Le Centre de Visionnage : Films et débats

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groil_groil
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sokol a écrit :
lun. 13 févr. 2023 17:02
groil_groil a écrit :
lun. 13 févr. 2023 11:35
et qu'elle sait parfaitement filer sa métaphore, comme on lui a bien appris à l'école. Au secours !
Comment sont faciles les procès d'intention à des films d'auteurs de "chez nous". Or, quand c'est thaï, turc ou paraguayen, oh qu'elles sont belles les métaphores :langue:

ps: Même si je l'ai classé que 10e, Saint Omer est un des rares films de 2022 que j'ai envie de revoir, ne serait ce que pour l'aimer moins (peut être !!) car il est sur et certain que je n'ai pas tout 'saisi'. Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, force est de constaté que c'est un film riche puisqu'il contient parmi les plans-séquences les plus intrigants vus ces derniers temps au cinéma. Je trouve triste de lui faire un tel procès et, en même temps, défendre des films feignants (en parlant d'énergie :ouch: ) tel que "Babylon", "As Bestas" ou je ne sais plus lequel. Ou alors, pour rester dans le cinéma français : des films qui puent la fainéantise et le bourgeois tel que "Chronique d’une Liaison Passagère" ou "Les Passagers de la Nuit" serait mille fois supérieurs à Saint Omer ?? Wau !! :ouch:
c'est peut-être des films moins courageux mais que je trouve plus réussis oui. Après aucun de ceux que tu as listés ne m'excitent vraiment, je ne me battrai pour aucun d'entre eux.
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groil_groil
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yhi a écrit :
lun. 13 févr. 2023 22:15
groil_groil a écrit :
lun. 13 févr. 2023 11:00
Voici mon top :

1. Macunaíma (1969)
2. Garrincha, Alegria do Povo
3. Brasilia : contradictions d'une ville nouvelle - Brasília, Contradições de Uma Cidade Nova (1967)
4. Le prêtre et la jeune femme - O Padre e a Moça (1965)
5. Guerre Conjugale - Guerra Conjugal (1975)
6. Sentier Tropical - Vereda Tropical (1977)
7. L'Aleijadinho - O Aleijadinho (1978)
8. Le Maître d'Apipucos - O Mestre de Apipucos (1959)
9. Le Poète de Castelo - O Poeta do Castelo (1959)
10. Les Conspirateurs - Os Inconfidentes (1972)
11. L'homme du bois Brésil - O Homem do pau Brasil (1981)
12. Peau de Chat - Couro de Gato (1960)
13. Le Langage de la Persuasion - A linguagem de persuasão (1970)
14. Cinema Novo (1967)
Macunaïma est un film qui me fait de l'oeil depuis un moment. Il y a quelque mois, j'ai pu voir son court pour "Contos eroticos" que j'ai beaucoup aimé, mais aussi Garrincha que j'ai trouvé très décevant. Mais peut être que le côté fiction de son oeuvre est plus dans la veine macunaïma ? (on dirait)
tiens bizarre, ce Contos Eroticos est absent du coffret Carlotta qui était pourtant présenté comme une intégrale totale.
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groil_groil
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C'est étonnant de voir que plusieurs cinéastes hollywoodiens installées sortent tous la même année leur film sur le cinéma. Après Spielberg et Chazelle, c'est donc au tour de Sam Mendes qui a la bonne idée de traiter le sujet par la petite porte, en proposant le modeste mais émouvant portrait d'une femme ouvreuse dans un grand et beau cinéma anglais du tout début des années 80 (la ville n'est pas nommée mais il s'agit d'une station balnéaire du sud du pays). Une femme seule, la quarantaine, à la dérive et en proie à la dépression. Le cinéma et la salle de cinéma en particulier, si elle en est le décorum, n'est pas le seul sujet du film qui traite aussi et surtout de la montée du racisme via les formations de groupes de skinheads, de la solitude et de la dépression donc, mais aussi de la musique (des Specials à Siouxsie). Le film n'évite pas les clichés, ni l'académisme, mais j'aime la manière dont il passe dessus, et cherche avant tout la simplicité avec laquelle il se présente au spectateur. Ce qui est une bonne chose après la démonstration technique étouffante du précédent film du réalisateur (1917) ou la virtuosité excessive de ses James Bond. Plutôt une bonne, et modeste, surprise donc.

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Kiberlain fait un film dans lequel elle essaie de se montrer la plus honnête possible (pas d'esbrouffe), en choisissant un sujet lourd et sensible (la vie d'une jeune fille française et juive qui se rêve comédienne au moment où les lois antijuives commencent à supprimer toutes leurs libertés), mais elle semble faire un film comme on coche une case. ça y est, je suis cinéaste. Je ne sais pas comment dire ça. Je ne pense pas que son geste soit malhonnète, mais je ne sens pas qu'elle s'implique plus que ça, et je n'y vois pas non plus un excès de modestie. ça y est, elle a fait un film. Comme sa fille (bon, celui de la mère est quand même mieux, hein, je vous rassure). D'ailleurs au générique de fin, dans les remerciements, Kiberlain remercient "tous les cinéastes que j'aime". ça y est, elle fait partie de la famille.
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Narval
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Norte marque ma première confrontation avec le cinéaste philippin Lav Diaz, dont l'oeuvre me faisait a priori un peu peur sachant que ses films sont des romans-fleuve en images qui durent tous plus de 3 heures et dont une bonne partie d'entre eux dépassent les 10 heures de projection (allant jusqu'à 13 heures pour un seul film je crois). Norte fait 4 heures, c'est presque un court métrage, et je dois avouer que jamais je n'ai senti la moindre longueur, et que j'ai littéralement adoré cette relecture contemporaine de Crime et Châtiment aux Philippines, me perdre avec ces personnages dans des décors fabuleux (qu'ils soient urbains ou campagnards) et dans une mise en scène ample et maitrisée, toujours parfaitement claire et affirmée. Seule la toute fin m'a paru un peu confuse (comme un geste d'artiste trop scandé), mais ça ne gâche en rien mon impression d'ensemble.
Super si t'as vu et aussi apprécié Norte, pour l'avoir revu récemment sur petit écran, j'ai été à nouveau bluffé par les lumières magnifiques (notamment près de là où habite la marchande ambulante). Diaz a fait presque que des films en noir et blanc et j'avoue que ça me manque un peu parfois ce genre de couleurs ! On est tellement habitué à voir les Philippines en nuances de gris avec lui que je me figure constamment ce pays en N&B.

Et pareil je trouve que la fin est paresseuse/facile/confuse pour un des persos (tuer un personnage dans un accident c'est quand même usé de chez usé), et je comprends la confusion : quand j'ai découvert le film j'ai pas tout de suite compris ce qui c'était passé...
En fait j'ai remarqué que Diaz savait pas forcément très bien terminer ses films (une sacrée ironie quand même), alors qu'il fait souvent de très beaux plans finaux, y'a souvent des facilités d'écriture qui viennent entacher tout ça. Y'a pas longtemps j'ai trouvé qu'il avait bien géré sa fin avec Halte mais en général c'est pas le plus intéressant.
Bonne courage pour voir les autres ! :D
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groil_groil
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Narval a écrit :
mar. 14 févr. 2023 12:00
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Norte marque ma première confrontation avec le cinéaste philippin Lav Diaz, dont l'oeuvre me faisait a priori un peu peur sachant que ses films sont des romans-fleuve en images qui durent tous plus de 3 heures et dont une bonne partie d'entre eux dépassent les 10 heures de projection (allant jusqu'à 13 heures pour un seul film je crois). Norte fait 4 heures, c'est presque un court métrage, et je dois avouer que jamais je n'ai senti la moindre longueur, et que j'ai littéralement adoré cette relecture contemporaine de Crime et Châtiment aux Philippines, me perdre avec ces personnages dans des décors fabuleux (qu'ils soient urbains ou campagnards) et dans une mise en scène ample et maitrisée, toujours parfaitement claire et affirmée. Seule la toute fin m'a paru un peu confuse (comme un geste d'artiste trop scandé), mais ça ne gâche en rien mon impression d'ensemble.
Super si t'as vu et aussi apprécié Norte, pour l'avoir revu récemment sur petit écran, j'ai été à nouveau bluffé par les lumières magnifiques (notamment près de là où habite la marchande ambulante). Diaz a fait presque que des films en noir et blanc et j'avoue que ça me manque un peu parfois ce genre de couleurs ! On est tellement habitué à voir les Philippines en nuances de gris avec lui que je me figure constamment ce pays en N&B.

Et pareil je trouve que la fin est paresseuse/facile/confuse pour un des persos (tuer un personnage dans un accident c'est quand même usé de chez usé), et je comprends la confusion : quand j'ai découvert le film j'ai pas tout de suite compris ce qui c'était passé...
En fait j'ai remarqué que Diaz savait pas forcément très bien terminer ses films (une sacrée ironie quand même), alors qu'il fait souvent de très beaux plans finaux, y'a souvent des facilités d'écriture qui viennent entacher tout ça. Y'a pas longtemps j'ai trouvé qu'il avait bien géré sa fin avec Halte mais en général c'est pas le plus intéressant.
Bonne courage pour voir les autres ! :D
merci ! :jap:
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Tyra
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Tamponn Destartinn a écrit :
sam. 11 févr. 2023 00:31
Première scène : le générique de fin, mais au début. Pleins de cartons, avec énormément de noms, y compris celui des remerciements, avec des marques en tout genre.
Deuxième scène : une conférence du personnage principal, qui commence par un monologue de son long CV. J'ai passé la séquence à tenter de m'accrocher à une branche, à un point de vue. Pas celui de l'héroïne, que je ne connais pas encore. Pas celui des spectateurs de la conférence non plus. Pourtant, ça aurait été le plus logique, mais vu qu'ils rient à des blagues que je ne comprends pas, c'est mort.
Tiens, je me demandais si le film ne pouvait pas effectivement laisser un peu sur le carreau le spectateur peu initié au vocabulaire de la musique classique. D'ailleurs j'aime beaucoup cette scènes, et toutes celles que tu cites. J'aime bien la séquence de la masterclass, que je trouve assez fine dans son écriture. Tar ne s'y exprime que par purs éléments de langages, lieux communs, et pourtant elle arrive à faire illusion par son aura et son bagou. Elle ne dit rien d'intelligent, rien de bête non plus, elle est simplement de A à Z dans la communication, l'image, le professionnalisme. La scène entière tient comme ça, par l'exposition d'un discours entièrement verrouillé qui fait illusion.
Tamponn Destartinn a écrit :
sam. 11 févr. 2023 00:31
Quatrième scène : Blanchett fait cours à un élève chef d'orchestre woke qui veut cancel Bach, ça tourne mal. Première interaction du film où on sent qu'on est dans une fiction, avec des enjeux, des conflits tout ça, et tout sonne caricatural. Ca me rappelle le faux plateau télé dans Julie en douze chapitres. Le jeune élève a un tic, il tremble d'une jambe. Un tic courant, je l'ai parfois aussi. C'était le seul élément que j'aime bien, qui aurait pu donner une touche naturelle à la séquence, jusqu'à ce qu'évidemment il soit utile à la narration, ça ne pouvait pas être quelque chose là "sans raison"...
Ah, autant je trouve la scène de Julie en douze chapitres complètement naze, autant celle là je la trouve très bien. Et le tremblement de la jambe, idée de mise en scène tellement bien vue, évidente dans l'expression d'un stress. Pourtant je n'avais jamais vu ça au cinéma !
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asketoner
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Death in the land of encantos, Lav Diaz, 2007

