J'ai adoré. L'auteur présente son oeuvre modestement comme "une petite chose" car c'est un court-métrage, dont il n'est pas l'auteur du scénario, mais ce qu'il fait de ce simple fait divers scolaire qui oppose deux enfants qui en fait s'aiment, et le film raconte le cheminement de ces deux gosses pour arriver à se dire qu'ils s'aiment, chose beaucoup plus difficile à dire qu'on ne croit quand on est enfant, et la mise en scène ici, de par sa frontalité et sa circularité en même temps, crée une sorte de spirale qui est vraiment enthousiasmante. Et puis cette façon de filmer les enfants en les respectant autant que les acteurs adultes, en leur consacrant les plans qu'ils méritent, sans qu'ils soient les objets des adultes sujets, est digne, belle et m'a rappelé deux films qui me sont chers : En Rachachant de Straub et Huillet et Les Enfants de Marguerite Duras.
J'avais pris une claque monumentale à la découverte de la plus belle relecture d'Alien qu'on puisse imaginer, évidemment le choc est moindre le second coup, car les effets de surprise et de noirceur sont anticipés, mais ça reste ultra bien et ultra prenant, preuve que sa mise en scène est bonne.
Vu avec les enfants qui se sont littéralement bidonnés et qui veulent déjà le revoir et découvrir la suite. Du côté des parents, on s'est bien marrés aussi mais les rires étaient mêlées de gêne totale car l'humour du film est vraiment limite, et les blagues de cul (quand ce ne sont pas les scènes) vraiment explicites et gênantes pour des gamins. Donc grosse gêne mais énorme poilade en même temps, on verra le 2 en espérant qu'il ne soit pas plus trash que celui-ci.
Polar politique français de Granier Deferre, coutumier du fait, dans une ambiance proche d'Adieu Poulet mais l'humour en moins, virant plus du côté Boisset, mais en moins percutant, moins dérangeant. Une toute petite réussite.
Typique de l'inventivité japonaise des années 60, le film de Shinoda est sublime visuellement et ultra inventif en terme de mise en scène, mais au bout de l'éblouissement initial, le film peine à m'intéresser par son scénario qui semble presque secondaire pour son metteur en scène. Cela reste un très beau film bien sûr.
Le nouveau Dardenne est une grande réussite. Le prix du Scénario à Cannes m'a fait craindre quelque chose de trop dramatiser à la Jeune Ahmed (film raté), mais ce n'est pas du tout le cas, et le prix du scénario donné pour ce film montre que le Jury sait vraiment ce qu'est un scénario, ça fait plaisir. Les frères Dardenne choisissent donc le collectif, c'est assez rare chez eux, et dressent le portrait de quatre jeunes filles qui se sont retrouvées mères beaucoup trop tôt et se rencontrent dans un foyer pour jeunes mères. Les Dardenne ne font pas pour autant interagir ses 4 actrices, même si elles se croisent bien sûr, et préfèrent raconter le destin de chacune d'elle, en faisant se croiser les récits. Et ces récits sont riches, si riches qu'ils auraient pu tous les quatre devenir un long-métrage à part entière. En ressort un film extra riche, super dense, émouvant, d'une grande virtuosité de mise en scène pour passer d'un récit à l'autre sans ne jamais perdre le spectateur. Réussite aussi car les Dardenne se renouvellent formellement tout en continuant leur sillon, et prouvent, après le magnifique précédent Tori & Lokita, qu'ils sont dans une grande forme.
C'est un film que j'adorais dans les 90's, je l'ai vu un paquet de fois... à le connaitre quasi par coeur. J'avais un peu peur de le revoir car il est très marqué esthétiquement, et j'avais peur que ça ne passe pas les affres du temps. Mais c'est tout le contraire, le film est tellement marqué, tellement à part, que ce n'est plus une question de mode, c'est un geste artistique et cela ne se démode pas. Film génial donc, un Deville qui joue à faire son Godard (celui de Nouvelle Vague) mais en plus accessible tout de même, mais Godard reste clairement le modèle revendiqué de Toutes Peines Confondues. Le film est super beau visuellement, les 3 acteurs magnifiques (oui oui même Bruel, surtout Bruel, qui trouve ici son plus beau rôle) et j'adore aussi le fait que la bande son ne soit composée que d'extraits de quatuors de Chostakovitch. Deville les utilise super bien, les coupe, les monte, et en fait une matière sonore d'une grande originalité et pertinence. D'ailleurs, je crois me souvenir que ma passion pour Chosta, et plus précisément pour ses quatuors, m'est venue de ce film, et rien que pour ça, merci Deville.
Contrairement à pas mal de monde, j'aime beaucoup les Wes Anderson récents, les plus expérimentaux, ceux où il crée des mondes miniatures de plus en plus petits qui s'imbriquent dans d'autres qui s'imbriquent dans d'autres, pour créer une matière globale née de l'association d'une multitude de petites choses. On dit qu'Anderson se coupe de son public par l'absence d'émotion, froideur etc., mais je pense plutôt que tout cela n'est que question de pudeur et d'élégance, que l'émotion passe quand même si on veut bien la recevoir. Malgré ça, je suis resté un peu à distance de The Phoenician Scheme, film qui brille une nouvelle fois pas son approche visuelle d'une préciosité et d'une beauté plastique de plus en plus abouties, même si le film manque souvent d'extérieurs pour aérer le récit qui est un peu engoncé, à cause de son scénario. Anderson peine à m'intéresser à cette histoire de holding de bric et de broc et je suis tout cela avec un ennui poli. L'ensemble est très beau, beaucoup de moments m'ont plu, mais disons poliment que ce n'est pas le meilleur film de son auteur.
Vu et adoré à sa sortie en 1992 avec mon frère, et revu bien 15 ou 20 fois depuis, c'est vraiment devenu un de mes films préférés des années 90 et l'une des plus grandes réussites de Zemeckis. Ce film est un épanouissement total, un éblouissement de chaque plan, une pure merveille qui ne fait que se bonifier avec le temps. Ce temps qui justement, passant, transforme ce film en un classique hollywoodien absolu.