Le Centre de Visionnage : Films et débats

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cyborg
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Les sièges de l'Alcazar - Luc Moullet - 1989

Luc Moullet, qui s'est souvent intéressé à la culture populaire sous toutes ses coutures (du sport à l'urbanisme en passant par la géographie), réalise ici un film sur un sujet de niche, pour ne pas dire très personnel : le quotidien des critiques de cinéma et les tensions supposées entre les auteurs des Cahiers et de Positif. Le ton caustique et l'approche volontairement cheap font du film un pur produit Moulletien, mais l'ensemble peine à convaincre et sonne daté (peut-être était-ce déjà le cas à l'époque, me dis-je). Pas sa meilleure réussite, donc.

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Le projet du film est déjà en lui même la plus belle des promesses : rendre la parole à des femmes algériennes militantes dont existent des images de leur sortie de prison à la fin des années 60 mais dont la bande son a été depuis égarée.
Que disaient-elles alors et que pourraient-elles encore nous dire aujourd'hui, sur ces images et sur elles, 50 ans plus tard ?
C'est cette enquête que va mener Raphael Pillosio, s'inscrivant dans la mouvance très contemporaine d'un rapport à l'archive n'étant pas un simple témoignage mais une matière brute qu'il faut soigner, recontextualiser, réinterpréter, pour mieux comprendre notre passé et le monde que nous habitons. Le tout se passe au grès des recherches, des rencontres, des souvenirs hagards des un.es et des autres et ménage adroitement l'émotion, même si le film aurait pu gagner à être quelques minutes plus court (en nous épargnant parfois l'effet "reaction video" par exemple). Le réalisateur se permet l'audace de laisser s'exprimer la diversité des voix mais également de souligner la complexité que représente un engagement politique sur le temps d'une vie entière, les aller-retours entre les images des différentes époques étant particulièrement troublant.

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Voilà une éternité que je n'avais pas vu un film des Coen et en revoir un aujourd'hui, d'autant plus un réputé comme l'un de leur tout meilleur, me fait me demander comment ils ont pu être considéré aussi longtemps comme les parangons du cinéma mondial ? Le film n'est pas mauvais mais particulièrement sage et plan-plan. Les petits effets s'accumulent et fonctionnent, il est vrai, et finissent (fort heureusement) par dérailler totalement dans une folie surréaliste, rendant le visionnage plus intéressant. Néanmoins tout ce qui concerne le soit-disant discours sur l'auteur, sur la "page blanche" ou sur le rôle social de l'art me semble particulièrement pauvre, voir ne pas intéresser vraiment les réalisateurs. A l'inverse, et c'est peut-être mon visionnage récent de The Celluloid Closet qui oriente ma vision, le film livre tout un sous-texte beaucoup plus surprenant sur l'homosexualité refoulée et l'impossibilité de se lier aux femmes, qui sont de toute façon quasiment absente du film. Le fait que la photo de baigneuse regardé tout au long du film devienne "vrai scène" finale dis déjà beaucoup de ce rapport au sexe féminin (les femmes ne seront toujours que des images), mais n'est que l'aboutissement d'une série de signes dispersés le long du film (la gêne de parler d'une possible petite amie, la glue spermeuse qui suinte des murs, la micro-scène de catch qui ressemble à une scène de sexe habillée) dont le plus fort passe par un jeu de mise en scène assez incroyable : l’ellipse d'une scène de sexe dont la caméra s'éloigne avant d'aller elle-même pénétrer une longue canalisation, image qui sera suivie de celui du corps sanglant d'une femme morte... Ambiance... Mais tour de force cinématographique s'il en est.
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teklow13
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Tamponn Destartinn a écrit : lun. 7 juil. 2025 14:10 Image

Jurassic World : Renaissance - Gareth Edwards

C'est niveau Jurassic Park 3, ce qui est plutôt un compliment parce qu'on revient de loin avec la trilogie pourrie des Jurassic World (je sais qu'ils continuent à s'appeler ainsi, mais on est malgré tout dans une sorte de nouveau reboot)
Il y a la même volonté de faire un film simple, efficace, qui suit la ligne la plus droite pour filmer des personnages fuir des dinos, point. Il y a la surprise aussi de voir une famille piégée sur l'île prendre beaucoup de place, donnant un cachet à la fois enfantin à l'oeuvre (on sait qu'il ne va rien leur arriver) et malgré tout divertissant (ils ont les meilleures scènes !). Ca a aussi les défauts de Jurassic Park 3, forcément : malgré un gros casting, les personnages sont randoms et clichés. Zéro effort pour ceux qui sont là uniquement pour se faire becter, mais ce n'est pas bcp mieux pour les principaux qui cherchent notre empathie avec des backstory nulles racontées via des dialogues creux et musique lourdingue (heureusement, on en a peu). Et il y a la sensation de scènes réussies qui s'enchainent mais formant un tout un peu sans âme, en tout cas sans le je-ne-sais-quoi qu'on ressent évidemment devant les deux Spielberg.
Mais je n'ai pas boudé mon plaisir pour autant, car vraiment, on a de très bonnes scènes de poursuite. C'est même là où je dirai que ce film est meilleur que Jurassic Park 3 : on a un meilleur réalisateur à bord. D'ailleurs, c'est fou parce que tous les films de ce mec (en tout cas ceux que j'ai vu) sont pareils. Il filme très bien de mauvais scénarios, et donc si ce n'est pas grave, c'est tout de même dommage quand c'est à ce point là. Si je comprends bien, Gareth Edwards aime tourner dans l'urgence, dans des décors naturels, en mode Herzog mais pour des blockbusters d'Hollywood. Ca peut prêter à rire, les limites de la formule sont évidentes, mais quand même ça se voit ! Le film a un cachet que n'ont aucun des autres Jurassic post-Spielberg. Ajouter à cela des dinos imprévisibles, qui apparaissent à l'écran de manière toujours spectaculaire, dans un rapport d'échelle bien pensé car toujours à hauteur d'hommes... Ca donne forcément des scènes très chouette, que je vais retenir.
en tous points d'accord avec toi :jap:
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Narval
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Francisca - Manoel de Oliveira
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José Augusto enlève Fanny (Francisca) dans un élan d'égoïsme terrible. Terrible car non seulement il soustrait à Fanny tout libre arbitre et émotion propre, bien sûr, mais aussi par la vacuité du geste, purement motivé par un frisson intellectuel, un rapt fantasmé né de lectures nauséabondes tournées en boucle et déformées par un mépris absolu des autres. Une dilapidation, qui une fois réalisé, se confronte très vite une infinie désillusion. Rien ni personne ne profite de cet évènement, qui finit par se confondre avec une mise à mort, inéluctable, à l'image de chaque plan du film, qui semble déjà sur le point de se clôturer, tant tout est figé comme avant la coupure.

Nous sommes avant la réalisation du monstre que sera Le soulier de satin, et Manoel de Olivera est en plein dans un élan historique, très figée, totalement assumée dans son héritage théâtrale - voire opératique par son ampleur formelle et son goût musical. Déjà aussi, on peut voir cette Fanny séquestré dans un mariage qui ne la satisfait jamais et qui se laisse dépérir comme une future Ema (celle de Val Abraham). Parfaite représentante de la société portugaise bourgeoise du 19ème siècle, avide de poésie anglaise et passionnée par les romans d'amour français. Lentement, la jeune femme va se momifier, condamnée dès le début du film à un destin amer. Elle se fera de plus en plus délabrée, jusqu'à déclamer que son émotion la plus authentique est maintenant celle que ressent lorsqu'elle baille - tout un programme.

Point de lyrisme ou de mélodrame ici, tout est décortiqué, un peu comme une analyse froide et terrible d'un vivarium trop peu aéré. Les plans larges sont impeccables. Implacables aussi. Chacun est dans sa bulle de marasme, personne ne se parle réellement, les adresses sont au public la plupart du temps, si ce n'est au néant. Parfois un personnage se tourne vers nous et se plaint que personne ne l'écoute, il y a plusieurs instants de flottement similaires qui frôlent l'aparté. Fanny est si atteinte par la statice ambiante qu'elle prend des poses, et par la même occasion les pièces de la maison se changent en maison de poupées tristes où seuls les mouvements cérémonieux des serviteurs viennent apporter quelque mouvement. Dans sa fin sans finalité , elle est déclarée morte avant de succomber réellement, son corps empestant tellement que les amis la pensent décédée depuis des jours. Lorsque enfin elle donne son dernier soupir, son époux lance son regard vers un pied dénudé de Fanny, superbement saisi par la magie de l'éclairage, puis il nous demande à quoi ressemblaient les souliers qu'elle portait lorsqu'il l'avait enlevé à sa famille plus tôt dans le film.

Certes, c'est un film très bavard, trop même pour son bien, mais la mise en scène est tellement poussée dans ses retranchements d'ascèse que la fascination prend souvent le dessus, comme lors de cette scène interminable pendant un récital où José et un de ses amis (tous de pâles copies les uns des autres) discutent de tout et de rien, à voix haute, sans se soucier de ce qui se passe autour d'eux et du confort des autres spectateurs. Ils sont ailleurs et nous aussi. Nous les regardons totalement détachés et distants, leur dialogue n'a aucune répercussion ni logique. Les répliques s'enchaînent, toutes plus inconséquentes les unes que les autres, un récital à part entière, timidement ponctué par des "chut" qui ajoutent encore plus d'absurdité à cette séquence. Il est là l'intérêt du film, sans cet étirement de situations qui disent toute l'horreur de ces gens nobles à en crever. Des personnes dévitalisées qui se gavent de beaux mots pour se croire vivants, engoncées dans des costumes trop chauds et lourds. Quelle misère, vraiment. Et le drame finalement n'est pas dans cette histoire morose mais dans ce final où une musique joyeuse intervient tout à coup pour surligner la mort de tout à chacun. Et alors que résonnent des tambours de joie, les survivants boivent à la fatalité. Glaçant.
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sokol
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Locarno pète le feu cette année !! :love: :love: :love:

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"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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sokol
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cyborg a écrit : mar. 8 juil. 2025 19:05 A l'inverse, et c'est peut-être mon visionnage récent de The Celluloid Closet qui oriente ma vision, le film livre tout un sous-texte beaucoup plus surprenant sur l'homosexualité refoulée et l'impossibilité de se lier aux femmes, qui sont de toute façon quasiment absente du film.
J’aimerais le revoir - et ton texte est vraiment stimulant - mais le soir, je m’endors comme un papi sur le canapé. Heureusement, je tiens encore le coup pour aller au cinéma.
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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B-Lyndon
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sokol a écrit : mer. 9 juil. 2025 11:31 Locarno pète le feu cette année !! :love: :love: :love:

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Putain Kechiche j'y croyais plus :love2: :love2: :love2:
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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sokol
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Tamponn Destartinn a écrit : lun. 7 juil. 2025 14:10

Jurassic World : Renaissance - Gareth Edwards

Je n’ai ni vu le film, ni lu l’article en question, mais j’apprécie généralement beaucoup ce que ce blog écrit sur le cinéma :
https://www.facebook.com/share/p/1PFBSKrRah/
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Tamponn Destartinn
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sokol a écrit : mer. 9 juil. 2025 14:00
Tamponn Destartinn a écrit : lun. 7 juil. 2025 14:10

Jurassic World : Renaissance - Gareth Edwards

Je n’ai ni vu le film, ni lu l’article en question, mais j’apprécie généralement beaucoup ce que ce blog écrit sur le cinéma :
https://www.facebook.com/share/p/1PFBSKrRah/


Tiens, rien à voir, mais j'ai une info pour toi, Sokol.
Il s'avère que je connais très très bien quelqu'un qui bosse pour le distrib de Nadav Lapid (je n'en dis pas plus par souci d'anonymat)
Je lui ai parlé de ton message sur le son trop fort en avant-première. Cette personne m'a demandé une capture d'écran de ton texte pour le faire circuler dans son équipe. Car, figure-toi, c'est un vrai sujet cette histoire ! Lapid rend fou tout le monde avec ça. L'explication serait qu'il est un peu dur d'oreille, tout simplement. Donc en mode Wong Kar Wai qui met trop de couleur parce qu'il porte des lunettes de soleil tout le temps, Lapid a tendance à mixer selon sa capacité d'écoute et refuse de comprendre qu'il n'est pas la norme. Voila, fin de l'anecdote. (On garde ça entre nous, hein. :D )
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Tamponn Destartinn a écrit : mer. 9 juil. 2025 15:26
sokol a écrit : mer. 9 juil. 2025 14:00
Tamponn Destartinn a écrit : lun. 7 juil. 2025 14:10

