ClintReborn a écrit : ↑mar. 4 juil. 2023 11:08
Je ne sais pas si la proximité est un pansement qui fonctionnait vraiment ... Du moins cette proximité ne réglait pas les problèmes inégalitaires et économiques et elle n'est apparue qu'en 1998 comme une expérience sous Jospin
Il y a des bilans de ça ? Ou l'expérience n'a pas durée assez longtemps pour faire ses preuves ?
http://fr.wikipedia.org/wiki/Police_de_ ... _en_France
Wikipédia est là pour ça :
Approches du bilan de la police de proximité
L'évaluation de l'efficience de la police de proximité au sein de la police nationale n'est pas aisée. Quelques chercheurs ont réfléchi sur les méthodes, comme les sociologues Jérôme Ferret et Frédéric Ocqueteau72. Sans trancher la question de principe consistant à savoir qui de la police nationale ou des polices locales sont le mieux à même de remplir cette fonction73, il faut faire son chemin parmi des statistiques difficiles d'interprétation et des rapports et travaux de recherche divers.
Le sentiment d'insécurité
La « police de proximité » au plan national était présentée comme visant essentiellement à lutter contre le « sentiment d'insécurité » des habitants, largement médiatisé et âpre sujet de débat politique, et donc à prévenir et réprimer la petite et moyenne délinquance (par contraste avec le grand banditisme ou la délinquance en col blanc, réservés à d'autres services spécialisés).
Selon la préfecture de police de Paris, le bilan au bout d'un an semblait positif à cet égard à Paris :
« la lutte contre la petite et moyenne délinquance a aussi sa part de réussite. Certes, si l'on s'en tient à une vision superficielle du nombre des crimes et délits constatés, l'on constate une augmentation de ceux-ci. Mais il convient de distinguer la délinquance réelle de la délinquance révélée. Cette dernière a augmenté en raison même de la réforme, car des faits de faible gravité, qui n'étaient jusqu'à présent pas pris en compte, ou seulement enregistrés sous forme de mains courantes, ont fait leur entrée dans les statistiques des plaintes. »
Selon la même source : en raison de cette nouvelle prise en compte de délits mineurs auparavant non répertoriés, la police de proximité a pu paradoxalement augmenter le « sentiment d'insécurité », qui « relève davantage de craintes subjectives que d'une expérience vécue32 ». Toutefois, selon un sondage commandé en 1999 également par la préfecture de police de Paris et effectué hors banlieue sur 1 002 Parisiens, « ce sont désormais 85 % des Parisiens qui se sentent en sécurité dans leur ville, alors qu'ils étaient 79 % en 1998 ; parallèlement, l'insécurité recule du troisième au quatrième rang dans les préoccupations des Parisiens (sondage IFOP) », derrière la pollution atmosphérique, le nombre de sans-abri, et la circulation et le stationnement32. La même tendance qui serait observée en 2010 en Île-de-France justifierait, selon le président du Conseil régional, J.-P. Huchon, socialiste, le rétablissement de la police de proximité.
Bilan et évaluation du besoin d'une police de proximité dans la police nationale
Il n’existe pas d’évaluation rigoureuse et indépendante des effets de la police de proximité dans sa version française. Les documents d’analyse existants n’ont pas été réalisés et publiés dans des journaux académiques contrairement à ce qui se pratique au RU ou aux États Unis par exemple. Ce sont plutôt des descriptions ou des opinions.
Une évaluation globale conduite par l'Inspection générale de la Police nationale (IGPN) présente un bilan plutôt négatif de la police de proximité. Quatre rapports confidentiels étalés dans le temps ont été remis aux ministres de l'Intérieur successifs. Étaient également associés à ces études : l'Inspection générale de l'administration, la Direction centrale de la Sécurité publique et l'IHESI (Institut des hautes études de la sécurité intérieure). La première évaluation s'est faite sur 24 sites dont les cinq circonscriptions pilotes en septembre 1999. La seconde portant sur une trentaine d'autres sites d'expérimentation s'est achevée à la mi-février 2000. Elles ont servi à adapter le dispositif en vue de sa généralisation. Le quatrième et dernier rapport en date du 20 avril 2001 et destiné au ministre de l'Intérieur, Daniel Vaillant, couvrait les principaux sites, dont une majorité de grandes villes, comme Marseille, Toulouse, Strasbourg, Nantes, ainsi que des circonscriptions de la région parisienne. Le bilan se résume à une « réussite partielle » et une « adhésion incomplète » des personnels. Cependant, dans le détail le rapport constitue un véritable réquisitoire contre le concept même de « police de proximité » au sein de la police nationale selon Le Figaro, et aucun des trois piliers qui fondent cette politique n'est épargné par sa critique : l'action de prévention de terrain bute sur les difficultés pratiques de la mission qui mettent en péril la sécurité de ces policiers vulnérables; la polyvalence des hommes exigée par les missions de proximité est contingente d'un effectif instable du fait d'un turn-over qu'entraîne le souhait du personnel de fuir ce genre de mission périlleuse; la fidélisation et l'implantation des policiers sur leur secteur est dès lors en cause. Les rapports des inspections sont en réalité bien plus modérés que cela (cf. Roché cité plus haut).
