Prévu de voir ou revoir plusieurs films autour de la figure de Robin des Bois dans les semaines qui viennent, et il importait de débuter avec la matrice du genre (même si ce n'est évidemment pas le premier. A ce propos il me tarde de découvrir le Allan Dwan de 1922). Pour revenir au Curtiz, même s'il est évident que c'est loin d'être le meilleur film de son auteur, il y a deux choses importantes à noter à son sujet : 1. Robin des Bois a vraiment donné les codes esthétiques de tous les films de cape et d'épée, y compris en France, pour les 20 années à venir, et 2. Ce film est de 1938 mais il ressemble à s'y méprendre à un film du milieu des 50's, c'est fou s'il devait paraître moderne à sa sortie (sans même parler de sa couleur).
Attention, les lignes qui suivent décrivent d'évidents spoilers et je vous déconseille de les lire, sauf si vous n'en avez rien à foutre. Un père accompagné de son fils de 10 ans débarque en pleine rave clandestine paumée dans le désert marocain à la recherche de sa fille, disparue depuis 5 mois, et possiblement dans le coin. Personne ne semble la connaitre, mais en discutant avec des teufeurs, il apprend qu'une autre rave va se dérouler dans le sud du pays, à la frontière mauritanienne. Il décide de lui suivre, embarquant son gosse avec lui, mais n'imagine pas ce qui l'attend. On lit partout que Sirat, Prix du Jury à Cannes, est un film choc. C'est vrai, le choc ressenti est d'une grande violence, presque sans précédent. Mais c'est un aussi un film problématique, qui peut vraiment gêner d'un point de vue moral. Je comprends parfaitement qu'il divise et que certaines personnes le rejette en bloc pour des raisons intellectuelles et morales. ça aurait très bien pu être mon cas aussi, d'ailleurs, il s'en faut de pas grand chose. Mais pour le moment, je suis du côté des gens qui ont été dévastés par le film, et on verra bien comment il vieillit en moi (j'ai volontairement laissé passer plusieurs jours avant d'écrire cela et pour le moment tout va bien, même si je comprends à 100% l'autre point de vue). Ce qu'il y de problématique dans le film c'est son côté choc, lié à une sorte de chantage émotionnel. C'est là où le spoil commence vraiment : c'est un peu dégueulasse de jouer sur la vie ou la mort d'un chien (deux fois de suite, avec la merde au LSD puis quand il saute près du précipice) pour tout de suite après filmer cette mort subite d'un enfant. On est pris au piège. Mais en même temps, cette scène m'a littéralement coupé le souffle : je n'arrivais plus à respirer au cinéma, et j'ai bien mis 10mn avec de retrouver une respiration normale, jamais je n'avais été estomaqué ainsi. In fine, je ne trouve pas ça putassier, c'est juste extrêmement dur, mais tout le film l'est, on est prévenu. L'autre souci possible, c'est la fin, explosera / explosera pas... le côté aléatoire, tirage au sort de celui qui survivra... mais bon, est-ce qu'on se pose la question sur la scène de la Roulette Russe de The Deer Hunter, je pense que Laxe veut ici filmer l'absurdité de la vie, de la survie, montrer que tout cela ne tient à rien, à un simple coup de dés du destin... Hormis ces deux points, c'est une réussite totale, qui convoque des tas de références, Hardcore, Sorcerer, Apocalypse Now, Easy Rider, Mad Max, Gerry, Profession Reporter, Zabriskie Point, j'en passe..., mais je pense aussi beaucoup au merveilleux Inland de Tariq Teguia, que des films hautement recommandables, que Laxe ne cherche jamais à recopier mais dans le sillon desquels il essaie modestement de se glisser, et à secouer également. Car je ne vois jamais dans Sirat un film prétentieux, au contraire, il y a une modestie et une honnêteté qui sous-tendent le projet et qui en font un film estimable. Et puis, pardon, mais je n'avais pas vu un film aussi plastiquement beau depuis des années, c'est vraiment sublime. Les acteurs, mis à part Lopez qui trouve ici son meilleur rôle de loin, sont tous des vrais teufeurs, non acteurs, rencontrés en raves sauvages, des gars brisés par la vie, à tous les sens du terme puisque plusieurs sont amputés, d'un bras, d'une jambe... et qui aident beaucoup le film à ne jamais prendre la pose (et même s'ils ne jouent pas toujours juste, on s'en fout). Et puis la musique, sujet central du film, est à la fois formidable et formidablement bien filmée. La BO est signée par l'excellent Kangding Ray, de l'écurie Raster Noton, dont je suivais déjà l'œuvre et que je suis ravi de voir enfin ici mis en lumière. Sa musique est géniale, profonde, viscérale, violente, poussiéreuse, absolument idéale, et enrichie de plusieurs morceaux tous très à propos, on y entend même du Scorn, c'est dire mon adhésion !