Jurassic World : Renaissance - Gareth Edwards

Je n’ai ni vu le film, ni lu l’article en question, mais j’apprécie généralement beaucoup ce que ce blog écrit sur le cinéma :
https://www.facebook.com/share/p/1PFBSKrRah/


Tiens, rien à voir, mais j'ai une info pour toi, Sokol.
Il s'avère que je connais très très bien quelqu'un qui bosse pour le distrib de Nadav Lapid (je n'en dis pas plus par souci d'anonymat)
Je lui ai parlé de ton message sur le son trop fort en avant-première. Cette personne m'a demandé une capture d'écran de ton texte pour le faire circuler dans son équipe. Car, figure-toi, c'est un vrai sujet cette histoire ! Lapid rend fou tout le monde avec ça. L'explication serait qu'il est un peu dur d'oreille, tout simplement. Donc en mode Wong Kar Wai qui met trop de couleur parce qu'il porte des lunettes de soleil tout le temps, Lapid a tendance à mixer selon sa capacité d'écoute et refuse de comprendre qu'il n'est pas la norme. Voila, fin de l'anecdote. (On garde ça entre nous, hein. :D )
lui ne sera pas lynché mais Lapidé
Vosg'patt de cœur
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sokol
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Tamponn Destartinn a écrit : mer. 9 juil. 2025 15:26 Tiens, rien à voir, mais j'ai une info pour toi, Sokol.
Il s'avère que je connais très très bien quelqu'un qui bosse pour le distrib de Nadav Lapid (je n'en dis pas plus par souci d'anonymat)
Je lui ai parlé de ton message sur le son trop fort en avant-première. Cette personne m'a demandé une capture d'écran de ton texte pour le faire circuler dans son équipe. Car, figure-toi, c'est un vrai sujet cette histoire ! Lapid rend fou tout le monde avec ça. L'explication serait qu'il est un peu dur d'oreille, tout simplement. Donc en mode Wong Kar Wai qui met trop de couleur parce qu'il porte des lunettes de soleil tout le temps, Lapid a tendance à mixer selon sa capacité d'écoute et refuse de comprendre qu'il n'est pas la norme. Voila, fin de l'anecdote. (On garde ça entre nous, hein. :D )
Oui, je sais déjà que cette histoire est un vrai sujet : j’ai eu des retours de l’équipe du cinéma selon lesquels je n’étais pas le seul à avoir signalé un problème de son (et pourtant, je me suis simplement éclipsé au bout de 30 minutes et je n’ai même pas participé au débat).
Moi aussi, j’ai un peu l’oreille dure (eh oui, c’est ça, la vieillure ! :D Et puis, il y a quelques années, ma mère m’a balancé tout naturellement : « Sokol mon cœur, quand tu étais bébé, tu faisais otite sur otite ! » Sympa !! :mrgreen2: ).
Mais je ne pousse pas le son comme un malade, au contraire. (Oui, je sais, je ne suis pas cinéaste, mais un réalisateur qui veut nous secouer à coups de décibels, aussi talentueux soit-il… non merci.)

Tu imagines ? Je crois que j'avais des larmes aux yeux à cause de ce vacarme !

P.S. : Ce qui est drôle dans tout ça, c’est que, lorsque son film sera diffusé lors de la sortie nationale, du moins dans mon cinéma, il sera projeté avec le son habituel de la salle. Peine perdue M Lapid
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Tamponn Destartinn
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Déçu, j'espérais un film proche du Daim et finalement c'est plus du Au Poste.
En fait je me rends compte que je n'aime pas les Dupieux bavard
Plus ça ferme sa gueule, mieux c'est.
(Steak mis à part)
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sokol
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Tamponn Destartinn a écrit : mer. 9 juil. 2025 23:15 En fait je me rends compte que je n'aime pas les Dupieux bavard

Cependant, contrairement aux autres films, la partie centrale n’est pas juste bavarde, mais prend la forme d’un documentaire — une interview. C’est même, sans doute, la meilleure partie du film, non ?
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Tamponn Destartinn
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sokol a écrit : jeu. 10 juil. 2025 12:29
Tamponn Destartinn a écrit : mer. 9 juil. 2025 23:15 En fait je me rends compte que je n'aime pas les Dupieux bavard

Cependant, contrairement aux autres films, la partie centrale n’est pas juste bavarde, mais prend la forme d’un documentaire — une interview. C’est même, sans doute, la meilleure partie du film, non ?

Non.
J'avais envie que ça s'arrête, comme le personnage principal :D

En vrai, le sujet abordé dans cette interview est intéressant, mais j'aurai voulu le voir aborder autrement.
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Kit
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Tamponn Destartinn a écrit : jeu. 10 juil. 2025 23:25
sokol a écrit : jeu. 10 juil. 2025 12:29
Tamponn Destartinn a écrit : mer. 9 juil. 2025 23:15 En fait je me rends compte que je n'aime pas les Dupieux bavard

Cependant, contrairement aux autres films, la partie centrale n’est pas juste bavarde, mais prend la forme d’un documentaire — une interview. C’est même, sans doute, la meilleure partie du film, non ?

Non.
J'avais envie que ça s'arrête, comme le personnage principal :D

En vrai, le sujet abordé dans cette interview est intéressant, mais j'aurai voulu le voir aborder autrement.
du pied gauche tu es sorti Dupieux ? :mrgreen2:
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:artifices: :artifices:Bon 5ème anniversaire à Allo le G :artifices: :artifices:
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:party: :party2: :party: :party2: :party: :party2: :party: Merci @Next :party: :party2: :party: :party2: :party: :party2: :party:

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et

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:artifices: :artifices:Bon 5ème anniversaire à Allo le G :artifices: :artifices:
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:party: :party2: :party: :party2: :party: :party2: :party: Merci @Next :party: :party2: :party: :party2: :party: :party2: :party:

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Modifié en dernier par Kit le lun. 14 juil. 2025 09:57, modifié 1 fois.
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Je n'avais pas aimé la première fois (sans doute parce que je m'attendais à autre chose), mais j'ai adoré la seconde à ma grande surprise. Comédie musicale légère et acidulée dans un centre commercial souterrain de Bruxelles, hantée par les fantômes de la Shoah en sous-texte, ce film est un joyeux croisement entre les oeuvres de Demy et Vecchiali, avec une esthétique 80s volontairement très marquée, n'hésitant pas à se confronter quand cela est nécessaire à la vulgarité inhérente de l'époque (façon "Bébert le Camembert) mais en retour parvenant à tutoyer la grâce à plusieurs moments.

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Le pianiste Alfred Brendel évoque face caméra les trois dernières sonates de Schubert, composées avant sa mort à 31 ans, tout en en interprétant des passages façon explication de texte.

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Un film érotique japonais Pinku conçu comme un hommage parodique au cinéma d'Ozu. Le cinéaste dont c'est le premier film et qui fera ensuite carrière dans le cinéma mainstream, connait bien son Ozu, mais hormis les plans extérieurs qui sont quasiment tous magnifiques plastiquement, le film est sans intérêt aucun.

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Pas revu depuis longtemps, c'est toujours efficace, disons que ça n'a pas bougé, et même si ce n'est pas le meilleur Carpenter loin de là, c'est intéressant de voir qu'un cinéaste aussi populaire puisse concevoir un film sans héros. Le seul héros c'est ce brouillard qui finit pas s'évaporer et disparaitre, ça en dit long sur le star system.

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Super sur lecture du pitch, mais très chiant en vrai. J'aime beaucoup Losey en règle générale mais ce film de sa période anglaise présente tous les défauts des productions britanniques en règle générale.

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Enfants, mon frère et moi, nos parents nous avaient emmenés découvrir le film dans un cinéma de Givors (banlieue ouvrière lyonnaise) nommée Le Paris. Nous n'étions que 4 dans la salle, et cette découverte fut un gros choc. Cet énième revisionnage est important pour moi car je l'ai fait découvrir à mon fils (pas fan de cinéma il a une appétence appréciable pour le western, et plus encore pour le cinéma de Leone, il faut profiter de cette brèche). Le film est bien évidemment toujours magnifique aujourd'hui, avec un rythme unique dans l'histoire du western. Ces 2h46 passent en un claquement de doigts, et c'est uniquement la mise en scène qui donne cette impression. C'est fou d'ailleurs qu'un film au rythme aussi lancinant soit devenu un tel succès populaire - comme quoi il ne faut jamais s'empêcher d'être exigeant. Je ne me souvenais pas en revanche à quel point Tarantino s'était "inspiré" de ce film dans toute son oeuvre. Je sais qu'il a beaucoup emprunté à Leone mais autant dans ce film là, je l'avais oublié.

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Captation d'une pièce de théâtre mettant en scène Delphine Seyrig (pour son dernier rôle) et sa fille, interprétant la poétesse américaine Sylvia Plath, suicidée à 31 ans, et autrice de 696 envoyées à sa mère (jouée donc par Seyrig). La pièce est une sélection de ces lettres, racontant en creux l'histoire de cette femme, vue également par sa mère. Ce n'est donc que de la lecture récitée, ce qui donne au film un côté statique qui peut vite générer de l'ennui. Notons que Akerman ne se contente pas de filmer la pièce et que sa mise en scène change, n'hésitant pas à se rapprocher des corps quand c'est nécessaire. Ce qui m'a le plus touché dans le film, c'est de voir comment l'histoire de Plath se rapproche de l'histoire personnelle de Chantal Akerman, écrivant sans cesse à sa mère lorsqu'elle décide de partir à New York au début des années 70 (ce film renvoyant bien sûr à l'un de ses chefs-d'oeuvre, "News from Home", et qui finira (bien longtemps après) par se suicider. Ce point-là est très touchant.

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Autour d'un marteau. À propos de Jean-Luc Vilmouth - Chantal Akerman (1986)

Un jeu de chaises musicales pendant qu'on entend parler le plasticien Vilmouth de son désir d'envoyer un marteau dans l'espace. Aucun intérêt.

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Rue Mallet-Stevens, dans le 16e arrondissement de Paris, devant les constructions modernistes de l'architecte dont la voie porte le nom, une scène énigmatique se déroule. Déjà oublié.

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Trois Strophes sur le Nom de Sacher - Chantal Akerman (1989)

Captation de la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton interprétant une composition d'Henri Dutilleux. Mouaif.

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Un de mes films d'horreur préférés depuis que je l'ai découvert jeune ado, et toujours aussi génial et barré aujourd'hui. Le chaînon manquant entre Re-Animator (bon c'est le même réal ok) et les early Cronenberg type Videodrome.

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Dans le quartier du pont de Brooklyn, des immigrés polonais racontent face caméra des souvenirs, parfois douleureux, liés à leur immigration. Akerman choisit enfin d'aborder la judéité de manière frontale dans son oeuvre et le film est très réussi. Elle choisit d'avoir recours à des acteurs plutôt que de faire un documentaire avec des gens qui raconteraient leurs propres souvenirs (pour des questions d'époque de toute évidence), ce qui enlève un peu de force à l'ensemble, d'autant que les comédiens ne choisissent pas toujours le jeu naturaliste, mais cela reste un beau film.

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Le scénario, commençant sur un énorme placement produit, est digne d'un jeu vidéo simpliste (une valisette avec trois fioles à remplir du sang de trois dinosaures différents, chaque prise déclenchant la partie suivante jusqu'à accomplissement de la mission), et le decorum est celui du très bon Jurassic Park 3 de Joe Johnston quasi à l'identique, mais malgré tout ça j'ai trouvé ça cool et j'ai passé un super moment, déjà parce que j'étais avec mes enfants, (le grand connaissait les 6 précédents mais c'était son premier en salle et la petite découvrait) mais aussi parce que c'est la mise en scène qui rend le film intéressant. Toujours en mouvement, généreuse, fluide, elle fait passer les 2h13 en un rien de temps.

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Un spaghetti lambda et inintéressant (comme 90% du genre).
I like your hair.
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Tamponn Destartinn
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Danny Boyle est décidément un des rares cinéastes qui me donne envie de crier "c'est génial" et "c'est de la merde" en même temps.

