Le Centre de Visionnage : Films et débats

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Kit
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Localisation : où est né William Wyler

choc
https://www.lemonde.fr/disparitions/art ... _3382.html
morts à 78 ans de l'acteur, producteur, scénariste, réalisateur américain Rob Reiner et de son épouse (une enquête pour homicide est instruite). il a réalisé entre autres Stand by Me, Princess Bride, Quand Harry rencontre Sally, Misery, Des hommes d'honneur, Le Président et Miss Wade, Les Fantômes du passé, Sans plus attendre, etc..., comme acteur dans Balance maman hors du train, Nuits blanches à Seattle, Coups de feu sur Broadway, Le Loup de Wall Street, etc..., il était le fils du réalisateur Carl Reiner mort en 2020
https://fr.wikipedia.org/wiki/Rob_Reiner
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Vosg'patt de cœur
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sokol
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Narval a écrit : lun. 15 déc. 2025 00:02 Alors là aucune idée, je ne connaissais même pas le compositeur. Tu aurais plus d'infos ? Date du film, origine, genre...?
Peut-être un film scandinave ?
Je crois que c’est un film américain, mais la musique m’est extrêmement familière — je vois presque la scène
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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sokol
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Kit a écrit : lun. 15 déc. 2025 04:51 j'ai cherché, pas trouvé, si tu as une IA dans tes relations...
moi aussi j'ai cherché mais pour ce genre de demande, elle n'est pas si intelligente que ça la IA
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Jean-Marie Straub
len'
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Les linceuls de David Cronenberg

De corps, il ne reste plus rien, sinon des particules en suspension qui rappellent autant l'ultime étape de décomposition humaine que le germe d'une reconstruction numérique. L'image est séduisante, parfaite même dans le lien qu'elle suggère, mais n'en suscite pas moins un malaise que le film ne cesse d'enrichir quitte à se saborder. Il semble lui-même emballé dans un linceul tant la progression de l'intrigue ne fait que masquer une absence de vitalité et le désir du personnage principal Karsh (autrement dit Cronenberg) de rejoindre sa femme enterrée. Il le dit explicitement dès le début du film, mais c'est à partir de ce moment que les écrans s'allument, que la fausse histoire commence, dont la résolution ne viendra jamais, laissant sur une fin qui ressemble au préambule mais en plus chaotique.

Bien qu'il puisse exister une cohérence à cette décomposition film après film, cela paraît antinomique avec ce qui faisait l'essence du cinéma de Cronenberg par ces corps qui fusionnent et s'entrechoquent avec leur environnement. Mais ce changement n'est pas simplement lié à la mélancolie suscitée par sa vieillesse et la perte de sa femme, elle a toujours un rapport direct aux technologies actuelles qui infusent dans son cinéma : les voitures autonomes, les interconnexions, les intelligences artificielles et surtout les écrans par qui tout passe. Ce ne sont pas vraiment des technologies nouvelles mais les écrans de Videodrome ne sont plus ceux d'aujourd'hui. Leur présence est devenue totale, au point qu'on ne les voit plus. Il n'est donc plus question de montrer l'absorption du corps par l'écran puisqu'il a déjà été digéré.

C'est à partir de ce constat que Cronenberg se détache radicalement d'un cinéma de genre qu'il a largement contribué à influencer, où la tendance est toujours au besoin pressant de mettre à l'épreuve la chair en revenant à d'anciennes techniques - qui ne se limitent pas qu'au maquillage ou aux effets spéciaux mais à la matière filmique elle-même (tournage en pellicule, image volontairement dégradée...). L'objectif est de retrouver un impact qui se serait perdu avec le numérique. Mais le résultat a souvent l'effet inverse que celui escompté, comme si la surexposition et la focalisation dans une certaine image du passé ne faisait qu'accentuer la disparition des corps. Dans les linceuls, Cronenberg opte donc pour l'inverse, c'est à dire un détachement, une désincarnation délibérée. Il filme ainsi les écrans tels quels, allumés ou éteints, en tant qu'objets disséminés partout, y compris sur les pierres tombales ; il précise que l'image est en 8k, soit la plus fidèle possible, pour au final révéler qu'il s'agit d'un trompe l'œil ; il fait vivre ses personnages dans un territoire fantasmé et immaculé où certains sont dupliqués pour prononcer des paroles qui semblent sortir d'une intelligence artificielle. Il cherche ainsi à percevoir une absence qui ne se métamorphose pas, un vide qui est vide et qui ne peut être autre chose. C'est par ce geste suicidaire, où le seul véritable contact vient des mains d'une femme aveugle et où la vérité crue se révèle uniquement dans les rêves, que Cronenberg continue à faire évoluer son cinéma comme un corps qui vit et, aussi, meurt.
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