Vu ce Not Time to Die tant attendu
inutile de dire que c'est à la fois un épisode qui divisera, mais qui marquera aussi la saga
Moins réussi que Casino Royale ou Spectre, on tient quand même un très bon épisode, jouissant par ailleurs d'une 1e heure tout simplement parfaite
Que ce soit son intro convoquant à la fois le slasher et de l'action qui déboite associée à une émotion renvoyant aux évènements de CR, ou bien son générique élégiaque somptueux (un des plus beaux de la franchise), on est immédiatement transporté dans le film.
On retrouve Bond 5 ans plus tard, ayant quitté le MI6 (et ayant perdu son matricule), et devant reprendre du service pour contrer une menace mondiale, et également faire face à des enjeux plus personnels.
L'intrigue se veut prenante, mais accuse aussi d'un coup de mou avant son dernier quart, la faute à un méchant plus ou moins raté (sorry Rami Malek, tu fais le job,mais ton plan est nébuleux touts comme ta caractérisation clichée) et la volonté prépondérante de déconstruire le mythe pour nous montrer l'homme derrière le costume.
A ce titre No Time to Die apporte une émotion bienvenue, bien qu'un peu trop appuyée sur la fin (via un ressort scénaristique que je ne spoilerai pas). On est pas sur la finesse de Casino Royale à ce niveau, mais cela a le mérite d'amener la franchise autre part, et de manière singulière.
Daniel Craig est impeccable, tout comme le reste du casting (ptit bémol encore une fois sur Malek qui fait le job, mais parasité par un personnage peu intéressant au-delà d'un look efficace lors de ses premières apparitions).
Mention spéciale aux personnages féminins : Lashana Lynch est badass en Nomi, et un parfait contre-poids à Bond. Ana de Armas est peu présente mais illumine une très bonne séquence à Cuba par son côté pétillant (Paloma est à la fois maladroite tout en étant efficace à botter des culs). On ressent très fortement la patte de Phoebe Waller Bridge à l'écriture (l'auteure de Fleabag et Killing Eve) tant au niveau de l'écriture globale des dialogues et un vrai sens de la punchline parfaitement dosée (j'étais surpris de voir que le film est drôle comme il faut, quand il le faut).
Concernant Léa Seydoux on apprécie ou non, mais cette dernière est bien mieux utilisée que dans Spectre.
Ptite mention spéciale pour l'homme de main Primo, assez redoutable et au look atypique également.
L'occasion de dire que oui, Fukunaga livre un film à la fabrication exemplaire, parvenant à emballer des moments d'action hyper percutants (poursuite en voiture tendue, fusillades en plein brouillard ou même un plan-séquence de 2 min dans une cage d'escalier). C'est brut, sec, parfaitement monté, et magnifié par une photographie sophistiquée par Linus Sandgren. On est clairement parmi les meilleurs morceaux de la série !
La BO de Zimmer est très efficace, convoquant à la fois tout l'héritage de John Barry avec des sonorités Zimmeriennes à la The Dark Knight par instants (excellent boulot sur le sound design).
Enfin, on tient là un des opus les plus massifs en terme d'échelle : Matera, Santiage de Cuba, les décors urbains de Jamaique ou forestiers en Norvège..) juste dommage que la base finale ne soit pas plus exploitée.
Pour conclure, malgré quelques soucis d'écriture vers la fin (ainsi que des choix qui feront débat) et concernant son méchant, on a là un très bonépisode en tant que baroud d'honneur pour Daniel Craig !
3.5 ou 4/5!
PS : - y a un callback à un épisode culte de la saga
- le générique avec des visuels de statue est un des meilleurs de la série
- les persos secondaires féminins sont pas forcément des parties intégrantes de l'histoire s(sauf Madeline) mais sont bien écrits et réhaussent plein de passages en plus d'offrir une complémentarité ludique avec Bond
- la 1e heure est parfaite, ensuite ça se cogne un peu en voulant mêler 2 éléments narratifs (qui feront débat) mais les enjeux sont bien là
- Fukunaga livre un des épisodes les mieux foutus de la série, en terme de fabrication c'est absolument impecc avec des ptites idées de mise en scène ici et là
- grosse déception que Safin, caricature de vilain passé à la pseudo psychologie de comptoir via des traumas d'enfance sans aucun lien avec ces motivations nébuleuses (et si Malek est pas mauvais, il livre une prestation plutot neurasthénique qui fait presque regretter Blofled)