Il n'empêche que mon préféré des 3 films de la saga reste le 2nd (28 semaines). Celui qu'il n'a pas réalisé, donc. (enfin... d'après des vieux souvenirs. peut être je changerai d'avis si je regardais tout)
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Kit
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mort à 69 ans du journaliste français et critique de cinéma fantastique Jean-Pierre Putters fondateur des magazines Mad Movies en 1972 puis Impact en 1979 et Metaluna en 2013 amenant une rupture avec l'équipe de Mad Movies
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groil_groil
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J'adore le roman de Radiguet, j'aime beaucoup l'adaptation d'Autant-Lara dans les 50's, je ne connaissais pas la version de 1985 par Scott Murray et bizarrement je n'avais jamais vu non plus celle, réputée sulfureuse, de Bellocchio, qui fit un scandale à Cannes 86 au point d'en occulter les qualités du film. Car oui, c'est un grand film, adaptation très libre du roman, il aurait appelé le film différemment personne n'aurait pensé qu'il s'agissait d'une adaptation ou presque, mais surtout un film très personnel, avec des choix de mise en scène hyper radicaux, vraiment étonnants et réjouissants. Et puis Maruschka Detmers est sublime, je n'ai pas d'autre mot, elle irradie l'écran, le brûle, comme une Lauren Bacall ou une Ava Gardner, c'est dingue. Après pour être honnète, je ne comprends pas l'intérêt de cette scène de fellation non simulée. Je ne sais pas du tout comment Detmers à vécu ça à l'époque, je n'ai pas lu dessus, pas forcément envie, mais franchement je ne comprends pas l'intérêt. Je sais que les 80's c'était la décennie de la provoc, mais Bellocchio a toujours été au dessus de ça. Le film est largement meilleur que ce coup d'éclat, mais on s'en passerait bien, franchement.

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Je me refais donc dans l'ordre la trilogie de Semih Kaplanoglu, Yumurta, Sut et Bal (en français Oeuf, Lait et Miel. A ce propos notons la stupidité des distributeurs français : le 1er film est sorti sous son titre original turc, Yumurta, le second sous une traduction anglaise, Milk, et le troisième sous sa traduction française, Miel. On peut faire plus con, franchement ?) Bref, je dis dans l'ordre car les films sont dans l'ordre inversé, le personnage est adulte dans le premier, puis adolescent et enfin enfant dans les deux autres. Mais sinon, on peut vraiment les voir indépendamment. Ici, le perso est donc bouquiniste à Istanbul, et se rend dans un petit village de campagne près d'Izmir pour enterrer sa mère qui vient de décéder. Il y rencontre une jeune et lointaine cousine qu'il ne connait pas et qui vivait auprès de sa mère sur ses dernières années de vie. Elle lui annonce qu'avant de mourir, elle a émis un voeu, qu'on sacrifie un bouc en son honneur, et que ce soit son fils qui s'en occupe. Ce dernier ne goutte guère aux traditions, mais se rend vite compte qu'il se doit d'exaucer la dernière volonté de sa mère. Ce film est surtout le prétexte pour montrer un citadin qui revient dans son village natal, vécu comme un retour aux origines et une plongée dans la psyché de l'enfance et du passé. Le film peut être vu comme un Uzak inversé puisque ici c'est un citadin qui retourne dans un village paumé et non l'inverse. Ce film, et les deux autres, encore plus beaux, sont en tout cas aussi forts, marquants, réussis, que les plus grands NB Ceylan.

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J'avais vu ça jadis, mais tout oublié, si ce n'est mon sentiment, qui n'a pas bougé : c'est un film très moyen, sorte de polar chabrolien débonnaire (à la Inspecteur Lavardin), dont le ton léger doit beaucoup à la nonchalance des acteurs (qui font bien le boulot pourtant), mais l'intrigue n'est pas assez costaud pour intéresser sur toute la longueur du film, et la tendance (encore les 80's) à dénuder systématiquement ses jeunes et jolies actrices finit par devenir lourdingue. On a connu Granier-Deferre plus inspiré.

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Pour Febe Elisabeth Velasquez, El Salvador - Chantal Akerman (1991)

Plaidoyer pour une militante syndicaliste Salvadorienne assassinée pour le régime. Film de 4mn. Un seul plan dans Paris la nuit, au loin une silhouette, qui avance, la caméra aussi, jusqu'à se rencontrer, cette silhouette c'est Catherine Deneuve, qui dit le texte qu'on croyait entendre en off mais qui ne l'est pas. C'est l'un des plus beaux courts d'Akerman alors qu'il ne paye pas de mine, mais son dispositif est impressionnant bien qu'évident.

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Sami Frey vient de déménager et s'installe dans un appartement plus petit. Durant un monologue de 40mn il va nous raconter sa vie et ses déboires amoureux. Sans intérêt et vite très ennuyeux, ne vaut que pour la performance d'acteur, mais ça ne suffit pas.

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Un classique de l'humour français récent chez nous, et on l'a montré aux enfants qui se sont bien marrés, malgré la limite du film : tout l'humour politique lié à la situation de l'époque, autour de Sarkozy donc, puisqu'ils n'ont pas les réf (Casse toi pauvre con, Travailler plus, etc...) et qui font que le film est un peu daté, même s'il reste très drôle et bon enfant.

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Après l'effondrement du mur et du bloc communiste, Akerman part dans différents pays de l'Est (ils ne sont jamais mentionnés) filmer les gens, les lieux, les paysages. Le film est intégralement silencieux, prises de sons oui, mais pas de texte et se divise entre plans fixes d'intérieur, chez des gens, ou longs travellings et panoramiques en extérieur. C'est beau, fascinant, c'est du Akerman pur jus et c'est d'ailleurs ce qu'elle sait faire de mieux. Hypnotique.
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groil_groil a écrit : sam. 19 juil. 2025 11:32 Image

J'adore le roman de Radiguet, j'aime beaucoup l'adaptation d'Autant-Lara dans les 50's, je ne connaissais pas la version de 1985 par Scott Murray et bizarrement je n'avais jamais vu non plus celle, réputée sulfureuse, de Bellocchio, qui fit un scandale à Cannes 86 au point d'en occulter les qualités du film. Car oui, c'est un grand film, adaptation très libre du roman, il aurait appelé le film différemment personne n'aurait pensé qu'il s'agissait d'une adaptation ou presque, mais surtout un film très personnel, avec des choix de mise en scène hyper radicaux, vraiment étonnants et réjouissants. Et puis Maruschka Detmers est sublime, je n'ai pas d'autre mot, elle irradie l'écran, le brûle, comme une Lauren Bacall ou une Ava Gardner, c'est dingue. Après pour être honnète, je ne comprends pas l'intérêt de cette scène de fellation non simulée. Je ne sais pas du tout comment Detmers à vécu ça à l'époque, je n'ai pas lu dessus, pas forcément envie, mais franchement je ne comprends pas l'intérêt. Je sais que les 80's c'était la décennie de la provoc, mais Bellocchio a toujours été au dessus de ça. Le film est largement meilleur que ce coup d'éclat, mais on s'en passerait bien, franchement.
d'après la fiche Wikipedia la scène de la fellation ne faisait pas partie du scénario, c'est un collaborateur du réalisateur qui l'avait suggéré
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Kit a écrit : sam. 19 juil. 2025 12:08
groil_groil a écrit : sam. 19 juil. 2025 11:32 Image

J'adore le roman de Radiguet, j'aime beaucoup l'adaptation d'Autant-Lara dans les 50's, je ne connaissais pas la version de 1985 par Scott Murray et bizarrement je n'avais jamais vu non plus celle, réputée sulfureuse, de Bellocchio, qui fit un scandale à Cannes 86 au point d'en occulter les qualités du film. Car oui, c'est un grand film, adaptation très libre du roman, il aurait appelé le film différemment personne n'aurait pensé qu'il s'agissait d'une adaptation ou presque, mais surtout un film très personnel, avec des choix de mise en scène hyper radicaux, vraiment étonnants et réjouissants. Et puis Maruschka Detmers est sublime, je n'ai pas d'autre mot, elle irradie l'écran, le brûle, comme une Lauren Bacall ou une Ava Gardner, c'est dingue. Après pour être honnète, je ne comprends pas l'intérêt de cette scène de fellation non simulée. Je ne sais pas du tout comment Detmers à vécu ça à l'époque, je n'ai pas lu dessus, pas forcément envie, mais franchement je ne comprends pas l'intérêt. Je sais que les 80's c'était la décennie de la provoc, mais Bellocchio a toujours été au dessus de ça. Le film est largement meilleur que ce coup d'éclat, mais on s'en passerait bien, franchement.
d'après la fiche Wikipedia la scène de la fellation ne faisait pas partie du scénario, c'est un collaborateur du réalisateur qui l'avait suggéré
Oui un psy très populaire à l'epoque en Italie. Un vrai gourou dont Bellocchio etait sous l emprise. Je le savais mais je viens de chercher en effet l'idée de la fellation vient de lui. Quel con.
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groil_groil a écrit : sam. 19 juil. 2025 12:51
Kit a écrit : sam. 19 juil. 2025 12:08
groil_groil a écrit : sam. 19 juil. 2025 11:32 Image

J'adore le roman de Radiguet, j'aime beaucoup l'adaptation d'Autant-Lara dans les 50's, je ne connaissais pas la version de 1985 par Scott Murray et bizarrement je n'avais jamais vu non plus celle, réputée sulfureuse, de Bellocchio, qui fit un scandale à Cannes 86 au point d'en occulter les qualités du film. Car oui, c'est un grand film, adaptation très libre du roman, il aurait appelé le film différemment personne n'aurait pensé qu'il s'agissait d'une adaptation ou presque, mais surtout un film très personnel, avec des choix de mise en scène hyper radicaux, vraiment étonnants et réjouissants. Et puis Maruschka Detmers est sublime, je n'ai pas d'autre mot, elle irradie l'écran, le brûle, comme une Lauren Bacall ou une Ava Gardner, c'est dingue. Après pour être honnète, je ne comprends pas l'intérêt de cette scène de fellation non simulée. Je ne sais pas du tout comment Detmers à vécu ça à l'époque, je n'ai pas lu dessus, pas forcément envie, mais franchement je ne comprends pas l'intérêt. Je sais que les 80's c'était la décennie de la provoc, mais Bellocchio a toujours été au dessus de ça. Le film est largement meilleur que ce coup d'éclat, mais on s'en passerait bien, franchement.
d'après la fiche Wikipedia la scène de la fellation ne faisait pas partie du scénario, c'est un collaborateur du réalisateur qui l'avait suggéré
Oui un psy très populaire à l'epoque en Italie. Un vrai gourou dont Bellocchio etait sous l emprise. Je le savais mais je viens de chercher en effet l'idée de la fellation vient de lui. Quel con.
Quel con, après la fellation, le cunnilingus ? :mrgreen2:
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Le Jour où - Chantal Akerman - 1997

Le jour où on a demandé à Chantal Akerman de réfléchir à l'état du cinéma... elle se lance dans une sorte d'inventaire à la Georges Perec, filmée dans son appartement, par le biais d'un long panoramique circulaire qui se répète à l'infini tout en s'accélérant parfois, comme le texte, qu'elle lit, puis relit, puis relit... Amusant.

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Lorsque Bazin & Labarthe ont demandé à Akerman de réaliser un Cinéaste de notre Temps (pour les plus jeunes, il s'agit d'une série documentaire dont chaque numéro était consacré à un grand cinéaste et qui avait comme particularité d'être réalisé par un autre cinéaste), tous les réalisateurs proposés par Akerman avait déjà été traités. Pour plaisanter elle a proposé de parler d'elle-même, réalisant un autoportrait. Cela a plu à B&L ce qui a bien embêté Chantal, peu à l'aise avec ce genre d'exercice. Et c'est vrai que cet autoportrait est complètement raté. La première partie c'est Chantal face caméra qui nous explique cela et qui nous explique ce qu'elle aimerait parvenir à faire, mais elle lit un texte écrit, et c'est hésitant, peu clair, ça dure 15 minutes. Et ensuite le gros du film, c'est une compile d'extraits de ses films. C'est tout, sans commentaires sans rien. Aucun intérêt pour qui connait son oeuvre (surtout en pleine rétrospective comme c'est mon cas, je viens de voir tout ça il y a quelques jours) et je ne pense pas que ce soit suffisamment éloquent pour intéresser des spectateurs ignorant son oeuvre (on ne fait pas de Best Of de Jeanne Dielman enfin !)