C'est drôle parce que quand groil a posté à propos de Norte, je venais d'entamer ce Death in the land of the encantos.
Il dure 9 heures, je l'ai vu jusqu'au bout sans trop de déplaisir, en quatre fois. J'ai même trouvé certains moments très beaux. L'idée de départ est magnifique : une éruption a eu lieu, un village a été enseveli par un lahar, certaines personnes n'ont pas été retrouvées mais on sait qu'elles sont mortes, et un homme revient dans ce village où il a grandi, il retrouve ses amis qui ont survécu, il marche sur le toit de l'atelier où il tentait d'être un artiste autrefois, il apprend ce qui est arrivé à sa mère, et il devient fou. C'est parfait. Ce qui est encore plus parfait, c'est qu'il retrouve deux amis : un homme, une femme. L'homme écrivait mais il a tout arrêté ; la femme est peintre et sculptrice, elle vit au pied du volcan, elle sculpte les pierres du volcan, et c'est un acte politique : habiter ce monde malgré la menace, défier la nature, défier toutes les violences. Et lui, celui qui revient, il est un poète assez renommé, et il a obtenu une bourse pour voyager en Europe, puis en Russie. Leurs conversations, sur la nature politique de l'art, sur les raisons de continuer ou d'arrêter de créer, sont très belles. Ce qui est encore plus beau, ce sont leurs rapports. Tous les enjeux (sexuels, amoureux ou de jalousie) ont déjà eu lieu. Ils sont trop vieux pour faire un nouveau drame. Le seul enjeu réel, c'est de savoir ce qu'on fait là, sur cette terre, et précisément sur ce morceau de terre, où la nature est si terrible, et la politique si corrompue et menaçante.
Voilà ce que j'ai beaucoup aimé. Le temps très étiré de certaines scènes donne une certaine ampleur, c'est vrai, à cette dimension existentielle du récit. J'aime beaucoup la séquence, par exemple, où les trois amis entament l'ascension du volcan, puis à mi-chemin renoncent, à cause de la pluie qui vient et de la menace d'une nouvelle coulée toujours présente. Il y a comme ça des idées étonnantes, des intuitions qui créent de vrais moments de cinéma. Mais les corps sont absents. Les paysages existent, Lav Diaz sait les filmer, donner à voir leur âme, leur atmosphère, leur émotion, mais les corps des acteurs sont mous, s'ennuient, semblent avoir été disposés dans un coin du cadre et abandonnés, livrés à eux-mêmes. Ca pourrait donner quelque chose, tous ces gens livrés à eux-mêmes, sauf qu'on voit bien que les acteurs manquent d'appui, voire d'entrain. Ils font des gestes tout petits dans des scènes trop longues. Et ils les répètent à l'infini parce qu'ils n'ont plus d'idée et qu'ils doivent quand même fournir quelque chose pour la caméra. En fait, les scènes les privent de leur imaginaire. Le cinéaste ne leur donne rien pour les transformer en personnages. Il semble même un peu les ignorer, tout en leur faisant jouer des scènes dostoïevskiennes, avec des tirades impossibles, des visions démoniaques et le lyrisme qui affleure. On les voit là, assis au milieu des décombres, et ce ne sont jamais que des comédiens qui improvisent comme ils peuvent, sans jamais être à la hauteur de la tâche qui leur est confiée. D'ailleurs Lav Diaz essaie de créer des ruptures, en insérant de vraies et fausses séquences documentaires, mais on n'y croit jamais, c'est un truc et ça se voit, ça ne fait qu'ajouter de la durée à un film déjà très expansif.
Enfin comme je me posais la question de la nécessité des 9 heures, le générique de fin est apparu. Et j'ai compris : Lav Diaz est le monteur de ses propres films. Il n'y a même pas un nom en plus petit, un assistant, un regard, rien. Il a son tas de scènes, et il les met bout à bout, comme si de rien n'était, comme le roi d'un pays sans sujet. Et ça forme un film auquel personne n'a rien dit, tout droit sorti d'une tête, avec des fulgurances, certes, mais qui manque d'autre. La vérité, c'est qu'un film pareil, que j'ai trouvé plutôt bon et intéressant, je ne le reverrai jamais, parce que je préférerai revoir Satantango ou Twin Peaks the return, ou 5 Lubitsch, plutôt que de chercher de nouveau dans ce grand flux les quelques passages étonnants.
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cyborg
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Forest of oppresion - Ogawa Pro - 1967

Après avoir visionné leurs incroyables documentaires fleuves portant sur le quotidien et l'organisation de villages traditionnels dans le Japon des années 80, je découvre le tout début du travail du collectif de documentaristes Ogawa Pro. Alors que le Japon se reconstruit après la deuxième guerre mondiale le pays connait, comme dans de nombreux autres pays, une révolte étudiante. Alors que les principaux centres de protestations (Tokyo, Kyoto...) sont largement relayés et documentés, Ogawa Pro se concentre sur la révolte au sein d'une petite ville de province : Takasaki, et plus particulièrement les mouvements au sein de sa faculté d'économie.
SI les premières 20 minutes sont particulièrement fastidieuses, détaillant précisément les actions, les répressions subies, les noms des participants et leurs décisions concrètes, le film fini par s'ouvrir et se déployer progressivement. Tout d'abord par l'apparition de la famille des étudiants, posant la question des raisons de la lutte et de sa filiation (inexistante : incompréhension familiale). Puis à l'inverse, quand le combat s’essouffle et que ne reste que le noyau dur le plus radical de quelques étudiants, sont montrés les discussions et questionnements sur les sources de la lutte et ses doutes, ses motivations intimes et les questions sur les possibles surtout sa perpétuation : comment être sur que la cause continue, avec les bonnes causes, une fois qu'on n'est plus là ?
Si le cinéma militant peut souvent pécher par de nombreux aspects (faiblesse de la mise en scène, propagandisme...), Forest of Oppression est un exemple parfait du film sachant combiner une documentation/archive concrète des luttes à une réflexions sur les possibles même de l'action politique directe.



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The Rat Trap - Adoor. Gopalakrishnan - 1982

Si j'ai un peu délaissé mes explorations en cinéma indien en ce début d'année, je suis très heureux d'avoir repris mes explorations avec la découverte d'un troisième film de Adoor Gopalakrishnan, soit l'un des réalisateurs me paraissant le plus intéressant.
Dans une ferme à l'allure médiévale, un riche propriétaire terrien perd peu à peu contact avec la réalité et se replie progressivement sur lui même et l'intérieur de sa maison. Si les textes critiques parcourus en ligne y voient une métaphore politique sur un changement d'époque et d'organisation sociale déstabilisant les classes supérieures (ce qu'il est à n'en pas douter), The Rat Trap me parait avant tout un immense film sur la folie, grand thème fil rouge du cinéma de Gopalakrishnan. Les jeux progressifs sur le passages des jours et des nuits, sur l'intérieur et l'extérieur, sur la vie de groupe et l'isolation, finissent par donner une œuvre aussi captivante qu'étouffante. Rarement le sentiment d'aliénation aura été aussi bien porté à l'écran, et ce film vaut bien tous les autres vues sur l'implosion du foyer et du quotidien dans notre cinéma européen. Le lien potentiel entre ce fameux "piège à rat" et la réalisation même d'un long-métrage ne fait de surcroit que rajouter une cause d’intérêt supplémentaire pour le film.
Le film rentre directement en haut de mes films indiens préférés et je le recommande à tous.
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asketoner
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Astrakan, David Depesseville

