J'ai profité de la fête du cinéma (et surtout de la clim

) pour aller voir le dernier Cattet & Forzani :
Reflet dans un diamant mort
Pour ceux qui connaissent pas les cinéastes, c'est un couple de réalisateurs français vivant à Bruxelles, spécialisés dans le cinéma expérimental référençant à fond le cinéma d'exploitation italien des années 60 et 70.
Amer m'avait laissé un peu... amer (

), visuellement très bon mais grosso modo sans scénario. Pas vu
L'Étrange Couleur des larmes de ton corps. Et j'ai bien aimé
Laissez bronzer les cadavres, exercice de style avec une histoire qui se tient.
Mais
Reflet dans un diamant mort est probablement leur meilleur film.
C'est l'histoire d'un vieil agent secret à la retraite (Fabio Testi), qui vit dans un hôtel de luxe sur la Côte d'Azur. Alors que sa voisine de chambre disparait, il se remémore ses missions d'antan.
Evidemment ce n'est pas à mettre entre toutes les mains (je suis surpris d'ailleurs d'avoir vu autant de monde dans la salle !). Le récit est complètement non linéaire, d'autant qu'il se base sur la mémoire (défaillante ?) de notre protagoniste. Ca n'a rien d'un film d'espionnage classique, on est vraiment dans une histoire tortueuse où des double sens et du méta apparaîtront au fur et à mesure, jusqu'à un twist plutôt malin.
D'autant plus que le film référence lourdement, non pas James Bond comme j'ai pu le lire en ligne, mais les sous-James Bond européens des années 60 et 70, notamment italiens. C'est vraiment à la fois une déclaration d'amour et une exploration de ce cinéma bis. Jusqu'à prendre le même masque que
Diabolik. Cattet & Forzani n'ont pas plus s'empêcher de faire des cliens d'oeil au giallo qu'ils affectionnent, avec un personnage dément (et malheureusement furtif) tout droit sorti de
Sei donne per l'assassino de Mario Bava (
@Prisoner toi qui aime Bava tu seras servi !

). Et puis évidemment la présence de Fabio Testi, l'une des figures de prou du cinéma italien d'exploitation des 70's dans toute sa splendeur, qui a carburé au giallo, au western, ou au poliziottesco. Je pensais que c'était un clin d'oeil nostalgique, mais ça va beaucoup plus loin que ça, et donne du sens aux idées méta du film (je n'en dirai pas plus).
Sur la forme c'est un régal, il y a au moins une idée intéressante par plan. En prime c'est filmé sur argentique, en 16mm magnifique. Et comme souvent chez les réalisateurs, le montage sonore est aux petits oignons (ces voix en hors champs, ces cuirs qui couinent !). Par contre, comme souvent les réal ont tendance à faire un peu de surenchère gratuite sur les expérimentations et le gore... mais ce n'est jamais vraiment gênant. D'autant malgré son allure 1er degré, le film contient beaucoup d'humour et demeure courte (1h27).
Si vous êtes connaisseurs des réal et amateur comme moi du cinéma bis italien de la grande époque, vous allez vous régaler. Sinon cela vous fera quand même une expérience intéressante !