Le Centre de Visionnage : Films et débats

Discutez de vos récentes expériences cinématographiques et complétez vos Tops annuels !
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asketoner
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Misanthrope, Damian Szifron

C'est assez beau de vouloir placer la question de l'empathie au coeur d'un thriller. Ce n'est pas tout le temps réussi (le dialogue final entre l'assassin et l'enquêtrice n'est pas vraiment vertigineux), mais il y a deux ou trois belles choses, de légers déplacements qui opèrent dans la forme plutôt convenue mais bien tenue de ce film.
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Tyra
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Un film qui n'a rien de mineur ou d'une incartade dans l'œuvre de Kelly Reichardt, mais qui s'incère parfaitement dans celle-ci. Ce n'est jamais facile de parler des film de Reichardt, car il y a toujours une forme d'évidence dans ce qu'elle fait, dans chacun de ses plans, et en parler revient très vite à faire de la paraphrase. Et Asky en parle déjà très bien. J'ajouterai un truc que j'adore dans le film : la création artistique a rarement été montré à ce point ambivalente : la frontière entre la vacuité et la réussite artistique peut être très mince, et on voit cette frontière se déplacer constamment pendant tout le film.

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Après Aftersun, la deuxième hype injustifiée de l'année. Mais là c'est peut être pire, parce qu'enrobée dans un horrible filmage publicitaire. C'est aussi complètement nul dans ce que ça raconte : la première partie, horriblement misérabiliste, nous présente une famille entièrement sinistre et négative, la deuxième partie une famille d'adoption entièrement merveilleuse et positive. Quel intérêt y a t-il à se retrouver devant des blocs de récits aussi binaires ? Et cette fin, rarement vu un chantage à l'émotion aussi honteux. Comment la critique peut-elle se pâmer devant ce truc ?

Je l'avais déjà évoqué précédemment alors je ne m'attarde pas dessus :
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Rien que pour le plan hilarant où Letourneur secoue la couette, dévoilant subrepticement le kiki de Philippe Katerine, ça vaut le coup. :hehe:
On est dans du cinéma du réel, du réalisme absolu, et comme tout sonne juste, tape juste, c'est constamment un vrai plaisir.
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Tamponn Destartinn
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J'en sors plus enthousiaste que pour First Cow, mais en même temps, je me demande si ce n'est pas typiquement le genre de bon film que j'oublie en quelques mois, là où First Cow m'a paradoxalement sacrément marqué (devenant in fine un de mes Kelly Reichardt préférés).
On verra bien. Au pire, ce film deviendra "le Kelly Reichardt avec le pigeon, là", et je trouve ça déjà très cool.
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asketoner
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La Fille d'Albino Rodrigue, Christine Dory

Voilà un film très digne, qui essaie des choses, et dont l'énergie n'est pas fabriquée. Christine Dory a fait un film dont l'intelligence est le moteur - l'intelligence mais pas l'explication (et pas le refus de l'explication non plus). On est invité à entrer dans chaque plan avec notre faculté de jugement, à distinguer le vrai et le faux, discerner les stratégies des différents personnages, leurs mobiles. Le personnage principal est très réussi, on ne sait pas ce qu'elle essaie de préserver, son père, son frère, sa mère, elle-même, ou bien la vérité. Cette obstination fine qui la meut fait penser à celle de Rosetta dans le film des Dardenne - mais peut-être y pense-t-on parce que la mère est interprétée par Emilie Dequenne.
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asketoner
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Désordres, Cyril Schäublin

Je n'y suis pas allé de gaité de coeur alors que c'est très bien. Il y a tout un travail sur les différentes formes cinématographiques que pourrait prendre la pensée anarchiste, comment on cadre des personnages habités par cette question, comment on conduit un récit qui ne cherche qu'à déborder. On identifie vite deux trajets dans le film : celui de l'heure, et celui de l'image. Au moment où le monde s'accorde sur l'heure qu'il est, la technique photographique se propage. Et le cinéaste parvient à montrer comme image et temps sont liés (image et temps du monde, unifiés par l'Histoire, luttant contre toute dissidence, tout pas de côté, toute minute arrachée au capitalisme souverain).
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cyborg
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Ha je suis extrêmement curieux de voir Désordres !
J'espère qu'il passera encore quand je viens à Paris dans 10 jours...

Je travaille sur un sujet très proche (d'une façon toute autre, bien sur !) qui s'inaugure très bientôt à Besançon.
C'est assurément le plus gros projet que je n'ai jamais fait et je ne sais pas si j'aurais d'autres opportunités aussi vastes dans le futur.

Chers amis, en voici l'invitation officielle :

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:love2:
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sokol
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Je lisais ci-dessous et je me disait : au fond, seul le film de Wang Bing m’intéressera.

Les 21 films de la compétition officielle CANNES 2023

De l’Américain Wes Anderson au Britannique Ken Loach en passant par la Française Catherine Breillat, voici les films en lice pour la Palme d’or cette année :

Club Zero, de Jessica Hausner
Un film sur la jeunesse dans lequel Mia Wasikowska joue une enseignante nouant des liens très forts avec cinq élèves.

The Zone of Interest, de Jonathan Glazer
Basée sur un roman de Martin Amis, l’histoire d’un officier nazi épris de la femme du commandant du camp d’Auschwitz.

Les Feuilles mortes, d’Aki Kaurismaki
Le Finlandais maître de la mélancolie revient avec une tragi-comédie sur la rencontre fortuite de deux solitaires, une nuit à Helsinki.

Les Filles d’Olfa, de Kaouther Ben Hania
La réalisatrice fait son entrée en compétition avec ce documentaire sur une Tunisienne confrontée à la disparition de deux de ses filles.

Asteroid City, de Wes Anderson
Le réalisateur américain réunit Adrien Brody, Jason Schwartzman, Tilda Swinton et Margot Robbie dans une ville américaine rassemblant parents et étudiants pour des compétitions savantes.

Anatomie d’une chute, de Justine Triet
L’histoire une femme accusée du meurtre de son mari, avec dans le rôle-titre l’Allemande Sandra Hüller, qui avait conquis la Croisette en 2016 avec Toni Erdmann.

Monster, d’Hirokazu Kore-eda
Retour au Japon du cinéaste Palme d’or en 2018 pour Une affaire de famille, avec un film qui se déroule dans le milieu scolaire.

Vers un avenir radieux, de Nanni Moretti
Tourné aux studios Cinecitta, à Rome, le nouvel opus de l’Italien promet de parler de « cinéma, de cirque et des années 50 ». Avec l’acteur français Mathieu Amalric.

La Chimère, d’Alice Rohrwacher
L’histoire d’un jeune archéologue mêlé à un groupe de pilleurs de tombes dans l’Italie des années 1980.

Les Herbes sèches, de Nuri Bilge Ceylan
Le cinéaste turc, Palme d’or 2014 avec Winter Sleep, revient avec un drame en Anatolie, celui d’un professeur confronté à des accusations de harcèlement.

L’Eté dernier, de Catherine Breillat
La réalisatrice se penche sur une mère de famille dont la vie bascule après une liaison avec son beau-fils.

La Passion de Dodin Bouffant, de Tran Anh Hung
Le Français d’origine vietnamienne adapte un roman sur la gastronomie avec Juliette Binoche et Benoît Magimel.

L’Enlèvement, de Marco Bellocchio
Le géant italien de 83 ans, Palme d’honneur en 2021, revient sur l’histoire vraie d’Edgardo Mortara, un enfant juif kidnappé par l’Eglise catholique et converti de force.

May December, de Todd Haynes
L’Américain renoue avec une de ses actrices fétiches, Julianne Moore, et enrôle Natalie Portman pour un drame autour d’un couple avec une importante différence d’âge.

Firebrand, de Karim Aïnouz
Un film d’époque à la cour des Tudors, dans lequel Alicia Vikander joue la sixième femme d’Henry VIII, incarné par Jude Law.

The Old Oak, de Ken Loach
Un nouveau drame social du vétéran britannique (86 ans), tourné dans le nord-est de l’Angleterre. Le film raconte la rencontre d’un propriétaire de pub et d’une réfugiée syrienne.

Banel et Adama, de Ramata-Toulaye Sy
Un premier film qui raconte une histoire d’amour absolu confronté aux conventions dans un village reculé du nord du Sénégal.

Perfect Days, de Wim Wenders
Le réalisateur des Ailes du désir promet de surprendre avec un film sur les toilettes publiques japonaises.

Jeunesse (le printemps), de Wang Bing
Le grand documentariste chinois dépeint en trois heures trente la vie des travailleurs du textile dans les environs de Shanghaï.

Le Retour, de Catherine Corsini
Un long-métrage sur une femme travaillant pour une famille parisienne qui lui propose de s’occuper des enfants pendant des vacances en Corse.