L'enfance blessée, battue, violée - l'enfance nue en somme -, David Depesseville la filme aujourd'hui, à la suite de Maurice Pialat, Sandrine Veysset, Jean-Claude Brisseau, Bruno Dumont, dont les premiers films ont tout de suite touché à l'irréparable et à l'abandon. Cet aujourd'hui est très curieux, le film semble vieux, pourtant il y a un téléphone portable et un cinéma qui programme Pénélope mon amour de Claire Doyon sorti l'année dernière. On pourrait douter de l'époque dépeinte, mais pas parce que le film est passéiste : simplement parce que le pays est vieux, la région reculée, et la famille à l'abri des regards. La violence et le manque d'amour n'ont pas d'âge. Et ils s'exercent en territoire clos, que seul l'argent pénètre (le prof de sport demande le chèque pour payer la licence, la mère de famille baisse la tête, promet et s'en va, rappelée à l'ordre, au seul ordre possible).
C'est un film merveilleux, hors du commun. Un garçon est placé dans une famille d'accueil, et il en voit tout de suite tous les rouages de violence et d'inceste. Pourtant il doit et veut rester. Alors il tente de tenir, de se faire accepter et d'échapper au pire. La mise en scène est tendue mais pas sèche. Au contraire, la clairvoyance du garçon donne lieu à des images hallucinatoires, comme quand on ne veut pas admettre une vérité pourtant sous nos yeux. La réalité est là, mais l'esprit aussi, et la façon dont l'esprit retravaille la réalité. Ce qui donne lieu, parfois, à des plans totalement inattendus, comme celui où le garçon, passant le portail de la maison de la jeune fille et découvrant son jardin, est accompagné par un mouvement de caméra qui s'arrête sur une fleur rouge vif. Ou comme les dix dernières minutes, soudain baignées de musique, où l'on revoit tout ce que le film a montré, avec la déformation du souvenir, de la peur et du traumatisme.
La tension, immédiate, naît du regard qui ne se contente pas de créer une atmosphère ou de donner des impressions. Le film est fait de détails et de trous, comme si nous étions déjà dans une mémoire tentant de reconstituer son histoire (ou bien de la brouiller pour la supporter). Quand on voit le personnage de Luc, tout est dit dès la première image : il s'avance vers les enfants, le t-shirt relevé bien au-dessus du ventre pour transporter les fruits rouges qu'il vient de cueillir, innocent et pervers dans le même élan, amical et menaçant. Les scènes sont écrites et pensées de telle sorte qu'elles génèrent toujours beaucoup d'ambivalence, sans interdire le sens (il ne s'agit pas de ne rien penser, mais de penser avec le trop, avec tout ce qui vient et qu'on ne peut pas nier). Ainsi la mère adoptive dit-elle à plusieurs reprises qu'elle doit garder l'enfant parce que la famille a besoin de l'argent qu'il lui rapporte, mais ce n'est qu'une phrase. Il y a peut-être entre elle et ce garçon un peu plus qu'un rapport économique. Et pourtant ce rapport est une réalité. Est-ce que l'argent empêche l'amour de se déployer (un amour désintéressé, idéal, tel qu'on pourrait l'espérer), ou bien est-ce qu'il en est la condition et à sa façon le permet ? De même, quand l'enfant offre à la mère adoptive une coupelle sur laquelle est écrit "je t'aime maman", c'est sans doute un geste sincère, mais animé d'une intention aussi, celle de sceller un lien, d'exprimer un besoin, et de se préserver d'un autre placement. Enfin, on peut se demander si la mère n'a pas laissé l'enfant intégrer la famille pour voir (à sa place) ce que son frère inflige à son aîné. L'enfant adopté est aimé comme témoin, et repoussé comme tel également. Quand il en chie (littéralement), on veut le renvoyer. Mais on ne le renvoie jamais. On veut surtout qu'il en chie.
Il y a des enfances héroïques, sur lesquelles on essaie de plaquer des discours, qui aident, certes, à bien des égards, mais qu'un grand film comme Astrakan parvient à saisir autrement, et qui donne la mesure de la vitalité qu'il faut pour traverser une telle injustice et s'en sortir quand même. Le cinéaste semble accompagner son personnage dans l'effort surnaturel qu'il fournit pour vivre malgré tout. C'est ce qui rend le film si puissant.
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groil_groil
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Une professeure de français lyonnaise en dépression se fait arrêter une semaine pour tenter de se reconstruire, aussi bien sur le point de vue personnel que familial. J'ai toujours pensé que ce film était l'un des plus beaux Tavernier, et le revoir ne fait que le confirmer. Le cinéaste est à la hauteur de ses personnages comme rarement, et Nathalie Baye y est modestement formidable. Dommage que le film soit pourri par 4 chansons d'Eddy Mitchell qui rythment bien mal le film tant elles ne correspondent en rien à l'ambiance d'icelui.

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Quand j'étais ado, le film d'horreur était souvent un truc fauché et de série B, pour ne pas dire pire, appartenant de fait à une mouvance underground. ça a changé désormais, et grand nombre de films d'horreur sont arty, de série A, bien fichus et bien produits, très professionnellement. On peut regretter le charme du DIY, mais ça donne parfois de bons films, le meilleur exemple récent étant pour moi le formidable Invisible Man. Smile s'inscrit dans le même genre, et je dois dire que j'ai joué le jeu à 100%, que j'y ai cru, et que le film m'a plu. C'est un film construit à la manière d'It Follows, avec une réaction en chaine, que l'héroïne doit tenter de briser si elle veut s'en sortir, et tout aussi efficace même s'il ne s'inspire jamais de Carpenter. Mention spéciale à la comédienne Sosie Bacon, que j'ai trouvé formidable.

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Revu avec un plaisir intact ce qui est l'un des plus grands films d'Eastwood, mais on ne le dit pas assez, et qui est clairement son film De Palmien - des plans, des séquences entières sont presque refaites à l'identique, mais toujours de manière pensée et intelligente pour se mettre dans le sillage de -, et l'un de ses plus prenants. Surtout c'est, je pense, l'un des films d'Eastwood où la mise en scène est la plus aboutie et la plus flamboyante. ça n'a rien à voir mais ça m'a donné envie de revoir Minuit dans le Jardin du Bien et du Mal autre grand film méconnu - ou mal aimé - du cinéaste. En tout cas, avec celui-ci on est pas loin du chef-d'oeuvre parfait.

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Difficile d'imaginer le degré de merdre de ce truc. C'est abominable de bout en bout. Le truc à montrer à votre pire ennemi. Une atrocité.

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Revu en bluray pour montrer au gamin qui a bien flippé (mais qui dit le lendemain ne pas avoir trop aimé - normal il y a un peu de fantastique), et j'y ai pris du plaisir, notamment de voir comment l'équipe de Spielberg s'amuse à entrer dans les godillots de Conan Doyle, le mélange des deux fonctionnant bien. C'est la grande époque Amblin, le moment où tout ce qu'ils font porte leur marque de fabrique, leur identité.

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Petit film d'horreur 80's US comme il y en a des centaines, et qui ressort en grande pompe chez Rimini ce mois-ci. Malgré la modestie de l'ensemble, c'est une belle réussite, assez prenante et jamais ridicule. Le film est très lent au départ, mais j'aime beaucoup cette lenteur, elle permet une proximité avec les personnages, l'environnement, avant de virer au fantastique macabre dans la dernière demi-heure, mais sans jamais sombrer dans le ridicule, malgré quelques effets spéciaux limites. Ce que j'aime surtout dans le film, c'est qu'il est ancré l'air de rien dans une question de réalisme cinématographique assez rare dans ce genre de cinéma et qui fait la différence.

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Alors c'est ça le succès surprise de l'année, la comédie indé feel good qui a rassemblé tout le monde et qui est la grande favorite aux César ? Pfff, un cinéma du pauvre, mal écrit, très mal dialogué, avec des acteurs qui ne sauvent pas le bouzin du naufrage, et une pauvreté des enjeux dramatiques qui me consterne... ça ressemble à tellement de nanars français des années 90 qui au mieux passaient inaperçus et au pire se faisait lyncher, et aujoud'hui on te fait passer ça pour la crème du cinéma de ton pays ? Au secours...

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Une famille de gitans, 5 enfants, dorment à 7 dans une caravane. Lui enchaine les petits taffs de livraison avec sa camionnette, et parce qu'il a besoin de thunes pour nourrir ses gosses, participe à un coup foireux. Il se fait toper, accident de voiture, la prison l'attend, sa femme a appelé un avocat au hasard pour le défendre, ils n'ont pas de quoi payer, mais il lui évite le ferme pour quelques mois de sursis. Les deux couples se rencontrent (elle est avocate aussi) et ils sympathisent. Ils ont 5 enfants, un de plus ce serait impossible, et eux en revanche n'arrivent pas à en avoir, ils ont tout essayé, ça ne prend pas. Puis l'impossible se produit, ils vont en avoir un 6ème, ne peuvent pas l'élever, ils proposent au couple d'avocat de leur vendre. Mais c'est impossible, ils sont mieux placés que tout le monde pour connaitre la loi, et ce qu'ils risquent s'il se lancent là-dedans. Pourtant... Lorsque j'avais vu la bande annonce du film, j'étais perplexe, tout ça me semblait gros quand même... Mais devant le film, tout passe, car le cinéaste te balance son postulat d'entrée de jeu, sans crier gare et tu es comme les personnages, tu l'acceptes et ça avance, hop, tu es pris dans le truc. Je ne vais évidemment pas en raconter plus mais le film atteint un degré émotionnel rare, et une tension permanente qui est toujours, à chaque plan, parfaitement dans les clous au niveau de la morale cinématographique. Jamais le film n'est limite, tendancieux, douteux, sur les intentions du metteur en scène, tout est parfaitement clair là-dessus. Et pourtant, quand tu vois le film avancer, tu te demandes comment il va s'en sortir, mais non la fin est grande, parfaite, la seule possible. C'est d'ailleurs un film absolument exemplaire sur la place que doit tenir un cinéaste par rapport à son sujet, quel folie que ce soit seulement un premier film et d'en être déjà là. Car le film est écrit avec une grande intelligence, et dialogué de manière tellement juste que c'en est bouleversant (Louis Garrel devrait s'en inspirer franchement...) Il est aidé en cela par 4 comédiens en état de grâce. Giraudeau, Chemla, Bonnard, Laverhne, 4 acteurs que j'aime beaucoup, voire que j'adore, intelligence du casting déjà, mais surtout, ils sont ici littéralement en état de grâce, fonctionnent ensemble comme rarement, et aidés par la puissance des dialogues et des situations, haussent encore le film à un degré supérieur. Bref, grosse calotte d'autant que je n'attendais rien du film. Chemla est nommée aux César pour le meilleur Second Rôle, j'espère vraiment qu'elle l'aura, et le film est nommé fort justement comme Meilleur Premier Film. C'est cruel car il sera notamment opposé à Bruno Reidel, soit deux des plus beaux films de 2022, et c'est un crève-cœur que de choisir entre ces deux merveilles (en espérant que ce soit bien l'un de ces deux qui l'emporte) qui auraient toute leur place dans la catégorie Meilleur Film tout court.

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Manifeste Queer underground japonais de la toute fin sixties, qui s'inspire beaucoup de Genet / Cocteau ainsi que de toute la scène expérimentale. Le film est magnifique, toujours très pertinent aujourd'hui et juste retour des choses, il est à son tour devenu une oeuvre ayant inspiré les générations futures.
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sokol
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Ah mais, mais, le vrai titre du nouveau film de Hong Sang-soo est : 소설가의 영화

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c'est à dire : Le film de la romancière.

