avenir radieux" comme un film avec des fulgurances évidentes (c'est écrit noir sur blanc ici : viewtopic.php?p=96351#p96351) mais ce qui me manquait, indéniablement aussi, c'est Palombella rossa et la corrélation avec lui.

ps: cela dit, Palombella rossa est, à mon gout, plus beau que Il sol del avenire (le vrai titre de Vers un avenir radieux)
Palombella est meilleur c'est clair, mais Vers un avenir radieux est grand !!
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Prévu de voir ou revoir plusieurs films autour de la figure de Robin des Bois dans les semaines qui viennent, et il importait de débuter avec la matrice du genre (même si ce n'est évidemment pas le premier. A ce propos il me tarde de découvrir le Allan Dwan de 1922). Pour revenir au Curtiz, même s'il est évident que c'est loin d'être le meilleur film de son auteur, il y a deux choses importantes à noter à son sujet : 1. Robin des Bois a vraiment donné les codes esthétiques de tous les films de cape et d'épée, y compris en France, pour les 20 années à venir, et 2. Ce film est de 1938 mais il ressemble à s'y méprendre à un film du milieu des 50's, c'est fou s'il devait paraître moderne à sa sortie (sans même parler de sa couleur).

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Attention, les lignes qui suivent décrivent d'évidents spoilers et je vous déconseille de les lire, sauf si vous n'en avez rien à foutre. Un père accompagné de son fils de 10 ans débarque en pleine rave clandestine paumée dans le désert marocain à la recherche de sa fille, disparue depuis 5 mois, et possiblement dans le coin. Personne ne semble la connaitre, mais en discutant avec des teufeurs, il apprend qu'une autre rave va se dérouler dans le sud du pays, à la frontière mauritanienne. Il décide de lui suivre, embarquant son gosse avec lui, mais n'imagine pas ce qui l'attend. On lit partout que Sirat, Prix du Jury à Cannes, est un film choc. C'est vrai, le choc ressenti est d'une grande violence, presque sans précédent. Mais c'est un aussi un film problématique, qui peut vraiment gêner d'un point de vue moral. Je comprends parfaitement qu'il divise et que certaines personnes le rejette en bloc pour des raisons intellectuelles et morales. ça aurait très bien pu être mon cas aussi, d'ailleurs, il s'en faut de pas grand chose. Mais pour le moment, je suis du côté des gens qui ont été dévastés par le film, et on verra bien comment il vieillit en moi (j'ai volontairement laissé passer plusieurs jours avant d'écrire cela et pour le moment tout va bien, même si je comprends à 100% l'autre point de vue). Ce qu'il y de problématique dans le film c'est son côté choc, lié à une sorte de chantage émotionnel. C'est là où le spoil commence vraiment : c'est un peu dégueulasse de jouer sur la vie ou la mort d'un chien (deux fois de suite, avec la merde au LSD puis quand il saute près du précipice) pour tout de suite après filmer cette mort subite d'un enfant. On est pris au piège. Mais en même temps, cette scène m'a littéralement coupé le souffle : je n'arrivais plus à respirer au cinéma, et j'ai bien mis 10mn avec de retrouver une respiration normale, jamais je n'avais été estomaqué ainsi. In fine, je ne trouve pas ça putassier, c'est juste extrêmement dur, mais tout le film l'est, on est prévenu. L'autre souci possible, c'est la fin, explosera / explosera pas... le côté aléatoire, tirage au sort de celui qui survivra... mais bon, est-ce qu'on se pose la question sur la scène de la Roulette Russe de The Deer Hunter, je pense que Laxe veut ici filmer l'absurdité de la vie, de la survie, montrer que tout cela ne tient à rien, à un simple coup de dés du destin... Hormis ces deux points, c'est une réussite totale, qui convoque des tas de références, Hardcore, Sorcerer, Apocalypse Now, Easy Rider, Mad Max, Gerry, Profession Reporter, Zabriskie Point, j'en passe..., mais je pense aussi beaucoup au merveilleux Inland de Tariq Teguia, que des films hautement recommandables, que Laxe ne cherche jamais à recopier mais dans le sillon desquels il essaie modestement de se glisser, et à secouer également. Car je ne vois jamais dans Sirat un film prétentieux, au contraire, il y a une modestie et une honnêteté qui sous-tendent le projet et qui en font un film estimable. Et puis, pardon, mais je n'avais pas vu un film aussi plastiquement beau depuis des années, c'est vraiment sublime. Les acteurs, mis à part Lopez qui trouve ici son meilleur rôle de loin, sont tous des vrais teufeurs, non acteurs, rencontrés en raves sauvages, des gars brisés par la vie, à tous les sens du terme puisque plusieurs sont amputés, d'un bras, d'une jambe... et qui aident beaucoup le film à ne jamais prendre la pose (et même s'ils ne jouent pas toujours juste, on s'en fout). Et puis la musique, sujet central du film, est à la fois formidable et formidablement bien filmée. La BO est signée par l'excellent Kangding Ray, de l'écurie Raster Noton, dont je suivais déjà l'œuvre et que je suis ravi de voir enfin ici mis en lumière. Sa musique est géniale, profonde, viscérale, violente, poussiéreuse, absolument idéale, et enrichie de plusieurs morceaux tous très à propos, on y entend même du Scorn, c'est dire mon adhésion !