Black Flies, de Jean-Stéphane Sauvaire
Adapté du roman 911, de Shannon Burke, ce thriller avec Sean Penn suit deux médecins confrontés à la violence à New York.
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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Narval
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sokol a écrit :
mer. 17 mai 2023 16:25
Je lisais ci-dessous et je me disait : au fond, seul le film de Wang Bing m’intéressera.
Attentes perso pour Cannes 2023

Club Zero, de Jessica Hausner : ** pas vu de films d'elle.
The Zone of Interest, de Jonathan Glazer : ** curieux de voir un tel sujet par ce réal, un peu inattendu
Les Feuilles mortes, d’Aki Kaurismaki : *** toujours curieux
Les Filles d’Olfa, de Kaouther Ben Hania : ** 1er film, curieux
Asteroid City, de Wes Anderson : ** j'en ai un peu assez de Wes Anderson mais pourquoi pas
Anatomie d’une chute, de Justine Triet : * M'en fous
Monster, d’Hirokazu Kore-eda : *** très intéressé
Vers un avenir radieux, de Nanni Moretti : *** toujours très bon
La Chimère, d’Alice Rohrwacher : *** hâte aussi
Les Herbes sèches, de Nuri Bilge Ceylan : **** le sujet fait un peu peur mais j'aime tellement que...
L’Eté dernier, de Catherine Breillat : ** curieux mais méfiance
La Passion de Dodin Bouffant, de Tran Anh Hung : ** curieux, mais son dernier (il y a 7ans) était une cata. + effet Binoche ?
L’Enlèvement, de Marco Bellocchio : *** toujours très bon aussi
May December, de Todd Haynes : ** toujours curieux
Firebrand, de Karim Aïnouz : * mouais...
The Old Oak, de Ken Loach : honnêtement non
Banel et Adama, de Ramata-Toulaye Sy : ** curieux
Perfect Days, de Wim Wenders : ** curieux mais il est très inégal depuis longtemps maintenant
Jeunesse (le printemps), de Wang Bing : **** Le plus attendu pour moi aussi
Le Retour, de Catherine Corsini : honnêtement rien à foutre
Black Flies, de Jean-Stéphane Sauvaire : honnêtement rien à foutre 2
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yhi
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cyborg a écrit :
mer. 17 mai 2023 11:48
Chers amis, en voici l'invitation officielle :
Cette communication est tout à fait étrange, on a un peu de mal à comprendre de quoi il s'agit, et ça rend le tout assez mystérieux.
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yhi
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Narval a écrit :
jeu. 18 mai 2023 09:11
Attentes perso pour Cannes 2023
Ha ouais, ça fait lontemps qu'on a pas joué à ce jeu :D

Club Zero, de Jessica Hausner : ** le pitch est intrigant, Amour fou m'avait laissé l'espoir d'un talent potentiel chez cette réalisatrice
The Zone of Interest, de Jonathan Glazer : **** plus grosse attente
Les Feuilles mortes, d’Aki Kaurismaki : * pas fan, toujours pareil
Les Filles d’Olfa, de Kaouther Ben Hania : *** pas un premier film ^^ , j'avais beaucoup aimé La belle et la meute, j'attends celui-ci
Asteroid City, de Wes Anderson : *** toujours pareil, mais assez fan
Anatomie d’une chute, de Justine Triet : ** curieux sans plus
Monster, d’Hirokazu Kore-eda : ** Kore-eda fait trop de films, il devrait se contenter de viser la qualité
Vers un avenir radieux, de Nanni Moretti : ** souvent plaisant mais jamais extra pour moi
La Chimère, d’Alice Rohrwacher : * m'en fous un peu
Les Herbes sèches, de Nuri Bilge Ceylan : * Zzz
L’Eté dernier, de Catherine Breillat : * ça sent le retour foiré
La Passion de Dodin Bouffant, de Tran Anh Hung : * pas interessé
L’Enlèvement, de Marco Bellocchio : *** Bellochio dans une belle lancée
May December, de Todd Haynes : ** curiosité moyenne
Firebrand, de Karim Aïnouz : ** Aïnouz est inégal, curieux de le voir s'emparer d'un sujet historique
The Old Oak, de Ken Loach : * m'en fiche
Banel et Adama, de Ramata-Toulaye Sy : ** aucune idée
Perfect Days, de Wim Wenders : ** il était pas mort Wenders ?
Jeunesse (le printemps), de Wang Bing : ** même si ça sent la séance un peu pénible
Le Retour, de Catherine Corsini : aucun intérêt
Black Flies, de Jean-Stéphane Sauvaire : ** les exportations de cinéastes aux US ça marche pas toujours
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Narval
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yhi a écrit :
jeu. 18 mai 2023 10:32
Narval a écrit :
jeu. 18 mai 2023 09:11
Attentes perso pour Cannes 2023
Ha ouais, ça fait lontemps qu'on a pas joué à ce jeu :D

Club Zero, de Jessica Hausner : ** le pitch est intrigant, Amour fou m'avait laissé l'espoir d'un talent potentiel chez cette réalisatrice
The Zone of Interest, de Jonathan Glazer : **** plus grosse attente
Les Feuilles mortes, d’Aki Kaurismaki : * pas fan, toujours pareil
Les Filles d’Olfa, de Kaouther Ben Hania : *** pas un premier film ^^ , j'avais beaucoup aimé La belle et la meute, j'attends celui-ci
Asteroid City, de Wes Anderson : *** toujours pareil, mais assez fan
Anatomie d’une chute, de Justine Triet : ** curieux sans plus
Monster, d’Hirokazu Kore-eda : ** Kore-eda fait trop de films, il devrait se contenter de viser la qualité
Vers un avenir radieux, de Nanni Moretti : ** souvent plaisant mais jamais extra pour moi
La Chimère, d’Alice Rohrwacher : * m'en fous un peu
Les Herbes sèches, de Nuri Bilge Ceylan : * Zzz
L’Eté dernier, de Catherine Breillat : * ça sent le retour foiré
La Passion de Dodin Bouffant, de Tran Anh Hung : * pas interessé
L’Enlèvement, de Marco Bellocchio : *** Bellochio dans une belle lancée
May December, de Todd Haynes : ** curiosité moyenne
Firebrand, de Karim Aïnouz : ** Aïnouz est inégal, curieux de le voir s'emparer d'un sujet historique
The Old Oak, de Ken Loach : * m'en fiche
Banel et Adama, de Ramata-Toulaye Sy : ** aucune idée
Perfect Days, de Wim Wenders : ** il était pas mort Wenders ?
Jeunesse (le printemps), de Wang Bing : ** même si ça sent la séance un peu pénible
Le Retour, de Catherine Corsini : aucun intérêt
Black Flies, de Jean-Stéphane Sauvaire : ** les exportations de cinéastes aux US ça marche pas toujours
* Edit effectivement merci pour la correction sur Ben Hania !

J'ai espoir dans le dernier Kore-Eda (l'enfance, qu'il réussite souvent très bien), même si c'est vrai qu'il tourne beaucoup (un peu comme Fukada qui enchaine les projets).
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Narval
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cyborg a écrit :
mer. 17 mai 2023 11:48
Ha je suis extrêmement curieux de voir Désordres !
J'espère qu'il passera encore quand je viens à Paris dans 10 jours...

Je travaille sur un sujet très proche (d'une façon toute autre, bien sur !) qui s'inaugure très bientôt à Besançon.
C'est assurément le plus gros projet que je n'ai jamais fait et je ne sais pas si j'aurais d'autres opportunités aussi vastes dans le futur.

Chers amis, en voici l'invitation officielle :

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:love2:
Désordres plus j'y repense plus j'ai envie de le revoir. Mais c'était trop court !

Intéressant le résumé, j'en parlerai aux amis de Vesoul.
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cyborg
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@yhi tu peux regarder le communiqué de presse ici si tu veux :) ;)

https://copper-tiffie-80.tiiny.site/
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Tamponn Destartinn
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On se plaint beaucoup de la longueur des films en ce moment, mais alors celui là, c'est un cas d'école.
Le film est divisé en 4 parties bien distinctes. Et, en très gros :
- Partie 1 = franchement bien
- Parties 2 & 3 = mouais...
- Partie 4 = horrible.