En verlan, cela donnerait :

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"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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asketoner
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La Romancière, le Film et le Heureux Hasard, Hong Sang-Soo

Comme je l'écrivais sur le top 2023, je trouve que Hong Sang-Soo se débarrasse ici d'une certaine paresse, voire d'une vulgarité qui commençait à plomber ses films. Tout est léger dans Le Film de la Romancière, tout est heureux - avec cette forme de joie rare qui tient aux circonstances, aux gens et à la simplicité des idées. Pas d'embrouille excessive, pas de leçon de sagesse non plus : car il y a l'amour d'un côté (l'actrice), et la maturité de l'autre (la romancière). On parcourt toute une vie : l'amitié (la libraire), l'amant (le poète), et la société (le cinéaste) se succèdent et se croisent sans aucune lourdeur. Les scènes semblent évidentes, elles jouent avec nous qui les regardons, elles nous invitent sans cesse à entrer dans le petit monde qu'elles forment l'air de rien, par musique plus que par raison, mais quand même avec une éthique. Du jeu et de l'éthique, en somme.
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cyborg
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Vibración de Granada (1935).
Aguaespejo Granadino (1953–55)
Fuego en Castilla (1958–60).
Acariño Galaico (1961/1981–82/1995)

de José Val del Omar


Découverte très heureuse, fulgurante et sidéré du réalisateur espagnol d'avant-garde José Val del Omar. A lui seul il me fait regretter toutes mes moqueries sur le cinéma espagnol :D
Val del Omar a peu réalisé, ces 4 courts-métrages sont ses principales création. Mais il était aussi inventeur. En bon moderne il cherchait les limites de son médium, le poussant à la création d'outils d'optique et de son, dont les utilisations combinés lui ont permis d'inventer le ronflant terme de "Picto-Luminic-Audio-Tactile" (PLAT), dont l'idée est aussi obscure qu'évidente à la vision de ses films.
Il était artiste, mais aussi mystique, porté par la religiosité profonde de l'Espagne. Et c'est bien une recherche totalement transcendantale que met en place Val Del Mar, semblant explorer les mystères de la vie humaine sur chaque mm carré de sa pellicule. De la vie humaine mais aussi de la nature et, en fait, du monde en général, finissant par faire dialoguer les sculptures religieuses avec les grenouilles, les gitans et les clignotements cosmiques du passage du temps.
Le premier film de la liste, Vibration de Grenade, se rapproche d'un des portraits de ville que l'on croise beaucoup dans les décennies 10 et 20, mais avec un sens bien particulier du cadrage et du détail. Découpant et destabilisant ses sujets, il semble plus intéressé par le ciel au dessus des bâtiments, par les forces qui traversent ses cadres et par le jaillissement de l'eau des fontaines. L'eau et sa fluidité sont d'ailleurs un des grands thèmes de son travail, le reliant ainsi conceptuellement avec l'un autre des plus grands réalisateurs expérimentaux : Bill Viola, dont une étude croisée (lui aussi, un religieux + un "expérimenteur technique"...) serait sans doute passionnante.
La puissance cinématographique se déploie avec Aguaespejo Granadino et Fuego en Castilla, puis explose totalement avec le dernier film (monté de façon posthume grace à ses notes, ayant lui même repoussé le montage de près de 20 ans) Acariño Galaico. Les déclamations sont cosmiques, les formes chrétiennes se doublent de formes païennes, les sources de vibrations sont à l'unisson. Chaque expérimentation dégage une énergie folle, les images se tordent et crépitent tant du feu de bois que du feu divin. Val del Omar tente de fixer l'eau, de sédimenter le mysticisme, tout en sachant que sa quête est impossible. Et le résultat est sublime.


Je conseille grandement de voir les 4 courts dans l'ordre, et même si possible à la suite (20 min chacun, comme un film d'1h20) car la somme forme un tout d'une cohérence et d'une ampleur remarquable. L'oeuvre d'une vie vraiment.

Les voici, pour les curieux : https://www.grosfichiers.com/vE4uY6n64vX
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Tamponn Destartinn
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sokol a écrit :
lun. 20 févr. 2023 16:27
Ah mais, mais, le vrai titre du nouveau film de Hong Sang-soo est : 소설가의 영화

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c'est à dire : Le film de la romancière.

En verlan, cela donnerait :

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Ah bah c'est dommage, j'aurais préféré ce titre (plutôt qu'un clin d'oeil flemmard à Rohmer ou au dernier Ryūsuke Hamaguchi, histoire de ramener du public j'imagine)


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Un HSS du bon côté de la barrière, même si ça ne se joue à rien comme souvent.
Par contre, je ne le mettrais pas non plus au dessus du lot comme Sokol. Je dirais même que son précédent, Juste sous vos yeux, me restera beaucoup plus en tête.
Mais à vrai dire, c'est plutôt bon signe qu'on ne soit pas tous raccord sur quel HSS mettre au dessus du lot, qu'on ait tous des préférés différents et personnels.


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Ca commence très bien. D'un point de vue narratif, c'est cash, sans longue introduction inutile, ça m'a fait penser à du Cronenberg. Formellement aussi, on sent tout de suite que M. Night Shyamalan ne va pas chercher à péter plus haut que son cul cette fois, c'est très simple mais très efficace. Et, cerise sur le gâteau, parce que ce n'est pas une constante avec le réal : la direction d'acteurs est bonne ! Bref, quand le postulat fut posé, j'étais totalement partant.
Problème : tout tend vers une fin, qui se plante royalement. Le refus d'une fin ouverte, où le mystère plane encore, aurait presque pu sonner courageuse... mais malheureusement, Shyamalan restant Shyamalan, ça sonne surtout un peu con ! La vraie question est : est-ce que c'est con mignon, permettant au film d'être quand même un bon cru où on ne s'ennuie jamais, ou est-ce carrément con dangereux, avec un discours nauséabond, probablement involontaire mais ça n'excuse rien ? Moi, ce que j'ai compris, c'est que le seul personnage qui voit de l'homophobie dans cette histoire est Andrew. De par les flash back, on voit bien qu'il a un trauma de base, qui est de ne pas être accepté par ses parents. Il voit tout ce qui l'agresse sous le prisme de l'homophobie, même quand ce n'est pas si évident que ça, notamment sa fameuse agression dans un bar. Donc à la fin, si parcours du héros il y a, il a surmonté son trauma en acceptant que ce qui lui arrivait n'était pas de l'homophobie, que c'est vraiment l'idée que Dieu réclame le sacrifice d'un amour pur... et c'est bel et bien ça. Voila. C'est ça que j'ai compris. Est ce que c'est acceptable comme discours, je sais pas. Je m'en fous un peu, je trouve ça juste pas subtil pour un sou, quoi.
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Narval
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asketoner a écrit :
sam. 18 févr. 2023 00:05
C'est drôle parce que quand groil a posté à propos de Norte, je venais d'entamer ce Death in the land of the encantos.
Super si t'as vu Death... ! Content que tu as été sensible aux enjeux du film ainsi qu'aux personnages principaux, je trouve aussi que leur trio fonctionne très bien. Ces 3 personnages sont magnifiques.
Mais les corps sont absents. Les paysages existent, Lav Diaz sait les filmer, donner à voir leur âme, leur atmosphère, leur émotion, mais les corps des acteurs sont mous, s'ennuient, semblent avoir été disposés dans un coin du cadre et abandonnés, livrés à eux-mêmes.
Je ne peux pas être d'accord car ces corps habitent totalement les paysages et s'en font scène - quand Teodoro se met à improviser un poème au début, lorsque le corps nu et de l'ex de Benjamin lui apparaît en vision et prend tout l'écran avec sa peau moite, quand Catalina sculpte, quand le corps de Benjamin erre dans les décombres. C'est un cinéma moins monolithique et distancié qu'il n'y paraît. Que les corps se fondent/soient écrasés par les décors dans ces plans très larges, là oui, mais qu'ils n'existent pas c'est exagéré.
On les voit là, assis au milieu des décombres, et ce ne sont jamais que des comédiens qui improvisent comme ils peuvent, sans jamais être à la hauteur de la tâche qui leur est confiée.
J'aime particulièrement leur jeu justement, très accès sur les faits, les lentes montées en tension (quand Catalina dit ses 4 vérités à Bejamin, l'interrogatoire dans le café vers la fin), j'aime la longueur de leurs retrouvailles, des états des lieux qu'ils font, la banalité des conversations, le contraste avec le décor en ruine à la fois superbe et terrifiant ne pourrait pas être plus fort. C'est comme ça que le film arrive à émouvoir, avec tous ces contrastes de forme et de simplicité des dialogues et du jeu qui est débarrassé de ses intentions immédiates. En cela c'est un cinéma exigeant.
Et j'ai compris : Lav Diaz est le monteur de ses propres films. Il n'y a même pas un nom en plus petit, un assistant, un regard, rien. Il a son tas de scènes, et il les met bout à bout, comme si de rien n'était, comme le roi d'un pays sans sujet
Sur ce point là, il ne faut pas oublier que c'est un film particulier en terme de production : il a été tourné dans l'urgence après le passage du typhon et Diaz est rentré direct (tout comme le personnage principal qui rentre de l'étranger) pour documenter les conséquences avec sa caméra DV. Le film est auto-produit, avec pas ou très peu d'équipe technique et écrit au fur et à mesure. Il y a des fausses scènes d'interrogatoire (celle de Catalina), tout comme de vrais scènes (les familles de victimes qui parlent des rations). Donc je ne sais plus très bien comment le générique est fichu, mais dans mes souvenirs chaque personne de l'équipe est bien créditée si c'est ce que tu sous-entends.
La vérité, c'est qu'un film pareil, que j'ai trouvé plutôt bon et intéressant, je ne le reverrai jamais, parce que je préférerai revoir Satantango ou Twin Peaks the return, ou 5 Lubitsch, plutôt que de chercher de nouveau dans ce grand flux les quelques passages étonnants.
L’essentiel c'est de l'avoir vu une fois ! Par contre il me semble que l'on ne peut pas oublier un film pareil. Personnellement, ces paysages me hanteront jusqu'à la fin de ma vie, et ces 3 personnages m'accompagneront aussi... Et autant Satantango je l'ai revu plusieurs fois et je ne tarirai pas d'éloges dessus (la comparaison entre les deux cinéastes est par ailleurs bienvenue), autant je suis beaucoup moins proche de l'univers de Twin Peaks et ça me laisse froid (outre les saillies fantastiques).

