Très très partagé sur ce nouveau Desplechin, qui a une vraie bonne tenue dans sa 1e partie, alors que Melvil Poupaud (vraiment top, il porte tout le film) et Marion Cotillard sont en froid par un drame initial jamais explicité (une chouette idée initiale).
Amenés à se recroiser suite à un accident de leurs parents, on suit de manière successive les frère et soeur tentant de garder la tête haute et de ne pas sombrer.
Le film est soigné, et propose même quelques petits instants de grâce permettant un réel espace pour ces comédiens
Puis...patatra (surtout les 40 dernières minutes) où le tout devient sur-écrit et vire progressivement vers la parodie de drama familial à la française (rassurons-nous, c'est pas l'Amant Double de François Ozon).
Marion Cotillard est bonne, mais parfois dans le sur-jeu en décalage avec ce que traverse son perso (ce n'est peut être pas de sa faute mais celle de Desplechin dans ce cas), apparentée à une réelle hystérico-dépressive.
Le comble sera sur la conclusion du métrage, évacuant toute la profession de foi affichée au départ (et ce sans jamais donner de raison valable à cette haine intra-familiale).
Bref, on en ressort vraiment mi-figue mi-raisin
4 ou 5/10
1ervrai loupé de ce Cannes 2022 pour ma part que ce film polonais nous faisant suivre le parcours d'un âne (d'un cirque à l'abattage, en passant par divers autres propriétaires).
Le réal de Deep End a 84 balais, et tente un long-métrage ultra expérimental citant Bresson, en filmant l'animal sous toutes les coutures et toutes les focales existantes ad nauseam
Pourtant il y a des idées, et le film arrive parfois à créer une empathie en plaçant le point de vue du côté de/en subjectif de Hi-Han. Même 1 ou 2 tentatives de comédie font sourire, tandis qu'une ou 2 séquences arrivent à leur fin en mode plaidoyer pour animaux.
Sauf qu'au final, le tout est foutraque, avec énormément de bouts de gras (et de LSD) offrant des digressions desservant l'entreprise globale (ce passage avec le camionneur par exemple). On change beaucoup trop de points de vue par ailleurs, et le tout ressemble quasiment à unpatchworksans grande progression logique.
C'est dommage, car l'émotion reste totalement extérieure (à l'image du "personnage" de Cassandra, rapidement évacuée en 5 min), à l'image du spectateur regardant le tout tel une curiosité qui aurait dû être un solide moyen-métrage.
Le clou du spectacle : l'apparition bien embarrassante d'une Isabelle Huppert sous acide hyaluronique
Bref, c'est pas terrible terrible quoi malgré 2-3 segments laissant entrapercevoir ce qu'aurait pu être un film réussi.
3,5/10
Là par contre vraie ptite claque (le meilleur de Cannes for now avec le James Gray)
Après les très réussis Leto et La Fièvre de Petrov, Serebrennikov confirme qu'il est un des meilleurs plasticiens actuels du cinéma, proposant là encore des images et des instants de mise en scène assez ahurissants
La Femme de Tchaïkovski est pour ma part son meilleur film : un film historique sur 7 ans (de 1877 à 1894) où on suit Antonina (Alona Mikhailova qui mériterait direct le Prix d'interprétation féminine), jeune musicienne tombée amoureuse du célèbre compositeur Tchaïkovski. Sauf que cet amour va se transformer en idolâtrie toxique et maladive, alors que ce dernier (initialement enclin à l’épouser pour masquer son homosexualité) va la repousser.
Alors que la 1e partie traite habilement de la place de la femme, de ses envies, frustrations et sentiments, le métrage se déploie de manière assez surprenante dans la 2nde, beaucoup plus furieuse et vénéneuse alors qu'elle tente de pourrir la vie de son époux (en refusant de divorcer). L'occasion de nous immerger dans l'état mental pourri et déliquescent d'Antonia, usant de son corps tel un outil dans les strates masculines, et sujette à plusieurs délires onirico-psychotiques (dont une méchamment névrosée où elle voit ses enfants morts et tente de retrouver une certaine idée de la famille).
Le film fait 2h23, est passionnant bien que selon moi se termine de manière relativement abrupte (après un superbe plan-séquence aux accents mélodieux détonnants et anachroniques).
Mais bon, c'est du gros morceau, magnifique visuellement (une photographie vaporeuse nous faisant limite penser qu'on est au purgatoire)
8,5/10 (voire même 9)
Rendez-vous demain pour le George Miller !