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Revu avec / pour les enfants. Mon fils l'avait vu trop jeune et n'avait pas aimé, difficile de parler de continuum espace / temps à un gamin de 6 ans. à 11 ans, c'est pire, il n'aime tellement pas (il n'aime que les films "réalistes") qu'il a demandé à aller se coucher, c'est dire ! Ma fille, 8 ans, semble avoir tout pigé et a beaucoup aimé, souhaite voir la suite. J'ai espoir de les rassembler sur le 3, puisque le grand kiffe les westerns.

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Enième variante du genre "nanar à requins". Ce coup-ci c'est requins + trafiquants de drogue mais au final c'est toujours un nanar.

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On le dit dans la profession et ailleurs, il n'y a généralement rien de pire que les films français adaptant les classiques de bande dessinée, vues les daubes qui en sortent à chaque fois. Esprit vicieux ou conscience professionnelle, on en voit quand même un de temps en temps. Très bonne surprise, Natacha n'est absolument pas un nanar, et est même une très bonne surprise. Alors ils auraient très bien pu se passer d'acheter les droits de la bande dessinée car le film ne reprend strictement rien de l'oeuvre de Gos et Walthéry. A part le prénom et la profession de l'héroïne. Mais ils l'ont fait pour une raison valable : ils achètent une marque, connue, archi connue, et s'assurent donc une visibilité plus grande. Le réglage est le même qu'avec les films OSS 117, c'est juste une marque qui est achetée mais les films ne ressemblent en rien aux romans et films d'époque, heureusement d'ailleurs. Et cette comparaison tombe bien : l'humour déployé, le ton de l'écriture aussi, sont assez proches d'OSS 117. C'est irrévérencieux, volontairement anachronique, très malin, un humour citadin et plutôt CSP + et pas du tout beauf, et l'ensemble est mis en scène avec beaucoup d'élégance. Un bon moment, donc, d'autant que la jeune comédienne est vraiment parfaite et se donne beaucoup de mal, mais on peut regretter qu'on ne passe qu'un bon moment; la cinéaste (qui est pour l'anecdote la demi soeur de Léa Seydoux) n'a pas encore le talent d'un Podalydès par exemple, qui lui, parviendrait à faire tout ce qu'on vient de lister, mais qui apporte en plus une vision d'auteur. Mais bon, on ne va pas chipoter, on revient de si loin que c'est déjà une excellente surprise en l'état.

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Coussin de la honte permanent, ce film est un énorme sommet de gênance, qui ne fonctionne jamais, et dont le seul but semble être d'anoblir d'abominables chansons de variétés qui nous ont déjà pourri les oreilles durant des années et dont on se serait bien passé aujourd'hui. La réal semble se prendre pour Resnais, mais elle n'est même pas au niveau d'un épisode de La Nouvelle Star. Je déteste ce genre de produits marketés qui dupent les gogos en faisant semblant de tirer le genre comédie vers le haut, alors que la bouillasse proposée est aussi vide que vulgaire. J'y sauve Rollin, finalement émouvant, Bouillon que j'aime bien mais qui agite les bras en permanence comme s'il venait demander aux spectateurs de venir le sortir de cette galère.
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B-Lyndon a écrit : mer. 17 sept. 2025 14:21 Palombella est meilleur c'est clair, mais Vers un avenir radieux est grand !!
Je compte revoir un jour "Vers un avenir radieux" mais chez moi, il n'y a pas de rétrospective comme chez toi or, j'adore voir les films au cinéma. Cela dit, je pense que tu avais vu juste en écrivant il y a 2 ans :
je n'ai pas été contemporain des plus grands Moretti, donc probablement que mon attente n'est pas la même.
viewtopic.php?p=97129#p97129