Bref, en ce qui me concerne, ce film est donc un grand non. Dans le genre "film univers mental" ou "film rêve/cauchemar", plus cela avance, plus cela m'a semblé du niveau de l'horrible Je veux juste en finir de Charlie Kauffman, autre pétage de plomb d'un auteur certes compliqué de base, mais qui d'habitude sait quand même éviter les pièges ridicules dans lesquels il tombe cette fois.
Mais c'est dommage, parce que putaing, qu'est-ce les 45 premières minutes sont bien ! Pas parfaite, je trouvais ça déjà trop cynique (j'étais pas prêt pour la suite). Mais j'ai eu l'impression de voir une adaptation d'une bd US underground, comme du Daniel Clowes ou Chris Ware. Pour la faire courte, on est dans la tête d'un homme malade ultra anxieux et parano. Il vit dans un quartier chaud, du moins selon son regard. Durant toute cette partie, il reste enfermé dans son appartement, qui est un horrible endroit, mais le seul qui puisse le sauver de la rue, où sont commis les pires atrocités. Il doit partir demain voir sa mère que l'on comprend être une caricature de mère possessive, source surement de toutes ses angoisses, et à partir de là, un cauchemar grotesque démarre. Ca mélange très bien horreur et comédie. Je n'ai pas envie d'en dire beaucoup plus, je suis à deux doigts de vous conseiller à tous d'aller voir le film, de regarder cette première partie, et de quitter la salle quand vous voulez à partir du lancement de la partie 2. Car à partir là, le film se perd totalement en circonvolutions, avec parfois des bonnes idées de mise en scène ou de situations, mais perdant en même temps sa principale qualité : la simplicité de son dispositif.
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groil_groil
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Salut les amis ! :hello:

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Un excellent Lattuada où Sordi, géniallissime, retourne en vacances dans son village natal de Sicile et va peu a peu, presque sans s'en rendre compte tomber dans la mafia ultra influente là-bas, et en arriver à commettre un crime alors qu'il était un homme bon. Le cinéaste filme ce long basculement avec grand soin à tel point que le spectateur se rend compte, comme le personnage, que c'est trop tard et que le mal est fait.

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La même année et avec le même Sordi tout aussi génial, Comencini filme l'obsession d'un commissaire à résoudre une affaire dans un ton oscillant entre la comédie noire et la tragédie.

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Tout le monde croyait Ledru mort à la guerre, à commencer pas sa femme qui s'est remarié depuis. Aussi lorsqu'il revient miraculeusement plusieurs années plus tard et sous un autre nom, les gens sont incrédules. A commencer par sa femme er son nouveau mari qui pensent à le faire disparaitre. Situé sur les bords du Rhin et dans le milieu des navigateurs fluviaux, ce Gabin / Grangier est, sans être l'un des meilleurs du duo, réussi.

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Vu avec les enfants la veille de la visite du zoo de Barcelone. Ils ont adoré et beaucoup ri alors que c'est consternant de nullité en tous points, animation, rythme, humour et narration. Un calvaire dont je ne sauve que les pingouins très drôles et la passion de la girafe pour suçouiller les pastilles de pissotières. Le reste...

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J'aime bien Rouffio et ce film en forme de comédie sentimentale dans un contexte politique mittérandien était très prometteur, mais le résultat est tout autre, un incipide navet de droite qui se veut de gauche.

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Un riche industriel d'un bled paumé zigouille sa femme et finit par s'en sortir uniquement grâce à la puissance que lui accorde son statut. Lanoux super dans un film moyen signé d'un cinéaste qui étair jusqu'à présent passé sous mes radars : Etienne Périer.

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Film à sketches coréalisé par Grangier et Lautner, dont le moins mauvais est celui avec De Funès mais dont l'ensemble est globalement consternant, notamment à cause de l'image rétrograde et misogyne qu'il donne des femmes.

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Dans un village mexicain paumé dans les montagnes et les forêts, le quotidien d'une petite fille dont le père a disparu et de ses deux copines, jusqu'à l'âge adule, et condamnées par la violence des cartels de drogue qui font régner la terreur et exécutent sans sommation quiconque sortira du rang. Un magnifique film d'auteur au rythme lent et à l'image soignée, traitant de la violence de la manière la plus atmosphérique possible, ce qui n'enlève en rien sa cruauté.

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Drame érotique dans la difficile société espagnole des 50's. Aranda ne convainc pas totalement et ce qui se voulait sans doute à sensation en 1991 passe plutôt pour ringard aujourd'hui.

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Souvent considéré comme le meilleur Mulot, La Saignée ne m'a pas trop convaincu. La première partie aux USA est intéressante pour sa captation de NY dans son jus de l'époque mais sa seconde partie ne se hisse pas au niveau de La Traque par exemple, sur des thématiques communes. De Mulot c'est donc La Rose Ecorchée que j'ai préféré.

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Le pire Franco vu à ce jour mais sans doute le pire film ever aussi. Entre abomination plastique et non-sens total, quand tu en viens à sauver uniquement un scène d'uro dans une casserole et une fellation sur un talon haut, c'est dire le niveau du reste...

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Un film d'épouvante gothique signé Alberto de Martino dans l'esprit du Masque du Démon de Bava. Ce n'est évidemment pas aussi bien, mais le film est super beau plastiquement, jouant magnifiquement des contrastes de noirs et de blancs, ainsi que des codes gothiques.

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Excellente surprise que ce nouveau film de Nicolas Pariser, cinéaste de plus en plus intéressant au fil du temps (Alice et le Maire était déjà génial). C'est une sorte de relecture amusée et stylisée de La Mort aux Trousses, superbe plastiquement, avec un rythme de fou, des comédiens en état de grâce, des dialogues hilarants et superbement écrits, et qui de plus a le bon goût de se dérouler dans le monde de la Bande Dessinée. Lacoste se fait enlever par un nostalgique nazi collectionneur d'originaux de Raymond Macherot, Kiberlain joue le rôle d'une autrice de bande dessinée, des scènes se passent dans la librairie Bulles en Tête du 5è que je fréquente ou dans des galeries, on cite même la Galerie Glénat et on y aperçoit la couverture de Lettres Perdues de l'ami Jim Bishop. Je n'avais pas besoin de tout ça pour me convaincre de la réussite du film, mais disons que c'est la cerise sur le pompon. A voir absolument.

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Film à sketches des frères Foenkinos vu un soir où j'avais envie d'une merde. Il y a un casting délirant, une bonne vingtaine de stars, qui se répartissent des sketches dont chacun aborde une pratique ou déviance sexuelle ultra marginale et méconnue. Ça pourrait être odieux et abject comme l'horrible Les Infidèles mais dieu merci ça ne l'est pas, car le film est en permanence bon enfant. On frôle tout de même le nanar, mais c'en est un agréable et amusant.

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Au moins ce Franco-là, malgré son évidente médiocrité, à un sens et un scénario. C'est un pur film de nunsploitation, dans les canons du genre, et en le voyant j'ai repensé au dernier Verhoeven. Benedetta fut gonflé en série A à cause du prestige de son réal et de son actrice alors qu'il ne vaut pas plus qu'un nunsploitation de base, et d'ailleurs je pense que c'est réhabiliter le film que de le revoir sous cet œil-là, n'oublions pas que Verhoeven est un amateur de bis.

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Un 31 décembre à Baltimore, un sniper planqué dans un immeuble, abat une trentaine de personnes. Un officier du FBI est en charge de l'enquête et s'associe avec un agent de liaison de la police locale, une jeune femme inexpérimentée et au passé trouble. Le film se concentre sur cette enquête et la recherche de l'assassin (qui ne tardera pas à récidiver) et s'avère absolument passionnant et brillamment mis en scène. Ce qu'il y a de magnifique dans ce film c'est que c'est à la fois un haletant thriller à l'américaine (gros stress permanent) et un grand film d'auteur (le discours de Szifron est engagé, faisant porter la responsabilité des crimes autant à la politique américaine qu'au tueur, dont il finit par dresser un portait ambigu). Un des grands films américains de l'année, que j'ai déjà envie de revoir.

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Jess Franco en mode slasher inspiration giallo. Anecdotique.

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Placido, qui n'est pas un bon cinéaste, s'attaque à un biopic du génie Caravage et c'est sans doute un peu trop grand pour lui. Reconstitution académique, effets spéciaux numériques, un petit peu d'outrance et résultat qui ne convainc personne. Je préfère mille fois la vision minimaliste et homoérotique de Derek Jarman.

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Réalisé dès 1965 par Vicente Aranda, alors chef de fil de l'école de Barcelone, Fata Morgana est un film aussi étrange que fascinant, mêlant le thriller névrotique, le labyrinthe mental (sacrément retors) et la fantaisie pop de l'époque. C'est un film tellement codé, tellement cryptique qu'on n'y comprend rien, mais là où c'est bien fait c'est qu'on ne décroche jamais pour autant. Aranda parvient à créer une petite musique expérimentale fascinante de bout en bout.

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Un petit bled d'Espagne vraiment reculé s'apprête à recevoir une délégation américaine venant, dans le cadre du plan Marshall, apporter ce dont les villageois ont besoin ou toujours rêver. Ils passent des semaines à organiser les festivités et, évidemment, les voitures de la délégation ne s'arrêteront même pas dans leur bled, passant à toute berzingue devant les mines déconfites de ces pauvres gens désillusionnés. Mon premier Berlanga, et c'est une réussite, quelque part entre les satires de Buñuel ou de De Sica.

