![Image](https://www.encyclocine.com/films/en16820.jpg)
Je connaissais déjà le film bien sûr, mais le revoir en salle m'a fait prendre conscience qu'il était beaucoup mieux qu'un simple polar français des 70's, et beaucoup mieux que mon souvenir. Déjà parce que la construction du film est ample et complexe (sorte d'élément A qui entraine l'élément B qui entraine l'élément C qui entraine enfin l'intrigue principale mais en tenant compte de toutes les sous-intrigues), ensuite parce que le tandem Ventura / Dewaere est absolument prodigieux, fonctionne à merveille, reproduisant à l'écran entre les deux personnages la confrontation réelle entre les deux acteurs), ensuite parce que ce n'est pas qu'un polar, c'est un formidable film politique, et même un formidable film de campagne électorale, sous genre difficile à réussir, où excellent les américains, rappelant aussi bien La Dernière Fanfare de Ford, Votez McKay de Ritchie ou le cinéma de Pakula, et enfin parce que le ton du film est aussi original que réussi, oscillant en permanence entre le sérieux - de rigueur dans les faits - et l'humour, dans les répliques, qui peuvent faire pisser de rire sans jamais rien enlever à la gravité de l'ensemble. C'est à Francis Veber, scénariste, que l'on doit ce magnifique tour de force d'équilibriste absolument savoureux. Mais ce qui m'a le plus marqué, et enthousiasmé, c'est la toute fin du film, d'une originalité et d'une audace rare. Le film s'achève sur deux répliques si cultes qu'elles ont marqué l'histoire du cinéma : "Vergeat, il est à Montpellier, Vergeat !" suivi du "Adieu poulet", derniers mots prononcés qui donnent le titre au film. Au-delà du tour de force stylistique, ce qu'il y a de véritablement brillant ici, c'est la manière dont Granier-Deferre clôt son récit : il se désintéresse totalement de son intrigue, se fout complètement de ce qu'il va advenir de la prise d'otage, de la vie du politicien (formidable Lanoux) pour offrir une fin en pied-de-nez mais qui ne laisse pas non plus sur sa faim. En faisant ça, outre le fait qu'il recentre définitivement le film sur ces deux personnages, son sujet principal, Granier-Deferre semble dire que l'ensemble du système politique est corrompu et qu'à la limite peu importe qui est élu, qui même reste en vie ou pas, le système est tel que quoi qu'il se passe, les choses demeureront ce qu'elles sont.
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Sur le papier, la bonne merde honteuse et récente sur laquelle tu te réjouis de glander un soir où tu es trop crevé pour essayer de voir autre chose. Dans les faits, une réelle et totale abomination de chaque instant, où il n'y a pas une seule idée (ni de mise en scène, ni de scénario, ni de jeu d'acteurs) mais ou en revanche, chaque réplique est un condensé de racisme ordinaire abject et balancé de manière totalement décomplexée au prétexte du "c'est de l'humour". Abject, tenu 30mn.
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Une femme vit avec difficulté dans un mobil home sur un camping de montagne, à la frontière entre la France et l'Italie. Elle doit de l'argent à tout le monde, est même menacée d'expulsion du camping pour impayés, et survit en s'adonnant à un trafic de revente de cartouches de cigarettes entre les deux pays. Pour cela elle a besoin de passer la frontière plusieurs fois par semaine, et pour éviter les contrôles, elle est aidée par texto par son petit ami, gendarme, qui lui indique les passages non surveillés. Mais une nuit, elle tombe au détour d'un virage abrupt sur un jeune type paumé en pleine montagne enneigée, un migrant d'origine africaine qui cherche à passer la frontière illégalement. Elle l'aide moyennant rémunération, et très vite une idée germe en elle : faire passer des migrants illégalement serait sans doute plus rémunérateur que des paquets de cigarettes. Si elle voit là un moyen de remédier à ses problèmes d'argent, elle ne sait pas encore qu'elle va au devant de plus graves ennuis... Premier film de Stéphane Marchetti, également auteur de bande dessinée, coécrit par Laurette Polmanss, La Tête Froide est un beau film d'auteur réalisé sans la moindre concession face aux canons de l'époque. C'est étonnant de réaliser que je l'ai vu le lendemain du Moi Capitaine de Garrone, et que les deux films traites du même sujet de fond.