Film que je connais par coeur et dont j'ai eu un grand plaisir à revoir dans sa copie remasterisée dans un bluray de toute beauté. Le film est toujours superbe, et traite avec beaucoup d'acuiité de la question du libre-arbitre, ainsi que de la détermination à faire le bien, rendre la justice, qu'elles qu'en soient les conséquences (en cela le film est vraiment un classique hollywoodien, quasi Fordien dans les thèmes). En terme de mise en scène, Palma abandonne ici toute influence hitchcockienne (encore heureux, ça n'aurait rien à faire là) pour s'inspirer à mon avis de Walsh et principalement des Nus et les Morts. Je voulais aussi dire un mot sur la relative déception que peut engendre le fait de revoir un film que l'on connait vraiment par coeur. C'est évidemment un bonheur, mais il se produit aussi quelque chose qui fait qu'on se focalise sur les plans, sur les séquences, sur les détails, sur la construction de cet ensemble plutôt que de voir le film comme un tout. ça enlève un peu de sa magie, parce qu'on le connait trop, mais bon si on arrive là, c'est vraiment que tout va bien entre le film et soi.
Un excellent poliziottesco, peut-être même le meilleur vu à ce jour, car en plus du sujet, le film brille d'une excellente mise en scène, très inspirée par French Connection (et pas seulement grâce à la présence de Fernando Rey), et il n'a pas à rougir de la comparaison. C'est mon premier Castellari, ce ne sera pas le dernier.
J'attendais beaucoup de cette relecture de Petra Von Kant par un cinéaste lui-même fan de Fassbinder, et dire que ce fut une douche froide est un faible mot... Le principe du film est de reprendre le canevas de Petra von Kant et de glisser Fassbinder en tant que personnage dedans. Pourquoi pas ? C'est un postulat, et je ne vais pas m'amuser à juger des différences entre les deux, ça n'aurait aucun sens, et le seul truc qui m'intéresse est de regarder le film que propose Ozon, et éventuellement ce qu'il peut dire d'intéressant sur Fassbinder. Alors Ozon reprend l'idée du lieu clos, l'appartement, mais si Fassbinder brillait d'inventivité pour proposer une mise en scène qui se renouvelait en permanence dans un espace établi, Ozon se contente de faire du théâtre, concentré uniquement sur ses acteurs qui livrent des performances exagérées, parodiques et à la limite du grotesque. La seule idée de mise en scène étant de montrer la vue de l'appartement depuis l'extérieur, sous la neige, pour singer le plan de Douglas Sirk dans Tout ce que le ciel permet et afin de montrer qu'Ozon sait que Fassbinder était fan de Sirk, ça fait plus name-dropping qu'autre chose. Ensuite, qu'est-ce que j'apprends sur Fassbinder dans ce film ? Strictement rien. il n'y a que du cabotinage. Et, si jamais je n'avais jamais entendu parler du mec, j'en aurais une bien piètre opinion. Un alcoolo, drogué, érotomane, toujours en slibard à torturer son assistant et à pleurnicher pour pouvoir sucer une teub... Quelle misère. A cette époque-là, Fassbinder enchainait jusqu'à 7 films par an, plus ses pièces de théâtre, qu'il écrivait, montait, interprétait parfois, c'est l'un des plus gros bourreaux de travail que le cinéma est connu et Ozon se complait à en montrer tout l'inverse. Et qui dire du chamboule-tout final où le personnage insulte tout le monde, sa mère, sa fille, son amie, dans un torrent d'insulte humiliant pour les personnages comme pour le spectateur. Bref, je ne comprends pas quel est l'intérêt d'Ozon de se payer ainsi l'un de ses héros, sans doute par vanité, je ne vois que ça. Au final, ce tout petit film complètement raté, me fait penser à 8 Femmes, autre film du cinéaste que je n'aime pas du tout, dans lequel Ozon, dans sa veine la plus cynique, met en scène des icones pour le simple plaisir de les déboulonner. Juvénile et stérile.