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Une ex grosse star de la country a foutu sa carrière et sa vie de famille en l'air à cause de l'alcool. Sa femme et sa fille se sont barrées, et il est devenu une loque. Avec beaucoup de chance il parvient à se faire engager dans une station service / motel perdue au milieu de nulle part et tenu par une jeune femme élevant seule son enfant après la mort de son mari, à 20 ans, au Vietnam. Il en tombe amoureux et elle accepte de l'épouser. Il rêve à une vie paisible et tranquille, mais le bruit que cette star est planquée là commence à se répandre. Et lui n'a qu'une obsession, revoir sa fille qui a dû bien grandir. Ecrit sur mesure pour Robert Duvall, qui d'ailleurs et fort justement gagnera l'Oscar du Meilleur Acteur pour ce rôle, Tendre Bonheur est une merveille absolu du Nouvel Hollywood, l'un des grands joyaux méconnus du genre, et vraiment l'un des films les plus touchants et réussis de la catégorie. Beresford s'impose ici comme un grand cinéaste, habile dans le non-dit, dans une science du montage originale et pertinente, et ne jouant jamais d'effets de surenchère. Il pense son film de la manière la plus simple possible, et cela permet à l'émotion de se transmettre au spectateur sans le moindre filtre. C'est bouleversant et à voir d'urgence.

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Un jeune marié apprend que sa femme est morte dans un accident de voiture aux côtés d'un fils d'une riche famille d'industriels, et se persuade fort logiquement qu'ils étaient amants. Déstabilisé, il va mener son enquête notamment auprès de la famille qui va tout faire pour acheter son silence. Mais celui-ci va tomber fou amoureux de la soeur du défunt, ce qui n'arrange pas les affaires de la famille. Vont-ils être assez puissant pour lui ruiner sa vie une seconde fois ? Le cinéaste espagnol Bardem, dont je découvre ici le travail, réalise ce film en Argentine dans une ambiance ethérée qui n'est pas sans rappeler parfois les premiers Antonioni. Un beau film complexe et intelligent, à la fin bouleversante sur la question du renoncement et de la capitulation.

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Scène 6882 de ma vie - Scen nr: 6882 ur mitt liv - Ruben Östlund - 2005

Un court métrage insipide de Östlund sur une bande de potes dont l'un souhaite sauter d'un pont réputé dangereux.

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Incident Bancaire - Händelse vid bank - Ruben Östlund - 2009

Östlund filme en plan séquence l'attaque ratée d'une banque par deux pieds nickelés incompétent avec un seul point de vue aérien et lointain. Mise en place d'un dispositif certes mais une fois que celui-ci est posé, pas de mise en scène.

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Que s'est-il passé dans les 3 jours qui ont suivi l'assassinat de JFK ? C'est la question abordée dans son film qui tire son nom de l'hopital où fut emmener le corps du Président pour tenter de le réanimer. Contre-point parfait du film d'Oliver Stone, filmant ce qu'on ne voit pas d'habitude (que faire de la dépouille de Oswald, sa mère criant qu'il est agent de la CIA, quid de Zapruder et de son film super 8, Parkland ne prend pas pour autant parti sur la question du complot possible, tout simplement car il est trop tôt, 3 jours après pour emettre cette hypothèse. Il n'en reste pas moins un complément très intéressant et assez intelligent dans son traitement.

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J'avais beaucoup aimé en salle (même si les deux Mottola précédents sont largement meilleurs) et revu à la demande insistante des enfants qui rêvaient de le découvrir. Ils ont adoré, notamment à cause de l'hallucinante proportion de gros mots qu'il y a dans le film (c'est hallucinant) et le lendemain matin ils récitaient en se pliant de rire des tirages entières issues des dialogues du film. Quel bonheur :D

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Je me rends compte que ces dernières années je me mets à apprécier de plus en plus le grand cinéma d'auteur européen, celui souvent plébiscité par Cannes et que j'ai pu un peu conspué trop rapidement parfois (notamment à cause d'un nouvel académisme d'auteur). Mais les années passent, les films restent, le temps fait le travail, et je suis par exemple heureux de ne découvrir La Lune de Jupiter qu'aujourd'hui. Film qui n'est pas sans défaut, et qui n'est pas du niveau du meilleur film de son auteur, White God, mais qui est quand même saisissant et remarquablement mis en scène. Ce qu'il dit sur les migrants, et sur le fait (comme le souligne l'extraordinaire plan final) qu'il va falloir désormais faire avec, j'espère que vous êtes prêts, et d'une grande intelligence et d'une belle humanité. Alors oui il y a peut-être un peu trop de côté démonstratif dans la mise en scène, mais franchement c'est quand même assez époustouflant de voir un cinéaste avoir autant envie de filmer et de se donner les moyens de le faire avec une telle assise plastique.
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sokol
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Jeanne Dielman
Modifié en dernier par sokol le jeu. 25 mai 2023 12:46, modifié 2 fois.
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groil_groil
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ça part comme un polar, comme un thriller angoissant, prenant, puis le film se délite pour s'éloigner par un virage à 90° et traiter en demi teinte du coup d'état argentin de 1975, mais le cinéaste ne l'aborde par frontalement et se perd sans non plus recourir à l'abstraction qui aurait pu être une solution (et qu'il n'utilise que lors de la magnifique scène d'éclipse totale du soleil).

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Invitée par l'Allemagne nazie, une équipe de cinéma espagnole débarque à la UFA pour y tourner son nouveau film. Sauf que les membres qui la composent ne sont pas les fascistes franquistes qu'on attend d'eux. Et sauf que personne n'avait envisagé que Joseph Goebbels himself tomberait amoureux fou de la jeune héroïne du film. Le film est de Fernando Trueba, cinéaste espagnol méconnu en France, dont on connait mieux le fils, le jeune et talentueux Jonas, chouchou de la critique française, à juste titre. Des amis espagnols me disaient au contraire que Jonas était peu vu et reconnu en Espagne, car tout le monde le considérait avec a priori comme "fils de". Bref, passons, c'était le premier film que je voyais du père, et le mec est plutôt bon, sait filmer, construire des scènes, et est surtout un excellent directeur d'acteurs. Le film s'autorise, parfois, pas toujours, à être une comédie sur fond tragique (l'Allemagne nazie, la propagande), et sans aller jusqu'à La Grande Vadrouille, je trouve ça bien qu'on s'autorise la comédie sur le nazime, ça permet de bien les ridiculiser, et peu de gens osent ça aujourd'hui (en exemple récent je n'ai qu'Inglourious Basterds qui me vient à l'esprit et ça ne date déjà plus d'hier).
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Ampoulé, pompier, pachydermique, statique au possible, un cinéma qui sent le cimetière.
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Kahled
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je trouve ça bien qu'on s'autorise la comédie sur le nazime, ça permet de bien les ridiculiser, et peu de gens osent ça aujourd'hui (en exemple récent je n'ai qu'Inglourious Basterds qui me vient à l'esprit et ça ne date déjà plus d'hier).
Il y a eu Jojo Rabbit en exemple « récent » (2019). ;)

Pas génial mais qui se posait là dans sa manière de ridiculiser le nazisme.
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groil_groil
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Kahled a écrit :
mer. 24 mai 2023 10:21
je trouve ça bien qu'on s'autorise la comédie sur le nazime, ça permet de bien les ridiculiser, et peu de gens osent ça aujourd'hui (en exemple récent je n'ai qu'Inglourious Basterds qui me vient à l'esprit et ça ne date déjà plus d'hier).
Il y a eu Jojo Rabbit en exemple « récent » (2019). ;)

Pas génial mais qui se posait là dans sa manière de ridiculiser le nazisme.
tu as raison. je voulais le voir, puis le temps et les films passant...
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Déjà revu. Aussi bien le second coup. C'est vraiment un très bon film puisque la mise en scène l'emporte sur la narration (on a beau savoir qui est l'assassin, comment on l'attrape et connaitre ses motivations, cela reste toujours aussi intéressant à regarder).
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sokol
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donc

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Jeanne Dielman était-elle lesbienne ?

Il y a une scène parlée (une des rarissimes !) dans le film durant laquelle le fils de Jeanne explique à sa mère qu'il ne voit plus son ami d'enfance qui lui avait expliqué pour la première fois "ce que font les parents au lit". Depuis, dit-il, il éprouvait la haine pour son père (Sylvain considère la pénétration comme une épée : il a été traumatisé quand il avait dix ans de voir s'enfoncer son père dans sa mère et comment il avait pris la mort de son père pour un châtiment de dieu). Me concernant, je pense que c'est la scène clé du film (perso, j'y crois aux scènes clés, c'est comme ça).
Akerman avait 25 quand elle a réalisé "Jeanne Dielman". Je ne connais pas (bien évidement, cela nous regarde pas) où elle en était avec sa sexualité mais en revisionnant le film, j'ai eu le sentiment qu'à travers lui, elle se questionnait justement sur sa sexualité : entendre le fils, on a l'impression que c'est Akerman qui parle.
A la fin du premier jour, Jeanne dit également à son fils qu'elle n'avait jamais aimé son mari et qu'elle faisait l'amour avec lui sans l'aimer vraiment mais cela me semble bien moins important que la perception du fils vis à vis de ses parents hétéros (qui dit hétéro, dit procréation, n'est ce pas ? Et Sylvain est né de cette relation hétéro).