Par ailleurs je pense que contrairement à Twin Peaks The Return où l'on peut clairement identifier des épisodes plus forts que d'autres et que certains pourraient se voir indépendamment (genre l'épisode 8), les films de Lav Diaz ont de la valeur dans leur entièreté, c'est même une des essences de son cinéma - le travail de la durée -, donc pour moi aller chercher un passage par là n'a pas d'intérêt, on perd totalement ce qui fait que c'est un cinéaste de l'épique. Il n'y aura rien pour remplacer la sensation de passer toute une journée avec un de ses films. Peu importe si on apprécie ou non, voir Satantango/autre film très long d'un coup ça n'a pas de prix.
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Narval
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cyborg a écrit :
mar. 21 févr. 2023 09:54
Merci beaucoup pour le retour et le lien ça donne très envie !
Je m'y attèle très vite.
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groil_groil
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Oui, il y a en effet clairement un sursaut dans ce film-là, et HSS arrive de nouveau à me séduire avec un de ses nouveaux films. ça se voit rien qu'en nombre de plans (ce qui n'empêche pas les très nombreux et très beaux plans séquences), ses positions de caméra, les jeux des acteurs. Le cinéaste est moins en roue libre, et c'est tant mieux. C'est toujours un cercle fermé 5 personnages qui se croisent toujours par hasard et comme par miracle, mais ce n'est jamais un problème, car c'est le monde de HSS, et celui-ci à sa cohérence, comme celui de Rohmer avait la sienne. N'existent dans ce monde que les personnages qui servent au récit, pas besoin de faire passer un passant si ce passant n'a rien à dire, et c'est très bien ainsi. Là c'est une romancière, qui revoit sa copine libraire, puis qui croise un cinéaste, qui lui présente une actrice, avec qui elle devient amie, qui lui propose de se rendre à la rencontre d'un poète, qui se trouve être un de ses anciens amants, et que la rencontre se déroule qui plus est chez sa copine libraire du début (qui bizarrement ne lui a pas parlé de la rencontre devant se passer quelques heures après alors qu'elle craignait pourtant qu'il n'y ait personne et qu'elle devait sans doute savoir qu'ils avaient été amants, mais bon, passons). Il n'y a que ces personnages-là, plus deux ou trois annexes mais tous narrativement actifs, et ensemble ils forment un cercle, j'ai presque envie de dire une ronde, tant ils semblent prendre du plaisir à se croiser, se rejoindre et interagir. Je n'ai pas revu La Ronde d'Ophüls depuis longtemps, mais j'y ai pensé. L'autre grande idée du film, c'est le film dans le film, celui que décide finalement de réaliser la romancière, avec cette grande actrice qui est devenue son amie en quelques heures. Il y a donc une ellipse, ce qui est assez rare chez HSS et montre encore l'envie qu'il y a dans ce film-là. Avec cette ellipse, il brise le cercle initial confortable et fait clairement avancer deux personnages sur son échiquier, les deux femmes ne sont donc plus les mêmes après le film, elles ont réalisé ça. Ce film dont nous ne voyons aucune image, est l'occasion pour HSS de réaliser un joli tour de passe-passe final avec le spectateur : on voit défiler le générique de fin, et c'est clairement celui du film que nous voyons, réalisé par Hong Sang Soo, avec le vrai nom des acteurs que nous venons de voir, les gens commencent à se lever de leurs fauteuils, mais le film reprend. Ce générique-là était celui du film dans le film. Ce qui n'est clairement pas possible puisqu'il a été réalisé par la romancière et pas par HSS, mais ce tout petit tour de passe passe crée une mise en abyme assez vertigineuse même si le cinéaste ne la verbalise pas. Il se contente de faire ça, et de nous laisser nous débrouiller avec, et j'y ai ressenti quelque chose d'assez fort, notamment dans ce que le cinéaste veut dire ici de son propre cinéma.

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Original et très bon giallo se déroulant sous le soleil d'Haïti (un cas unique) et mêlant les caractéristiques habituelles du genre au vaudou, de manière plutôt habile. Le film est habité et propose quelques séquences vraiment hallucinantes, ainsi que de nombreuses scènes captées sur le vif, soit de possession vaudou, soit de mise à mort animale rituelle, soit carrément d'abattoir qui sont vraiment déstabilisantes, voire dérangeantes et même insoutenables, mais qui donnent au film un surplus de réalité qui lui convient très bien. A noter toutes les scènes tournées dans les rues avec les vrais Haïtiens, qui sont magnifiques et précieuses.

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Deux copains inséparables, l'un tombe amoureux d'une jeune femme, puis l'autre aussi, et il finira à force d'insister à lui prendre celle qui est entre temps devenue sa femme. Charlotte Gainsbourg y est très bien, Attal en fait trop, et Berling est totalement insupportable dans ce film qui semble bien daté et qui montre qu'à la fin des 90's tous les cinéastes français n'avaient pas le talent d'un Desplechin, voire d'un Rochant.
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asketoner
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cyborg a écrit :
mar. 21 févr. 2023 09:54

Vibración de Granada (1935).
Aguaespejo Granadino (1953–55)
Fuego en Castilla (1958–60).
Acariño Galaico (1961/1981–82/1995)

de José Val del Omar


Découverte très heureuse, fulgurante et sidéré du réalisateur espagnol d'avant-garde José Val del Omar.
J'aime beaucoup ses films ! Personnellement, je le rapprocherais de Pelechian, pour le sens du montage qui emporte.
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sokol
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groil_groil a écrit :
mar. 21 févr. 2023 12:26
Ce qui n'est clairement pas possible puisqu'il a été réalisé par la romancière et pas par HSS, mais ce tout petit tour de passe passe crée une mise en abyme assez vertigineuse même si le cinéaste ne la verbalise pas. Il se contente de faire ça, et de nous laisser nous débrouiller avec, et j'y ai ressenti quelque chose d'assez fort, notamment dans ce que le cinéaste veut dire ici de son propre cinéma.
Carrément ! Puis la directrice, le neveu et la romancière mettent bien la minuterie pour être présents à la sortie exacte du moyen métrage que regarde Kim, donc 47 minutes plus tard. Pourtant, ils ont disparu quand Kim sort du cinéma. Est-ce qu'elle sort du cinéma ou... de sa rêve ?

Quoi qu'il en soit, ce plan (photo ci-dessous)

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ramène à celui du "Un jour avec, un jour sans", le premier film que HSS a tourné avec sa muse/dulcinée :

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La boucle serait-elle bouclée ??
Modifié en dernier par sokol le mar. 21 févr. 2023 15:36, modifié 2 fois.
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carrément, bien vu
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Ha tu connais @asketoner ! Ravi que ça te plaise !

J'espère que ça sera aussi le cas @Narval .

Je le recommande bien sur à tous les curieux ici ;)
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B-Lyndon
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La Montagne, Thomas Salvador.

Quand on se balade en montagne, il y a toujours un mélange de sensations contradictoires. D'abord triviales : faire bien attention, mettre un pied devant l'autre, l'effort physique, l'essoufflement, la sueur sur le front, la respiration haletante, la peur parfois, et le plaisir de s'éloigner de tout, qui persiste. Parce qu'on ne sait jamais vraiment pourquoi on a envie d'y aller, les certitudes buttent toujours contre la roche, et le film le restitue très bien, avec une économie très intelligente : la montagne, c'est un attrait assez inexplicable, inépuisable, jamais réduite par rien. Et si cet attrait ne diminue jamais, c'est peut être parce qu'il faut y rester longtemps pour ressentir d'autres sensations que celles de son corps ramené à sa trivialité, son empêchement physique, les parfaits dessins de ces chemins moult fois empruntés depuis des centaines d'années par les hommes, les panneaux indicateurs moches, les belvédères qui ne donnent jamais vision sur assez loin, les équipements kitsch qu'on a sur la peau. Il ne faut pas forcément monter aussi haut que dans le film, mais parfois, une brise qui passe dans les cheveux, un rayon qui vient éclairer un arbuste, un nuage orange passant à toute vitesse devant nous : la montagne nous offre la grâce, et l'on voudrait que jamais cela ne cesse, on se sent être au monde. Et chacun qui aime la montagne connaît ce sentiment secret, un peu fou, de vouloir parfois se confondre à la roche, se fondre dedans, être fait de sa matière. Je me souviens d'une performance d'Abraham Poincheval qui était resté des mois coincé dans une roche taillée sur mesure. C'est ce genre de jusqu'au boutisme qui anime les montagnards, peut être la seule explication possible à ce pourquoi qu'on ne se demande d'ailleurs jamais. Je crois que le film restitue avec beaucoup de douceur et de précision, de réalisme en fait, ces sentiments, ces sensations que je viens de décrire. Ca commence par un homme qui regarde vers le haut et c'est tout, et puis qui dans la scène suivante dit simplement « je résiste pas ». Plus tard dans le film, ces petites créatures inouïs, ce corps qui pénètre la roche, ce trajet d'ensemble, ces contrastes très forts que met en scène Salvador sont toutes d'habiles mises en forme, poétiques car précises et concrètes, de ce que la montagne apporte à celles et ceux qui l'aiment.

Je ne suis pas alpiniste et je n'ai jamais fait de longues randonnées, je suis né à Grenoble et je n'aime pas le ski, mon corps n'en a pas voulu et c'est comme ça, l'angoisse de la descente, la peur de tomber. Alors l'usage de la montagne, c'est l'été pour moi, quand la neige fond, quand j'ai moins peur de glisser, de cela mon corps en a voulu, et chaque fois il me le réclame. Ca ne vaut pas grand chose comme regard critique (encore que) mais j'ai senti que le film me respectait énormément, lors des scènes où Salvador discute avec des touristes, se retrouve dans le téléphérique avec eux, sur le belvédère. "Tout quitter pour enfin vivre", dit l'affiche pour accrocher la classe moyenne et ses besoins de distinction sociale. Un titre qu'arborerait fièrement Sylvain Tesson. (D'ailleurs, une adaptation de Tesson sort bientôt, avec Dujardin dans le rôle du baroudeur à béret, stylo et carnet contre la paume, regardant les paysans de France de son regard supérieur et bourgeois). Rien à voir avec ce que fait Salvador ici. Non, Pierre ne quitte pas tout : en bas, il y a un restaurant avec une fille superbe qui lui apportera de la soupe lyophilisée, achètera un timbre pour lui afin d'envoyer une carte postale à sa mère. Il y a sa famille qui finira par venir, son frère qui lui dit bon tu déconnes rentre avec nous, son autre frère qui dit c'est vrai mais bon t'as quand même l'air de bien kiffer, et sa mère qui simplement le regarde, d'un regard très digne, et qui parce qu'elle sent que son fils est enfin bien, ne lui dira rien du tout. Et puis, quand Pierre tombera en hypothermie, ce sont des hommes qui viendront le chercher, en hélicoptère, alors que le film semblait pour de bon avoir décollé loin de ses semblables. Et c'est à l'hosto que Pierre se retrouvera, et c'est une infirmière qui lui expliquera pourquoi la montagne tombe, ce que Pierre ne savait pas. Mais ce que Pierre, probablement, sentait, sans le savoir, comme tout ce qu'il fait, avec son corps comme une intuition vivante à l'assaut de ce qu'il ne connait pas. Aller en montagne, voir ce qu'il reste à voir, avant qu'il n'y ait plus de montagne. Et nous le rapporter. Nous le donner à voir. Une dernière fois. Et enrichir la base de données de Google, qui ne connait pas encore tout. Oui, il y a dans ce film parfois maladroit, pas toujours inspiré formellement, souvent pataud, cette ambition là qui donne presque toujours de la tension à ce qui est filmé. Maintenant, quand je vais en montagne, cette grâce que j'exprimais, je la ressens de plus en plus souvent. Car la beauté du spectacle ne me rend pas seulement exsangue, elle me rend aussi triste. Ce rocher sur lequel je tiens, dans dix, vingt ans, sera peut-être tombé. Et c'est précisément de là que surgit la grâce : du regard posé sur ce qui, lentement, s'érode, se termine, et ce qui était beau. Qui regarde bien une vallée, avec l'attention qu'il faut, est presque à chaque fois heureux et triste. Qui regarde bien une vallée entrevoit l'engloutissement de cette vallée, et la gratitude d'être là pour la regarder encore, qui fait frissonner tout le corps.