Patrice Bergougnoux explique un bilan mitigé par le fait que trop de maires souhaitaient disposer d'une police de proximité, ce qui a entraîné de forts besoins en effectifs. Si le rapport de 2001 de l'IGPN (Inspection générale de la Police nationale) met en doute la capacité du gouvernement à mettre en œuvre les piliers de la réforme, l'ancien directeur de la police nationale critique une lecture trop négative : « En 2001, l’IGPN ne pouvait fournir qu’un rapport d’étape sur une politique managériale complexe puisqu’étendue à toute la France. Il y avait bien sûr des ajustements à faire et nous les aurions faits. »21. Patrice Bergougnoux voit dans l'annonce de l'arrêt brutal du dispositif annoncé à Toulouse par Nicolas Sarkozy (« Vous n'êtes pas des travailleurs sociaux ») une erreur : « Jean-Pierre Havrin a rétabli l’ordre dans le quartier du Mirail, qui était particulièrement touché par le trafic de stupéfiants. Il a été piégé par Nicolas Sarkozy de façon assez grossière, juste pour assurer un coup de com. »Pour Jean-Pierre Duport, le choix de Toulouse ne doit rien au hasard, le directeur départemental de la sécurité publique Jean-Pierre Havrin, étant été membre du cabinet de Chevènement.
Les chercheurs se sont intéressés dès les années 1990 à la police de proximité75. Dans son mémoire de DEA, Caroline Ober relève en 2001 que la police de proximité est en attente de résultats probants. Le bilan serait en demi-teinte. D'un côté le sentiment d'insécurité est fluctuant du fait de statistiques difficiles à interpréter et de paramètres complexes (ressenti des populations, effet des médias et du débat politique sur la demande de sécurité). De l'autre, les contrats locaux de sécurité se développent de façon satisfaisante avec des thématiques diversifiées (groupe de tranquillité publique, coordination des polices, fédération des moyens de proximité avec les bailleurs, prévention des tags et des incendies de poubelles, etc.) impliquant de nombreux partenaires extérieurs (transports urbains, commerces, La poste, etc). Mais des dysfonctionnements seraient persistants, tant structurels (couverture surtout urbaine, manque de déconcentration notamment du recrutement, manque d'effectifs — par ailleurs instables — et de moyens matériels) que fonctionnels (lourdeur des procédures et du fonctionnement interne, culture policière, classements des plaintes)78. S'ajoutent à cela des obstacles exogènes : le rapport dégradé à l'autorité et la banalisation de la violence; le constat que le temps de la prévention qui caractérise la police de proximité n'est pas le même que celui de la répression dont l'adaptabilité peut être plus rapide.
Un rapport sénatorial, au sujet plus vaste, daté du 6 novembre 2006 (approuvé par l’ensemble des représentants de la majorité de droite, les élus des groupes socialiste et communiste s’abstenant) regrette l'abandon de la police de proximité. Le rapport fait suite à une mission d’information sur les politiques publiques engagées depuis quinze ans dans "les quartiers en difficulté". Il est le fruit de nombreuses auditions et de déplacements sur le terrain – qui l’ont menée jusqu’aux Antilles et à l’étranger (Pays-Bas, Espagne...). Selon les sénateurs, le mauvais bilan de la police de proximité pourrait s'expliquer partiellement par le "tournant" opéré en 2002 par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin : « d’une logique d’ordre public consistant à stopper les incidents sans pour autant interpeller, on est passé à la recherche de l’interpellation en flagrant délit des auteurs (d’infractions) », résument-ils80.
Un rapport confidentiel daté de janvier 2010 de l'Inspection générale de l'administration associée à l'Inspection générale de la Police nationale (IGPN) et à l'Inspection générale des services (IGS) concernant l'expérimentation des unités territoriales de quartier (Uteq) conclut qu'elles sont « utiles et efficaces » dans un contexte où l'on observerait les attentes fortes d'un certain nombre d'élus, marqués par le souvenir de la police dite « de proximité »81. Jugées inadaptées les Uteq sont remplacées par les BST puis les patrouilleurs en 2011 selon le rapport du Sénat sur la loi de finances.
