Film SF, Fantastique, film d'Horreur et Giallo

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aureliagreen
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Enregistré le : mer. 14 avr. 2021 16:54

Alice au Pays des Merveilles, film fantastique de Tim BURTON (Alice in Wonderland, USA, 2010), sur un scénario de Linda WOOLVERTON d'après l'œuvre de Lewis CAROLL, avec Mia WASIKOWSKA, Johny DEPP, Helena BONHAM CARTER, Ann HATTAWAY, Crispin GLOVER, Marton CSOKAS, Tom PIGOT-SMITH, Lindsay DUNCAN, Geraldine JAMES...

Des années après avoir été entraîné dans le Pays des Merveilles et s'en être échappée, Alice se retrouve à nouveau entraînée dans ce monde parallèle et y retrouve ses étranges et souvent inquiétants habitants...

Un film que j'étais allé voir à sa sortie avec de bons espoirs, j'en avais été un peu douché.
Au départ, le film roule comme un bon Burton, l'idée de faire une suite (et non un des remakes “live” dont Disney nous a abreuvés depuis) était bonne, avec une Alice adulte et mûre, ce qui apportait un nouvel éclairage. On y retrouve les thèmes anti-conformistes burtoniens, avec une personnalité réprimée dans une société étouffante, qui trouve sa libération dans un ailleurs décalé. Les monstres symbolisent ce refoulé, dans ce monde ils sont la norme. Burton nage comme un poisson dans l'eau dans ce type de retournement. Johnny Depp livre à mes yeux un bon numéro en Chapelier Fou. Burton réussit presque à nous faire apprécier la Reine Rouge, qui de méchante apparente au début, se révèle un monstre pathétique. La description du Pays des Merveilles est bien parfois un peu exubérante, mais le plaisir visuel domine, bie qu'on puisse regretter le trop grand recours aux images de synthèse (même si on peut considérer qu'elles sont l'équivalent des intégrations de personnages dessinés de films comme Mary Poppins).
Et puis patatras. Le film sombre dans le pseudo-Narnia, et surtout dans un manichéisme et un simplisme de mauvais aloi, avec châtiment chrétien bondieusard. En opposition autant avec le reste du film qu'avec Lewis Caroll et ce qu'on connaît habituellement du cinéaste. Le retour d'Alice retrouve l'impertinence burtonienne typique. Mais à ce moment, le plaisir n'est plus. Ce qui avait alors relancé la polémique sur la perte d'originalité de Burton, qui se serait "vendu". Polémique très agaçante, c'est vrai, mais il était difficile d'y couper, la suite n'ayant guère calmé les choses.
La planète des Singes était sans doute son film le moins personnel, où on reconnaissait peu sa patte. Mais je trouvais déjà l'antérieur Sleepy Hollow comme un peu creux, quoique très agréable. Ensuite, si Big Fish était une œuvre de commande, un peu conformiste bien que dotée de sa fameuse touche, dans Charlie et la Chocolaterie et Les Noces Funèbres on retrouvait le Burton iconoclaste que l'on connaissait. Alors, certes Alice au Pays des Merveilles a confirmé que Burton était devenu plus porté aux compromis qu'avant. Mais sans qu'il y ait eu d'exhaustive sur les dix années précédentes, ni depuis d'ailleurs (mais ce serait entrer là dans un autre sujet, trop long). Ce long-métrage a aussi à mes yeux montré que Burton avait pris l'habitude de trop se reposer sur un environnement artistique personnel trop stable, avec notamment trop d'acteurs habitués, dont évidemment Johnny Depp et Helena Bonham Carter, au point de tourner en rond. Suggérant qu'il avait besoin de sortir de cette zone de confort, même si sont talent de réalisateur était toujours là et bien là.
12/20
Modifié en dernier par aureliagreen le ven. 3 janv. 2025 15:39, modifié 2 fois.
aureliagreen
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Un amour d'hiver, film fantastique écrit et réalisé par Akiva GOLDSMAN (Winter's Tale, USA, 2014), d'après le roman de Mark HELPRIN, avec Colin FARELL, Jessica BROWN FINDLAY, Russel CROWE, Jennifer CONNELLY, Kevin CORRIGAN, Alan DOYLE, Micheal CRANE, Brian HUTCHISON...