Car, à la relecture des commentaires du film, il me apparaît que l’analyse proposée par @cyborg (viewtopic.php?p=97196&hilit=radieux#p97196) converge assez nettement avec celle que j’ai exposée dans le post précédent.

Par contre, lorsque cyborg écrit :
Au désespoir de la tragique pendaison, sans doute plus "historico-crédible", sera préféré une contrefactualité fantaisiste mais joyeuse renouant avec la puissance de l'art et du cinéma tout entier.
je pense que c'est plus compliqué que ça : le cinéma de Moretti, via le film dans le film, reste très Beckettien, c'est à dire :

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Une fois n’est pas coutume :mrgreen2: , restons godardiens jusqu’au bout : rien de mieux, pour parler d’un film, que d’en évoquer un autre.

"Oui", c’est "Grand Tour" de Gomes — un film que le Covid a contraint son réalisateur à diriger à distance. Cela m’avait fait penser à "Oncle Boonmee", pour lequel Apichatpong, aussi talentueux que Gomes, a mis trois ans à tourner… pour un résultat, selon moi, décevant.
Le film de Lapid n’a peut-être pas été tourné pendant des années, mais s’il a été écrit avant le 7 octobre 2023, il a clairement été remanié après les événements. Et ça se sent. Je suis intimement convaincu que les projets cinématographiques perdent en puissance lorsqu’ils changent de cap en cours de route.

Un autre point commun avec le film du Portugais : la voix off. Tout comme aucune voix off ne pouvait sauver "Grand Tour", il en va de même pour "Oui". Le film commence d’ailleurs à perdre en vitalité et en intensité à partir de la toute première intervention de cette voix off.

Mais "Oui" peut aussi être vu comme un "Anora" raté : un film qui se veut énergique — du moins le début : un déluge son et lumière — mais qui, contrairement à "Anora", ne parvient jamais à trouver un apaisement ou à s’ouvrir à d’autres horizons. Mais pas au sens imagé. Et, à mon humble avis, la seule vraie solution (le vrai horizon) aurait été que Lapid aille filmer à Gaza. Ne tournons pas autour du pot.
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Le jour ou je suis devenue femme - Marzieh Meshkini - 2000

Trois histoires de trois femmes à trois ages différents (enfance, jeune adulte, vieillesse) pour exposer la condition féminine en Iran. Dans la première partie une très jeune enfant, désormais en age de "devenir femme" (10 ans ?) se voit accorder sa dernière heure de liberté pour aller jouer avec son ami voisin avant de se retrouver confiné à la vie entre femmes au foyer. La deuxième partie, la plus abstraite et symbolique, met en scène une course de vélo sur route entre femmes portant toutes le tchador. L'une d'entre elle est poursuivi par son mari à cheval qui menace de la répudier si elle ne s'arrête pas immédiatement. Tandis qu'elle persévère d'autres cavaliers arrivent progressivement pour la menacer. Enfin, une vieille femme fait une razzia dans un centre commercial, heureuse de pouvoir enfin acheter tous les produits qui lui furent refusé toute sa vie. Aidé de gamins du coin elle s'installe sur une plage et reconstruit un espace domestique, avant de tout embarquer sur un grand radeau partant à la dérive. Dans cette dernière partie les 3 personnages finissent par se croiser.
Si le constat politique est clair, le film ne manque pas pour autant d'une précision cinématographique et ne dépareillerai pas à côté des plus grandes figures du cinéma iranien. Ici la meilleure idée est sans doute le contexte ou se déroule les trois histoires : sur la cote, dans des lieux visuellement très similaires. De la sorte se rejoue dans le décor la portée politique du film : la fixité de la terre étouffante et aliénante est contrecarré par les bourrasques de vents et l'agitation des flots, incarnant les désirs de fuites et d'émancipations des 3 femmes.