Une adaptation d'une bonne bande dessinée en cinéma qui manque cruellement de parti pris et de choix ésthétique, galérant comme pas possible pour unir des gags en une planche en un continuité cinématographique, pour aboutir à quelque chose de pas clairement défini, ne voulant jamais choisir entre la radicalité d'un cinéma d'auteur et la facilité du cinéma commercial français, n'accouchant in fine que d'un Dupieux du pauvre.
Un aristo italien désargenté n'épouse pas la femme qu'il aime, dans le même état financier que lui, mais la fille d'un riche collectionneur d'art, qui se trouve être l'amie de la première. La situation se complexifie lorsque celle-ci épouse le beau-père collectionneur, tout en continuant sa relation avec le nouveau mari de sa meilleure amie. Dis comme ça ça semble foireux mais le film est pas mal, évoluant dans un faste et une abondance de richesse permanente, et devant beaucoup à ses acteurs. Pas un grand film, mais un Ivory qui tient la route.
reprise du cycle Jurassic Park pour les montrer au gamin. Celui-ci est l'un de mes préférés de la série, et ça a bien fonctionner sur le fiston, qui a flipper tout le long, notamment à cause des Spinosaures ultra flippant, mais qui a adoré ça.
Une femme américaine rend visite à sa soeur installée en France et mariée à une riche Français qui la quitte au moment où la soeur débarque. Situation de crise dans la famille, surtout lorsque la nouvelle venue s'entiche d'un oncle de l'âge de son père, vieux dragueur ringard (joué par Thierry Lhermitte, on en attendait pas moi). Ce film est une espèce de gros marivaudage familial intercontinental, à la distribution mi-française mi-américaine, qui peut sembler ultra loufoque et grotesque sur le papier, mais qui tient plutôt bien la route grâce au savoir-faire d'Ivory et au rythme général, malgré quelques incongruités évidentes.
Un avocat en bout de course et une femme dont l'épouse agricultrice est morte d'un cancer, partent en guerre contre l'industrie des pesticides, soutenu par un puissant lobby. Super surprise, même si la mise en scène est un peu approximative parfois, que ce beau film français engagé, qui n'est pas loin de se mettre au niveau des modèles du genre, tous américains, à commencer par le récent Dark Water. C'est hyper bien mené, cohérent, super dark, et bien interprété. Même Lellouche est convaincant en vieil avocat bedonnant et mal coiffé, qui joue sa dernière chance pour sauver sa carrière, c'est dire.
Dans les années 30 à Shangai, une comtesse russe déchue est obligée de travailler comme entraineuse dans un bar de nuit pour faire vivre sa famille, sa fille qu'elle aime, et ses parents et soeurs ou belle-soeur, qui la renie pour le travail accompli mais qui récupèrent le blé sans souci. Elle rencontre un aristo anglais, victime d'un double attentat où il a perdu d'abord sa femme et sa fille, puis sa vue. Il décide alors de réaliser son rêve en ouvrant son bar idéal et engage cette jeune comtesse déchu dont il va instantanément s'éprendre. C'est un beau film, une sorte de mélodrame historique flamboyant, porté par des beaux personnages, presque des personnages de roman, et une mise en scène généreuse, notamment lors d'une scène finale au port avec le départ des jonques, qui est à couper le souffle. Un beau Ivory, flamboyant et ambitieux, et celui avec lequel je finis cette grande intégrale de 32 films ! Je reviendrais dessus dans un moment car je dois revoir 3 films que je connaissais déjà.
Dont celui-ci, qui est bel et bien une merveille, construit en deux parties distinctes, l'une à Florence (esthétiquement ça doit être ce qu'Ivory a filmé de plus beau) et l'autre en Angleterre, et qui raconte la vie d'une jeune femme hésitant entre deux hommes, un riche aristo qu'il lui est promis par mariage arrangé et un beau gosse libre et fougeux. Le film est beau car il est moderne, et qu'il fait le portrait d'une femme courageuse et libre, puisqu'à chaque fois, elle a son destin entre les mains et c'est elle qui décide d'en faire ce qu'elle veut, n'hésitant pas à user de tous les mensonges nécessaires pour arriver à ses fins. Encore un film qui a quelque chose de Proustien, mais qui tire sa valeur par son ton, jamais condescendant, toujours léger, plein d'humour, mais sans jamais mettre de côté la détermination de cette jeune femme. Superbe.