Vers le début du XXème siècle, à New York, Peter Lake, un cambrioleur (C. Farell), tombe amoureux d'une riche héritière, Beverley Penn (J. Brown Findlay), qui meurt dans es bras. Pouvant se réincarner, il tente de la sauver, grâce à l'aide notamment d'un animal fabuleux, mais se heurte au ténébreux Pearly Soames (R. Crowe)...

Un film de Noël typique, mais malheureusement assez décevant, ce qui est dommage car il était prometteur, étant adapté d'un roman de fantaisie connu et semble-t'il assez profond, et doté d'une belle brochette d'acteurs. La faute à une réalisation qui ne parvient jamais à capter l'âme du récit, le scénario cherchant lui à se reposer sur un sentiment de magie et de féérie omniprésent mais qui ne parvient jamais à émerger. Étant un film pour les fêtes de fin d'année, il était inévitable qu'il cherche à se baser sur une telle ambiance, mais en fait de féérie, tout cela reste bien léger et superficiel. Ainsi Beverley Penn est-elle sensé être atteinte de la tuberculose en dernière phase, mais on le ressent pas du tout. Il y a aussi des maladresses au niveau de l'histoire, on a voulu placer la partie moderne en 2014, année de la sortie bien sûr, pratique paresseuse trop fréquente, et ce qui fait que Willa aurait environ 106 ans ! Du côté des interprètes à l'exception de Russell Crowe, qui surjoue un peu d'une façon bien à lui, aucun ne laisse de prestation vraiment marquante, même pas une Jennifer Connelly devenue trop habituée des rôles de mère sans envergure particulière. Mais dans l'ensemble, la faute de cette tiédeur générale repose sans doute sur un manque d'entrain impulsé par le réalisateur. Probablement la raison en est-elle simple : Akiva Goldsman, dont c'était le premier travail à la réalisation, est un aussi mauvais directeur que producteur ou scénariste. Ce film pourra cependant plaire aux enfants.

9/20
aureliagreen
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Jurassic World, film de science-fiction de Colin TREVORROW (USA, 2015), sur un scénario de Rick JAFFA, Ambda SILVER et Colin TREVORROW, avec Chris PRATT, Bryce Dallas HOWARD, Ty SIMPKINS, Judy GREER, Irrfan KHAN, Vincent D'ONOFRIO, Nick ROBINSON, Jake JOHNSON, Omar SY, B. D. WONG, Lauren LAPKUS, Brian TEE, Katie McGRATH...

Des années après le désastre qui avait frappé le Jurassic Park expérimental, celui-ci ouvre enfin, mais sous le nom de Jurassic World, et remporte immédiatement un immense succès. Claire Dearing (B. D. Howard), une des responsables de l'attraction, invite deux de ses neveux à venir le visiter. Tout semble pour le mieux, en dépit des multiples dangers d'un parc peuplé d'animaux antédiluviens redoutables. Mais un dinosaure hybride spécialement créé par génie génétique va jouer le rôle de grain de sable dans la belle mécanique...

Quatorze ans après la dernière livrée de la première trilogie, en fait de résurrection de la franchise (oui, franchise plutôt que saga, car l'ambition est vraiment nettement commerciale), on a droit à une bouillie assez indigeste...
Les personnages sont très clichés, la dirigeante est une parfaite technocrate workaholic qui n'a pas trouvé le temps de voir ses neveux en sept ans, les enfants sont certes moins tête-à-claques que dans le premier film, mais ils le compensent en étant banals et peu intéressants, Hoskins est une caricature ambulante, le nouveau propriétaire du parc est un Hammond indianisé baba cool qui ne veut pas faire de mal à ses dinos etc... Et l'histoire est caractérisée par l'enchaînement des invraisemblances de situation (Claire qui court en talons hauts dans la jungle, l'évasion de l'hybride, où les employés du parc apparaissent franchement comme des débiles mentaux, Masrani qui mène la charge en hélicoptère contre l'hybride, les raptors qui surgissent dans la salle de contrôle juste quand Hoskins en a pris les commandes..., la série de coups du sort qui mène à la pénétration de la volière, au bord du comique etc...). Incroyablement les soldats du parc ne sont toujours pas équipés d'armes lourdes, uniquement du non-létal ! Ah oui, il y a bien une mitrailleuse 12.7, mais qui est maniée par un ancien militaire qui raterait une vache dans un couloir (inutile de se demander comment le gouvernement costa-ricain a-t'il bien pu autoriser une telle situation, après le fiasco du premier).

