Salut les amis !
Un excellent Lattuada où Sordi, géniallissime, retourne en vacances dans son village natal de Sicile et va peu a peu, presque sans s'en rendre compte tomber dans la mafia ultra influente là-bas, et en arriver à commettre un crime alors qu'il était un homme bon. Le cinéaste filme ce long basculement avec grand soin à tel point que le spectateur se rend compte, comme le personnage, que c'est trop tard et que le mal est fait.
La même année et avec le même Sordi tout aussi génial, Comencini filme l'obsession d'un commissaire à résoudre une affaire dans un ton oscillant entre la comédie noire et la tragédie.
Tout le monde croyait Ledru mort à la guerre, à commencer pas sa femme qui s'est remarié depuis. Aussi lorsqu'il revient miraculeusement plusieurs années plus tard et sous un autre nom, les gens sont incrédules. A commencer par sa femme er son nouveau mari qui pensent à le faire disparaitre. Situé sur les bords du Rhin et dans le milieu des navigateurs fluviaux, ce Gabin / Grangier est, sans être l'un des meilleurs du duo, réussi.
Vu avec les enfants la veille de la visite du zoo de Barcelone. Ils ont adoré et beaucoup ri alors que c'est consternant de nullité en tous points, animation, rythme, humour et narration. Un calvaire dont je ne sauve que les pingouins très drôles et la passion de la girafe pour suçouiller les pastilles de pissotières. Le reste...
J'aime bien Rouffio et ce film en forme de comédie sentimentale dans un contexte politique mittérandien était très prometteur, mais le résultat est tout autre, un incipide navet de droite qui se veut de gauche.
Un riche industriel d'un bled paumé zigouille sa femme et finit par s'en sortir uniquement grâce à la puissance que lui accorde son statut. Lanoux super dans un film moyen signé d'un cinéaste qui étair jusqu'à présent passé sous mes radars : Etienne Périer.
Film à sketches coréalisé par Grangier et Lautner, dont le moins mauvais est celui avec De Funès mais dont l'ensemble est globalement consternant, notamment à cause de l'image rétrograde et misogyne qu'il donne des femmes.
Dans un village mexicain paumé dans les montagnes et les forêts, le quotidien d'une petite fille dont le père a disparu et de ses deux copines, jusqu'à l'âge adule, et condamnées par la violence des cartels de drogue qui font régner la terreur et exécutent sans sommation quiconque sortira du rang. Un magnifique film d'auteur au rythme lent et à l'image soignée, traitant de la violence de la manière la plus atmosphérique possible, ce qui n'enlève en rien sa cruauté.
Drame érotique dans la difficile société espagnole des 50's. Aranda ne convainc pas totalement et ce qui se voulait sans doute à sensation en 1991 passe plutôt pour ringard aujourd'hui.
Souvent considéré comme le meilleur Mulot, La Saignée ne m'a pas trop convaincu. La première partie aux USA est intéressante pour sa captation de NY dans son jus de l'époque mais sa seconde partie ne se hisse pas au niveau de La Traque par exemple, sur des thématiques communes. De Mulot c'est donc La Rose Ecorchée que j'ai préféré.
Le pire Franco vu à ce jour mais sans doute le pire film ever aussi. Entre abomination plastique et non-sens total, quand tu en viens à sauver uniquement un scène d'uro dans une casserole et une fellation sur un talon haut, c'est dire le niveau du reste...
Un film d'épouvante gothique signé Alberto de Martino dans l'esprit du Masque du Démon de Bava. Ce n'est évidemment pas aussi bien, mais le film est super beau plastiquement, jouant magnifiquement des contrastes de noirs et de blancs, ainsi que des codes gothiques.
Excellente surprise que ce nouveau film de Nicolas Pariser, cinéaste de plus en plus intéressant au fil du temps (Alice et le Maire était déjà génial). C'est une sorte de relecture amusée et stylisée de La Mort aux Trousses, superbe plastiquement, avec un rythme de fou, des comédiens en état de grâce, des dialogues hilarants et superbement écrits, et qui de plus a le bon goût de se dérouler dans le monde de la Bande Dessinée. Lacoste se fait enlever par un nostalgique nazi collectionneur d'originaux de Raymond Macherot, Kiberlain joue le rôle d'une autrice de bande dessinée, des scènes se passent dans la librairie Bulles en Tête du 5è que je fréquente ou dans des galeries, on cite même la Galerie Glénat et on y aperçoit la couverture de Lettres Perdues de l'ami Jim Bishop. Je n'avais pas besoin de tout ça pour me convaincre de la réussite du film, mais disons que c'est la cerise sur le pompon. A voir absolument.