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Une jeune danseuse parisienne et un riche psychanalyste new yorkais échangent leurs appartements sans se connaitre. Elle débarque dans un palace de goût en plein Manhattan et lui dans un taudis sous les toits à Château-Rouge (où équivalent). Il ne reste pas longtemps et rentre à NY, n'osant pas déranger la demoiselle durant la fin de son séjour. Mais en passant à l'appart sans se faire connaitre, il s'aperçoit qu'elle se fait passer pour sa remplaçante, et qu'elle continue les analyses de ses patients, en obtenant des résultats bien meilleurs que lui. Sous un faux nom il se fait passer pour un patient, et ils tombent petit à petit amoureux l'un de l'autre, sans se le dire et sans qu'elle sache qui il est. J'avais un peu peur de ce film (Akerman et la comédie grand public, ce n'est pas toujours ça, souvenir cuisant de Demain on déménage, que je vais pourtant revoir bientôt), mais ça va, le film est plutôt correct, touchant et attachant, les deux acteurs sont bien et le ton est agréable, mais faisant penser à deux cinéastes new yorkais d'adoption, Amos Kollek et Raphael Nadjari. Les deux, comme Akerman ici, filment un New York de proximité, surtout pas grandiose et impressionnant, mais un New York de voisinage, qui s'étend sur quelques rues, refusant l'immensité de la grande ville. Un mot sur la qualité de l'image : certes le boulot du chef op est plus que discutable et victime de son époque, mais alors que le film est dans le récent coffret bluray où les films (en tout cas les longs métrages, pour les courts c'est une catastrophe) sont censés être restaurés, ici ce n'est pas le cas, l'image est dégueulasse du niveau d'un dvd médiocre d'époque, ce qui est un peu révoltant. Autre chose, beaucoup plus drôle : la veille j'ai revu avec les enfants la comédie française Neuilly sa Mère, que j'aime bien. Et là, je lance le film et je m'aperçois que l'assistant réalisateur d'Akerman sur Un Divan à New York n'est autre que Gabriel Julien-Laferrière, soit le réalisateur de Neuilly sa Mère. Cette coïncidence est absolument délirante et je ne sais quelle conclusion en tirer (si ce n'est que je comprends mieux pourquoi Neuilly... est réussi :D )
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Tamponn Destartinn
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J'aimais déjà plutôt bien Voyage en Italie, mais celui ci m'a semblé au dessus. Peut-être même mon Letourneur préféré. Ce qui m'impressionne le plus est que je suis incapable de comprendre comment elle a obtenu ce résultat. A quel point les scènes sont improvisées ou écrites à l'avance ? Et quelle est la place de la 3ème écriture, le montage ? Est-ce que l'essentiel du film n'a été trouvé qu'à ce moment là ? Il doit exister des interviews où elle en parle, mais ce n'est pas la question : dans les Letourneur précédents, Voyage en Italie compris, je voyais un minimum les ficelles, là pas du tout. Ce qui doit changer est l'intégration des enfants. Ils sont confondant de naturel, tu ne peux pas tricher avec eux. Dans le milieu, j'ai régulièrement entendu dire que le plus dur au Cinéma est de faire jouer des animaux ou des enfants. Letourneur réalise donc ici la cascade de cinéma la plus discrète et pourtant impressionnante possible : les deux gosses sont hallucinant de justesse, ils radicalisent le style faux documentaire de cette réalisatrice, et de fait se révèlent les meilleurs sujets qu'elle n'ait jamais filmé.

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Changement de style.
On n'est plus dans un film de montage, mais un film de découpage. Je connais les théories à ce sujet, mais je peux aimer les deux, donc je n'en fais pas le reproche.
Aster m'avait perdu avec son Beau is Afraid trop symbolique de partout pour être honnête. Plutôt soulagé de voir qu'il a fait plus simple pour celui ci.
Eddington est une satire sur son pays de cons, en repartant de la période Covid pour commencer. Tout le monde en prend pour son grade, tout en restant très clair jusqu'à la quasi fin : tous pourris, tous cons, mais rien n'est plus dangereux que l'homme blanc qui se prend pour plus fort qu'il ne l'est. Tu le blesses dans son égo et il cesse immédiatement les beaux discours, prêt à marcher sur tout le monde plutôt qu'accepter le miroir tendu. C'est radical, bien fichu et franchement réjouissant, sans être lourd. Le truc, c'est que le film ramène un dernier élément complètement fuck up pour permettre à Aster de faire mumuse avec des scènes d'action (super bien, par ailleurs). Et je ne comprends pas trop ce que représentent ses hommes cagoulés, pour le coup (mais vraiment, hein. j'ai dû louper une info). Je crois que je veux revoir le film juste pour ça. En attendant, c'est surement mon Aster préféré.
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sokol
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Tamponn Destartinn a écrit : dim. 20 juil. 2025 16:45
Ce qui m'impressionne le plus est que je suis incapable de comprendre comment elle a obtenu ce résultat. A quel point les scènes sont improvisées ou écrites à l'avance ? Et quelle est la place de la 3ème écriture, le montage ? Est-ce que l'essentiel du film n'a été trouvé qu'à ce moment là ?
Cela, elle ne nous le révélera jamais. Durant la projection, je me posais exactement les mêmes questions. J’ai même pensé à Close-up de Kiarostami, à cette fameuse scène du tribunal : on croirait assister au véritable procès d’Ali Sabzian. Et pourtant, ce n’était qu’une reconstitution (on finit par s’en rendre compte aux deux tiers de la scène). Mais pour le reste, on n’en sait rien.

Bon sang, j’ai envie de revoir L'Aventura. S’il reste encore une semaine à l’affiche du cinéma de Pétaouchnok, j’y retournerai. Ainsi, je pourrai mourir apaisé : j’aurai vu deux fois mes deux films préférés de 2025. Je ne crois pas qu'il y aura un troisième :D
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Chabrol, ou l’illusion du regard critique

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Profitant d’une rétrospective en copies restaurées des films de Claude Chabrol, je suis allé voir La Femme infidèle.
À vrai dire, je me suis ennuyé. Pourtant, je suis resté jusqu’au bout. Pourquoi ? Parce que le film repose entièrement sur l’intrigue : tout semble converger vers une fin supposée significative. Et c’est précisément là que la déception s’est renforcée.

Chabrol tourne La Femme infidèle en 1969. Or, Jean-Luc Godard avait traité exactement le même sujet — l’adultère bourgeois — cinq ans plus tôt, en 1964, avec Une femme mariée. Le titre original était La femme mariée, mais la censure l’obligea à le modifier. Soit.

Je vais être direct, même si c’est tranché : si l’on aime Une femme mariée, comment peut-on aimer La Femme infidèle ?
On me répondra sans doute que les démarches sont différentes. Godard aborde le sujet de manière sociologique. Il décompose son film en fragments : des plans fixes stylisés, de longs dialogues sur la culture, la mémoire, et même la Shoah. Chabrol, au contraire, opte pour des scènes courtes, peu de dialogues, une économie narrative plus "classique". Soit encore.

Mais on ne peut nier que Chabrol, lui, s’appuie largement sur la musique pour souligner les tensions. Chaque instant dramatique est lesté de cordes et d’effets sonores. On pourrait presque dire qu’il préfigure Haneke — mais avec un accompagnement musical.
Et cette fin tant attendue ? Elle nous montre un couple bourgeois qui se retrouve. Le mari, meurtrier, déclare à sa femme : « Je t’aime à mourir ». Elle lui répond, convaincue : « Moi aussi. » Tout est dit : le réflexe de classe l’emporte sur la morale, voire sur la justice. Et pourtant, Chabrol s’arrête là.
Il ne creuse pas, ne dépasse pas ce geste. Il n'interroge pas l'après, ne serait ce que par une seule scène. Pas plus que Michael Haneke dans Amour, où l’on voit un mari étouffer sa femme — qu’il aime lui aussi "à mourir". Là aussi, le film s’interrompt.
On a envie de dire : et après ? Vous pensez que les cinéastes sont bêtes au point de conclure leur film, dans un tel contexte scénaristique, par un « quelques années plus tard » ?

En se refusant à toute prise de position, Chabrol, comme Haneke après lui, donne l’illusion d’un regard critique (soit disant, c'est seulement cette femme qui l’intéresse). Mais ce refus de trancher, ce retrait faussement objectif, les place en réalité du côté de ceux qu’ils prétendent observer avec distance.
Ils font mine de se moquer des bourgeois, mais au fond, ils n’en disent rien. Pire : ils les laissent intactes. Cela s’appelle une trahison du regard.

PS : Pourtant, Chabrol avait admirablement commencé. Le Beau Serge (1958) reste, à mes yeux, un très beau film. Mais avec le temps, il semble avoir cédé au piège — classique, mais redoutable — de la rentabilité. Ce réflexe de carrière l’a progressivement conduit vers ce cinéma... . Il n’est pas le seul, bien sûr. Mais cela n’excuse rien. A mon avis, bien sur
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@sokol : Le cinéma de Chabrol, contrairement à celui de Godard (de ce que j’en ai vu) est surtout très influencé par Hitchcock. La femme infidèle y compris, d’où les effets de mise en scène que tu cites, notamment l’utilisation de la musique, très Hermanniennes je crois.

Quant à Haneke, oui, Chabrol s’en rapprochera avec le temps (surtout avec un film comme La cérémonie), mais son influence est surtout à chercher du côté du cinéma américain (Chabrol était par exemple aussi un immense fan de Monsieur Verdoux de Chaplin, dont on retrouve beaucoup de récurrences dans ses films, celui-ci y compris je crois). Quant à la toute fin, le couple, si je me souviens bien, ne se retrouve pas du tout, c’est une « fausse piste », on comprend bien que rien ne sera plus comme avant pour eux (il y’a même un beau travelling de mémoire - donc de la mise en scène et pas juste de l’intrigue - qui sous-entend que le mari va se faire coffrer non ?).

Quant à ses personnages, on sent qu’au fond il les apprécie, aussi antipathiques soient-ils (ça n’a pas toujours été le cas par la suite).

Bref… c’est un film que j’ai toujours beaucoup aimé (j’ai eu une phase Chabrol pendant mes années de lycée).
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Kahled a écrit : mar. 22 juil. 2025 12:22 @sokol : Le cinéma de Chabrol, contrairement à celui de Godard (de ce que j’en ai vu) est surtout très influencé par Hitchcock. La femme infidèle y compris, d’où les effets de mise en scène que tu cites, notamment l’utilisation de la musique, très Hermanniennes je crois.
Je ne remets nullement en cause l’usage de la musique, bien au contraire ! L’influence d’Hitchcock est flagrante, jusque dans le travail sonore. Mais voilà : Hitchcock, lui, ne joue jamais au malin. Ici, au contraire, on assiste à une fin "à la Haneke"-avant-l’heure. Jamais Hitchcock n’aurait laissé une telle impasse.

Je pense que ce phénomène, on le retrouve aujourd’hui chez nombre de cinéastes contemporains, qui veulent "faire du Tarkovski" ou "faire du Bresson" : il ne faut pas s'étonner lorsqu'ils se cassent la gueule
Modifié en dernier par sokol le mar. 22 juil. 2025 14:56, modifié 1 fois.
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Kahled a écrit : mar. 22 juil. 2025 12:22 Quant à la toute fin, le couple, si je me souviens bien, ne se retrouve pas du tout, c’est une « fausse piste », on comprend bien que rien ne sera plus comme avant pour eux (il y’a même un beau travelling de mémoire - donc de la mise en scène et pas juste de l’intrigue - qui sous-entend que le mari va se faire coffrer non ?).
Tout à fait. Mais justement, pourquoi construire une fausse piste (comme tu dis) ? Qu’il soit du côté de cette femme infidèle (qui était d’ailleurs sa propre femme à l’époque), je le comprends bien. Mais que fera-t-elle après ?
Fait-on un film uniquement pour montrer qu’elle a conquis sa liberté par la sexualité ? Pourquoi pas. Mais, encore une fois : et après ? Qu'est ce qui se passe ?
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sokol a écrit : mar. 22 juil. 2025 14:00 Mais voilà : Hitchcock, lui, ne joue jamais au malin.
Y'a pas plus "je joue au malin" que Hitchcock :D
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yhi a écrit : mar. 22 juil. 2025 20:29

Y'a pas plus "je joue au malin" que Hitchcock :D
Oui, durant tout e film. Et pas qu’à la fin (« vous verrez ce que vous verrez »). Chez Hitchcock, on voit dės le début
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Pinoteau n'a pas réalisé que La Boum et La Gifle (deux très bons films ceci-dit) mais également deux grands films d'espionnage avec le duo Lino Ventura et Léa Massari, que je revois régulièrement. La 7ème Cible d'un côté, et ce Silencieux de l'autre où Ventura joue un agent français travaillant pour la Russie avant d'être fait passer pour mort et récupéré par le MI6. C'est sombre, profond, et haletant comme un vrai grand film d'espionnage anglo-saxon, la mise en scène, sans atteindre l'épure et l'abstraction de celle d'Un Papillon sur l'Epaule n'en est vraiment pas loin et le film ne fait aucune concession grand public, notamment dans son final d'une noirceur abyssale.

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Après D'Est, Chantal Akerman va osculter le Sud, précisément celui des Etats-Unis, où le jeune James Byrd Jr., Texan et noir a été victime d'un meurtre raciste abominable commis par trois suprémacistes blancs. Comme souvent elle enchaine plans fixes et longs travellings silencieux, mais à la différence D'Est, elle fait parler les gens, les voisins, le Shériff, la famille, tous témoignant de ce meurtre odieux et parlant plus généralement du climat raciste qui règne dans ce type de villes... Le film est aussi beau qu'édifiant, une des plus belles réussites de la cinéaste qui parvient ici parfaitement à associer la forme (aucune concession) au fond (film politiquement très fort).