Et il vient s'y marier cette saveur de pop-corn de tous les instants... Le film n'arrive pas à se démarquer de l'ambiance du parc d'attraction qui fournit le cadre de son scénario. On se demande bien sûr s'il n'y a pas une volonté de mise en abîme à but critique, qui serait exprimée par le changement parallèle du nom du parc et du titre du film pour des buts commerciaux à la fois dans le récit et dans la vie réelle. Seulement le film vit beaucoup trop en harmonie, pour ne pas dire en symbiose avec son ambiance de fête foraine pour qu'aucune vraie distanciation à l'encontre de la société du spectacle puisse être ressentie par cet angle. Ce qui l'est, en fait, c'est cette sensation de nivellement, jusqu'à plonger dans le vulgaire.

Quant aux dinosaures, que dire ? Dans l'ensemble, ils font aussi faux que l'hybride, et définitivement réduits à l'image de monstres de foire génétiquement modifiés, et sélectionnés pour ressembler à la vision classique qu'en avait le public, ce qui il est vrai résout par le vide tous les problèmes d'authenticité paléontologique (comme le Dr Wu l'établit enfin au détour d'un dialogue ; il faut reconnaître là un des rares mérites du film, d'avoir levé toute incertitude à ce sujet). Mais tout leur intérêt se retrouve ainsi réduit à celui d'attraction de fête foraine, et pire de jouets pour enfants. Les quelques mises en garde de Owen et Barry sur leur nature d'êtres biologiques ne parviennent pas à corriger le tir. Comme dans le 3, le scénario nous offre comme premier dinosaure vivant complet un oiseau, mais la référence tombe à l'eau. Et les quelques dinosaures animés image par image aperçus sur un écran de télévision (semble-t'il Le monde des animaux, animés par Ray Harryhausen) peu après, peut-être dans le but d'illustrer combien nos conceptions évoluent et sont le produit de nos incertitudes du moment (ou plus simplement parce qu'ils représentent ces dinosaures bien rétros auxquels les gens du parc veulent voir les leurs ressembler), desservent plutôt le propos des scénaristes, car au fond, ils apparaissent plus authentiques, moins formatés que ceux que l'on voit plus tard (même si malheureusement, le public ne le percevra pas forcément ainsi). À ce titre, mention spéciale à ce dimorphodon que Zdeněk Burian aurait considéré comme dépassé, un vrai dragon volant d'antan...

Et les références au premier film... Ah ça c'est sûr qu'on y a droit de tous les côtés, on nous en gave à tout coin de pellicule jusqu'à plus soif, pour ne pas dire jusqu'au dégoût, même jusqu'à tenir lieu par moments de substance au film. Le réveil de la force n'hésite pas à verser dans le ridicule en la matière à force de semer des références un peu forcées de tous les côtés, mais là Jurassic World réussit le tour de force de le laisser dans les starting-blocks ! Contrairement à ce que dit le dicton, abondance de biens peut nuire, les références c'est bien, mais quand il y en a trop elles aboutissent à vider le film de son sens.
Cela se poursuit jusque dans le final où on nous sert la situation en miroir de la fin du 1 avec l'indomimus qui remplace le tyrannosaure contre les raptors cette fois du « bon » côté ; et pour conclure un combat de dinosaures à la sauce Michael Bay, avec un ultra-fanserviciesque duo entre le tyrannosaure miraculeusement conservé du 1 et le raptor restant contre l'hybride, et coup de grâce le mosasaure très serviable qui sort de l'eau juste pour donner un coup de main au duo et avaler l'hybride . On nous aura même fait le coup du tyrannosaure qui passe à travers le squelette du spinosaure, histoire de nous donner cette infiniment dispensable revanche sur le combat du 3 que les fans immatures appelaient de leurs vœux.