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Les guêpes sont là - Dharmasena Pathiraja - 1978

Au Sri Lanka la vie d'un petit village de pécheur est perturbé par le retour d'un jeune homme ayant vécu quelques années en ville et bien décidé à reprendre les activités commerciales de son père, tout en les ouvrant à la modernité capitaliste. La situation s'envenime quand il séduit de surcroit une jeune femme voisine promise à un autre homme...
J'étais très curieux de découvrir ce film Sri Lankais (de surcroit en version rénovée) qui s'avère être l'incarnation parfaite du changement de paradigme entre tradition et modernité, dans toutes les sphères de la vie : politique, économique, intime. SI l'on devine plutôt de quel côté se trouve le réalisateur, il est plutôt bienvenu de sa part de faire exister un personnage marxiste qui prend de plus en plus de place et dont le discours, dans son faux idéalisme naïf, fini vite par ressembler à une construction aussi hors-sol que celle de son compagnon entrepreneur.
Je ne peux néanmoins m’empêcher d'avoir un petit-gout de déjà-vu tant le film ressemble, avec 15 ans et 14.000km (j'ai vérifié) d'écart, à Barravento (1962), le premier film de Glauber Rocha qui narrait le retour d'un jeune étudiant dans son petit village de pécheur natal. Si Rocha n'en était qu'à ses débuts et relativement sages on pouvait déjà sentir par instant (j'ai le souvenir d'une scène de danse, ou de combat (ou les deux) ?) ses tentations vers l'expérimentation qui rendront ses films suivants incroyables. Nous sommes ici bien plus proche d'une néo-réalisme italien portés par l'envie de dépeindre une certaine vérité économique et sociale.
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Excellent commentaire de quelqu’un sur les réseaux sociaux à propos de Oui :
"Nadav Lapid a le mérite de tenter quelque chose, certes, et dans une situation à peu près impossible. Mais dans la condition qui est la sienne, il n'avait, je pense, que deux options qui soient politiquement et artistiquement soutenables : tourner un documentaire là-bas, ou bien une fiction ici (en France). Mais une fiction là-bas, si acide qu'elle s'efforce d'être, ça reste une assez dégueulasse tourmenterie egotique."
C’est exactement ce que je voulais dire en écrivant qu’il devait absolument filmer Gaza, s’il s’en tenait à cette fiction
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Qu'on le sache ou non avant de voir le film, il apparait rapidement qu'Ordet est une adaptation d'une pièce de théâtre. Non pas seulement parce qu'il se déroule en un ensemble très réduit de lieux mais aussi parce que le film est doté d'une mise en scène très frontale : des personnages dans une pièce, devant des murs. Pour autant Dreyer ne fait jamais du "théâtre filmé" et transforme cette simplicité en force de mise en scène. Les longs plan-séquences sont ainsi généralement parcourus par de nombreux mouvement de caméra suivants (ou non) la circulation de la parole et les enjeux relationnels. Il joue de plus avec adresse sur les avants/arrières-plans qui viennent teinter la tonalité des échanges (je songe aux nombreux portraits d’ancêtres sur les murs, qui se juxtaposent aux corps des personnages, ou bien aux objets que la perspective vient intercaler entre les corps). A cet aspect très "deux dimensions" vient répondre avec génie la scène pivot du film. Mon emploi du mot "pivot" est particulièrement littéral car je songe au moment ou le "frère-Jésus" et l'enfant se réunisse pour parler de mort et de résurrection tandis que la caméra pivote à 180 degrés autour d'eux : l'apparition de l'espace "en 3 dimensions" dans la mise en scène se conjugue à l'évocation d'une dimension de foi nouvelle, une croyance en l'amour plus fort que la mort, que seul peuvent comprendre un croyant véritable et un enfant. Nous pourrons aussi remarquer que les seuls autres plans aux dimensions/perspectives radicalement autres (si l'on exclu les scènes de recherche du frère dans la campagne qui sont pleinement différentes) sont les images de la mère en couche sur le point de mourir, puis morte à la toute fin. Son corps/visage y apparait alors à l'envers puis à l'endroit dans des vues zénithale très marqués... effet que l'on nomme également "God's-eye view" en anglais, ce qui est tout sauf un hasard, l'ensemble du film se construisant sur la vision que nous avons de Dieu et le regard qu'il nous renvoie.