Actions de prévention des MPC en milieu scolaire
Au cours de l’année 2000, les policiers des missions de prévention et de communication (MPC) ont ainsi « assuré [en Île-de-France ] plus de 2 204 interventions auprès de 54 534 élèves, dans 300 établissements parisiens47 ». En 2009-2010, 3 410 actions de prévention sur les thèmes du racket, des dangers de la drogue, de la violence, des incivilités et de la citoyenneté ont été menées auprès de 86 235 collégiens.
En résumé... (parce que oui j'en conviens ça peut être indigeste de tout lire
) le bilan de 5 années d'expérience est mitigé mais à analyser dans le détail.
En effet la police de proximité, du fait de son contact direct avec les zones sensibles, a pu enregistrer plus de délit ou infraction qui n'étaient, auparavant, pas décelés (en gros "l'outil de mesure" est devenu victime de sa performance). Du coup, un sentiment d'insécurité subjectif (relayé par les médias qui communiquaient les chiffres ?) est ressorti de cette expérience. Cependant l'expérience à paris semblait être une réussite (moins de Parisiens se sentaient en danger en 99 par rapport à 98... même si j'en conviens c'est un poil rapide comme échantillon).
Des rapports d'enquêtes par l'IGPN et l'IHESI était négatif... mais en regardant le "négatif", ils s'attardent sur les effectifs de la police qui ne sont pas adaptés ou qu'il n'arrivent pas à pérenniser le personnal de la police car la police de proximité recquiert un effort constant. Mais ce sont des critiques liées à la qualité de vie du personnel (qui est important) d'où l'importance du recrutement... alors que Nicolas Sarkozy a supprimé des postes en arrivant au ministère de l'intérieur.
En fait, le bilan est mitigé surtout parce que le résultat est difficile à chiffrer. En améliorant le système de surveillance, tu augmentes le nombre de délits enregistrés, mais du coup tu analyse bien plus efficacement les foyers d'insécurité. C'est du technique... rien de trés vendeur pour le politicien intéressé par la culture du résultat (alors qu'on parle de l'humain
).
La fameuse allocution de Sarkozy à Toulouse était surtout un coup de com' politique populaire pour caresser la droite dans le sens du poil alors que les forces de l'ordre y avaient de bon chiffres dans la lutte contre les .stupéfiants.
En fait l'arrêt de la police de proximité avait plus pour moteur une démarche politique qu'une véritable démarche de sécurité intérieure. Et la difficulté d'analyse des chiffres était LA BONNE EXCUSE pour Sarkozy de supprimer une mesure faite... sous Jospin (un gouvernement de gauche). Alors que toutes les personnes du milieu considéraient surtout que l'appareil n'était juste pas encore optimal : c'est normal... c'est pas en 5 ans qu'il le devient.
Et puis c'est surtout : la police seule ne peut pas TOUT résoudre : c'est pour ça que la police de proximité intervenait pour faire de la sensibilisation dans les écoles ou dans les transports publique (des endroits qui s'attaquent frontalement aux clivages sociaux). En fait le dialogue entre la police et les écoles... c'était ça le pensement !
Et la police de proximité était un outil bien plus adapté que l'outil qu'on a maintenant. maintenant, les flics font des contrôles de papiers... dont la fréquence est à géométrie variable selon la couleur de peau. Parce que la police est en mode "le délit de sale gueule selon le critère du flic te rend plus ou moins suspect". Ce sont des pions. Des vigiles qui sortent matraque et lacrymo quand ils sentent que ça débordent. Mais le dialogue ? ZEROS.
Cocu a écrit : ↑mar. 4 juil. 2023 12:08
Zefurin a écrit : ↑mar. 4 juil. 2023 10:13
C'est littéralement
DINGUE d'avoir sorti une bêtise pareille.
EVIDEMMENT que la Police doit faire du social vu que c'est ça qui fait le préventif pour agir sur la délinquance avant qu'elle ne déborde.
C'est très clairement ne pas vouloir comprendre les origines de la délinquance, à savoir les inégalités sociales et la ghettoïsation des communautés. Apaiser les gens, maintenir le dialogue avec eux et les éducateurs sociaux... la police avait TOUT A GAGNER en faisant ça.
Clairement d'accord avec toi, sauf sur un point : la délinquance ne concerne pas que ceux qui subissent les inégalités sociales et le ghetto, la délinquance touche toute classe sociale, mais évidemment on en parle moins
Tout à fait
Mais quel parent d'un quartier bobo voudrait entendre que son gamin deal de la codéine à la sortie de son lycée privé catho ?
T'as entièrement raison : on en parle moins mais la délinquance dans les quartiers bourgeois est aussi présente... mais on en parle moins (curieusement...
)