Film à sketches des frères Foenkinos vu un soir où j'avais envie d'une merde. Il y a un casting délirant, une bonne vingtaine de stars, qui se répartissent des sketches dont chacun aborde une pratique ou déviance sexuelle ultra marginale et méconnue. Ça pourrait être odieux et abject comme l'horrible Les Infidèles mais dieu merci ça ne l'est pas, car le film est en permanence bon enfant. On frôle tout de même le nanar, mais c'en est un agréable et amusant.
Au moins ce Franco-là, malgré son évidente médiocrité, à un sens et un scénario. C'est un pur film de nunsploitation, dans les canons du genre, et en le voyant j'ai repensé au dernier Verhoeven. Benedetta fut gonflé en série A à cause du prestige de son réal et de son actrice alors qu'il ne vaut pas plus qu'un nunsploitation de base, et d'ailleurs je pense que c'est réhabiliter le film que de le revoir sous cet œil-là, n'oublions pas que Verhoeven est un amateur de bis.
Un 31 décembre à Baltimore, un sniper planqué dans un immeuble, abat une trentaine de personnes. Un officier du FBI est en charge de l'enquête et s'associe avec un agent de liaison de la police locale, une jeune femme inexpérimentée et au passé trouble. Le film se concentre sur cette enquête et la recherche de l'assassin (qui ne tardera pas à récidiver) et s'avère absolument passionnant et brillamment mis en scène. Ce qu'il y a de magnifique dans ce film c'est que c'est à la fois un haletant thriller à l'américaine (gros stress permanent) et un grand film d'auteur (le discours de Szifron est engagé, faisant porter la responsabilité des crimes autant à la politique américaine qu'au tueur, dont il finit par dresser un portait ambigu). Un des grands films américains de l'année, que j'ai déjà envie de revoir.
Jess Franco en mode slasher inspiration giallo. Anecdotique.
Placido, qui n'est pas un bon cinéaste, s'attaque à un biopic du génie Caravage et c'est sans doute un peu trop grand pour lui. Reconstitution académique, effets spéciaux numériques, un petit peu d'outrance et résultat qui ne convainc personne. Je préfère mille fois la vision minimaliste et homoérotique de Derek Jarman.
Réalisé dès 1965 par Vicente Aranda, alors chef de fil de l'école de Barcelone, Fata Morgana est un film aussi étrange que fascinant, mêlant le thriller névrotique, le labyrinthe mental (sacrément retors) et la fantaisie pop de l'époque. C'est un film tellement codé, tellement cryptique qu'on n'y comprend rien, mais là où c'est bien fait c'est qu'on ne décroche jamais pour autant. Aranda parvient à créer une petite musique expérimentale fascinante de bout en bout.
Un petit bled d'Espagne vraiment reculé s'apprête à recevoir une délégation américaine venant, dans le cadre du plan Marshall, apporter ce dont les villageois ont besoin ou toujours rêver. Ils passent des semaines à organiser les festivités et, évidemment, les voitures de la délégation ne s'arrêteront même pas dans leur bled, passant à toute berzingue devant les mines déconfites de ces pauvres gens désillusionnés. Mon premier Berlanga, et c'est une réussite, quelque part entre les satires de Buñuel ou de De Sica.