Il y a donc concomitance entre la dimension nouvelle et "en volume" de la mise en scène qui apparait au long du film et la dimension nouvelle que permet la foi matérialisé par la résurrection finale. Par une lecture particulièrement athée (et peut-être pourquoi pas aussi pour Dreyer car, bien que croyant, il me semble qu'il était assez virulent contre les dogmatismes et l’Église), nous pourrions ainsi dire que l'amour dont parle le réalisateur est peut-être aussi un amour et une croyance en la puissance de l'art cinématographique lui-même. "Ordet" signifie en effet "Verbe" ou "Parole", que nous pourrions, en poussant à peine, affilier au mot "langage". Et le langage du réalisateur n'est autre que sa mise en scène. Dans ce film la question de la foi est ainsi doublement incarné par ce qui est narré mais aussi par la mise en scène. Enfin la résurrection finale, miracle chrétien par excellence, est aussi une incursion dans l'esprit même du cinéma qui est par nature l'art de l'illusion, du trucage, de la fantomachie (c''est premièrement un "art forain" !). Ce n'est donc que par lui que l'on peut réveiller les morts. Et donc seulement par lui qu'est possible un rapport renouvelé au monde. La religion et le cinéma sont donc pour Dreyer une seule et même question de foi.
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sokol
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@cyborg c’est la première fois que tu le vois ?
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cyborg
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@sokol oui, en effet.
Je connais assez mal Dreyer. Je n'ai vu que Vampyr et Jeanne d'Arc.
Mes notes m'indiquent que j'ai aussi vu "Pages arrachées au livre de Satan" en 2012 mais j'ai mis une très mauvaise note et suis clairement passé à côté donc ça ne compte pas :D
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sokol
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cyborg a écrit : dim. 21 sept. 2025 20:25 @sokol oui, en effet.
Je connais assez mal Dreyer. Je n'ai vu que Vampyr et Jeanne d'Arc.
Mes notes m'indiquent que j'ai aussi vu "Pages arrachées au livre de Satan" en 2012 mais j'ai mis une très mauvaise note et suis clairement passé à côté donc ça ne compte pas :D
Ok
Mais il n’a pas fait des dizaine de films non plus hein !
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sokol
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JAMAIS DEUX SANS TROIS

Troisième visionnage de Palombella Rossa, le deuxième sur grand écran en deux semaines.

Je ne l’avais vu qu’une seule fois, il y a plus de 15 ans — et ce film est tellement dense, tellement riche, qu’on pourrait en parler pendant des jours.

Je découvre à l’instant que Allociné publie également des critiques d’époque, datant de la sortie du film en 1989 ! https://www.allocine.fr/film/fichefilm- ... es/presse/
Et du coup, confirmation de ce que j’écrivais lors de mon premier commentaire ici : l’influence de Godard dans un film d'un cinéaste fellinien.
Moretti navigue avec talent dans les méandres de la double paternité : Godard du côté de la politique, Fellini du côté des fantasmes de l’ego.
— Daniel Toscan du Plantier
Un des tout derniers cinéastes mondiaux à faire encore des films purement politiques.
— L'Obs
Il y a tant à dire.
Par exemple : l’utilisation du film Docteur Jivago — c’est quelque chose. L’impossibilité d’un amour y devient métaphore de l’impossibilité du communisme. L’amour et la politique comme deux des quatre vérités. Et via la troisième vérité : l’art.
Donc, un film qui parle de trois des quatre vérités ? Non seulement c’est énorme, mais c’est quasiment unique.

Je lisais hier que Serge Daney n’avait qu’un seul « bémol » concernant ce film : il le trouvait « trop » total (donc totalitaire), parce qu’il y a… tout !