Revu avec / pour les enfants. Mon fils l'avait vu trop jeune et n'avait pas aimé, difficile de parler de continuum espace / temps à un gamin de 6 ans. à 11 ans, c'est pire, il n'aime tellement pas (il n'aime que les films "réalistes") qu'il a demandé à aller se coucher, c'est dire ! Ma fille, 8 ans, semble avoir tout pigé et a beaucoup aimé, souhaite voir la suite. J'ai espoir de les rassembler sur le 3, puisque le grand kiffe les westerns.
Enième variante du genre "nanar à requins". Ce coup-ci c'est requins + trafiquants de drogue mais au final c'est toujours un nanar.
On le dit dans la profession et ailleurs, il n'y a généralement rien de pire que les films français adaptant les classiques de bande dessinée, vues les daubes qui en sortent à chaque fois. Esprit vicieux ou conscience professionnelle, on en voit quand même un de temps en temps. Très bonne surprise, Natacha n'est absolument pas un nanar, et est même une très bonne surprise. Alors ils auraient très bien pu se passer d'acheter les droits de la bande dessinée car le film ne reprend strictement rien de l'oeuvre de Gos et Walthéry. A part le prénom et la profession de l'héroïne. Mais ils l'ont fait pour une raison valable : ils achètent une marque, connue, archi connue, et s'assurent donc une visibilité plus grande. Le réglage est le même qu'avec les films OSS 117, c'est juste une marque qui est achetée mais les films ne ressemblent en rien aux romans et films d'époque, heureusement d'ailleurs. Et cette comparaison tombe bien : l'humour déployé, le ton de l'écriture aussi, sont assez proches d'OSS 117. C'est irrévérencieux, volontairement anachronique, très malin, un humour citadin et plutôt CSP + et pas du tout beauf, et l'ensemble est mis en scène avec beaucoup d'élégance. Un bon moment, donc, d'autant que la jeune comédienne est vraiment parfaite et se donne beaucoup de mal, mais on peut regretter qu'on ne passe qu'un bon moment; la cinéaste (qui est pour l'anecdote la demi soeur de Léa Seydoux) n'a pas encore le talent d'un Podalydès par exemple, qui lui, parviendrait à faire tout ce qu'on vient de lister, mais qui apporte en plus une vision d'auteur. Mais bon, on ne va pas chipoter, on revient de si loin que c'est déjà une excellente surprise en l'état.
Coussin de la honte permanent, ce film est un énorme sommet de gênance, qui ne fonctionne jamais, et dont le seul but semble être d'anoblir d'abominables chansons de variétés qui nous ont déjà pourri les oreilles durant des années et dont on se serait bien passé aujourd'hui. La réal semble se prendre pour Resnais, mais elle n'est même pas au niveau d'un épisode de La Nouvelle Star. Je déteste ce genre de produits marketés qui dupent les gogos en faisant semblant de tirer le genre comédie vers le haut, alors que la bouillasse proposée est aussi vide que vulgaire. J'y sauve Rollin, finalement émouvant, Bouillon que j'aime bien mais qui agite les bras en permanence comme s'il venait demander aux spectateurs de venir le sortir de cette galère.
I like your hair.