Une ex grosse star de la country a foutu sa carrière et sa vie de famille en l'air à cause de l'alcool. Sa femme et sa fille se sont barrées, et il est devenu une loque. Avec beaucoup de chance il parvient à se faire engager dans une station service / motel perdue au milieu de nulle part et tenu par une jeune femme élevant seule son enfant après la mort de son mari, à 20 ans, au Vietnam. Il en tombe amoureux et elle accepte de l'épouser. Il rêve à une vie paisible et tranquille, mais le bruit que cette star est planquée là commence à se répandre. Et lui n'a qu'une obsession, revoir sa fille qui a dû bien grandir. Ecrit sur mesure pour Robert Duvall, qui d'ailleurs et fort justement gagnera l'Oscar du Meilleur Acteur pour ce rôle, Tendre Bonheur est une merveille absolu du Nouvel Hollywood, l'un des grands joyaux méconnus du genre, et vraiment l'un des films les plus touchants et réussis de la catégorie. Beresford s'impose ici comme un grand cinéaste, habile dans le non-dit, dans une science du montage originale et pertinente, et ne jouant jamais d'effets de surenchère. Il pense son film de la manière la plus simple possible, et cela permet à l'émotion de se transmettre au spectateur sans le moindre filtre. C'est bouleversant et à voir d'urgence.
Un jeune marié apprend que sa femme est morte dans un accident de voiture aux côtés d'un fils d'une riche famille d'industriels, et se persuade fort logiquement qu'ils étaient amants. Déstabilisé, il va mener son enquête notamment auprès de la famille qui va tout faire pour acheter son silence. Mais celui-ci va tomber fou amoureux de la soeur du défunt, ce qui n'arrange pas les affaires de la famille. Vont-ils être assez puissant pour lui ruiner sa vie une seconde fois ? Le cinéaste espagnol Bardem, dont je découvre ici le travail, réalise ce film en Argentine dans une ambiance ethérée qui n'est pas sans rappeler parfois les premiers Antonioni. Un beau film complexe et intelligent, à la fin bouleversante sur la question du renoncement et de la capitulation.
Scène 6882 de ma vie - Scen nr: 6882 ur mitt liv - Ruben Östlund - 2005
Un court métrage insipide de Östlund sur une bande de potes dont l'un souhaite sauter d'un pont réputé dangereux.
Incident Bancaire - Händelse vid bank - Ruben Östlund - 2009
Östlund filme en plan séquence l'attaque ratée d'une banque par deux pieds nickelés incompétent avec un seul point de vue aérien et lointain. Mise en place d'un dispositif certes mais une fois que celui-ci est posé, pas de mise en scène.
Que s'est-il passé dans les 3 jours qui ont suivi l'assassinat de JFK ? C'est la question abordée dans son film qui tire son nom de l'hopital où fut emmener le corps du Président pour tenter de le réanimer. Contre-point parfait du film d'Oliver Stone, filmant ce qu'on ne voit pas d'habitude (que faire de la dépouille de Oswald, sa mère criant qu'il est agent de la CIA, quid de Zapruder et de son film super 8, Parkland ne prend pas pour autant parti sur la question du complot possible, tout simplement car il est trop tôt, 3 jours après pour emettre cette hypothèse. Il n'en reste pas moins un complément très intéressant et assez intelligent dans son traitement.
J'avais beaucoup aimé en salle (même si les deux Mottola précédents sont largement meilleurs) et revu à la demande insistante des enfants qui rêvaient de le découvrir. Ils ont adoré, notamment à cause de l'hallucinante proportion de gros mots qu'il y a dans le film (c'est hallucinant) et le lendemain matin ils récitaient en se pliant de rire des tirages entières issues des dialogues du film. Quel bonheur
Je me rends compte que ces dernières années je me mets à apprécier de plus en plus le grand cinéma d'auteur européen, celui souvent plébiscité par Cannes et que j'ai pu un peu conspué trop rapidement parfois (notamment à cause d'un nouvel académisme d'auteur). Mais les années passent, les films restent, le temps fait le travail, et je suis par exemple heureux de ne découvrir La Lune de Jupiter qu'aujourd'hui. Film qui n'est pas sans défaut, et qui n'est pas du niveau du meilleur film de son auteur, White God, mais qui est quand même saisissant et remarquablement mis en scène. Ce qu'il dit sur les migrants, et sur le fait (comme le souligne l'extraordinaire plan final) qu'il va falloir désormais faire avec, j'espère que vous êtes prêts, et d'une grande intelligence et d'une belle humanité. Alors oui il y a peut-être un peu trop de côté démonstratif dans la mise en scène, mais franchement c'est quand même assez époustouflant de voir un cinéaste avoir autant envie de filmer et de se donner les moyens de le faire avec une telle assise plastique.