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Comme très régulièrement, l'un des grands chefs-d'oeuvre de Zemeckis, son thriller noir hitchcockien (d'ailleurs les références à Fenêtre sur Cour et Psycho sont omniprésentes), film qui ne bouge pas avec le temps même en connaissant l'intrigue par coeur on accepte à chaque fois de réjouer le jeu. Un scandale qu'il n'y ait aucune édition bluray française d'un film pareil...

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Film entièrement réalisé à Tel Aviv, mais sans sortir de l'appartement qu'elle a loué; Chantal Akerman filme en effet la ville à travers ses persiennes qu'elles n'ouvrent jamais à cause de la chaleur écrasante, filmant ses voisins sur leurs balcons, ou les immeubles immobiles. Sa voix off laisse passer beaucoup d'inquiétude, de peur, de maladie, on sent sa dépression monter, une dépression personnelle comme celle d'une dépression collective du peuple juif, et je ne veux pas faire le psychologue de bas étage mais ce film donne plein d'indices quant à son futur suicide. C'est de toute évidence, et même s'ils le sont tous, l'un de ses films les plus personnels, et les plus noirs.

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Dans la petite ville d'Eddington, le shérif s'oppose au maire, et décide alors de se présenter face à lui aux élections. Ce simple état, qui pourrait se résumer à une anecdote prend une ampleur phénoménale quand Ari Aster, cinéaste qui m'a toujours fait penser à la grenouille se croyant un boeuf, mais qui trouve ici sans doute l'équilibre qui lui convient parfaitement, s'en empare pour traiter tout simplement de la bêtise humaine et montre avec évidence et certitude que celle-ci est sans limite. Ce film illustre parfaitement la célèbre citation d'Albert Einstein : « Deux choses sont infinies : l'Univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l'Univers, je n'en ai pas encore la certitude absolue ». Eddington se déroule en plein Covid, et la paranoïa engendrée suite à ce virus va être le prétexte d'une montée en puissance de tous les travers de l'être humain, complotisme, théories d'extrême droite, violence déchainée, rivalités exacerbées et le film, et ses protagonistes, s'enferment alors dans une spirale qui absorbe tout. Le message est clair, et est le même que L'Accident de Piano donc Eddington semble être l'exact pendant américain : la bêtise humaine est sans limites, et c'est par elle que le monde sera détruit. Dont acte.

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Deux orphelins, après la mort tragique de leur père, sont placés chez une femme servant de "famille d'accueil" en attendant que le grand ado atteigne la majorité dans quelques mois et puisse d'occuper de sa demi-soeur, quasiment aveugle. Cette femme très étrange, extravertie, trop sympa et colérique à la fois, magnifiquement interprétée par la géniale Sally Hawkins, un des grands atouts du film, s'occupe aussi d'un petit garçon étrange, qui ne parle jamais et qui erre à moitié nu dans la piscine vidée, et ne s'est jamais remis de la mort de sa fille à elle. On comprend d'ailleurs qu'elle s'occupe d'enfants pour palier ce vide inconsolable. Mais très vite, nos deux jeunes gens se rendent compte qu'elle est plus que timbrée, qu'elle leur veut du mal, et qu'elle fait tout pour les opposer. Doucement cette situation vire au cauchemar total. Je n'en raconte pas trop pour ne pas casser les effets de surprise de ce superbe film d'horreur, hyper bien construit, super intelligent et vraiment flippant. Au final c'est aussi et surtout un film super triste, sur l'inconsolabilité - ce mot n'existe pas mais je l'invente car il décrit parfaitement ce qui habite le personnage. Le renouveau du cinéma d'horreur de ces dernières années permet aujourd'hui à de tels films d'exister, c'est une vraie chance.

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Gabin joue un Charles Foster Kane à la française. C'est un grand et riche industriel, à la tête de toute une floppée d'entreprise, dont un groupe de presse, et c'est lui qui gère tout, de ses employés aux membres de sa famille, qui sont souvent les mêmes. Il va découvrir qu'en voulant se venger de comportements qu'il juge inadéquats, notamment ceux de son fils, et d'un cousin, il va commettre des actes irréparables, blesser ses proches et se blesser lui-même. Mais la fierté, et sans doute la bêtise, sont plus fortes que tout. Film sur le patriarcat absolu, Les Grandes Familles est une belle surprise, un film plus profond et plus noir que je ne l'imaginais, même si très old school, dans la mise en scène même, mais aussi dans le message, Patellière ne condamnant jamais complètement son héros (mais le message est suffisamment ambigu pour que ça passe, c'est déjà ça). A noter une petite pique amusante contre un autre journal concurrent et son jeune critique François, qui devait vraiment être savoureuse sur les écrans en 1958.
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Kit
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groil_groil a écrit : ven. 25 juil. 2025 09:53 Image

Pinoteau n'a pas réalisé que La Boum et La Gifle (deux très bons films ceci-dit) mais également deux grands films d'espionnage avec le duo Lino Ventura et Léa Massari, que je revois régulièrement. La 7ème Cible d'un côté, et ce Silencieux de l'autre où Ventura joue un agent français travaillant pour la Russie avant d'être fait passer pour mort et récupéré par le MI6. C'est sombre, profond, et haletant comme un vrai grand film d'espionnage anglo-saxon, la mise en scène, sans atteindre l'épure et l'abstraction de celle d'Un Papillon sur l'Epaule n'en est vraiment pas loin et le film ne fait aucune concession grand public, notamment dans son final d'une noirceur abyssale.
Lea Massari nous a quitté il y a un mois à une semaine de ses 92 ans
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groil_groil
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Après avoir adoré le premier, les enfants voulaient voir sa suite. Comme dans mon souvenir, c'est moins bon, bien sûr, mais ça reste dans le même esprit et c'est plutôt amusant.

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Au début du film, Vincent Lindon reçoit un coup de téléphone, quitte un chantier BTP, monte dans sa bagnole, et téléphone. Mais en kit mains libres, hein, rassurez-vous, il respecte la loi. Le premier coup de fil c'était sa maitresse, qui lui annonçait qu'elle allait accoucher. On apprend après qu'il n'avait couché avec elle qu'une seule fois mais qu'elle a décidé de garder l'enfant. 43 piges, la pauvre, c'était un peu la dernière chance. Et puis sinon il téléphone à son fils pour lui dire qu'il ne pourra pas voir le match de foot avec lui comme c'était prévu, à son collègue pour lui dire de couler le béton tout seul demain matin, à son patron pour lui dire qu'il ne sera pas là pour couler le béton, et bien sûr à sa femme pour lui dire qu'il ne sera pas là ce soir (l'accouchement c'est à Paris, à la grande ville !) parce qu'il va assister à l'accouchement de son gosse mais qu'il n'est pas d'elle... A la fin du film il a une sage-femme en ligne et on entend chouiner le marmot, ça y est il est né, et le message, parce qu'il y a un message hein, c'est que la vie est plus forte que tout... Et voilà, c'est tout, c'est ça le film, un mec dans sa caisse pendant toute la durée du métrage (ça ne dure qu'1h17 hein, mais c'est déjà interminable) et c'est Lindon qui papote avec ses amis les stars qui sont venues poser leur voix parce que tu comprends ça ne prenait pas trop de temps et j'avais le temps d'enregistrer entre deux tournages : Emmanuelle Devos, Grégory Gadebois (dont la voix ressemble en fait beaucoup à celle de Pierre Tornade) ou Micha Lescot... Un film entier en bagnole au téléphone... N'est pas Kiarostami qui veut... Je ne dirais même pas que c'est le degré zéro du cinéma, car il n'y a même pas une once de cinéma là-dedans. J'ai lu en plus qu'il s'agit d'une adaptation ! Misère... Comment peut-on avoir des idées aussi débiles... ? Bon j'ai stoppé le carnage rapidement, rassurez-vous, et je suis allé au bout pour voir comment ça se terminait, mais quelle horreur...
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Narval
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Le Rire et le Couteau - Pedro Pinho
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Il en faut, des gestes de cinéma aussi grands et généreux, capables d'amener un territoire, ses à-côtés, ses communautés et leurs hors-champs, tout en gardant une ligne directrice. Car si Le rire et le couteau est déjà un formidable film sur la Guinée-Bissau - pays que l'on ne voit que si rarement sur nos écrans -, c'est aussi un film fascinant sur le Portugal (ou plutôt son emprunte sur le territoire) et, si l'on remonte encore plus loin, le Brésil (une autre emprunte).

Il y a peut-être cinq ou six films à voir ici, et pourtant l'ensemble tient, en partie grâce au montage qui est assez exemplaire de fluidité, permettant d'accompagner le personnage principal - Sergio - sur sa mission pour une ONG. De partir de cette donnée et de la traitée comme un arc narratif naturellement lié à tout le reste, jamais trop écrit ou dirigiste dans son enchaînement, toujours vivant grâce à toute la constellation qui finit par se créer autour de lui. Car si la partie sur les organisations humanitaires est déjà passionnante (elle aussi très rarement filmée), le long-métrage démultiplie les intrigues et sous intrigues, permettant à tant de personnages intéressants de naître au cœur de situations très variées.

Il y a les nouveaux riches qui surfent sur l'opportunité offertes par ces ONG, bouffés pas le capitalisme, organisant des fêtes que ne renieraient pas les américains, les soi-disant addicts au boulot qui ne vivent que de soirées et de beuveries, quand ils ne courent pas sur des tapis à la salle de sport. Il faut voir ces chefs de startup bien pensants qui s'adonnent à des discours sur le contexte colonial du pays ahurissant, croyant renverser un état de fait avec leur richesse de pacotille et leur bonnes actions. Il faut voir cette scène où notre personnage, sorte de caméléon qui peut se fondre à peu près dans n'importe quelle atmosphère ou groupe socio-culturel, se réveiller, enfin, et refuser un chèque de son patron pou bâcler le travail - et ne pas trop déborder surtout. Tout le hors-champs atour du prédécesseur de Sergio sur la mission apporte également beaucoup à cette partie de l'intrigue et instaure une vraie tension dans plusieurs scènes.

Il y a aussi toutes ces communautés qui peuplent les soirées queer dans lesquelles Sergio va parfois danser - ces soirées qui cimentent réellement ses attaches au pays. Et si tout part de cette rencontre à priori fondatrice avec cette fille aux multiples perruques et identités - Diara -, vient bientôt se greffer aussi son tout aussi ambigu ami - Gui -, puis tout un monde de la nuit. Après peut-être 45 minutes de film, Diara et Gui parient sur qui pourra se taper le petit Sergio en premier. Tout ça est tellement vivant et fort. Il n'y a jamais de réflexion sur la sexualité du personnage principal, sur sa psychologie, ses doutes ou bien même sur les problématiques engendrées par un potentiel triangle amoureux. Mieux, il y a enfin une bonne scène de plan à trois dans un film, où complicité et respect sont enfin présents. Voilà tout ce que l'on veut : du désir, de l'action, des gestes vrais et surtout pas de prise de tête. Que cette légèreté fait du bien.

Il y a cette communauté des chantiers, très attachée à ses racines, à ses habitudes et son identité (pour ne pas dire raciste, au détour d'une conversation), donnant lieu à une séquence à la fois terrible et absurde, où un ouvrier manque de massacrer Sergio pour une histoire de sardines congelées. Plus tard, toute cette bande va noyer sa nostalgie dans un strip club. Sergio ramène une TDS dans une chambre (ou vice-versa), mais refuse d'aller plus loin. La scène pourrait être dérangeante, mais il en résulte un dialogue passionnant et un instant déconcertant, drôle et excitant à la fois. Voir la bonne conscience occidentale de Sergio se craqueler sous nos yeux, luis qui d'habitude était la personne évitant tout conflit, se fondant partout, c'est aussi perdre notre vernis de spectateur "conscient", et c'est assez fort.

Il y a bien évidemment aussi, les communautés guinéennes, déjà bien riches entre peuls, malinkés et soussous, et par dessous lesquelles il faut compter celles de Bissau, qui ne bénéficient pas des mêmes infrastructures, ni des mêmes aides. La disparité de ce côté là est aussi formidablement bien amenée dans le film avec tout une partie finale sur un voyage en pirogue à travers plusieurs villages, transportant le film dans des recoins documentaires saisissants, qui démontrent toute la patience et le temps que ce film a demandé.