Disons le franchement, la franchise a été marquée dès ses débuts par la volonté de donner dans le spectaculaire, ce qui dans le cinéma moderne veut trop souvent dire en mettre plein la vue. Ce quatrième volet verse définitivement dans cette tendance à la surenchère michaelbayesque. Il a certes quelques qualités, une réalisation qui est assez bonne, du moins dans les moments d'action ou sinon de tension ; ce qui avait même paru à certains suffisant pour envisager de choisir Trevorrow pour l'épisode IX de Star Wars, ce qui il est vrai avait fait long feu (d'autant qu'il paraissait moins à l'aise dans les scènes d'interactions ordinaires – encore que la vacuité de leur contenu, liée au scénario, ne permettait pas toujours d'établir quelle part lui revient dans leur faiblesse). Et quelques acteurs s'en sortent bien, Bryce Dallas Howard en cadre supérieure à côté de ses pompes (mais pourquoi s'est-elle égarée là-dedans ?) et Chris Pratt en chasseur-dresseur en dépit des clichés qui lui sont attachés, qui nous donne peut-être la meilleure scène avec le sauvetage de l'employé tombé dans l'enclos aux raptors. Quelques autres donnent cependant dans le cabotinage, à l'image de D'Onofrio d'habitude si mesuré, ou Jake Johnson. Mais ces rares qualités ne peuvent pas sauver l'ensemble ; malheureusement, son succès ayant été colossal, la « saga » a pu continuer pour deux épisodes supplémentaires (qui ont eu d'ailleurs du mal à corriger le tir) dans le sillon qu'il a alors tracé.
7/20
aureliagreen
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Unfriended, film fantastique de Levan GABRIADZE (USA-Russie, 2014), sur un scénario de Nelson GREAVES, avec Hetaher SOSSAMAN, Matthew BOHRER, Courtney HALVERSON, Shelley HENNIG, Moses STORM, Will PELTZ, Renee OLSTEAD, Jacob WYSOCKI, Mickey MOUSE, Cal BARNES...

Un groupe de blogueurs ultra-branchés, qui a perdu récemment une de ses membres, se retrouve harcelé par un mystérieux intervenant, qui démontre de plus en plus d'agressivité, en lien avec le décès susmentionné, osant utiliser le compte de leur ami décédé, et pire, semble même s'attaquer physiquement à ces amis blogueurs, après avoir dévoilé certains de leurs méfaits.

Gabriadze livre un exercice de style sur le sujet des hantises sur internet, jouant des possibilités immenses que même le cadre apparemment exigu et renfermé d'un groupe de discussion peut offrir. Tout le film est filmé comme un huis-clos, autour des six membres de ce groupe, toujours vus par le biais des écrans, l'intrigue avançant par saut d'une page ou d'une vidéo à une autre. C'est en quelque sorte un film de la génération internet par excellence, abordant les vastes espaces des relations en ligne sous plusieurs angles. Il commence comme une histoire de harcèlement numérique, avant d'obliquer donc vers une affaire d'intervention d'outre-tombe, en jouant sur l'ambiguïté de la menace, ambiguïté parfaitement adaptée au cadre virtuel du récit, et de revenir vers la fin vers une affaire d'humiliation vidéo scabreuse. Tous les membres du groupe de tchate sont des intervenants très au fait des techniques de communication, se mouvant dans la Toile comme des poissons dans l'eau, maîtrisant pleinement chargements d'applications et recherches de données. Des membres typiques de cette génération, donc. Mais au fur et à mesure que l'intrigue avance, ils s'en révèlent typiques aussi par leur fatuité, leur suffisance, leur égoïsme et leur narcissisme, leur absence de limite et de moralité... Tandis que l'entité est toute aussi à l'aise pour se glisser dans ce cadre à la fois générateur de liberté d'action et d'une grande opacité, pouvant ainsi étendre ses tentacules tout en cachant sa vraie nature, les victimes pensant naturellement avoir affaire à un harceleur doué mais tout-à-fait ordinaire.

Si la réalisation est sans grand génie, scénariste et réalisateur parviennent à faire monter l'angoisse en jouant sur ces incertitudes, qui facilitent le travail de suggestion ; l'horreur brute étant ainsi principalement suggérée, les quelques scènes commençant à tourner vers le gore étant interrompues avant qu'on en voie trop. Mais le vrai but est bien de mettre à nu les pratiques égocentriques des youtubers et tchatteurs. Ce film, bien qu'empli d'acteurs et actrices du milieu des films fantastiques, ne plaira pas à l'amateur de gore, et sans doute guère plus au navigateur en ligne moyen, qui n'appréciera pas de se reconnaître ou d'être assimilé(e) à ces pratiques, mais sinon, on peut trouver son compte à ce jeu aussi subtil que brutal de démolition en règle.