Je crois que le film de Salvador n'est pas qu'un hommage à la montagne. C'est un hommage à l'histoire d'amour entre les hommes et la montagne, qui se terminera bientôt, comme toutes les histoires d'amour, comme toutes les belles étreintes. Mais la roche se souviendra, comme le corps se souvient toujours des mains qui l'ont frôlé. Et c'est peut être pour cela qu'il y a dans ce film parmi les plus belles étreintes que j'ai pu voir au cinéma ces derniers temps. Pour cela qu'il est littéralement illuminé par le visage et le dos nu, lentement caressé par une main de feu, d'une femme (merveilleuse Louis Bourgoin) qui à priori n'a rien à voir avec cette histoire, surgissant des à-côté du film. Mais le film n'est fait que d'à cotés. D'un type qui descend du train à la seconde où les portes se ferment. D'une biche surgissant à l'écart d'une rue. De montées comme des bouffées de grâce, et de redescentes pour reposer le corps et les yeux, digérer et questionner ce qu'on a vu. Car nous non plus, nous n'avons rien à voir avec la montagne. Elle nous regarde, elle nous toise, mais généreusement, comme les créatures qu'elle cache sous sa roche, parfois elle nous accueille. C'est cette humilité qui rendent les histoires d'amour que le film raconte si touchantes. Bravo, bravo M. Salvador – l'avenir, parce qu'il est sombre et triste, vous appartient. Vous qui vous baladez avec humour et grâce, funambule, sur ce qui va tomber.
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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Un thriller érotique option saxophone 80's montrant les limites de Lucio Fulci et ne valant pas plus qu'un téléfilm M6 de seconde partie de soirée.

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Le nouveau film de Gaël Morel est un téléfilm France Télévision avec Miou-Miou et Dominique Besnehard, et ça n'a d'autre vertu que d'être un téléfilm pour 3ème âge... seule émotion extradiégétique : voir Stéphane Rideau au casting et repenser que Morel et lui ont tout deux commencé leur carrière d'acteurs dans les Roseaux Sauvages de Téchiné.
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sokol
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à la demande de la jeunesse aledienne, voici un top25 des plus beaux 2éme long métrage (les plus difficiles à réaliser) :

1. Vive l'amour (Tsai Ming-liang)
2. La vie comme ça (JC Brisseau)
3.L'Humanité (Bruno Dumont)
4. Stranger than paradise (Jim Jarmusch)
5. Travolta et moi (Patricia Mazuy)
6. Inland (Tariq Tuguia)
7. Othon : les yeux ne veulent pas en tout temps se fermer ou Peut-être qu'un jour Rome se permettra de choisir à son tour (JM Straub & Danielle Huillet)
8. Blissfully yours (Apichatpong Weerasethakul)
9. Aquarius (Kleber Mendonça Filho)
10. Du côté d'Orouët (Jacques Rozier)
11. Turkish délices (Verhoeven)
12. Voyage au bout de l'enfer (Cimino)
13. Mamma Roma (Pier Paolo Pasolini)
14. La baie des anges (Jacques Demy)
15. Au revoir l'été (Kōji Fukada)
16. Intervention divine (Elia Suleiman)
17. Les moissons du ciel (Malick)
18. Le petit soldat (JL Godard) - je me demande si ce n'est pas mon préféré de sa période Nouvelle Vague
19. Nos années sauvages (Wong Kar-wai)
20. Contes cruels de la jeunesse (Nagisa Oshima)
21. Ce cher mois d'aout (Miguel Gomes)
22. La mort de Dante Lazarescu (Cristi Puiu)
23. Tirez sur le pianiste (François Truffaut) - le seul film de ce cinéaste que j'aime vraiment (beaucoup même). Hasard ? ;) (or je déteste son premier et je hais son troisième)
24. Pulp fiction (Quentin Tarantino)
25. Liberté-Oléron (Bruno Podalydès)

Je sais je sais, "Comment je me suis disputé - ma vie sexuelle" (2ème film de Desplechin) est un film très aimé par ici mais moi je l'aime juste bien. Et, @asketoner ne m'en voudra pas de ne pas avoir cité "L'année dernière à Marienbad" (qui est en tête de mon top5 "films-que-'tout le monde'-aime-mais-pas-moi". J'aurais tellement aimé que le deuxième film de Resnais soit "Muriel ou le temps d'un retour" :love:
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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groil_groil
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sokol a écrit :
mer. 22 févr. 2023 14:34
à la demande de la jeunesse aledienne, voici un top25 des plus beaux 2éme long métrage (les plus difficiles à réaliser) :

1. Vive l'amour (Tsai Ming-liang)
2. La vie comme ça (JC Brisseau)
3.L'Humanité (Bruno Dumont)
4. Stranger than paradise (Jim Jarmusch)
5. Travolta et moi (Patricia Mazuy)
6. Inland (Tariq Tuguia)
7. Othon : les yeux ne veulent pas en tout temps se fermer ou Peut-être qu'un jour Rome se permettra de choisir à son tour (JM Straub & Danielle Huillet)
8. Blissfully yours (Apichatpong Weerasethakul)
9. Aquarius (Kleber Mendonça Filho)
10. Du côté d'Orouët (Jacques Rozier)
11. Turkish délices (Verhoeven)
12. Voyage au bout de l'enfer (Cimino)
13. Mamma Roma (Pier Paolo Pasolini)
14. La baie des anges (Jacques Demy)
15. Au revoir l'été (Kōji Fukada)
16. Intervention divine (Elia Suleiman)
17. Les moissons du ciel (Malick)
18. Le petit soldat (JL Godard) - je me demande si ce n'est pas mon préféré de sa période Nouvelle Vague
19. Nos années sauvages (Wong Kar-wai)
20. Contes cruels de la jeunesse (Nagisa Oshima)
21. Ce cher mois d'aout (Miguel Gomes)
22. La mort de Dante Lazarescu (Cristi Puiu)
23. Tirez sur le pianiste (François Truffaut) - le seul film de ce cinéaste que j'aime vraiment (beaucoup même). Hasard ? ;) (or je déteste son premier et je hais son troisième)
24. Pulp fiction (Quentin Tarantino)
25. Liberté-Oléron (Bruno Podalydès)

Je sais je sais, "Comment je me suis disputé - ma vie sexuelle" (2ème film de Desplechin) est un film très aimé par ici mais moi je l'aime juste bien. Et, @asketoner ne m'en voudra pas de ne pas avoir cité "L'année dernière à Marienbad" (qui est en tête de mon top5 "films-que-'tout le monde'-aime-mais-pas-moi". J'aurais tellement aimé que le deuxième film de Resnais soit "Muriel ou le temps d'un retour" :love:
Et La Splendeur des Andeson alors ? :D
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sokol
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sokol a écrit :
mer. 22 févr. 2023 14:34
23. Tirez sur le pianiste (François Truffaut) - le seul film de ce cinéaste que j'aime vraiment (beaucoup même). Hasard ? ;) (or je déteste son premier et je hais son troisième)
C'est débile, je me cite, mais c'est pour la bonne cause :
Je pense que, ce qui c'est passé, c'était à peu près cela : Truffaut savait bien que son frère d'arme (et même son frère tout court puisqu'aucun des 2 n'en avait !) n'aimait pas "Les 400 coups". Godard ne l'avait pas dit publiquement (bien au contraire, il l’avait mis 7e dans son top-10 1959 : https://mubi.com/fr/lists/godard-1959-top-10 )mais bien plus tard, il a tout déballé.
Donc, très probablement, Truffaut a réalisé en 1960 "Tirer sur le pianiste" pour prouver à Godard (qui venait de faire "A bout de soufle") qu'il savait faire un bon film, ou un film bazinien (on va dire) - de surcroit, André Bazin l'avait littéralement adopté quand il était petit, mais cela n'est qu'un détail) : il a adapté un roman policier de Goodis avec beaucoup de détachement et ça a donné un film très cinématographique. Puis, sans doute tenté par "le succès public" et la fameuse obsession de faire des films vus-par-le-plus-grand-nombre, il refait ses 400 coups et ça a donné "Jul et Jim", encore pire que le premier.

Bref, je comprends mieux pourquoi j'aime tant le 2ème film de Truffaut (que j'ai découvert assez récemment et que je refusais injustement de voir).
Modifié en dernier par sokol le mer. 22 févr. 2023 15:48, modifié 3 fois.
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groil_groil a écrit :
mer. 22 févr. 2023 15:25

Et La Splendeur des Andeson alors ? :D
Merdeeee ! C'est un oubli, bien évidemment ! Et c'est une splendeur !! :love:
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groil_groil a écrit :
mer. 22 févr. 2023 11:23
Le nouveau film de Gaël Morel est un téléfilm France Télévision avec Miou-Miou et Dominique Besnehard, et ça n'a d'autre vertu que d'être un téléfilm pour 3ème âge
Je connais mal ses films (je crois que j'avais vu "Après lui" que j'avais bien aimé) mais j'étais très surpris par sa liste top10 2022 sur son fb : quasiment que des films pourris ! Et il les défendait corps et âme :ouch: :( :ouch:
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Narval a écrit :
mar. 21 févr. 2023 11:28
Mais les corps sont absents. Les paysages existent, Lav Diaz sait les filmer, donner à voir leur âme, leur atmosphère, leur émotion, mais les corps des acteurs sont mous, s'ennuient, semblent avoir été disposés dans un coin du cadre et abandonnés, livrés à eux-mêmes.
Je ne peux pas être d'accord car ces corps habitent totalement les paysages et s'en font scène - quand Teodoro se met à improviser un poème au début, lorsque le corps nu et de l'ex de Benjamin lui apparaît en vision et prend tout l'écran avec sa peau moite, quand Catalina sculpte, quand le corps de Benjamin erre dans les décombres. C'est un cinéma moins monolithique et distancié qu'il n'y paraît. Que les corps se fondent/soient écrasés par les décors dans ces plans très larges, là oui, mais qu'ils n'existent pas c'est exagéré.
Pour Norte, j'ai eu la même impression qu'asketoner et je me demandais justement si c'était le cas pour tous ses films. C'est très beau, mais que cette distance avec ses personnages soit quasiment constante m'a perturbé au bout d'un moment. J'irai pas jusqu'à dire que ça devient mécanique, mais c'est limite théorique. Cela dit, je dis ça mais le mélange entre cette distance et les bruits parfois - notamment pour la scène du chien - crée une forme de rapprochement étrange, douloureuse, comme des entrailles grouillantes qu'on ne cesse de ressentir sans les voir (et la durée du film est encore une fois essentielle dans ces sensations, chaque scène étant indissociable de l'entièreté du film). C'est pour ça que j'ai quand même bien aimé, ça se sent que derrière certaines manières trop strictes, le cinéaste a une sacrée intuition. Et en effet, même si je n'ai vu pour l'instant que Norte qui est court, ses films sont manifestement à voir d'une traite pour les éprouver, comme Satantango.
len'
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Knock at the cabin de M. Night Shyamalan

Le début est tellement bien, simple et puissant, qu'il vaut mieux fuir en vitesse la salle avant que le doute ne se dissipe et de comprendre où ça va.
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yhi
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sokol a écrit :
mer. 22 févr. 2023 14:34
voici un top25 des plus beaux 2éme long métrage (les plus difficiles à réaliser) :
C'est une liste que tu avais dans un coin ou tu arrives à générer ça de mémoire :wut: . j'aurais besoin de bonnes antisèches et d'un peu de temps pour créer ça.