Arrive la fin. Perso, je ne fais pas parti de ceux qui, comme dit B-Lyndon dans son beau papier,
B-Lyndon a écrit :
dim. 7 mai 2023 13:11
L’interprétation la plus courante de cette fin est que le plaisir ressenti était soudain trop fort, qu’il fallait le détruire, instantanément.
Je n'avais vu ni durant les visionnages précédents ni durant celui-ci un quelconque plaisir de la part de Jeanne. Et, si on tient en compte ce que j'ai écrit plus haut (surtout son rapport avec sa progéniture), faisons simple (donc, compliqué) : est ce qu'elle était lesbienne ? (est-ce cela que veut nous dire Chantal Anna Akerman ? - c'est ainsi qu'elle a signé son film)
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yhi
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B-Lyndon a écrit :
dim. 7 mai 2023 13:11
L’interprétation la plus courante de cette fin est que le plaisir ressenti était soudain trop fort, qu’il fallait le détruire, instantanément.
Oui, j'ai du mal à voir comment on peut en arriver à cette conclusion.
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Tamponn Destartinn
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yhi a écrit :
jeu. 25 mai 2023 18:27
B-Lyndon a écrit :
dim. 7 mai 2023 13:11
L’interprétation la plus courante de cette fin est que le plaisir ressenti était soudain trop fort, qu’il fallait le détruire, instantanément.
Oui, j'ai du mal à voir comment on peut en arriver à cette conclusion.

Ah oui, moi non plus.
C'est même un contresens absolu, à mes yeux. Une incompréhension totale de ce que le film porte.
C'est réellement l'interprétation "la plus courante" ?...
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Mr-Orange
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Pronostic Cannes 2023 :

Palme d'Or : Les Feuilles mortes d'Aki Kaurismaki
Grand Prix : The Zone of Interest de Jonathan Glazer
Prix du Jury : Les Herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan
Prix de la mise en scène : L'Enlèvement de Marco Bellocchio
Prix de l'interprétation masculine : Jude Law dans Le Jeu de la reine
Prix de l'interprétation féminine : doublé Nathalie Portman et Julianne Moore dans May December
Prix du Scénario : Anatomie d'une chute de Justine Triet

Mais je vois bien Ostlund filer un prix à Club Zéro ou le film sur les urgences qui a l'air infâme ^^
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Mr-Orange
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Mr-Orange a écrit :
ven. 26 mai 2023 21:03
Pronostic Cannes 2023 :

Palme d'Or : Les Feuilles mortes d'Aki Kaurismaki
Grand Prix : The Zone of Interest de Jonathan Glazer
Prix du Jury : Les Herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan
Prix de la mise en scène : L'Enlèvement de Marco Bellocchio
Prix de l'interprétation masculine : Jude Law dans Le Jeu de la reine
Prix de l'interprétation féminine : doublé Nathalie Portman et Julianne Moore dans May December
Prix du Scénario : Anatomie d'une chute de Justine Triet

Mais je vois bien Ostlund filer un prix à Club Zéro ou le film sur les urgences qui a l'air infâme ^^
Bon, eh bien presque un zéro pointé, comme d'hab'. :D
Pas très alléchant le palmarès ; mais je salue le fait qu'ils n'ont pas cédé à la facilité de mettre des pris ex-aequo à foison.
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Tamponn Destartinn
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Les feuilles mortes - Aki Kaurismäki

(vu au mk2 bibliothèque qui diffuse pas mal de films de Cannes, je vais en voir deux autres cette semaine)

Kaurismäki, incorruptible, ne changera jamais. Et j'ai un immense respect rien que pour cela.
Chaque plan est purement kaurismakien, personne d'autre ne produit ce type d'image, il est inimitable et donc purement identifiable.
Mais il n'y a pas que cela. On pourrait penser que Kaurismaki a fait un film moins politique que ses deux derniers, puisqu'il délaisse la cause des migrants pour se concentrer sur une "simple" histoire d'amour. Sauf que ce que ces deux amoureux sont principalement en détresse financière, changeant de boulot constamment, débranchant tous les appareils électriques quand ils reçoivent la facture d'électricité, buvant pour oublier leur dépression, écoutant la radio qui ne parle que de l'horreur de la guerre en Ukraine. Mais Kaurismaki refuse de les montrer abattus. Ils méritent malgré toute cette merde des moments de tendresse, d'être heureux, sans qu'à aucun moment ce ne soit gnangnan. Qui d'autre filme le prolétariat ainsi, avec cette sincérité et cet humour ? Personne.

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L'amour et les forêts

C'est loin d'être honteux, c'est même probablement ce que Donzelli a fait de mieux depuis bien bien longtemps... mais ça reste très didactique, très programmatique, on sent venir tout le déroulé du film très vite, le seul intérêt étant alors le jeu des comédiens et l'impression que oui, ça montre bien ce qu'est une emprise.
Mais pour le dire autrement, dans le genre film réalisé par une femme compliquée, habituellement capable du pire comme du... vite fait moins pire, mais qui ici a un vrai sujet qui lui parle, je trouve que Mon roi de Maiween est bien plus fort, plus subtil, notamment parce que le personnage de Cassel est plus imprévisible. Et pourtant, il n'est pas moins pointé du doigt, vu que les conséquences sur la santé mentale de l'héroine sont exactement les mêmes.
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sokol
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Tyra a écrit :
ven. 12 mai 2023 11:31
J'ajouterai un truc que j'adore dans le film : la création artistique a rarement été montré à ce point ambivalente : la frontière entre la vacuité et la réussite artistique peut être très mince, et on voit cette frontière se déplacer constamment pendant tout le film.
Juste un truc : je veux bien que ce soit ainsi mais, on ne voit jamais l’héroïne au travail ! On la voit uniquement en dehors de son travail donc, comment voir cette frontière ??
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Tamponn Destartinn a écrit :
lun. 29 mai 2023 12:32
débranchant tous les appareils électriques quand ils reçoivent la facture d'électricité, buvant pour oublier leur dépression, écoutant la radio qui ne parle que de l'horreur de la guerre en Ukraine.
Petite question : c'est la guerre en Ukraine qui est évoquée en ce qui concerne l'augmentation du prix de l'électricité ?
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Tyra
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sokol a écrit :
mar. 30 mai 2023 10:17
Tyra a écrit :
ven. 12 mai 2023 11:31
J'ajouterai un truc que j'adore dans le film : la création artistique a rarement été montré à ce point ambivalente : la frontière entre la vacuité et la réussite artistique peut être très mince, et on voit cette frontière se déplacer constamment pendant tout le film.
Juste un truc : je veux bien que ce soit ainsi mais, on ne voit jamais l’héroïne au travail ! On la voit uniquement en dehors de son travail donc, comment voir cette frontière ??
:zorro: Mais si, on la voit au travail, et on voit le résultat de son travail à chaque fois que son processus avance. :roll:
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Tyra a écrit :
mar. 30 mai 2023 10:48
:zorro: Mais si, on la voit au travail, et on voit le résultat de son travail à chaque fois que son processus avance. :roll:
Oui, quand ses sculptures sortent du four mais c'est tout. Ni ses inspirations, ni... , rien
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petit bilan des films vus à Cannes, dans l'ensemble, toutes sections confondues, une très belle édition :

C'est magnifique :
1-Cerrar Los ojos - Victor Erice (CP)
2-Inside the yellow cocoon shell - An Pham Thien (QR)
3-Eureka - Lisandro Alonso (CP)

C'est très beau :
4-Anatomie d'une chute - Justine Triet (CO)
5-La fleur de Buriti - João Salaviza et Renée Nader Messora (ucr)
6-Los delinquentes - Rodrigo Moreno (ucr)
7-Les Herbes sèches - Nuri Bilge Ceylan (CO)
8-Jeunesse - Wang Bing (CO)
9-Man in Black - Wang Bing (SS)
10-As filhas do fogo - Pedro Costa (SS)

C'est bien :
11-Monster - Kore Eda Hirokazu (CO)
12-Perfect days - Wim Wenders (CO)
13-La Chimera- Alice Rohrwacher (CO)
14-Retratos fantasma - Kleber Mendonça Filho (SS)
15-The Zone of Interest - Jonathan Glazer (CO)
16-Les Colons - Felipe Gálvez (ucr)
17-May December - Todd Haynes (CO)
18-Perdidos en la noche - Amat Escalante (CP)
19-Film annonce du film qui n'existera jamais : "Drôles de guerres"- Jean-Luc Godard (SS)

C'est pas mal :
20-Rolling Thunder - John Flynn (QR-Tarantino)
21-The Sweat East - Sean Price Williams (QC)
22-Une Nuit - Alex Lutz (ucr)
23-L'été dernier - Catherine Breillat (CO)
24-Riddle of Fire - Weston Razooli (QR)
25-Les feuilles mortes - Aki Kaurismaki (CO)
26-Un hiver à Yanji - Anthony Chen (ucr)
27-Conann - Bertrand Mandico (QC)
28-Le ravissement - Iris Kaltenbäck (SC)
29-If only i could hibernate - Zoljargal Purevdash (ucr)
30-Rosalie - Stéphanie Di Giosto (UCR)
31-Un prince - Pierre Creton (QC)
32-Godard par Godard - Florence Platarets (SS)
33-Black flies - Jean-Stéphane Sauvaire (CO)
34-Le Jeu de la reine - Karim Aïnouz (CO)
35-Strange way of Life - Pedro Almodovar (SS)
36-Banel et Adama - Ramata-Toulaye Sy (CO)
37-Les filles d'Olfa - Kaouther Ben Hania (CO)
38-In our day - Hong Sang Soo (QR)