Car il ne s'agit pas seulement d'un film d'initiation pour Sergio (double du cinéaste portugais) qui découvre les travers du système humanitaire, c'est aussi une déclaration d'amour pour un pays et ses habitants, le résultat de plus de quinze ans de voyages et de vie sur place, à écouter les gens, et cela se ressent particulièrement dans le final, où tout pourrait se résumer à une dernière échappée. Tout est là, dans ce vertige des possibles : cet homme qui laisse tout derrière lui et part pour se fondre dans une masse protéiforme, vers tous ces possibles que l'on ne pourra jamais qu'entrapercevoir en 3h30.
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Narval
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La Trilogie d'Oslo - Désir - Dag Johan Haugerud
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J'attendais un film verbeux et je n'ai pas été déçu. C'est un des trucs les plus bavards et linéaires qui soit (scénar filmé pourrait convenir), mais ce n'est pas pour autant une mauvaise chose si l'on accepte le contrat : des plongées sur la ville accompagnés de quelques notes de musique (pas trop mal pour une fois), puis petite séance chez le psy entre deux personnages filmés en plans larges, puis re-plongées sur la ville avec musique qui va bien. Cette structure accompagnera l'essentiel du film jusqu'à son final - un brun plus original. Il n'y a donc pas grand chose de palpitant en terme de cinéma, mais disons que la mise en scène est à la fois efficace et discrète, laissant la part belle aux mots et parfois aux corps. C'est la parole et le regard de l'autre qui alimentent la tension de certaines séquences, renvoyant au fameux "désir" du titre français. Le titre original - Sex - étant clairement déceptif quant au contenu du film.

On tient là un héritage des films très psychologisant sur le couple nordique, à la Bergman bien sûr, mais pas que. C'est aussi un peu plus insidieux car précis dans ce qu'il montre de la famille norvégienne. Cette obsession pour le dire, pour le coming-out, pour les étiquettes sur les sexualités, tout cela est tellement bien montré au travers des réactions de chaque personnage. Encore pire : cette relation du couple de quadra qui bat de l'aile et qui doit tout se raconter, tout dévoiler et surtout conceptualiser jusqu'à se perdre, jusqu'à l'écœurement même. Dans ces dialogues aux durées frôlant l'obscènes, souvent filmés d'une traite, où la caméra ne viendra jamais chercher l'émotion de plus près, il y a l'étude quasi clinique d'un mal-être d'un couple hétérosexuel dans son jus de classe moyenne nordique. Tout le confort est là et pourtant il n'y a que la routine et la superstition qui semble animer ces personnes.
Ce qui rend le film plus intéressant à ce niveau là, c'est que l'on suit presque autant le couple principal que celui de son meilleur ami (également collègue de travail). Chacune de ces familles bien propres a droit à sa déco bien sage, ses cours de musique bien lisses et ses discours pseudo progressistes. Le couple principal va même à Jardiland régulièrement pour accumuler encore plus de plantes tout le long de l'année - plantes et babioles que l'on verra l'espace d'un long plan panoramique assez troublant. Bref, cette société est bien sûr faite pour imploser à l'écran, et ce, dès l'annonce d'un petit "incident déclencheur", évoqué comme une pulsion passagère, d'un mari à l'autre, comme l'on raconterait son dernier voyage. Le film ne perd pas de temps à poser un contexte, ce que j'apprécie, mais il perd cependant beaucoup à placer cette expérience homosexuelle au sein d'une tromperie.

Tout l'intérêt de cette échappée sexuelle inattendue (le mari couchant spontanément avec un de ses clients), c'est que le protagoniste n'a jamais eu (à ce qu'il dit en tout cas); de pensée homosexuelle de sa vie. Et malgré tout, rapport homosexuel il y a, et il en tire même du plaisir. Comble, il se fait prendre, tabou ultime pour beaucoup d'hommes hétéros ne concevant pas que leur cul puisse être un organe de plaisir. Tout cela aurait pu être réellement creusé, s'il n'y avait pas en même temps un aspect qui bloque une grande partie de la réflexion dans cette équation scénaristique : la tromperie. Car monsieur n'étant pas en relation libre, c'est son infidélité qui prend (et c'est normal), une place prépondérante dans la suite des conversations. Hors, des histoires d'hommes mariés qui trompent leurs femmes, c'est de suite moins sexy sur le papier et cela occulte tout le reste de l'histoire. Si le couple avait été libre, je pense que le film aurait pu aborder l'angle du désir, de la sexualité et même les normes de genre d'une bien meilleure façon. En l'état, le film ne fait que toucher du doigt ces préconçus.

Heureusement, Dag Johan Haugerud a tout de même plus à offrir qu'un banal film de tromperie et c'est du côté de l'autre couple que l'intérêt remonte parfois, avec ces rêves de David Bowie et de désir non genré. Sentant pour la première fois qu'il est réellement désiré par le regard d'un autre homme, le mari pense être "regardé tel une femme", ne se rendant pas compte de l'absurdité de sa réflexion et de tout le poids des normes qui pèsent sur lui. Plus tard, une séance avec son fils chez une médecin un peu trop bavarde vient briser la continuité du film avec une petite histoire dans l'histoire assez drôle. Encore après, son show dans la chorale chrétienne conclue le tout d'une manière assez juste. Le fait qu'il soit catholique rend sa réaction à l'incident déclencheur assez intéressante, on sent qu'il désapprouve autant le geste qu'il ne redoute de blesser son ami en le lui disant. On peut sentir la pression qu'il se met et le respect qu'il a pour l'autre, malgré tout. Dans cette petite scène, sur les berges d'une rivière, il avouera que son coming-out chrétien était sans doute très difficile, bien plus difficile que le "coming-out" de son ami. Plutôt touchant.

Reste que tout le film aurait pu gagner à avoir une réelle identité visuelle et une mise en scène plus affirmée. la ville d'Oslo (pourtant présente dans le titre de la trilogie) est filmée d'une façon programmatique, comme outil pour faire des transitions entre les scènes. Certes, il en ressort des images que l'on a pas forcément l'habitude de voir de ce pays : quelque chose de l'ordre de nos banlieues, toujours en travaux, en immeubles incohérents de bétons et de briques, parfois clairsemé de cabanes en bois, un peu perdu dans ce méandre de bâtiments sans âme. Cependant, je ne suis pas sûr que toutes ces images trop rapides vont réellement m'habiter dans le futur, tant elles sont reléguées à du second plan.

Pas encore vu les deux premiers de cette trilogie mais je reste curieux.
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yhi
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Il n'y a pas d'ordre mais Désir est finalement le premier a être passé en festival (bien que dernier sorti chez nous dans l'ordre à rebours).
L'intérêt de cette trilogie est la place laissée au dialogue et au débat avec surtout des personnages à l'écoute et aucune scène d'engueulade sur les trois films. Après, autant j'ai accroché sur "rêves" autant les deux autres m'ont paru plus théoriques et parfois à côté de la plaque.
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groil_groil
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Difficile de redire quelque chose d'original d'un film que j'ai vu 50 fois et que j'ai tellement analysé... L'essentiel est que le plaisir soit toujours là, malgré l'anticipation de chaque plan ou de chaque scène. Ah, et mon bluray Carlotta présente de nombreux défauts, le son se coupe 1 à 2 secondes toute les 20 à 30 secondes, ce qui rend le visionnage impossible ou presque (heureusement que je connaissais le film par coeur) et parfois même le disque plante, l'image se bloque et il faut relancer. Avez-vous eu ce souci sur ce disque ? Est-il référencé dans la longue liste des blurays défectueux, je ne l'ai pas pourtant pas trouvé ?

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C'est l'un de mes films d'enfance favoris, vu et revu, et je voulais le montrer aux enfants, qui ont beaucoup aimé (ils sont prêts pour L'Homme de Rio), et j'ai moi aussi repris un grand plaisir à revoir cette grande comédie d'aventure tel que seul Philippe de Broca en avait le secret. Le film est vraiment super, super marrant déjà, c'est une vraie comédie, et super réussie dans sa gestion de l'aventure, voyageant dans tous les coins de Grèce avec une générosité incroyable et des décors fabuleux. Il s'agit du second volet d'un dyptique entamé avec Tendre Poulet (tout aussi réussi mais un peu plus "adulte" dans mon souvenir, c'est pourquoi nous avons attaqué par celui-ci, ce qui était mon cas enfant également), mais les deux films sont indépendants et n'ont en commun que le couple de personnages principaux, la commissaire de Police (Annie Girardot) et le prof de Grec universitaire (Philippe Noiret). Les deux autres acteurs formant le quatuor sont Catherine Alric, qui n'a pas eu la carrière qu'elle méritait uniquement parce qu'elle ressemblait trop à Catherine Deneuve, et le génial Francis Perrin, qui était vraiment une super star du comique à l'époque - on allait au cinéma en famille voir LE nouveau Francis Perrin - mais dont je regrette, à part de Broca, que sa route n'ait jamais croisé celles de grands metteurs en scène, comme c'est arrivé à Menez, Richard ou Rego, ce qui lui aurait permis d'avoir une postérité bien méritée.

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Je suis actuellement en pleine lecture de "Kong", l'épais roman (plus de 1100 pages) de Michel Le Bris, dans lequel il raconte la vie en forme d'épopée de Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper, depuis les tranchées de la Première Guerre Mondiale où ils se sont engagés comme volontaires, et tout leur périple cinématographique, qui les a amenés à réaliser King Kong. Leur vie est une aventure folle, absolument incroyable, impensable avant de s'y plonger, et au début de leur carrière du moins, ils n'hésitaient pas à mettre leur vie en jeu pour un seul plan de cinéma. Ils ont commencé par le cinéma documentaire, et leur idée était de partir au bout du monde, dans des contrées encore inexplorées, le plus loin possible, avec le plus de dangers possibles, pour en ramener des images. Cette lecture passionnante, toujours en cours, m'a donné immédiatement envie de lancer une grande rétrospective de leur oeuvre, dont je ne connaissais que King Kong, comme la plupart d'entre nous. Grass, sorti en 1925, il y a donc pile 100 ans, est leur premier long métrage, strictement documentaire, et celui dans lequel ils se sont mis le plus en danger. Ils ont traversé, accompagnés de leur amie la journaliste Marguerite Harrison, la Turquie, la Syrie puis l'Iran, risquant leur vie chaque jour, pour y dénicher la tribu d'un peuple oublié de tous, les Bakhtiaris, je cite wikipédia : "une tribu d'Iran méridional dans leur transhumance bi-annuelle de leurs quartiers d'hiver, dans la province de Khouzistan, à leurs quartiers d'été dans la province du Tchaharmahal-et-Bakhtiari, en traversant la rivière Bazoft, l'un des affluents du fleuve Karoun et les monts enneigés du Zard Kuh, l'un des massifs des monts Zagros". Ce voyage, cette transhumance, constitue la totalité du film, nos trois auteurs, nos trois héros pourrait-on dire, s'embarquant avec la tribu et les suivant dans cette traversée hallucinante, ils sont plus de 50.000 et presque autant d'animaux, qui dure plusieurs semaines, voire plusieurs mois. C'est LE film d'aventure par essence, sans doute le plus beau de tous, à tous niveaux. Dans sa construction, un voyage, dans son approche, c'est un documentaire pur, mais le scénario est écrit par la vie elle-même, ce qui est encore plus fort, par le danger couru, permanent, et par la beauté inouïe des images ramenées par nos jeunes cinéastes, qui se voient d'ailleurs autant comme des aventuriers que comme des réalisateurs. Disons que pour eux c'est la même chose, l'un ne va pas sans l'autre.

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Chang est le second film du duo formé par Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper. Ce coup-ci, l'idée est d'aller explorer ce qu'on appelait encore le Siam (en gros Thaïlande et Laos), pour aller filmer le monde sauvage, les animaux les plus terribles qui soient, avec en tête l'idée de filmer les tigres et les grands éléphants. Ils s'attachent particulièrement à filmer la vie quotidienne d'un village paumé au fond de la jungle du Laos, et plus précisément encore celle d'une famille de paysans du coin. Ceux-ci vont d'ailleurs capturer un bébé éléphant, pour les aider dans leurs tâches, qu'ils vont nommer Chang, qui donne son titre au film (mais que la mère va vite venir délivrer). Le film est encore un film documentaire, mais les deux cinéastes se sont parfois permis de faire rejouer des scènes qu'ils ont découverts sur le vif, aux locaux. Des scènes de la vie de tous les jours essentiellement, même si absolument rien n'est inventé. On pourra dire avec le recul que c'est sans doute là que se marque les prémices de leur entrée dans la fiction, même si on est encore très loin de King Kong. Car le film ne raconte rien d'autre que la vie quotidienne de ce village et de cette jungle sauvage, surtout, les cinéastes et les villageois, à la même enseigne, étant face à des léopards, grands pythons ou boas, ours, tigres, et des éléphants par centaines. C'est beau, passionnant, sauvage, et là aussi c'est un des plus beaux documentaires vus, surtout qu'il a bientôt 100 piges, et c'est un des plus beaux films de jungle qu'on puisse imaginer, car là aussi tout est vrai, c'est la vie qui fait film.

