@NaughtyDog
Je viens de le finir.
Paradoxe :
Athena me semble plus proche des
Misérables sur l'approche (presque une suite spirituelle, vu le point de départ), mais son dispositif joue rapidement contre lui comme
Bac Nord.
Techniquement c'est prodigieux, là-dessus je pense pas qu'on puisse en débattre. Par contre, la mise en scène c'est aussi comment raconter son histoire, et là il y a plusieurs grosses limites.
Le fait de recourir aux mêmes plans avec flics/révoltés/résidents marchant longuement face caméra, ça créé naturellement une sensation de correspondance. Ils sont tous pris, concernés et dépassés par la situation. Okay.
Ce qui me pose problème, c'est que les performances sont rigides, voire caricaturales, or un tel sujet exige plus de subtilité. Ce qu'arrivait à faire
Les Misérables.
On était autant peiné pour le petit garçon que pour le policier cherchant à calmer le jeu, et on pouvait aussi avoir un soupçon d'empathie pour l'agent responsable de la bavure sans chercher à la dédouaner, de la même manière qu'on
était en droit d'abhorrer le policier en mode cowboy tout en comprenant son point de vue (sans le partager).
Là, le défi logistique prend tellement le pas sur le récit que ça a rapidement fini de m'ennuyer. Il n'y a rien de plus embêtant que voir d'excellentes idées et la meilleure volonté (Gavras ne souhaite pas prendre parti pour un "camp") être
contrebalancée par une écriture défectueuse.
J'aurais préféré une œuvre moins pyrotechnique passé son plan-séquence d'ouverture (superbe), mais plus attaché à regarder ce microcosme s'époumoner afin d'obtenir des réponses. J'ai dans l'idée que c'était le but de Gavras, comme en témoignent les reportages télé, avec les politiciens beuglant leur rhétorique irresponsable et inconséquente - mais il fallait mieux travailler les personnages.
Là, c'est vraiment trop simpliste, avec des bascules ultra-grossières.