Un qui m'est venu en tête tout de suite, pas que je l'aime tant que ça, mais plutôt que je l'aime beaucoup plus que les autres films du même réalisateur, c'est Le révélateur de Philippe Garrel.
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Tamponn Destartinn
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sokol a écrit :
mer. 22 févr. 2023 14:34
à la demande de la jeunesse aledienne, voici un top25 des plus beaux 2éme long métrage (les plus difficiles à réaliser) :

1. Vive l'amour (Tsai Ming-liang)
2. La vie comme ça (JC Brisseau)
3.L'Humanité (Bruno Dumont)
4. Stranger than paradise (Jim Jarmusch)
5. Travolta et moi (Patricia Mazuy)
6. Inland (Tariq Tuguia)
7. Othon : les yeux ne veulent pas en tout temps se fermer ou Peut-être qu'un jour Rome se permettra de choisir à son tour (JM Straub & Danielle Huillet)
8. Blissfully yours (Apichatpong Weerasethakul)
9. Aquarius (Kleber Mendonça Filho)
10. Du côté d'Orouët (Jacques Rozier)
11. Turkish délices (Verhoeven)
12. Voyage au bout de l'enfer (Cimino)
13. Mamma Roma (Pier Paolo Pasolini)
14. La baie des anges (Jacques Demy)
15. Au revoir l'été (Kōji Fukada)
16. Intervention divine (Elia Suleiman)
17. Les moissons du ciel (Malick)
18. Le petit soldat (JL Godard) - je me demande si ce n'est pas mon préféré de sa période Nouvelle Vague
19. Nos années sauvages (Wong Kar-wai)
20. Contes cruels de la jeunesse (Nagisa Oshima)
21. Ce cher mois d'aout (Miguel Gomes)
22. La mort de Dante Lazarescu (Cristi Puiu)
23. Tirez sur le pianiste (François Truffaut) - le seul film de ce cinéaste que j'aime vraiment (beaucoup même). Hasard ? ;) (or je déteste son premier et je hais son troisième)
24. Pulp fiction (Quentin Tarantino)
25. Liberté-Oléron (Bruno Podalydès)

Je sais je sais, "Comment je me suis disputé - ma vie sexuelle" (2ème film de Desplechin) est un film très aimé par ici mais moi je l'aime juste bien. Et, @asketoner ne m'en voudra pas de ne pas avoir cité "L'année dernière à Marienbad" (qui est en tête de mon top5 "films-que-'tout le monde'-aime-mais-pas-moi". J'aurais tellement aimé que le deuxième film de Resnais soit "Muriel ou le temps d'un retour" :love:
Waaaa quelle belle liste !
Comme quoi, je pensais qu'on avait le tour des top, mais non, y a encore des trucs à toper :D
Stranger than paradise, ça me fait bizarre qu'il ne soit pas considéré comme un premier film (d'ailleurs, il a eu la caméra d'or à Cannes), Permanent Vacation étant un film d'étude. Mais il a clairement sa place.


Il m'en vient d'autres .
Je ne dis pas que je les trouve meilleurs que tes 25, j'y ai pas réfléchi, pas je les cite de tête.

Comment je me suis disputé (Arnaud Desplechin)
Elephant Man (David Lynch)
Un homme, un vrai (Les frères Larrieu)
Le Pornographe (Bertrand Bonello)
S'en fout la mort (Claire Denis)
L'Angoisse du gardien de but au moment du penalty (Wim Wenders)
Rushmore (Wes Anderson)
Lost in Translation (Sofia Coppola)
Beetlejuice (Tim Burton)
Assaut (John Carpenter)
Drugstore Cowboy (Gus Van Sant)
Memories of Murder (Bong Joon-ho)
Les moissons du ciel (Terrence Malick)
Duel (Steven Spielberg) (même interrogation que pour Jarmusch, mais techniquement il a fait un premier long en tant qu'étudiant)
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sokol
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len' a écrit :
mer. 22 févr. 2023 18:04
Knock at the cabin de M. Night Shyamalan

Le début est tellement bien, simple et puissant, qu'il vaut mieux fuir en vitesse la salle avant que le doute ne se dissipe et de comprendre où ça va.
Que tu le dis bien ! C’est exactement dans ce sens que je disais qu’il s’est Dardenneisé : on se fait piégé et on reste. Et on se fait avoir
Modifié en dernier par sokol le jeu. 23 févr. 2023 00:05, modifié 1 fois.
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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En fouillant un peu les réalisateurs que j'aime bien, j'en trouve des seconds longs métrages que j'aime beaucoup : Terminator, Millenium actress, Meurtre dans un jardin anglais, Birth... Mais je ne les imagine pas forcément comme tel au final.
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sokol
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yhi a écrit :
mer. 22 févr. 2023 18:17
C'est une liste que tu avais dans un coin ou tu arrives à générer ça de mémoire :wut: . j'aurais besoin de bonnes antisèches et d'un peu de temps pour créer ça.
Je l’ai crée en 1-2 heures. C’est très simple : Cinéclub de Caen est une excellente base de données puisque tout y est basé sur les réalisateurs. Puis, pour quelques rares exceptions, il faut fouiller dans la mémoire et c’est quasiment tout.
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Tamponn Destartinn a écrit :
mer. 22 févr. 2023 19:22

Il m'en vient d'autres .
Je ne dis pas que je les trouve meilleurs que tes 25, j'y ai pas réfléchi, pas je les cite de tête.

Comment je me suis disputé (Arnaud Desplechin)
Elephant Man (David Lynch)
Un homme, un vrai (Les frères Larrieu)
Le Pornographe (Bertrand Bonello)
S'en fout la mort (Claire Denis)
L'Angoisse du gardien de but au moment du penalty (Wim Wenders)
Rushmore (Wes Anderson)
Lost in Translation (Sofia Coppola)
Beetlejuice (Tim Burton)
Assaut (John Carpenter)
Drugstore Cowboy (Gus Van Sant)
Memories of Murder (Bong Joon-ho)
Les moissons du ciel (Terrence Malick)
Duel (Steven Spielberg) (même interrogation que pour Jarmusch, mais techniquement il a fait un premier long en tant qu'étudiant)
Je les ai tous vu sur le site du cineclub de Caen. Mais ce n’est pas mes préférés.
ps : Les moissons du ciel figure bel et bien dans ma liste
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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Narval
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Allez je m'y colle aussi pour la liste des meilleurs seconds longs-métrages :D l'exercice est intéressant

1 : Andreï Roublev - Andreï Tarkovski (l'écrasante évidence, tu peux mourir en paix)
2 : Nausicaä de la Vallée du Vent - Hayao Muyazaki (mon pref de lui)
3 : Le Roi et l'Oiseau - Paul Grimault (son 1er film étant le brouillon de celui-ci)
4 : L'humanité - Bruno Dumont (l'écrasante évidence n°2)
5 : Molière - Ariane Mnouchkine (chef d'œuvre absolu dans le genre, beaucoup trop méconnu)
6 : Vive l'amour - Tsai Ming-liang (honnêtement j'adore tout ou presque chez lui donc pas difficile)
7 : Le Trésor des îles Chiennes - F.J. Ossang (film de fous furieux)
8 : Blissfully Yours - Apichatpong Weerasethakul (pareil que pour Tsai, j'adore tout ou presque)
9 : Epidemic - Lars Von Trier (idem que pour Ossang, c'est génial/génie)
10 : Honor de cavallería - Albert Serra (fallait oser, c'est tellement libre et radical)
11 : Bataille dans le ciel - Carlos Reygadas (pareil)
12 : Le Diable - Andrzej Żuławski (comme pour Ossang)
13 : Nuages de mai - Nuri Bilge Ceylan (film de chevet)
14 : Le sang séché - Kiju Yoshida (tellement sauvage et jouissif)
15 : Je, tu, il, elle - Chantal Akerman (pareil, fallait oser)
Image


+ à la volée...

Memories of Murder - Bong Joon-Ho
Meurtre dans un jardin anglais - Peter Greenaway
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sokol
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Narval a écrit :
jeu. 23 févr. 2023 02:11
Allez je m'y colle aussi pour la liste des meilleurs seconds longs-métrages :D l'exercice est intéressant
Très belle liste (des films que j'aime bien ou pas, mais peu importe). Mais je les ai bien vu sur les filmographies des cinéastes.
Après, je n'ai jamais vu Molière de Ariane Mnouchkine, ni Le Roi et l'Oiseau (Paul Grimault).
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L'exercice est bien difficile, mais je pense qu'on pourrait compléter vos listes par un film, et pas des moindres : L'Age d'or, de Bunuel !