13/20
aureliagreen
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Men, film d'horreur écrit et réalisé par Alex GARLAND (Royaume-Uni/USA, 2022), avec Jessie BUCKLEY, Rory KINNEAR, Paapa ESSIEDU, Gayle RANKIN, Sarah TWOMEY...

Harper (J Buckley), une jeune femme devenue récemment veuve suite au décès de son époux James (P. Essiedu) par suicide, tourmentée et inconsolable, essaie d'échapper aux souvenirs douloureux de sa vie précédente en se ressourçant à la campagne, et trouve refuge dans un superbe manoir ancien. Mais elle fait une curieuse rencontre avec un homme apparemment dérangé, qui semble la poursuivre. L'appel à la police se finissant de façon déconcertante lorsqu'elle relâche l'étrange individu avec une justification surréaliste, ses angoisses reprennent le dessus...

Avec Men Alex Garland livre un film d'horreur inhabituel par son point de vue en cette époque. Sa construction n'est en rien inédite, il tient de long-métrages comme The lighthouse et Terre maudite, et surtout Mother, le film le plus proche par sa représentation des choses, qui jouent sur l'incertitude quant à la réalité des événements vécus par le personnage principal Harper (Jessie Buckley est remarquable), de façon croissante car au départ il est certain qu'elle est réellement confrontée à des incidents bizarres, lorsqu'elle rencontre le clochard nu et inquiétant dans les bois ; mais ensuite, après une montée d'angoisse vraiment prégnante lorsqu'elle se retrouve seule et vulnérable dans sa maison de campagne où elle espérait retrouver le calme (très bonne réalisation de Garland, utilisant certains procédés déjà vus mais souvent oubliés ces dernières années), elle subit un vrai déchaînement d'apparitions et agressions (ou d'hallucinations...), qui nous amène à douter de la vraie nature de ce qui se passe vraiment. Une violence narrative et graphique qui rappelle en effet nettement Mother, et qui tranche avec les chapitres précédents du film, jouant eux sur une angoisse diffuse.

D'autant que le récit tourne autour de la tentative de la victime de surmonter un traumatisme violent, celui de la perte de son mari suite à son suicide, suicide dont elle a des raisons de se sentir en partie responsable. Et qui résulte en une grande fragilité psychologique. Du point de vue d'une interprétation au premier degré des événements du film, on ne peut guère trancher si elle est victime d'une crise de panique, déclenchée par son état émotionnel, rendu encore plus aigu par la rencontre incongrue (mais pouvant se cantonner au domaine de l'insolite et ne rien avoir de paranormal) avec ce vagabond un peu dérangé (qui ne peut en effet que faire ressortir les problèmes qu'elle doit ressentir dans toute relation avec les hommes depuis ce drame), ou si cet état fragile a attiré des forces surnaturelles profitant de sa vulnérabilité. Cependant, la spécificité de ce long-métrage n'est pas là : elle est qu'en cette période post-MeToo, il met en scène une femme qui sort d'une relation difficile avec son mari décédé, de qui elle a subi une fois seulement de la violence physique, et seulement après l'avoir poussé à bout, lui ayant infligé une situation relevant d'une forme de harcèlement psychologique. Son désarroi d'alors venant apparemment seulement de ce qu'elle n'arrivait pas à faire face aux problèmes psychologiques de son époux. Toute l'épreuve, vraiment effrayante, qu'elle subit dans cette maison retirée, au versant symbolique apparent, s'apparentant à un processus de guérison de ce sentiment de culpabilité d'avoir entraîné la mort de ce dernier par ses défaillances morales.

Ce film, donc, est réellement terrifiant. Après, en raison tant de sa construction (reposant sur le symbolisme) que de son thème et de son approche, en contrepied du mouvement MeToo, qui lui donnent un caractère très tranché voire provocateur, beaucoup le verront comme à prendre ou à laisser, et ce même si l'approche symbolique marquée (trop, pour certains) pourrait avoir été choisie pour éviter de choquer trop frontalement.
15/20
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