C'est moyen :
39-Sleep - Jason Yu (sc)

C'est pas bon :
40-Le retour - Catherine Corsini (CO)
41-Dans la toile- Kim Jee-Woon (HC)
42-Hypnotic - Robert Rodriguez (HC)
43-Project silence - Tae Gon Kim (HC)
44-Omar la fraise - Elias Belkeddar (HC)
45-Salem - Jean Bernard Marlin (ucr)
46-Augure - Baloji (ucr)
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sokol
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Je crois que, même si moins pourri que l'an dernier, cette édition était assez pourri quand même (vieux, vieux jeu, cinéma redondant etc). La preuve de ce que je dis : un palmarès qui satisfait globalement tout le monde et, le plus jeune film, très probablement venant du plus vieux des cinéastes (mais absent depuis 3 décennies ! un hasard ?) : Victor Erice.

ps: comment peut-on inviter encore et encore et encore à Cannes Ken Loach pour qu'il montre ses remakes copier-coller une année sur deux ??
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Tyra
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sokol a écrit :
mar. 30 mai 2023 12:18
Tyra a écrit :
mar. 30 mai 2023 10:48
:zorro: Mais si, on la voit au travail, et on voit le résultat de son travail à chaque fois que son processus avance. :roll:
Oui, quand ses sculptures sortent du four mais c'est tout. Ni ses inspirations, ni... , rien
Je me souviens d'une scène où on la voit modeler ses statues, avant la cuisson.
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Tamponn Destartinn
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sokol a écrit :
mar. 30 mai 2023 10:20
Tamponn Destartinn a écrit :
lun. 29 mai 2023 12:32
débranchant tous les appareils électriques quand ils reçoivent la facture d'électricité, buvant pour oublier leur dépression, écoutant la radio qui ne parle que de l'horreur de la guerre en Ukraine.
Petite question : c'est la guerre en Ukraine qui est évoquée en ce qui concerne l'augmentation du prix de l'électricité ?
Il ne me semble pas que ce soit dit explicitement.
Il y a juste une scène où l'héroine ouvre un courrier et, à la lecture, a le réflexe immédiat de tout débrancher (on comprend que c'est la facture d'électricité et qu'elle n'a pas les moyens de payer)
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groil_groil
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Une jeune femme résidant en Argentine se rend dans un petit village d'Espagne avec ses enfants pour assister à un mariage. Durant la soirée, sa fille est enlevée et la famille ne tarde pas à recevoir une demande de rançon... Je n'ai jamais aimé le cinéma de l'Iranien Farhadi, le trouvant justement beaucoup trop occidental ou faisant des clins d'œil en permanence au cinéma occidental, pour être honnête. Il n'y avait donc rien d'étonnant à ce qu'il cède rapidement aux sirènes du cinéma international occidental et qu'il aille faire tourner des stars. Ce n'est pas encore Hollywood, mais ça viendra. Et ça permet aussi de constater qu'il n'en a jamais rien eu à foutre de filmer l'Iran ou les Iraniens, c'était juste un tremplin. Ceci étant dit, je trouve ce film presque plus regardable que ces précédents, car au moins il ne ment plus sur ces intentions. C'est vraiment ça qu'il aime faire, diriger des stars avec des intrigues interchangeables et déjà vues. Du coup, son film se regarde sans déplaisir, avec un petit pincement d'horreur, on ne peut évidemment pas s'empêcher de penser au drame dû au serial killer Nordahl Lelandais lors d'un tragique mariage... Mais dieu merci le film se finit bien, ce qui autorise quelque part un cinéaste à jouer avec nos nerfs (pas comme l'affreux film de Cayatte, son seul ratage majeur, "A chacun son enfer". Ici ce n'est jamais génial, loin de là, mais Cruz et Bardem sont excellents et la campagne espagnole est belle.

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Je ne pouvais pas blairer Zeller, et j'imaginais son film aussi détestable que l'image qu'il renvoie de sa personne. Ce n'est heureusement pas le cas, mais ça n'en fait pas un bon film pour autant. C'est l'histoire, tout le monde le sait, d'un vieil homme atteint d'Alzheimer et qui perd peu à peu pied d'avec la réalité, confondant et inversant les diverses strates de réel jusqu'à la confusion la plus totale. C'est justement là que le film réussit parfois, créant des réalités différentes qui s'affrontent et se percutent, entre celles du vieil homme, et celles de ses interlocuteurs à tel point que le spectateur en soit amené à douter de celle qui est la bonne. Mais s'il réussit cela, Zeller ne parvient pas pour autant à convaincre sur l'ensemble. Déjà parce la mise en scène ne parvient absolument pas à éviter le piège théâtral (c'est exactement le même principe que dans The Whale sorti cette année, un coup l'obésité, un coup Alzheimer, c'est bon, on ne va pas se taper toutes les maladies...), mais surtout parce que le film n'évolue quasiment pas entre son ouverture et sa conclusion, tout ça enfermé dans un deux pièces, ça a surtout tendance à générer beaucoup d'ennui.

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Sur un canevas on ne peut plus classique et déjà vu, l'emprise d'un homme d'apparence bien sous tous rapports mais qui se révélera un pervers narcissique violent et manipulateur, Donzelli réalise pourtant son meilleur film car de tics de mise en scène (hormis une scène chantée qui passe très bien) qui empêchent parfois l'adhésion. Ce n'est pas fou, ni original, mais le film est bien tout du long, la tension palpable, une très belle image, et deux comédiens toujours excellents mais qui fonctionnent parfaitement bien ensemble (et mention spéciale à Efira qui joue deux soeurs jumelles et ça fonctionne très bien, tout en rappelant un charme du cinéma de 60's...)

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Encore un cinéaste que je ne peux pas blairer, Vinterberg, et là j'y allais d'autant plus à reculons que le sujet est ultra touchy, et je n'imaginais pas le cinéaste bien le traiter : divorcé et en train de tout faire pour récupérer une partie de la garde de son ado de fils, un homme retrouve du travail dans un jardin d'enfants, où il se retrouve accusé de pédophilie par une gamine de 5 ans, qui plus est la fille de son meilleur ami. Evidemment, tout ceci est faux, et très vite, ses collègues, puis l'ensemble de la petite bourgade, va le condamner et l'ériger en coupable, créant un monstre de toutes pièces sur le seul bien-fondé qu'un enfant ne peut pas mentir. Sauf que là, si, mais comment prouver son innocence dans un cas pareil ? Bon, vous voyez de quoi je pouvais avoir peur, et dieu merci Vinterberg l'évite assez finement et construit un film assez intelligent, une sorte de version 2.0 des Risques du Métier de Cayatte, qui évite la surenchère, où la vérité finira par triompher (ça évite le lynchage que personne n'a envie de voir au cinéma), même si le doute persistera toujours chez certains (cette fin glaçante, laissant entendre que le personnage ne sera jamais en sécurité). Et Madds y est bien sûr excellent.

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Le hasard veut que je vois Everybody Knows et Nobody Knows la même semaine, c'est un marrant. C'est un Kore-Eda, encore primé à Cannes il y a quelques jours, décidemment, que je n'avais pas encore vu et qui jouit d'une excellente réputation. Le cinéaste y raconte l'histoire de 4 gamins sans père(s) abandonnés par leur mère dans un tout petit appartement de Tokyo. Ceux-ci, ne voulant pas être séparés, ne disent rien à personne et tentent de survivre tant bien que mal, alors que l'ainé a à peine douze ans. Le film fait clairement partie de la veine des films réussis du cinéaste, mais il y a plusieurs trucs qui pêchent à mes yeux pour être totalement emporté. J'aime le ton, les comédiens, la légèreté apparente pour traiter de sujets très grave, les petits haïkus visuels qui viennent s'arrêter sur des détails de la ville ou de la vie courante, tout cela est très beau, mais la contrepartie c'est qu'il y a une vraie carence au niveau de la progression dramatique. le film fait à plusieurs reprises du sur place avant de redémarrer péniblement. Et puis je suis très gêné par la fin (attention, je vais spoiler) : l'un des enfants meurt, c'est triste, c'est regrettable, ils vont l'enterrer eux-mêmes en dissimulant son corps dans une valise, comme faisait leur mère avec eux, près de l'aéroport puisque la gamine rêvait d'y aller pour voir décoller les avions, mais une fois que c'est fait, les autres gosses reprennent leur vie à l'identique comme si cela n'avait et allait n'avoir aucune incidence sur le futur, et le cinéaste ne fait absolument rien de cette tragédie, le film se finissant avec la même petite musique légère, et les enfants bras dessus, bras dessous... Je sais bien que cette histoire est inspirée d'un fait divers, mais je vois tout de même une énorme faille dans la conclusion du film, comme si celui-ci s'arrêtait avant de finir.

