Bizarre ce nouvel épisodes des Visiteurs... Ah mince c'était censé être une fresque sérieuse et grandiose sur Napoléon ? Autant pour moi !
Comme les bandes-annonces le laissaient présager, le principal problème réside dans la caractérisation de Napoléon et le traitement de sa relation avec Joséphine, qui ne sont ni faits ni à faire. On ne comprend jamais vraiment ce qui les attire l'un chez l'autre, tout particulièrement du côté de Joséphine (c'est tout juste si le film suggère qu'elle souhaite restaurer sa situation d'avant la Révolution), et pourquoi Napoléon s'attache autant à une femme qui ne prend même pas la peine de cacher son infidélité. Et si l'on croit pendant un temps assister aux prémices d'une relation sadomasochiste, où chacun endosserait tour à tour le rôle du dominant et du dominé, l'idée a à peine le temps d'être esquissée que le film s'empresse déjà de passer à autre chose.
Parlons-en donc du portrait que Scott fait de Napoléon : un adulescent simplet et poltron, qui chute de cheval lors du siège de Toulon, prend la fuite lors de son coup d'État (avant de se ramasser dans les escaliers
), grogne pour montrer à Josephine quand il a envie d'elle, la gifle lors de leur divorce, pleurniche face aux soldats qu'il parvient pourtant à rallier lors des Cents-Jours et se fait trouer le bicorne lors de Waterloo.
C'est simple : Scott ne manque jamais une occasion de désacraliser le personnage, jamais montré en position de force et toujours tourné en ridicule. Napoléon fait tellement l'objet de scènes à caractère comique qu'un tel acharnement ne peut pas être accidentel : on est vraiment pas si éloigné de Jacquouille par instants !
Le film confirme en outre que le choix de Phoenix était bel et bien une erreur, ce dernier étant bien trop âgé pour interpréter l'Empereur de ses débuts en tant que lieutenant jusqu'à la fin de son règne, sans qu'il ne soit jamais maquillé ou rajeuni numériquement. Même chose concernant Joséphine, plus âgée que lui dans la réalité. Quitte à forcer le trait et faire des parallèles foireux avec le présent, Scott aurait pu évoquer à travers eux le couple Macron !
Ce qui m'amène à aborder le second problème de ce film, à savoir le fait qu'il s'agisse d'une version tronquée d'une fresque se voulant plus longue et détaillée, mais dont les coupes sont plus que flagrantes. Certaines ellipses sont particulièrement brutales et les fondus au blanc que l'on se farcit lors de la première partie finissent par exaspérer, à l'instar des apparitions sporadiques de Tahar Rahim en Monsieur Exposition, avant qu'il ne passe le relais à Talleyrand et Wellington. On voit que Scott a voulu reproduire le schéma de KoH en terminant son film par une heure d'action, dans l'espoir que celle-ci suffise à compenser les défauts des deux précédentes. Sauf que les enjeux de KoH étaient au moins compréhensibles, ce qui est loin d'être le cas ici !
Je passerais aussi sur le fait que Scott dédie le film à son chien ou qu'il le conclue par un décompte des pertes humaines causées par les guerres napoléoniennes, qui sont censées faire passer Napoléon pour un prédécesseur d'Hitler alors que l'on peut présenter n'importe quel dirigeant comme un tyran assoiffé de sang avec un procédé aussi malhonnête. La fin semble aussi insister sur le fait que seuls des enfants peuvent être impressionnés par l'épopée napoléonienne (les historiens apprécieront
). Napoléon n'était donc pas un grand homme, mais une mouche noyée dans une verre de vin...
Pire film de l'année avec Barbie et Super Mario Bros en termes de potentiel gâché.