Après 9 ans de hiatus cinéma, (quasi) totalement conquis par ce retour de Michael Mann avec Ferrari
Mais là encore le grand public ne s'y retrouvera pas. Comme Ali, on est pas sur un biopic hagiographique tissant un destin factice, on se concentre sur le crépuscule d'Enzo Ferrari lors de l'été le plus important de sa vie.
Étonnemment c'est ptet le film le plus intimiste de Mann, sous forme d'un requiem funèbre proche d'une tragédie grecque.
Adam Driver et Penelope Cruz (encore une performance féminine folle cette année) sont géniaux, et le style visuel est assez surprenant quand on a eu 20 ans d'imagerie numérique à l'épaule avec Mann.
Là il bosse avec le chef op' actuel de Fincher (Erik Messerschmidt) et les scènes de dialogue captent totalement l'ambiance d'époque en Emilia-Romania, tout en ayant un coté crepusculaire marqué (malgré qu'on soit en été). Loin de tout aspect glamourisant, les scenes de course sont cependant hyper dynamiques et immersives (un peu comme Ford v Ferrari mais en plus naturaliste)...bien que peu nombreuses sauf lors du climax où tout se joue.
Mais point de film sportif ou triomphal, le focus est vraiment sur Enzo Ferrari, sorte de Parrain/Héphaistos de la mécanique sportive, dont la compagnie et la vie privée sont au bord du précipice, alors que le spectre métaphorique de la mort de son fils plane encore (tout comme le contexte d'après-guerre).
Dès lors ce Ferrari est vraiment un drame intime qui ne prend pas le spectateur pour un idiot, sans manichéisme, mais avec un vrai coeur de conteur romantique derrière (l'Italie n'a pas été aussi bien filmée par un cinéaste américain depuis des lustres). On sent tout le travail de documentation et d'imprégnation de Mann, si bien qu'on oublie le léger accent même des acteurs anglophones du cast secondaire (Shailene Woodley ou Patrick Dempsey).
Si il est étonnant que la performance de Cruz ne fasse pas plus de bruit, gros plaisir de voir que ce Parrain de Modena incarné par Driver est totalement dans la lignée archétypale du protagoniste chez Mann : solitaire, tiraillé entre un devoir professionnel (quasi religieux) et l'horizon fantasmé d'une échappatoire intime (comme McCauley, Crockett, Frank, Shiherlis, Hawkeye, Ali, Max..).
Si je devais avoir une réserve c'est peut-être sur le fait que j'aurai aimé un film un peu plus long pour développer un peu plus quelques personnages des pilotes..mais bon visiblement ce n'est pas le but, Mann préférant l'intime à l'ampleur ici.
Bref c'est vraiment très bon, meilleur (anti)biopic de l'année pour moi !
8 /10
(Et en plus Mann reutilise Sacrifice de Lisa Gerrard à un moment comme dans le chef-d'œuvre The Insider)