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Un de mes films préférés, que j'étais très heureux de revoir et qui s'avère toujours aussi fascinant, aussi simple d'apparence qu'aux interprétations multiples et sans fin, et sur ce qu'il dit sur la puissance du cinéma, sur cette question du premier regard, et tout ce que ça dit du franquisme en sous-texte. C'est tout aussi beau que bouleversant... Comme souvent, ce sont les films où ça parle peu qui m'émeuvent profondément, et ce sont souvent les films les moins bavards qui sont les plus riches, parce que c'est le cinéma, la mise en scène qui parlent, et pas le scénario, sujet de réflexion sans fin, qu'il est possible d'interpréter à l'infini. Sublime chef-d'oeuvre, que je rêve désormais de revoir en bluray, quand Carlotta voudra s'en occuper, et qui me donne encore plus envie de découvrir le nouveau Erice (son 4ème en 50 ans) présenté à Cannes.

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Au fin fond de l'Afghanistan, une gamine vit seule avec sa mère et sa grand-mère. Sans hommes, elles ne peuvent rien faire, pas sortir, pas travailler, pas manger... La mère a donc l'idée de travestir sa gamine en garçon afin qu'elle puisse travailler et ramener de quoi les nourrir. L'employeur fut un ami du père et ferme les yeux, mais voilà la/le jeune Osama engagé de force par les Talibans afin de devenir un soldat dévoué à la cause... Entourée de centaines de garçons surexcités, la jeune fille de 12 ans à peine ne va pas pouvoir cacher la vérité bien longtemps... Après une première séquence façon cinéma vérité bien maladroite, le film convainc très rapidement grâce à son courage. C'est un premier film, c'est un film afghan, et c'est un film qui ose dénoncer l'absurdité et la cruauté de ce régime qui maintient de force les gens de ce pays dans l'ignorance, la bêtise et la peur et qui les transforme en arriérés (eux le sont déjà). Le film va loin dans ce qu'il dénonce, est évidemment d'une grande cruauté, mais il est tout aussi nécessaire que révoltant.

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Deux heures pleines de film pour raconter comment les mecs de chez Nike ont réussi à faire signer un contrat à Michael Jordan en lui proposant une nouvelle godasse, faisant de la boite le leader des chaussures de sport alors qu'ils n'avaient que 17% du marché avant cela. Deux heures ! Deux heures de pub éhontée pour la marque, et pire encore, deux heures à te vanter que le monde n'est que marketing et à se gloser de cela, à entrevoir le monde uniquement comme une campagne de marketing, où le seul truc qui compte c'est les millions de bénéfices qui vont être fait sur les millions de chaussures fabriquées avec le sang et la sueur de petits mineurs asiatiques qui ne sont bien évidemment même pas mentionnés dans ce film honteux, certes réalisé avec tout le savoir faire hollywoodien possible, mais qui est de loin ce que Affleck, pour qui j'avais plutôt de l'affect en tant que cinéaste, a commis de pire, et à mes yeux, d'irréparable.

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Fireworks - Kenneth Anger - 1947

La mort d'Anger m'a donné envie de faire un petit cycle de ses films, et je commence avec ce beau Fireworks de 1947 et évidemment terriblement en avance sur son temps en terme d'expérimentation visuelle, film d'amour fou et de revendication de l'amour homosexuel fou, qui m'a aussi bien fait penser à Cocteau, Man-Ray, Jean Genet et qui bien évidemment préfigure tellement de choses à venir...

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Puce Moments - Kenneth Anger - 1949

Une femme aisée choisit sa toilette avec soin avant de sortir promener ses lévriers afghans. Dit comme ça, voilà, quoi, mais mis en scène par Anger, avec tant de modernité, ça en devient sidérant, avec un énorme pouvoir d'attraction. Et comment ne pas penser à David Lynch devant ce court et beau film, tant l'héroïne rappelle le rôle d'Isabella Rossellini dans Blue Velvet, et tant les extérieurs évoquent Mulholland Drive.

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Rabbit's Moon (short version) - Kenneth Anger - 1979

Cette pantomime sous acide est en fait un film inachevé de 1950 (c'est la version longue) dont Anger a retrouvé les rushes via la Cinémathèque Française, et les a remontés en 1979, associés à une musique pop ironique, pour proposer cette version courte qui est in fine le film qu'Anger aurait souhaité faire à l'époque.
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Tout ceci pour dire que j'essaie quand même, tant bien que mal, de voir des films.
Depuis fin avril, seulement vu :

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Naked Spaces - Living is Round de Trinh T. Minh-ha

"Si tu te penches pour observer un anus, sache que quelqu'un se penche aussi pour observer le tien", tel est le surprenant et amusant dicton concluant les 2h15 de Naked Space. Ce film ethnographique expérimental de Trinh T. Minh-ha se concentre sur la vie rurale de six pays d'Afrique de l'Ouest (Mauritanie, Mali, Burkino Faso, Togo, Benin et Senegal) et filme la réalité quotidienne, surtout des femmes mais pas uniquement, dans une mise en scène évitant tout risque exotisme. Comme le laisse supposer la deuxième partie du titre, le cercle est figure centrale du film. Tant comme figure géométrique (nombreux plans d'habitations et constructions architecturales, présentant notamment de surprenantes et magnifiques portes rondes) que symbolique (les rituels et célébrations, les gestes du travail quotidien) mais aussi dans sa forme même d’œuvre : les images se répètent de façon disparates, les voix-off, parfois bégayantes, prononcent de temps à autres les mêmes phrases (extraites de la philosophie occidentale - le générique nous donne les noms de Bachelard, Wittgenstein ou Eluard (de mémoire !) - que d'auteurs ou penseurs africains), leurs sens évoluant ou s'approfondissant en fonction des images qu'elles accompagnent. Ces lentes répétitions de motifs visuels et sonores finissent par donner au film une impressions de spirale hypnotique dans laquelle doit se laisser aspirer le spectateur afin d'apprécier pleinement l'expérience offerte par le film. Ici l'habitation et la vie ne sont tant à l'intérieur ou à l'extérieur du foyer que dans un flux et un tout constant : à l'esprit du spectateur de faire également un avec la matière filmique.


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Pachamama - Our Earth - Peter Nestler - 1995

La découverte du prolixe mais méconnu Peter Nestler est un régal. Rares sont les documentaristes pouvant revendiquer un travail mêlant un tel niveau de rigueur et de clarté.
Il s'agit du premier film de Nestler que je découvre où il s'intéresse à un sujet extra-européen : l'Equateur et l'ensemble de sa société à la fin du XXème siécle. Mais pourtant son style et ses interrogations restent les mêmes, envisageant la complexité naissant des tiraillements (techniques, religieux, économiques...) entre la supposée modernité et la culture traditionnelle. La meilleure image pour qualifier l'approche de Nestler est celle des strates, de la sédimentation et du passage soigneux d'une couche à l'autre tel un cinéaste-archéologue, prenant soin de ceux/ce qu'il filme et s'évertuant à exhumer les liens le plus souvent cachés existant entre eux. Fil rouge de son film (paru l'année suivante) sur le Val D'Aoste en Italie, cette idée se matérialise déjà ici lorsque Nestler tente d'aller filmer les ruines découvertes par de fortes pluies. Pachamama - Notre Terre est ainsi une longue et douce (et pourtant non sans heurt avec la brute réalité) dérive depuis les banlieues de Quito jusqu'aux bords de l'océan pacifique, en passant par les quartiers d'affaires et une communauté de femmes céramistes traditionnelles.


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Dans le département d'entomologie d'un zoo, un enfant observe des insectes à travers une vitre. Rien ne semble bouger. Une araignée, un phasme. Les doigts de l'enfant tapotent mollement la paroi transparente.
Le choix des deux espèces n'est pas anodin. L'araignée comme symbole de la mère, des relations, mais surtout de la toile invisible dans laquelle on s'englue. Le phasme, quant à lui, disparait en se confondant avec son environnement. Tout Astrakan sera construit sur ce double équilibre : le capacité de voir ou de ne pas voir, de savoir voir ou de ne pas savoir voir (la toile qui nous enserre, ce qui nous entoure et nous constitue)

Une seconde plus tard, en hors-champs, surgit la voix d'une femme "Dépêche toi si tu veux tout voir, Samuel".
Bien plus tard dans le film ce même voir sera écrit à la va-vite sur une feuille de papier et dissimulé, écrasé sous une brique de la maison familiale.

Astrakan est donc, avant tout un film sur le "voir" mais plus exactement sur le "voir en construction". Le voir si particulier qui est celui de l'enfance, celui de l'âge ou le monde est encore flou, dont les formes sont indistinctes, ou l'on ne sait pas forcément bien ou se délie le vrai du faux ou se limite le normal, l'acceptable, l'intolérable.
L’extrême complexité de la naissance d'une compréhension du monde occupe ainsi le cœur du film (doublement mis à l'épreuve ici : si l'enfant vient d'être "jeté dans le monde" (12 ans à peine), il se retrouve orphelin et dans une famille d’accueil ou tout est à reconstruire). Jamais un film n'aura réussi à faire aussi bien sien cet âge étrange durant lequel le monde flotte encore, semblant plus indéterminé et incompréhensible que fixe et normé, ou l'on se retrouve à devoir accepter ce qu'on nous dit et imagine, sans pleinement savoir pourquoi.