Sinon je suis d'accord à propos de Tirez sur le pianiste. Je le préfère même largement à A bout de souffle, son film jumeau, même si je suis bien plus Godard que Truffaut.
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Mr-Orange a écrit :
jeu. 23 févr. 2023 13:09
L'exercice est bien difficile, mais je pense qu'on pourrait compléter vos listes par un film, et pas des moindres : L'Age d'or, de Bunuel !
Je l'avais bien vu mais le problème est que "Un chien andalou" est un court :( Ici, il s'agit du deuxième long métrage d'un cinéaste
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sokol a écrit :
mer. 22 févr. 2023 14:34
à la demande de la jeunesse aledienne, voici un top25 des plus beaux 2éme long métrage (les plus difficiles à réaliser) :

La jeunesse te répond :D (comme avez tous déjà tout dit et que je souscris 100 % à vos listes, je me creuse les méninges et j'essaie d'en faire une un peu différente, bien sûr je garde quelques inévitables)

Je ne tope que les longs-métrages (ce qui exclut Ce vieux rêve qui bouge :cry: )

1. Les Vacances de Monsieur Hulot, Tati
2. Ana, Reis et Cordeiro
3. Double messieurs, Stévenin
4. Voyage au bout de l'enfer, Cimino
5. Shoah, Lanzmann
6. Le Pornographe, Bonello
7. Vive l'amour, Tsai Ming-Liang
8. The Brown Bunny, Gallo
9. Demain et encore demain - Journal 1995, Cabrera (en admettant que ses précédents chefs-d'œuvre documentaires ne sont pas des longs-métrages)
10. La niña santa, Martel
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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sokol a écrit :
mer. 22 févr. 2023 14:34
J'aurais tellement aimé que le deuxième film de Resnais soit "Muriel ou le temps d'un retour" :love:

C'est parti pour le top 3ème film :D :D :D
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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Mr-Orange a écrit :
jeu. 23 févr. 2023 13:09
Sinon je suis d'accord à propos de Tirez sur le pianiste. Je le préfère même largement à A bout de souffle, son film jumeau, même si je suis bien plus Godard que Truffaut.
Une fois de plus d'accord avec toi. Ce qui prouve que, dans l'absolut, Truffaut était peut-être plus talentueux (au sens intrinsèque du mot talent) que Godard mais il a voulu être célèbre, être vu par-le-plus-grand-nombre, to be successful quoi.
Au fond, quoi qu'on se le dise, je pense que ça vient des origines de chacun des deux. Je sais bien qu'il l'a dit ironiquement mais quand Godard disait "J'ai commencé riche et j'ai fini pauvre" c'est qu'il y a une part de vérité dedans. C'est comme ça, c'est la vie, "on ne se refait pas" (dieu que c'est conservateur comme idée mais un peu vrai aussi). En plus, ça m'arrange car, on bon matérialiste (au sens philosophique du terme), quand il s'agit de trancher si c'est l'histoire qui fait l'Homme ou l'Homme qui fait l'histoire, je choisi le premier.
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B-Lyndon a écrit :
jeu. 23 févr. 2023 14:37
C'est parti pour le top 3ème film :D :D :D
Tu plaisantes mais les exemples de Truffaut et Resnais sont très parlants : si le premier a voulu montrer qu'il savait faire un film bazinien après son "400 coups" (et c'était logique car c'était son père spirituel et son père adoptif tout court), le deuxième, ne venant pas de la Nouvelle Vague, a commencé avec un film idéaliste (dirait très justement Bégaudeau, tout en précisant : idéaliste au sens platonien du terme) c'est à dire avec "Hiroshima mon amour". Puis, je le trouve bien opportuniste avec ses producteurs en réalisant un deuxième film autant idéaliste que le premier (L'année dernière à Marienbad). Il a fallu seulement son troisième (Muriel ou le temps d'un retour) pour qu'il fasse un film bien matérialiste. Donc, mine de rien,à leurs débuts, Truffaut était un peu plus courageux (et donc moins opportuniste) que Resnais.
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sokol a écrit :
jeu. 23 févr. 2023 15:10
Mr-Orange a écrit :
jeu. 23 févr. 2023 13:09
Sinon je suis d'accord à propos de Tirez sur le pianiste. Je le préfère même largement à A bout de souffle, son film jumeau, même si je suis bien plus Godard que Truffaut.
Une fois de plus d'accord avec toi. Ce qui prouve que, dans l'absolut, Truffaut était peut-être plus talentueux (au sens intrinsèque du mot talent) que Godard mais il a voulu être célèbre, être vu par-le-plus-grand-nombre, to be successful quoi.
Au fond, quoi qu'on se le dise, je pense que ça vient des origines de chacun des deux. Je sais bien qu'il l'a dit ironiquement mais quand Godard disait "J'ai commencé riche et j'ai fini pauvre" c'est qu'il y a une part de vérité dedans. C'est comme ça, c'est la vie, "on ne se refait pas" (dieu que c'est conservateur comme idée mais un peu vrai aussi). En plus, ça m'arrange car, on bon matérialiste (au sens philosophique du terme), quand il s'agit de trancher si c'est l'histoire qui fait l'Homme ou l'Homme qui fait l'histoire, je choisi le premier.
Je n'y crois absolument pas à ça, que Truffaut avait plus de talent. C'était peut-être un metteur en scène honnête et appliqué (au mieux...) mais un esthète ultra pauvre (y'a des films où c'est littéralement odieux - par exemple quand je voyais "Baisers volés" ado je me disais "quel charme le son dégueulasse de ces années là". et puis après j'ai découvert que la même année, Godard faisait "Le gai savoir" et revenait de "2 ou 3 choses", et là tu vois vraiment la différence sur le plan esthétique, déjà sur un point strictement sonore). Truffaut avait des goûts de merde, faut pas avoir peur de le dire. Et pas des goûts de merde à la Pialat, chez qui c'était un truc manifeste, une idée comme tu dirais, puissante et habitée (quoique à l'inverse je crois Pialat, comme Godard, incapable de faire des plans moches). Truffaut c'est vraiment qu'il y arrivait pas quoi.
Je reste persuadé que si Truffaut n'avait pas été l'immense critique qu'il était, et s'il n'avait pas fait partie du mouvement, ce n'est pas un cinéaste qui serait resté. Mais je suis peut-être un peu dur.

Pour le reste, c'est vrai ce que tu dis. Par exemple, à la Fémis, quand il s'agissait de monter un peu au créneau contre le côté plan-plan et ronflon de l'institution, c'était toujours les étudiants issus de milieu bourgeois qui étaient les plus radicaux. Les prolos, eux, qui en ont chié plus que les autres pour passer ce putain de concours, se rangeaient souvent du côté de l'administration, au nom d'un relativisme un peu mollasson. Ca me faisait souvent penser à Truffaut et Godard. Ou à Bresson qui disait aux jeunes "pour faire du cinéma, surtout pas bosser dans le cinéma, mais marcher dans la rue". Bresson qui habitait dans un sublime duplex donnant sur la Seine. Les bourgeois naissent comme des poissons dans l'eau, ils ont moins peur de déplaire parce que l'argent n'est pas un problème.
Modifié en dernier par B-Lyndon le jeu. 23 févr. 2023 16:28, modifié 2 fois.
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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B-Lyndon
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sokol a écrit :
jeu. 23 févr. 2023 15:25
B-Lyndon a écrit :
jeu. 23 févr. 2023 14:37
C'est parti pour le top 3ème film :D :D :D
Tu plaisantes mais les exemples de Truffaut et Resnais sont très parlants : si le premier a voulu montrer qu'il savait faire un film bazinien après son "400 coups" (et c'était logique car c'était son père spirituel et son père adoptif tout court), le deuxième, ne venant pas de la Nouvelle Vague, a commencé avec un film idéaliste (dirait très justement Bégaudeau, tout en précisant : idéaliste au sens platonien du terme) c'est à dire avec "Hiroshima mon amour". Puis, je le trouve bien opportuniste avec ses producteurs en réalisant un deuxième film autant idéaliste que le premier (L'année dernière à Marienbad). Il a fallu seulement son troisième (Muriel ou le temps d'un retour) pour qu'il fasse un film bien matérialiste. Donc, mine de rien,à leurs débuts, Truffaut était un peu plus courageux (et donc moins opportuniste) que Resnais.
C'est réducteur de parler d'Hiroshima comme d'un film idéaliste...C'est un film qui a des mauvais côtés un peu essentialisant (ça vient surtout du scénario de Duras), mais la mise en forme de Resnais est, elle, bien matérialiste comme il faut. (et cela dit, Duras, et c'est peut être la seule, peut être essentialiste comme elle veut, son écriture est d'une telle beauté et puissance que je lui pardonnerai presque tout - bon, pas Christine V.)

Après dans l'absolu tu sais bien que je préfère Muriel. Plus secret, plus opaque, et puis la couleur, Delphine Seyrig, les objets, la ville...
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B-Lyndon
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PS : j'en ai tellement marre de mon pseudo, c'est terrible de s'appeler comme le personnage d'un réal que j'aime plus du tout depuis 5 ans :D :D
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Tamponn Destartinn
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B-Lyndon a écrit :
jeu. 23 févr. 2023 14:37
C'est parti pour le top 3ème film :D :D :D

En vrai, un autre top qui serait intéressant, c'est le top des derniers films.
On ne pourrait de fait se concentrer que sur les cinéastes morts, mais qui parmi eux a le mieux réussi sa sortie de scène ? Sans trop fouiller, ça ne me parait pas si courant.
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Tamponn Destartinn
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Tamponn Destartinn a écrit :
jeu. 23 févr. 2023 16:33
B-Lyndon a écrit :
jeu. 23 févr. 2023 14:37
C'est parti pour le top 3ème film :D :D :D

En vrai, un autre top qui serait intéressant, c'est le top des derniers films.
On ne pourrait de fait se concentrer que sur les cinéastes morts, mais qui parmi eux a le mieux réussi sa sortie de scène ? Sans trop fouiller, ça ne me parait pas si courant.

J'en ai probablement oublié des importants, mais j'ai un top 10 qui déjà me plait :

1 Eyes Wide Shut (Kubrick)
2 Le Sacrifice (Tarkovski)
3 Cet obscur objet du désir (Bunuel)
4 L'argent (Bresson)
5 Le gout du saké (Ozu)
6 Salo (Pasolini)
7 Sarabande (Bergman)
8 Il était une fois en Amérique (Leone)
9 Mirage de la vie (Sirk)
10 Les Amours d'Astrée et de Céladon (Rohmer)

bonus
Paprika (Kon)
Yi Yi (Yang)
La nuit du chasseur (Laughton) :D :D
len'
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sokol a écrit :
jeu. 23 févr. 2023 14:25
Je l'avais bien vu mais le problème est que "Un chien andalou" est un court :( Ici, il s'agit du deuxième long métrage d'un cinéaste
Et "la maison des bois", on en fait quoi ? Je m'en fous, je le mets premier des deuxièmes.
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