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J'ai avancé un peu dans le temps pour montrer King Kong (1933) aux enfants, qui n'ont d'ailleurs pas du tout aimé, trop de temps à passer et sans conscience de l'histoire du cinéma, il est impossible d'apprécier un film pareil découvert aujourd'hui. Bon, moi je le connaissais déjà et je suis très heureux de le revoir dans le contexte de cette rétrospective des films de Cooper & Schoedsack, tant le film prend une ampleur complètement différente une fois qu'on connait leur vie et qu'on sait leur appétence pour la vie sauvage et leur envie depuis toujours d'aller filmer les grands singes. D'ailleurs c'est sidérant de voir combien le début du film, les prémices de l'expédition, est autobiographique. Il s'agit de cinéastes qui partent au bout du monde pour aller filmer la vie sauvage, tout à fait la vie de nos deux cinéastes. Evidemment le film est une matrice, il donnera naissance à tout un pan du cinéma d'aventure, et sera remaké, trafiqué, repris durant tout le siècle qui suit. C'est évidemment très daté à revoir aujourd'hui, les effets spéciaux novateurs pour l'époque nous semblent du carton pâte aujourd'hui, mais c'est un bonheur tout de même, et cela même si le film souffre d'un sacré manque de rythme... Les scènes fortes : l'offrande en sacrifice, la découverte du singe, la poursuite, et surtout l'Empire State Building restent des monuments. A le revoir après les deux premiers docs du duo, je dirais que je préfère leur versant documentaire, mais que c'est vraiment passionnant de voir ici comment ils parviennent à mêler leur personnalité de cinéastes documentaires, et leur envie de fiction, qui fut surtout influée par leur producteur Lansky de la Paramount. Bref, cela reste un monument.
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Les silences du palais - Moufida Tlatli - 1994

Les Silences du Palais joue sur un double niveau : alors que le film semble académique, il dévoile progressivement une face plus douce, plus intime. Cette double approche se retrouve dans ce qui est narré : la vie quotidienne des domestiques, particulièrement des femmes, habitant sous le palais de haut dignitaires tunisien, les scènes alternants entre les deux niveaux. A l'extérieur des murs la rébelion gronde et quand le sang des révolutionnaires coule pour la première fois, c'est pour mieux faire échos à celui des règles de la jeune héroïne-narratrice. Le résultat est un film très beau, puissant et subtile, sur la convergences des luttes politiques et de l'émancipation des femmes. Encore une réalisatrice à réhabiliter.

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Le film s'ouvre et se clot (presque) avec des images d'archives, ressemblant à deux béquilles pour encadrer -pour ne pas dire "faire tenir"- une tentative de docu-fiction autour d'un drame vécu par une famille guyanaise. Si le choix n'est pas surprenant pour la réalisateur (ses deux premiers court-métrages sont composés à partir de found-footage retravaillés) le problème est qu'il manque de force et de justesse, de temps peut-être, pour faire exister ses personnages et (pis encore) La Guyanne elle même. Le choix d'adopter le point de vue du jeune garçon, héritier d'un drame qu'il n'a pas vraiment connu, est tant judicieux que limitant. On finit par avoir l'impression de se retrouver quelque part entre Claire Denis (pour la fausse enquête parcellaire, la rigueur en moins) et les expérimentations plastiques de Mati Diop, tendance Atlantiques, sans jamais oser trancher ni dépasser cinématographiquement son approche. Je reste néanmoins indulgent et curieux de voir ce que pourrait faire d'autre Maxime Jean-Baptiste.

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Coté cinéma malheureusement R.A.S. (on se prend à songer au génial La Moindre des Choses de Philibert, au sujet "proche" mais bien sur infiniment plus riche) mais le visionnage m'a passablement ému tant je me sentais proche de ce qui apparaissait à l'écran : une colonie de vacances montant avec 40 enfants une pièce de théâtre destinée à être joué. Exactement ce que j'ai connu pendant près de 10 été d'affilée durant mes jeunes années. Autant dire que j'avais l'impression de tout connaitre par coeur et que les souvenirs sont remontés à grands flots...

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Il est réjouissant qu'un film aussi atypique et hors des carcans traditionnels du cinéma grand public (muet, narration limitée, etc...) ait rencontré un succès aussi retentissant. L'approche onirique fonctionne et les trouvailles sont légions, mais j'ai eu du mal à me défaire de l'impression de voir une longue vidéo intercalée entre des moments jouables d'un jeu vidéo. Aussitôt vu aussitôt oublié malheureusement.
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Kit
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groil_groil a écrit : ven. 1 août 2025 09:34
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J'ai avancé un peu dans le temps pour montrer King Kong (1933) aux enfants, qui n'ont d'ailleurs pas du tout aimé, trop de temps à passer et sans conscience de l'histoire du cinéma, il est impossible d'apprécier un film pareil découvert aujourd'hui. Bon, moi je le connaissais déjà et je suis très heureux de le revoir dans le contexte de cette rétrospective des films de Cooper & Schoedsack, tant le film prend une ampleur complètement différente une fois qu'on connait leur vie et qu'on sait leur appétence pour la vie sauvage et leur envie depuis toujours d'aller filmer les grands singes. D'ailleurs c'est sidérant de voir combien le début du film, les prémices de l'expédition, est autobiographique. Il s'agit de cinéastes qui partent au bout du monde pour aller filmer la vie sauvage, tout à fait la vie de nos deux cinéastes. Evidemment le film est une matrice, il donnera naissance à tout un pan du cinéma d'aventure, et sera remaké, trafiqué, repris durant tout le siècle qui suit. C'est évidemment très daté à revoir aujourd'hui, les effets spéciaux novateurs pour l'époque nous semblent du carton pâte aujourd'hui, mais c'est un bonheur tout de même, et cela même si le film souffre d'un sacré manque de rythme... Les scènes fortes : l'offrande en sacrifice, la découverte du singe, la poursuite, et surtout l'Empire State Building restent des monuments. A le revoir après les deux premiers docs du duo, je dirais que je préfère leur versant documentaire, mais que c'est vraiment passionnant de voir ici comment ils parviennent à mêler leur personnalité de cinéastes documentaires, et leur envie de fiction, qui fut surtout influée par leur producteur Lansky de la Paramount. Bref, cela reste un monument.
faut avouer que c'est fou ce que le gorille Fay Wray (fait vrai) :mrgreen2:
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groil_groil
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Enième revisionnage pour le faire découvrir à ma fille, mon fils le connaissant déjà par coeur. Que dire qui n'ai pas déjà été dit cent fois de ce film et de ce cinéaste aussi géniaux qu'uniques. Cette vision de la France surannée, qui n'existait même à l'époque que sur carte postale, n'a pourtant rien de rétrograde tant la mise en scène de Tati est d'une intelligence sans faille, expérimentant dans chaque plan. Je crois que c'est ça au final le cinéma de Tati : à la fois puiser dans les origines du cinéma muet pour revenir à la forme pure de l'idée de mise en scène (Chaplin, Keaton, Lloyd, etc.) et en proposer une réactualisation moderne et expérimentale qui permet de ne se concentrer que sur la forme, l'essence même de cet art. Tati c'est un peu le cinéma a lui tout seul, son alpha et son oméga. On demande parfois quel film on montrerait à un extraterrestre débarquant sur Terre, je pense que de mon côté ce serait Mon Oncle car il dit mieux qu'aucun autre ce qu'est fondamentalement le cinéma.
Ah et un dernier truc, on dit souvent que Tati n'est pas un cinéaste du sentiment, mais on oublie souvent la fin de Mon Oncle. Grâce à monsieur Hulot, qui est muté pour aller travailler en province par son gendre et qui quitte donc le film, le petit Gérard se rapproche de son père, alors que ce dernier est distant du début à la fin et se fiche de son gamin qui n'est qu'une "donnée". Se produit par hasard un dernier accident de lampadaire, les deux, père et fils se cachent, et le petit Gérard prend la main de son père. Pour la première fois. Et celui l'accepte et la serre. Je ne fais habituellement pas attention à ce détail pourtant fondamental du film. Ce coup-ci il m'a bouleversé.

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Que la quasi totalité de la critique française ait encensé une merde pareille, pensum moralisateur et pompier même pas digne d'un téléfilm netflix, en dit long sur l'état de déshérence totale de la dite critique, qui ne sait plus à quelle branche pourrie se raccrocher.
J'ajoute que sous couvert de bons sentiments neuneus, le film fait passer les pires idées rance reprises par les conspirationnistes les plus dangereux, des climatosceptiques aux chrétiens évangéliques, une idéologie rétrograde et volontairement anti-scientifique.
Pas vu une merde pareille depuis, disons, dans un autre genre, Everything Everyone machin..., ca tombe bien, celle-ci risque aussi certainement de rafler une palanquée d'oscars (même si a priori le film ne marche pas aux USA).

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Enième fois que j'essaie, mais c'est la dernière. Ce film d'espionnage franco-américain est pourtant un classique du genre, mais la mise en scène de Verneuil est d'un ennui, tout basé sur une voix off qui récite et des images dans lesquelles il ne se passe strictement rien, des comédiens statiques à qui on dirait qu'on a interdit de jouer, que je décroche très rapidement. Ce coup-ci, je ne suis même pas allé au bout c'est dire, et même Morricone n'a rien pu faire.
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Kit
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groil_groil a écrit : lun. 4 août 2025 08:35
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Enième fois que j'essaie, mais c'est la dernière. Ce film d'espionnage franco-américain est pourtant un classique du genre, mais la mise en scène de Verneuil est d'un ennui, tout basé sur une voix off qui récite et des images dans lesquelles il ne se passe strictement rien, des comédiens statiques à qui on dirait qu'on a interdit de jouer, que je décroche très rapidement. Ce coup-ci, je ne suis même pas allé au bout c'est dire, et même Morricone n'a rien pu faire.
j'ai dû le voir deux fois mais gardé aucun souvenir. j'ai découvert il y a quelques années un film d'espionnage franco-germano-italo-américain réalisé par Christian-Jaque, Werner Klingler, Carlo Lizzani et Terence Young en 1965 découpé en film-sketchs avec une ribambelle d'acteurs tels Robert Ryan, Henry Fonda, Mario Adorf, Klaus Kinski, Peter Van Eyck, Bourvil (incroyable, je n'arrivais pas à y croire, décidément il pouvait tout faire sauf peut-être les jeunes premiers), Annie Girardot, Robert Hossein, Georges Marchal, Vittorio Gassman mais c'est vraiment la partie française qui m'avait épaté avec je le répéte un Bourvil incroyable
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Kit a écrit : sam. 2 août 2025 00:14
groil_groil a écrit : ven. 1 août 2025 09:34
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J'ai avancé un peu dans le temps pour montrer King Kong (1933) aux enfants, qui n'ont d'ailleurs pas du tout aimé, trop de temps à passer et sans conscience de l'histoire du cinéma, il est impossible d'apprécier un film pareil découvert aujourd'hui. Bon, moi je le connaissais déjà et je suis très heureux de le revoir dans le contexte de cette rétrospective des films de Cooper & Schoedsack, tant le film prend une ampleur complètement différente une fois qu'on connait leur vie et qu'on sait leur appétence pour la vie sauvage et leur envie depuis toujours d'aller filmer les grands singes. D'ailleurs c'est sidérant de voir combien le début du film, les prémices de l'expédition, est autobiographique. Il s'agit de cinéastes qui partent au bout du monde pour aller filmer la vie sauvage, tout à fait la vie de nos deux cinéastes. Evidemment le film est une matrice, il donnera naissance à tout un pan du cinéma d'aventure, et sera remaké, trafiqué, repris durant tout le siècle qui suit. C'est évidemment très daté à revoir aujourd'hui, les effets spéciaux novateurs pour l'époque nous semblent du carton pâte aujourd'hui, mais c'est un bonheur tout de même, et cela même si le film souffre d'un sacré manque de rythme... Les scènes fortes : l'offrande en sacrifice, la découverte du singe, la poursuite, et surtout l'Empire State Building restent des monuments. A le revoir après les deux premiers docs du duo, je dirais que je préfère leur versant documentaire, mais que c'est vraiment passionnant de voir ici comment ils parviennent à mêler leur personnalité de cinéastes documentaires, et leur envie de fiction, qui fut surtout influée par leur producteur Lansky de la Paramount. Bref, cela reste un monument.
faut avouer que c'est fou ce que le gorille Fay Wray (fait vrai) :mrgreen2:
:lol: :lol: :lol:
je ne te remercie pas, depuis que tu l'as faite, je l'ai en boucle en tête :D
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Kit a écrit : lun. 4 août 2025 13:05
groil_groil a écrit : lun. 4 août 2025 08:35
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Enième fois que j'essaie, mais c'est la dernière. Ce film d'espionnage franco-américain est pourtant un classique du genre, mais la mise en scène de Verneuil est d'un ennui, tout basé sur une voix off qui récite et des images dans lesquelles il ne se passe strictement rien, des comédiens statiques à qui on dirait qu'on a interdit de jouer, que je décroche très rapidement. Ce coup-ci, je ne suis même pas allé au bout c'est dire, et même Morricone n'a rien pu faire.
j'ai dû le voir deux fois mais gardé aucun souvenir. j'ai découvert il y a quelques années un film d'espionnage franco-germano-italo-américain réalisé par Christian-Jaque, Werner Klingler, Carlo Lizzani et Terence Young en 1965 découpé en film-sketchs avec une ribambelle d'acteurs tels Robert Ryan, Henry Fonda, Mario Adorf, Klaus Kinski, Peter Van Eyck, Bourvil (incroyable, je n'arrivais pas à y croire, décidément il pouvait tout faire sauf peut-être les jeunes premiers), Annie Girardot, Robert Hossein, Georges Marchal, Vittorio Gassman mais c'est vraiment la partie française qui m'avait épaté avec je le répéte un Bourvil incroyable
et comment s'appelle ce film au casting fou ?
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On refait tout en famille, le grand revoit, la petite découvre après avoir débuté la série par le dernier en salle. Gros kiff collectif, c'est normal, ce film, et c'est l'intelligence de Spielberg, c'est du marketing visuel.

