C'est un magnifique film, qui a pour seul défaut une seconde partie qui s'éparpille quelque peu.
La première période est formidable, un modèle d'écriture, de direction d'acteurs, Davy Chou filme ça avec la distance parfaite pour ce sujet, l'humour noir est bien dosé et n'entre jamais en contradiction avec les enjeux émotionnels de cette héroïne très atypique, assez fourbe par moment mais sans jamais perdre notre empathie pour elle.
Quand commence la seconde période, d'abord un peu paumé, très vite j'étais à nouveau à fond, la fête d'anniversaire étant un passage particulièrement fascinant... mais c'est alors qu'un troisième saut dans le temps survient, et c'est là où ça se complique pour moi. Parce que je deviens nostalgique du rythme de la première période qui prenait mieux son temps, et en même temps, paradoxalement, je finis par trouver le temps long et à me demander quand est-ce que ça va se finir, combien de saut dans le temps va--t-il encore y avoir ?
Quoiqu'il en soit, c'est ce que j'ai vu de mieux en janvier, haut la main.
Ce n'est pas du tout étonnant que le film ne marche pas aux Etats-Unis, tant il est un crachat dans la gueule d'Hollywood ! Babylon ne cesse de se moquer de cette industrie et ses acteurs (dans tous les sens du terme), c'est souvent anti-glamour à souhait, parfois un peu quand même mais toujours teinté d'une distance ironique assez poil à gratter. Bref, les américains ne veulent pas ça. Ils n'ont pas le recul critique nécessaire sur eux-même. Eux, ils veulent Chantons sous la pluie, point barre. C'est la grande force de Babylon, ce qui fait que je pardonne ses excès parfois énervant, que bien d'autres ont déjà relevé à raison. Mais : je dis ça pour la première partie du film. Malheureusement, la seconde sur le déclin des personnages, qui reprend donc la trame de Chantons sous la pluie, ça ne fonctionne plus. Ca commence pourtant très bien, la scène des multi prises ratées d'une scène toute bête avec Margot Robbie est une des meilleures du film. Sauf que justement : tout est dit à ce moment là, et tout la suite du film répète ce qu'on a déjà compris en moins bien. Surtout, on essaie de nous rendre empathique les personnages bouffons dont on rigolait avant, et de fait le film perd son impertinence à ce moment. Et enfin, c'est évidemment trop long. La double fin est le meilleur exemple : séparément, j'aime bien les deux scènes (le cinéma avec Chantons sous la pluie, et le montage rapide de l'histoire du cinéma). Mais ensemble, elles m'ont paru faire doublon. Il faut choisir et Chazelle ne choisit pas. Du coup, il bacle. Le pire étant le personnage de Syndey Pollack, qui n'a pas le temps qu'il mérite, car trop de choses à dire. Dommage.
Aussi, j'ai passé ma semaine au festival du court métrage de Clermont Ferrand.
Je n'ai vu que la section nationale. Sur 56 films, j'en ai vu 40. De quoi repérer les talents de demain.
C'était une sélection très bonne sur les comédies. Il n'y en avait pas tant que ça (genre 1 sur 5 films, je pense), mais justement, l'écrémage a dû être plus costaud et ainsi elles sortaient du lot.
Je vous donne mon top 5 :
1. Bonne soirée - Antoine Giorgini
Alex et Valentine rejoignent Tim, le petit frère de cette dernière, dans la maison de vacances familiale au bord de la mer. Tim prétend avoir découvert un campement de fortune dans le garage où se serait installé un migrant. Alex et Valentine, qui ont compris le canular, décident de faire semblant d'y croire.
Hilarant huis clos entre trois personnages, c'est tout con mais qu'est-ce que c'est bien écrit, bien joué, bien tout quoi. J'étais mort de rire du début à la fin, et en plus c'est mine de rien assez fin sur l'hypocrisie de tout bord des Français vis à vis des migrants. C'est passé un peu sous le radar car c'était dans le même programme que Tondex 2000 qui a obtenu tous les lauriers, c'est dommage pour lui.
2. Tondex 2000 - Jean Baptiste Leonetti
Sylvain, un vétéran de l'opération Pamir en Afghanistan, vit de petits larcins. Il croise la route de Nathalie, une grande bourgeoise déclassée qui lutte pour maintenir à flots son entreprise de tondeuses à gazon.
Seul film de mon top 5 à être reparti avec des prix (prix du public et une simple mention du jury), et c'est mérité. Là aussi c'est hilarant, très Guiraudiesque (il était dans le jury, je suis étonné que le film n'ait pas obtenu le grand prix à vrai dire) Le personnage de Sylvain est ahurissant. C'est le seul des courts métrages que je cite où je verrais bien une version longue se faire derrière, il y a clairement plus à raconter avec ce mec !
3. Les dents du bonheur - Joséphine Darcy Hopkins
Madeleine, huit ans, accompagne sa mère esthéticienne à domicile chez de nouvelles clientes. Arrivée à la maison, elle fait la connaissance d'Eugénie, Constance et Émeraude, qui l'invitent au sous-sol à participer à un cruel jeu de société.
La seule non comédie de mon top 5. C'est rare de réussir à mêler aussi bien propos social et récit horrifique, sans que cela ne paraisse factice ou déjà fait, je veux dire. On peut être tenté d'appeler cette jeune réalisatrice de Julia Ducourneau bis, mais qu'importe, si elle arrive à faire ensuite du long aussi bien tenu, elle va tout exploser.
4. Les Grandes Vacances - Valentine Cadic
Blandine passe ses vacances seule dans un petit camping au pied des montagnes. Elle est rapidement envahie par le bruit, la foule et la pluie qu'elle cherchait à fuir le temps d'un été. Au bord du lac, Blandine rencontre Helio, un jeune journaliste local.
Pour la faire courte, c'est
A l'abordage bis. Mais ce serait injuste de s'arrêter à ça. Ca a sa propre identité, notamment grâce à une actrice étonnante, totalement perchée et drôle dans sa maladresse, qui donne un équivalent féminin à des personnages que pouvaient camper des Vincent McCaigne, ce qui, je m'en rends compte, manque au cinéma français.
5. Ville éternelle - Garance Kim
Au milieu du 77, Lili attend un bus pour aller à l'aéroport. Elle croise Thibault, un ancien camarade de lycée dont elle ne se souvient pas. Le bus n'arrivant pas, Lili décide de partir à pied. Thibault finit par l'accompagner, et, au fil des discussions, ils se re-rencontrent.
Petit film très mignon, autoproduit, fait à quatre mains (les deux acteurs sont aussi les deux scénaristes, et c'est réalisée par l'actrice). Je pense que Garance Kim et Martin Juvat sont des gens qui vont de plus en plus faire parler d'eux, ils ont un univers très marqués, doux et drôle à la fois. Martin Juvat a une personnalité particulièrement faite pour plaire. Il sort son premier long métrage fin mars, j'ai hâte de le voir.
Voila. Bon, j'y étais pour un autre film, mais je le mets évidemment HC et je dévoile rien parce que j'aime bien l'anonymat de ce forum
Le grand prix du jury est un des rares films que j'ai loupé, donc aucune idée de si c'est mérité. Quoiqu'il en soit, c'était super chouette. Je ne parle pas des merdes que j'ai vu, parce qu'évidemment il y en avait, mais y a des auteurs et des autrices à venir qui vont faire du bien au cinéma français, je pense.