Et il avait raison. Car c’est peut-être là le dernier film populaire, au sens fort : celui où l’on voit vraiment le peuple. Ces gens autour de la piscine, par exemple.
(qu’est-ce que j’aurais aimé être l’un des figurants autour de la piscine, à chanter E ti vengo a cercare — "Et je viens te chercher" de Franco Battiato). Comme on cherche le communisme. Comme Docteur Jivago cherche Lara Antipova, le grand amour de sa vie — mais il rate la rencontre, tout comme Michele rate le penalty (le communisme)

Ou l'hommage à Salo de Pasolini :
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Direct dans mes 20 films préférés de tous les temps.
Ça suffit maintenant ! :D
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Kit
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je repose ici la première image de ce topic en hommage à un acteur légendaire

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Vosg'patt de cœur
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un moment que je n'avais plus d'avatar, pour le 55ème anniversaire de la disparition d'un acteur que j'ai toujours adoré
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groil_groil
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@sokol : Palombella Rossa, ce chef-d'oeuvre absolu, que j'ai bien vu une 15zaine de fois et que je n'ai malheureusement pas le temps d'aller revoir en salle en ce moment, et qui est, en effet, l'un des plus grands films politiques qui soient. I'm on fire...
et @JanosValuska l'occasion idéale pour toi de réhabiliter enfin cette merveille...


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Encore un Damiano Damiani jamais sorti chez nous, et terrible dans tous les sens du terme, mais surtout au premier. On y suit un homme accusé à tort d'être un violeur et assassin d'enfants dans le Rome des années 20. Cette histoire est d'ailleurs inspirée d'un fait divers réel. Rome n'a d'ailleurs jamais été aussi sale, malsaine et inquiétante que dans ce film. Mais Damiani n'est pas du genre à entretenir un suspense sur l'identité du coupable, il nous dit d'emblée que Manfredi est innocent, parce qu'il ouvre son film avec le coupable. Et les scènes du début de film sont absolument insoutenables, l'assassin est à l'oeuvre et il faut avoir le coeur bien accroché pour endurer ça et poursuivre le film, qui change assez vite de braquer pour une dénonciation typique des films de l'auteur : tous pourris, tous corrompus.

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Je ne suis pas un gros fan de ce film, pourtant découvert en salle en 1984, première réalisation de Michel Blanc, succès énorme, et sorte de suite XXL de Viens chez moi j'habite chez une copine, et qui imposa Blanc également comme cinéaste (mais également comme comédien "respectable", j'entends par là accepté par la profession pour des rôles autres que comiques, de ce film découler Blier, puis M. Hire, etc.) mais je dois avouer que ce revisionnage fut une très bonne surprise : ce road-movie de deux losers ultimes et plutôt bon, super bien dialogué (comme toujours avec Blanc), à tel point de que de nombreuses répliques sont rentrées dans le langage courant, au moins pour les gens de ma génération, et avec des idées de mise en scène et des cadrages qu'on voit rarement, voire jamais, dans le cinéma comique français de l'époque. Plus gros succès cinéma de l'année 84, et ce n'est pas volé.

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Nous ne sommes encore pas nombreux mais j'apprécie de plus en plus le cinéma à la fois trash et clinique d'Ulrich Seidl, notamment parce que j'ai réussi à péter le vernis et voir toute la critique sociale, cynique, sans pitié, sévère mais juste et nécessaire qui se cache derrière. Avec sa façon habituelle de proposer une image qui fait douter le spectateur quant à ce qu'il voit (fiction ou documentaire ?), il propose cette fois le portrait d'un vieux crooner de supérette, bedonnant et vieillissant, qui commence le film en enterrant sa mère, attendant d'en faire de même avec son père, et qui survit en chantant des chansons d'amour mièvres et ringardes dans des maisons de retraites tout en se prostituant auprès de clientes à peine moins âgées. C'est sans pitié, sans concession, il faut avoir une bonne dose de second degré pour encaisser, mais l'ensemble du film est au final réjouissant bien que livrant un portrait de l'époque sans concession et on ne peut plus déprimant, et laissant un arrière-goût bien cradingue, mais tellement assumé...