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En 1860, un soldat anglais qui s'apprête à être envoyé au Soudan pour combattre, préfère démissionner par peur, et devient la risée de son entourage. Ses trois plus fidèles amis, tous soldats, lui offrent une plume blanche, symbole de sa couardise, la quatrième étant remise par sa petite amie. Mais celui-ci pris de remords finira par partir et se rachètera une fierté en sauvant ses trois camarades. Si celui-ci est encore muet, c'est un film important dans la carrière de Cooper & Schoedsack puisqu'il s'agit de leur premier film de fiction. D'ailleurs la partie fiction est moyennement intéressante, il s'agit de l'adaptation d'un roman, qui sera de nouveau adapté par Korda à la fin des années 30, on s'en fout un peu. Mais ce qu'il y a de beau dans ce film, c'est qu'il se situe vraiment à la frontière du documentaire - d'où viennent les cinéastes - et de la fiction - là où ils vont. Toutes les scènes au Soudan sont des vraies scènes documentaires, les tribus guerrières qui s'affrontent sont des vraies et se foutent véritablement sur la gueule, les troupeaux d'hippopotames ont vraiment été dénichés là-bas et ne proviennent pas d'un quelconque zoo, etc. Bref, toute cette vérité documentaire inscrite dans un récit de fiction lui fait beaucoup de bien et apporte beaucoup de crédibilité. Et surtout montre parfaitement l'évolution des cinéastes qui les conduira ensuite vers King Kong dont la partie documentaire (même reconstituée) est encore là.

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Heureux de voir que le film de Jackson a très bien vieilli. Je l'avais déjà apprécié en salle il y a 20 ans (déjà...) mais la revoyure actuelle inscrit le film comme un classique, à la fois de la mythologie Kong, au même titre que le Guillermin de 1976, mais aussi dans le grand spectacle hollywoodien. C'est d'ailleurs le divertissement hollywoodien idéal, à tous niveaux, et les 3h20 passent à la vitesse de l'éclair.
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groil_groil a écrit : jeu. 7 août 2025 08:51
Kit a écrit : lun. 4 août 2025 13:05
groil_groil a écrit : lun. 4 août 2025 08:35
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Enième fois que j'essaie, mais c'est la dernière. Ce film d'espionnage franco-américain est pourtant un classique du genre, mais la mise en scène de Verneuil est d'un ennui, tout basé sur une voix off qui récite et des images dans lesquelles il ne se passe strictement rien, des comédiens statiques à qui on dirait qu'on a interdit de jouer, que je décroche très rapidement. Ce coup-ci, je ne suis même pas allé au bout c'est dire, et même Morricone n'a rien pu faire.
j'ai dû le voir deux fois mais gardé aucun souvenir. j'ai découvert il y a quelques années un film d'espionnage franco-germano-italo-américain réalisé par Christian-Jaque, Werner Klingler, Carlo Lizzani et Terence Young en 1965 découpé en film-sketchs avec une ribambelle d'acteurs tels Robert Ryan, Henry Fonda, Mario Adorf, Klaus Kinski, Peter Van Eyck, Bourvil (incroyable, je n'arrivais pas à y croire, décidément il pouvait tout faire sauf peut-être les jeunes premiers), Annie Girardot, Robert Hossein, Georges Marchal, Vittorio Gassman mais c'est vraiment la partie française qui m'avait épaté avec je le répéte un Bourvil incroyable
et comment s'appelle ce film au casting fou ?
ah mince ! c'est "Guerre secrète", et marrant selon le réalisateur/pays impliqué, l'affiche correspond à sa partie
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groil_groil a écrit : jeu. 7 août 2025 08:50
Kit a écrit : sam. 2 août 2025 00:14
groil_groil a écrit : ven. 1 août 2025 09:34
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J'ai avancé un peu dans le temps pour montrer King Kong (1933) aux enfants, qui n'ont d'ailleurs pas du tout aimé, trop de temps à passer et sans conscience de l'histoire du cinéma, il est impossible d'apprécier un film pareil découvert aujourd'hui. Bon, moi je le connaissais déjà et je suis très heureux de le revoir dans le contexte de cette rétrospective des films de Cooper & Schoedsack, tant le film prend une ampleur complètement différente une fois qu'on connait leur vie et qu'on sait leur appétence pour la vie sauvage et leur envie depuis toujours d'aller filmer les grands singes. D'ailleurs c'est sidérant de voir combien le début du film, les prémices de l'expédition, est autobiographique. Il s'agit de cinéastes qui partent au bout du monde pour aller filmer la vie sauvage, tout à fait la vie de nos deux cinéastes. Evidemment le film est une matrice, il donnera naissance à tout un pan du cinéma d'aventure, et sera remaké, trafiqué, repris durant tout le siècle qui suit. C'est évidemment très daté à revoir aujourd'hui, les effets spéciaux novateurs pour l'époque nous semblent du carton pâte aujourd'hui, mais c'est un bonheur tout de même, et cela même si le film souffre d'un sacré manque de rythme... Les scènes fortes : l'offrande en sacrifice, la découverte du singe, la poursuite, et surtout l'Empire State Building restent des monuments. A le revoir après les deux premiers docs du duo, je dirais que je préfère leur versant documentaire, mais que c'est vraiment passionnant de voir ici comment ils parviennent à mêler leur personnalité de cinéastes documentaires, et leur envie de fiction, qui fut surtout influée par leur producteur Lansky de la Paramount. Bref, cela reste un monument.
faut avouer que c'est fou ce que le gorille Fay Wray (fait vrai) :mrgreen2:
:lol: :lol: :lol:
je ne te remercie pas, depuis que tu l'as faite, je l'ai en boucle en tête :D
oups ! désolé :)
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Un couple dont la femme s'apprête à accoucher, confie son enfant de 7 ans à la voisine, libraire célibataire indépendante et n'ayant pas franchement la fibre maternelle. Le lendemain matin l'homme frappe à sa porte en pleurs : sa femme est morte pendant l'accouchement. On apprend aussi très vite que ce premier enfant n'est pas le sien, même s'il l'a toujours élevé et le considère comme son fils. Bien sûr, après l'enterrement le père (beauf flamboyant magnifiquement joué par Raphaël Quenard) va vouloir le récupérer. Mais les liens qui se sont tissés avec ce père de substitution sont forts... mais pas les seuls, puisque cette voisine, immiscée par hasard dans cette nouvelle famille jamais désirée s'y implique de plus en plus. Je ne raconte pas plus de scénario que ça car il se passe plein de belles choses qu'il est nécessaire de ne pas connaitre en amont. L'Attachement est l'histoire d'un homme qui réapprend à vivre à un moment où il croit que ce n'est plus possible, resté en vie uniquement pour deux enfants, et des gens qui vont l'aider à cela. Loin de tous clichés, le film désamorce systématiquement toute situation qui pourrait être trop appuyée ou trop lourde symboliquement (ou émotionnellement) pour proposer un pas de côté salutaire et choisissant toujours une piste positive, anti pathos. C'est un film bouleversant, interprété par des comédiens sensationnels, par une cinéaste qui se bonifie au fil des oeuvres et qu'il convient de suivre à l'avenir, tant ce film-là, situé dans une école de la délicatesse qui évoque aussi bien Mikhaël Hers que James L. Brooks, est touchant.

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Je me souviens qu'il était à l'époque de bon ton de trouver le deuxième opus meilleur que le premier, la presse qui avait snobé le premier s'était mis à le défendre, invoquant même Howard Hawks, etc. Ce n'est évidemment pas vrai, même si j'ai moi aussi, influencé, pu le penser, on est quand même assez loin du premier à tous niveaux, même si cela reste carrément regardable et divertissant, surtout inscrit dans le cadre d'une longue série.

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Enième revisionnage en famille (ma fille le découvrait et les deux enfants ont adoré) du plus beau film de Linklater à mes yeux (j'ai cependant des lacunes à combler), et de ce loser magnifique qui, se faisant virer de son groupe de hard, va en fonder un nouveau, mais avec des gosses d'une école stricte et riche où il se retrouve par hasard prof après avoir usurper l'identité de son colloc. C'est un film aussi drôle que beau, et au final très émouvant car, au delà de la joie de voir ce groupe se fonder et de les voir si magnifiquement interpréter leur chanson lors d'un final d'anthologie durant lequel on ne peut s'empêcher de sourire benoitement en continu, c'est aussi un film qui montre une double réalisation. L'homme, qui n'était qu'un pauvre loser, se réalise au travers de ces enfants. On pourrait penser qu'il utilise ces gosses, mais ce n'est pas le cas car chacun d'entre eux se réalise aussi au travers de ce type, qui est sans doute le premier de leur vie à les considérer véritablement, à hauteur d'homme. Et c'est ce double échange qui fait toute la valeur de ce beau film, dont, je le rappelle à chaque fois, l'un des conseillers musicaux n'est autre que Jim O'Rourke.
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On peut dire qu'un film qui reprend le titre d'un Tarkovski et qui s'ouvre par une citation de Pasolini (""La connaissance est dans la nostalgie. Qui ne s'est pas perdue ne se connaît pas") met la barre très haut. Au moins le cinéaste, dont je n'avais encore rien vu mais qui a une filmo longue comme le bras, et qui est également metteur en scène de théâtre et d'opéra, affiche ses ambitions. On y suit un homme qui débarque à Naples d'un vol en provenance du Caire. On comprend vite qu'il a passé 40 ans de sa vie là-bas, qu'il a épousé une égyptienne, tout comme la religion musulmane. Les 45 premières minutes du film sont très réussies, magnifiques d'étrangeté larvée, on ne comprend pas tout, on soupçonne quelque chose et, associé à l'étrangeté de la ville de Naples, très bien filmée par un cinéaste qui est d'ailleurs napolitain, l'ensemble dégage une vraie puissance. L'homme qui revient soi disant pour s'occuper de sa mère (sans doute les plus belles scènes du film) mais on sent qu'autre chose le préoccupe. On apprend alors qu'il a quitté Naples il y a 40 ans, encore adolescent, car il jouait avec son ami Oreste aux délinquants, et que ce dernier avait assassiné un commerçant lors d'un petit braquage. Pour ne pas avoir à le dénoncer ou a finir en prison, il avait préféré fuir. Il revient à 55 ans pour retrouver sa ville et les siens, mais aussi Oreste avec qui il veut s'expliquer. Sauf que ce dernier est depuis devenu le plus grand chef de la mafia napolitaine, craint de toute la population locale... Après l'ouverture très réussie évoquée plus haut, le film se calme un peu trop et se perd à force de ne pas oser prendre son sujet à bras le corps, notamment via les liens du héros avec un jeune curé qui lui fait redécouvrir son quartier. Rien de honteux, mais le film perd en intensité et en étrangeté. Heureusement, le final est d'une grande force, tout aussi réussi que surprenant, et rééquilibre un peu l'ensemble. En tout cas c'est une belle découverte, et je me souviens que le film avait été reçu assez froidement (notamment ici), et je ne comprends pas ce qui peut irriter à ce point.
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