Après son premier film Grave (qui ne réinventait rien et restait plus sage que ses influences, mais se révélait carré), Ducournau revient avec Titane
Un ptit coup de boule viscéral où se cotoie l'huile de moteur, le sang et toute sorte de fluide
Ce qui marque d'entrée de jeu c'est que la réalisatrice est en totale possession de ses moyens, et livre un drame humain plongeant là encore une fois vers le cinéma de genre (Crash de Cronenberg et Christine de Carpenter en sont les 2 plus grosses influences, on retrouve même une séquence du 1er impliquant une voiture).
D'entrée de jeu le spectateur est présenté à la protagoniste Alexia (Agathe Rousselle qui fait office de vraie révélation), danseuse pour des salons de tuning, et arborant une plaque de métal en titane dans le crâne suite à un accident dans son enfance. Très vite, le métrage va rentrer dans le lard (après une superbe séquence en plan-séquence) à base de meurtres graphiques.
Là où la première partie (quasi parfaite) enchaine les moments de malaise et bruts de décoffrage (le travail sur le son est tout à fait admirable), Titane se mue ensuite en un autre film. Moins percutant malheureusement, mais plus sensible et touchant au moment où Vincent Lindon débarque (dont la carrure impressionnante laisse in fine transparaitre la sensibilité à fleur de peau du perso).
S'ensuit donc un drame à la trame et aux enjeux un peu plus balisés, là où la 1e partie se voulait surprenante, violente et insaisissable. Un constat qui ne pèse pas bien lourd heureusement vu les irruptions du body horror et le travail sur les chairs de la réalisatrice.
Car en fin de compte l'exploit de Titane n'est pas tant dans sa finalité scénaristique, mais sur la propension de Ducournau à emballer des morceaux filmiques qui nous parlent avant tout aux tripes (et ce jusqu'à un final àla portée fantastique purement Cronenbergienne).
Autre point notable : Titane renverse et bouscule les codes de représentation et de sexe. Sans trop en dire, la métamorphose doit encore une fois à Agathe Rousselle, convoquant à la fois ce qu'il y a de féminin et de purement masculin dans son personnage.
Enfin, il faut saluer la photographie de Rubens Impens et l'excellente BO de Rone, proposant au total une symbiose parfaite avec le rendu organique de la mise en scène de Ducournau.
En bref, Titane est un tremplin pour sa réalisatrice,qui certes ne s'affranchit pas encore totalement de ses influences, mais compte désormais comme une des cinéastes de genre les plus intéressantes et frontales qui soient actuellement !
7.5/10 donc 4/5