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Poursuite du revisionnage de la trilogie avec cette fois les deux enfants qui le découvraient. Ma fille est toujours à fond, et étonnamment le fils a beaucoup plus aimé que le premier volet, ce qui m'a réjoui, d'autant que fan de western il appréciera le 3ème. Je pense que ce qu'il a gêné dans le 1er c'est que c'est essentiellement une romance et que c'est le genre de trucs qu'un gamin de 11 ans ne veut pas voir. Sinon ce film est vraiment une merveille d'écriture, de la dentelle scénaristique de la première à la dernière seconde. Je me souviens encore de la jubilation ressentie en le découvrant en salle le jour de sa sortie, le 20 décembre 1989, après l'avoir attendu plus de 4 ans suite au premier volet, dans le top 10 de mes séances de cinéma, sans aucun doute, et de la joie de découvrir la bande annonce du 3ème volet, tourné en même temps et annoncé pour seulement quelques semaines plus tard... Sinon c'est marrant de montrer aux enfants un film où les personnages sont projetés dans un futur qui semble lointain, et de les voir débarquer en 2015, soit avant la naissance de ma fille et alors que mon fils avait un an... C'est la magie du cinéma, car ça fonctionne quand même.

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Super film, que je connais très bien mais qui est relativement méconnu en France, et qui est tout sauf une comédie bas du front. C'est l'une des critiques les plus acerbes et les plus violentes de la mesquinerie et de la bassesse de l'homme, un portrait d'un connard total, le meilleur rôle de Christian Clavier qui y excelle, petit trou du cul imbu de lui même, persuadé d'avoir du charisme et un talent d'écrivain, envoyant chier sa femme et ses enfants pour espérer mener une vie de la classe au-dessus. Mais cette classe ne l'acceptera jamais, le ridiculisera et pris à son propre piège il se retrouvera en deçà de sa position de départ. C'est une critique sociale acerbe et pertinente, écrite par un coutumier du fait, Gérard Lauzier et réalisé par François Leterrier (le condamné qui s'échappe chez Bresson, c'est lui).

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C'est l'histoire d'une matchmakeuse, je ne sais pas pourquoi on utilise cet anglicisme pourri alors qu'on a le mot entremetteuse en France, qui travaille pour une grosse agence de rencontres et dont le but est de faire se rencontrer des gens très riches. Elle croit elle-même tomber amoureuse du frère d'un de ses clients alors que son ex refait surface... Durant les premières minutes, j'ai cru un instant que le film possédait du second degré, et jouait avec son sujet, le critiquait et allait proposer un discours intéressant, décalé. Mais très vite, on comprend qu'il n'en est rien, et le film ne dit rien d'autre que les gens riches doivent épouser des gens riches et rester entre eux, tout en glorifiant le mariage comme symbole de la réussite absolue. C'est absolument abject et détestable, d'un niveau d'un épisode de Sex & the City, pire même car ne proposant rien de nouveau. Bon, le film aura au moins eu le mérite de me faire découvrir Dakota Johnson, ce qui n'est pas rien, mais à part ça c'est le zéro pointé.
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Tyra
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La sensation de l'été au rayon fantastique/épouvante, j'avais donc envie de tenter. Deux principales qualités :
- Un mélange des genres et de tons, le film n'hésitant pas à explorer l'humour et le burlesque, jusqu'à l'apparition de cet antagoniste plus comique qu'effrayant.
- Une construction en puzzle qui suis tour à tour chaque personnage de l'histoire, chacun d'eux faisant avancer l'enquête. Construction un peu sériel que je n'aime pas habituellement, mais qui fonctionne ici car ça reste plutôt bien écrit et sans esbrouffe narratif cherchant à perdre le spectateur.
Reste toujours un problème avec ce type de film, la relative bêtise et ringardise de ces vielles recettes éculées à base de sorcières, de possession, et de jump scares fatigants. Le genre fantastique est tellement phagocyté par ce genre là, qu'il ne reste plus que ça, surtout dans le cinéma américain. Où sont les nouveaux David Lynch, les nouveaux John Carpenter ? (ne me parlez pas de Shyamalan). :humpf:

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J'aime le temps accordé à tout le cérémonial, la préparation, la corrida elle même. J'ai même entrevu, derrière la sauvagerie de la pratique et la bêtise profonde des toréadors et leur entourage, une certaine beauté hypnotique et primitive que les aficionados de la corrida doivent rechercher dans ce spectacle. Petite frustration sur un point: j'aurais aimé un peu plus d'égalité avec le taureau dans le traitement : comment vit-il de son coté avant le massacre ? Que devient son corps après la mise à mort? Il est à chaque fois évacué et trainé au sol avec sauvagerie, j'aurais aimé savoir ce qu'il advient de la dépouille.
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Tyra a écrit : ven. 26 sept. 2025 10:54 Que devient son corps après la mise à mort? Il est à chaque fois évacué et trainé au sol avec sauvagerie, j'aurais aimé savoir ce qu'il advient de la dépouille.
Ce que montre formidablement bien Ulrich Seidl dans l'excellent Safari, film qui est pour le coup sans ambiguité aucune face aux personnes qu'il filme. Mais il faut avoir le coeur bien accroché pour supporter ce qui se passe après la mort des animaux, me dois-je de préciser.
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C'est vrai qu'elle est hideuse cette affiche. :zorro:
Je crois que j'aime plus l'idée du film, ses intentions, ce qu'il aurait pu être, que ce qu'il est vraiment.
Déjà, j'ai un problème avec la musique : elle est n'est jamais prise sur le vif en condition réelle, c'est toujours un enregistrement, la plupart du temps tiré des albums de Kangding Ray, telle quelle. Et cela s'entend. L'effet trip tant vanté partout m'a semblé bien limité. Le réal ne sait pas non plus choisir entre musique diégétique et extradiégétique, alternant de l'une à l'autre sans que cela change grand chose. La techno se trouvant parfois utilisée pour donner de l'ampleur à une scène, de façon utilitaire, sans réflexion particulière.
Autre problème, je trouve que ça manque de vraies scènes, faute à une mise en scène trop resserrée, le temps ne déborde pas, la sécheresse et la dureté du désert ne m'écrase pas. Le montage aussi me gêne, trop elliptique, coupant les scènes avant qu'elles ne prennent en force et en intensité.
Finalement, c'est la controversée scène des mines que je préfère, puisque le cinéaste est obligé de prendre du temps, de s'attarder sur la géographique du lieu, ses distances, sa mesure, on pense, enfin au Stalker de Tarkovski et sa scène du tunnel comme mise à l'épreuve de ses personnages, mais c'est trop tard, le film n'aura été qu'une mise en bouche, pas désagréable mais manquant de radicalité, de cette scène là.
Modifié en dernier par Tyra le ven. 26 sept. 2025 14:11, modifié 1 fois.
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groil_groil a écrit : ven. 26 sept. 2025 14:02
Tyra a écrit : ven. 26 sept. 2025 10:54 Que devient son corps après la mise à mort? Il est à chaque fois évacué et trainé au sol avec sauvagerie, j'aurais aimé savoir ce qu'il advient de la dépouille.
Ce que montre formidablement bien Ulrich Seidl dans l'excellent Safari, film qui est pour le coup sans ambiguité aucune face aux personnes qu'il filme. Mais il faut avoir le coeur bien accroché pour supporter ce qui se passe après la mort des animaux, me dois-je de préciser.
Oui, j'ai lu ta critique, qui donne envie, mais je vais bien réfléchir avant de voir ça. :humpf:
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Tyra a écrit : ven. 26 sept. 2025 14:10
groil_groil a écrit : ven. 26 sept. 2025 14:02
Tyra a écrit : ven. 26 sept. 2025 10:54 Que devient son corps après la mise à mort? Il est à chaque fois évacué et trainé au sol avec sauvagerie, j'aurais aimé savoir ce qu'il advient de la dépouille.
Ce que montre formidablement bien Ulrich Seidl dans l'excellent Safari, film qui est pour le coup sans ambiguité aucune face aux personnes qu'il filme. Mais il faut avoir le coeur bien accroché pour supporter ce qui se passe après la mort des animaux, me dois-je de préciser.
Oui, j'ai lu ta critique, qui donne envie, mais je vais bien réfléchir avant de voir ça. :humpf:
Oui c'est une sage décision.
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Tyra a écrit : ven. 26 sept. 2025 10:54 Petite frustration sur un point: j'aurais mp le aimé un peu plus d'égalité avec le taureau dans le traitement : comment vit-il de son coté avant le massacre ? Que devient son corps après la mise à mort? Il est à chaque fois évacué et trainé au sol avec sauvagerie, j'aurais aimé savoir ce qu'il advient de la dépouille.
Tu parles comme un vrai de chez vrai Godardien et pourtant, t’aimes pas ses films

La vie est un mystère :mrgreen2:
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