Une professeure de français lyonnaise en dépression se fait arrêter une semaine pour tenter de se reconstruire, aussi bien sur le point de vue personnel que familial. J'ai toujours pensé que ce film était l'un des plus beaux Tavernier, et le revoir ne fait que le confirmer. Le cinéaste est à la hauteur de ses personnages comme rarement, et Nathalie Baye y est modestement formidable. Dommage que le film soit pourri par 4 chansons d'Eddy Mitchell qui rythment bien mal le film tant elles ne correspondent en rien à l'ambiance d'icelui.
Quand j'étais ado, le film d'horreur était souvent un truc fauché et de série B, pour ne pas dire pire, appartenant de fait à une mouvance underground. ça a changé désormais, et grand nombre de films d'horreur sont arty, de série A, bien fichus et bien produits, très professionnellement. On peut regretter le charme du DIY, mais ça donne parfois de bons films, le meilleur exemple récent étant pour moi le formidable Invisible Man. Smile s'inscrit dans le même genre, et je dois dire que j'ai joué le jeu à 100%, que j'y ai cru, et que le film m'a plu. C'est un film construit à la manière d'It Follows, avec une réaction en chaine, que l'héroïne doit tenter de briser si elle veut s'en sortir, et tout aussi efficace même s'il ne s'inspire jamais de Carpenter. Mention spéciale à la comédienne Sosie Bacon, que j'ai trouvé formidable.
Revu avec un plaisir intact ce qui est l'un des plus grands films d'Eastwood, mais on ne le dit pas assez, et qui est clairement son film De Palmien - des plans, des séquences entières sont presque refaites à l'identique, mais toujours de manière pensée et intelligente pour se mettre dans le sillage de -, et l'un de ses plus prenants. Surtout c'est, je pense, l'un des films d'Eastwood où la mise en scène est la plus aboutie et la plus flamboyante. ça n'a rien à voir mais ça m'a donné envie de revoir Minuit dans le Jardin du Bien et du Mal autre grand film méconnu - ou mal aimé - du cinéaste. En tout cas, avec celui-ci on est pas loin du chef-d'oeuvre parfait.
Difficile d'imaginer le degré de merdre de ce truc. C'est abominable de bout en bout. Le truc à montrer à votre pire ennemi. Une atrocité.
Revu en bluray pour montrer au gamin qui a bien flippé (mais qui dit le lendemain ne pas avoir trop aimé - normal il y a un peu de fantastique), et j'y ai pris du plaisir, notamment de voir comment l'équipe de Spielberg s'amuse à entrer dans les godillots de Conan Doyle, le mélange des deux fonctionnant bien. C'est la grande époque Amblin, le moment où tout ce qu'ils font porte leur marque de fabrique, leur identité.
Petit film d'horreur 80's US comme il y en a des centaines, et qui ressort en grande pompe chez Rimini ce mois-ci. Malgré la modestie de l'ensemble, c'est une belle réussite, assez prenante et jamais ridicule. Le film est très lent au départ, mais j'aime beaucoup cette lenteur, elle permet une proximité avec les personnages, l'environnement, avant de virer au fantastique macabre dans la dernière demi-heure, mais sans jamais sombrer dans le ridicule, malgré quelques effets spéciaux limites. Ce que j'aime surtout dans le film, c'est qu'il est ancré l'air de rien dans une question de réalisme cinématographique assez rare dans ce genre de cinéma et qui fait la différence.
Alors c'est ça le succès surprise de l'année, la comédie indé feel good qui a rassemblé tout le monde et qui est la grande favorite aux César ? Pfff, un cinéma du pauvre, mal écrit, très mal dialogué, avec des acteurs qui ne sauvent pas le bouzin du naufrage, et une pauvreté des enjeux dramatiques qui me consterne... ça ressemble à tellement de nanars français des années 90 qui au mieux passaient inaperçus et au pire se faisait lyncher, et aujoud'hui on te fait passer ça pour la crème du cinéma de ton pays ? Au secours...
Une famille de gitans, 5 enfants, dorment à 7 dans une caravane. Lui enchaine les petits taffs de livraison avec sa camionnette, et parce qu'il a besoin de thunes pour nourrir ses gosses, participe à un coup foireux. Il se fait toper, accident de voiture, la prison l'attend, sa femme a appelé un avocat au hasard pour le défendre, ils n'ont pas de quoi payer, mais il lui évite le ferme pour quelques mois de sursis. Les deux couples se rencontrent (elle est avocate aussi) et ils sympathisent. Ils ont 5 enfants, un de plus ce serait impossible, et eux en revanche n'arrivent pas à en avoir, ils ont tout essayé, ça ne prend pas. Puis l'impossible se produit, ils vont en avoir un 6ème, ne peuvent pas l'élever, ils proposent au couple d'avocat de leur vendre. Mais c'est impossible, ils sont mieux placés que tout le monde pour connaitre la loi, et ce qu'ils risquent s'il se lancent là-dedans. Pourtant... Lorsque j'avais vu la bande annonce du film, j'étais perplexe, tout ça me semblait gros quand même... Mais devant le film, tout passe, car le cinéaste te balance son postulat d'entrée de jeu, sans crier gare et tu es comme les personnages, tu l'acceptes et ça avance, hop, tu es pris dans le truc. Je ne vais évidemment pas en raconter plus mais le film atteint un degré émotionnel rare, et une tension permanente qui est toujours, à chaque plan, parfaitement dans les clous au niveau de la morale cinématographique. Jamais le film n'est limite, tendancieux, douteux, sur les intentions du metteur en scène, tout est parfaitement clair là-dessus. Et pourtant, quand tu vois le film avancer, tu te demandes comment il va s'en sortir, mais non la fin est grande, parfaite, la seule possible. C'est d'ailleurs un film absolument exemplaire sur la place que doit tenir un cinéaste par rapport à son sujet, quel folie que ce soit seulement un premier film et d'en être déjà là. Car le film est écrit avec une grande intelligence, et dialogué de manière tellement juste que c'en est bouleversant (Louis Garrel devrait s'en inspirer franchement...) Il est aidé en cela par 4 comédiens en état de grâce. Giraudeau, Chemla, Bonnard, Laverhne, 4 acteurs que j'aime beaucoup, voire que j'adore, intelligence du casting déjà, mais surtout, ils sont ici littéralement en état de grâce, fonctionnent ensemble comme rarement, et aidés par la puissance des dialogues et des situations, haussent encore le film à un degré supérieur. Bref, grosse calotte d'autant que je n'attendais rien du film. Chemla est nommée aux César pour le meilleur Second Rôle, j'espère vraiment qu'elle l'aura, et le film est nommé fort justement comme Meilleur Premier Film. C'est cruel car il sera notamment opposé à Bruno Reidel, soit deux des plus beaux films de 2022, et c'est un crève-cœur que de choisir entre ces deux merveilles (en espérant que ce soit bien l'un de ces deux qui l'emporte) qui auraient toute leur place dans la catégorie Meilleur Film tout court.
Manifeste Queer underground japonais de la toute fin sixties, qui s'inspire beaucoup de Genet / Cocteau ainsi que de toute la scène expérimentale. Le film est magnifique, toujours très pertinent aujourd'hui et juste retour des choses, il est à son tour devenu une oeuvre ayant inspiré les générations futures.