La comparaison que l'on aurait cru évidente avec Pialat ne tient ainsi pas du tout. Si Pialat s'est lui aussi intéressé à l'enfance malheureuse, l'enfance pauvre, l'enfance violée, il s'est intéressé aux faits des structures familiales et sociales. Mais jamais à la perception directe de l'enfant sur ce monde encore neuf pour lui : la toile qui nous parait normale pour nous autres adultes et spectateurs aptes à les percevoir, ne l'est pas encore pour lui, Samuel jeune enfant.

De ce frêle emplacement tenu par Samuel naisse des images surprenantes. Une inquiétante étrangeté se dégage du moindre éclairage (les feux arrières d'un autocar colorant en rouge une route enneigé, par exemple), du moindre mot ou geste, parfois non sans poésie. Mais ce trouble s'avère beaucoup plus grave quand l'oncle s'empare d'une telle faiblesse pour commettre d'horrible attouchements sur ses neveux. Mais qui croire et que comprendre de la complexité de l'idée "d'amour" dans un monde ou une famille d’accueil, pourtant aimante, n'hésite pas à battre ses enfants à coup de ceinture, ou lorsqu'une jeune et amicale camarade de classe se livre à des jeux à la naïveté confondante ?

La séquence finale, dans un surprenant décrochage stylistique, se pose ainsi comme révélation. Enchainement d'images quasi-mystiques, permettant la relectures de faits passés par le nouveau prisme construit par Samuel (et ce juste après le plan de sortie d'une nage en apnée dans un lac, telle une naissance une nouvelle fois encore). Une affaire de vision une fois encore, donc.

Ce programme surprenant mené par Astrakan, film très riche et complexe (je n'ai rien dit du rapport au corps -de la GRS aux souillures de sous-vêtement, ou à l'argent, qui constitue à sa façon une "façon de voir" le monde, dans cet environnement presque sans age (1990 ou 2020 ?) qui, pourtant, nous annonçait son programme dès son affiche : le rond noir central de son affiche n'est-il pas, lui aussi, une pupille, de laquelle Samuel cherche à émerger ?


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Film monstre et monstrueux, Beau is Afraid déborde en tout sens. Ses trois heures, faites de très haut et de très bas, épuisent autant qu'elles captivent. Oui : c'est "trop" mais aussi d'une certaine façon presque "trop peu". Les 3h du film d'Ari Aster s'attachent à suivre le psyché malade de son héros, joué par un sidérant Joaquin Phoenix, et tente d'étendre le mal dont il souffre à la psyché tout un pays, une époque, une culture.

Si les divers avis lus semblent mettre en avant le 1/3 tiers du film, c'est à mon sens parce qu'il est aussi le plus attendu, fleurant bon l'After Hours scorsesien et autres films de folies nocturne New-Yorkaise. Mais ce ne sera ici que le début du voyage, avant de scruter le quotidien d'une famille "bien comme il faut", se méler à une communauté de troubadours modernes, assister à un étrange conte en film d'animation et, enfin, se confronter à la figure maternelle.

Car, oui, Beau Is Afraid est avant tout la longue introspection d'un profond syndrome d’œdipe. Si certaines idées et représentation sont un peu banales, d'autres sont plus originales (l'invasion d'araignées toxiques, symbole de la figure maternelle, dans l'immeuble du héros au début du film) ou subtiles (on comprend par sa décoration que la mère était publicitaire : première industrie à suivre les idées freudiennes) ou même étrangement détournées (qu'en est-il de ce fameux complexe si l'on "tue le père" avant même de naitre, lorsque nous sommes "éjaculés par lui ?!).

Je suis donc ressorti de Beau is Afraid un peu fatigué mais largement diverti, presque rassuré que le cinéma américain "de spectacle" pouvait encore produire ce genre d'objet bizarre et hors norme lui qui est actuellement torpillé et formaté par l'univers des supers-héros.


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The Hitch-hiker - Ida Lupino

Rien de particulièrement notable ou passionnant pour ce qui est annoncé comme le "premier film noir réalisé par une femme". Le choix d'Ida Lupino de faire reposer toute l'avancée du film sur un pistolet brandi, symbole phallique par excellence, et que tout le film s'arrête 30 secondes après la perte de ce même flingue, n'a bien sur rien d'anecdotique... Mais malheureusement cela ne suffit pas à rendre le film spécialement captivant.
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sokol
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@groil_groil
Est-ce que tu connais un cinéaste américain qui s’appelle MICHAEL ROEMER et ses films (NOTHING BUT A MAN, THE PLOT AGAINST HARRY, VENGEANCE IS MINE) ? Mon cinéma fait un cycle mais il est quasiment inconnu au bataillon

et :
qu'en penses tu de "SIMONE BARBÈS OU LA VERTU" ? je peux le voir sur grand écran ce soir

merci
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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sokol a écrit :
mar. 30 mai 2023 16:50
@groil_groil
Est-ce que tu connais un cinéaste américain qui s’appelle MICHAEL ROEMER et ses films (NOTHING BUT A MAN, THE PLOT AGAINST HARRY, VENGEANCE IS MINE) ? Mon cinéma fait un cycle mais il est quasiment inconnu au bataillon

et :
qu'en penses tu de "SIMONE BARBÈS OU LA VERTU" ? je peux le voir sur grand écran ce soir

merci
Connais pas Roemer mais il est aussi auteur d'ouvrages sur le scénario et a fait peu de films. Donc ça sent le cinéma de scénariste.
SIMONE c'est vraiment à voir, je pense que tu peux adorer.
j'avais écrit ces mots brefs :
n film féminin, fait par une femme, et fabriqué et joué par de nombreuses femmes. ça ressemble à du Vecchiali au féminin, c'est souvent bancal, rattrapé de justesse, bricolé, mais il y a quelque chose qui passe, de sincère, de ce que ça dit de l'époque et de son rapport au sexe. Il y a une belle fin aussi, bref, c'est un petit film marquant, dans l'impact ressenti a posteriori est plus fort que celui du moment où l'on s'y confronte.

et je sens que tu peux aimer encore plus que moi.
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Coucou !

Je me permet :
Roemer est en effet redécouvert ces temps-ci.
Pour ma part j'en entend grand bien.
J'ai pécho un fichier qui traine sur mon ordi depuis quelques semaines et je suis très curieux de le regarder dès que je pourrais.

Pour Simone Barbès, découvert lors de Loupe1-confinement1, je confirme comme Groil que c'est une très chouette curiosité, plutôt réjouissante pour son esprit et tout ce que qu'essaie de faire Treilhou
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@groil_groil
@cyborg
Merci les amis. Je vais le voir ce soir Treilhou
👌
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Tamponn Destartinn a écrit :
mar. 30 mai 2023 14:23

Il ne me semble pas que ce soit dit explicitement.
Je ne veux surtout pas faire un procès d'intention à M Kaurismaki (car je ne connais pas du tout ses opinions concernant la guerre en Ukraine) mais force est de constaté qu'il y a tout une frange de la gauche mondiale qu'on appelle campiste devenue très nuancés et "réflexifs" (disent-ils) vis à vis de l'invasion de l'Ukraine par la Russie fasciste. Pour ne pas dire, parfois, carrément pro-Poutinienne.
Je répète, je ne connais pas du tout les opinion de Kaurismaki à ce sujet, mais associer les prix élevés de l'électricité à cette tragédie non seulement est immoral éthiquement parlant mais faux économiquement parlant : l'inflation actuelle a commencé bien avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie et est une suite directe de la politique populiste, hypocondriaque et ultra-hygiéniste de nos gouvernements pendant quasiment 2 ans (confinement à volontés, commerces fermés, "restez à la maison sauvez des vies" et j'en passe). "Quoi qu'il en coute" était une fumisterie populiste car, tout a un prix (de la dialectique quoi). Et le prix on le paye maintenant et il s'appelle inflation. La guerre en Ukraine a bon dos.

Un lien excellent concernant les campistes : https://lundi.am/Des-pensees-decolonial ... en-Ukraine
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Et voilà : en faisant une recherche sur Google (Kaurismaki + Ukraine), voici ce qu'on peut déjà lire sur une critique des Inrrocks :
"On devine la découverte d’une facture d’électricité au montant inhabituellement mirobolant – comme c’est le cas dans la plupart des pays du monde depuis la guerre en Ukraine"
Donc, même si ce n'était pas dans les intentions de Kaurismaki, la scène est déjà perçue comme telle ! (prix d'électricité = guerre en Ukraine)
https://www.lesinrocks.com/cinema/a-ca ... 4-05-2023/
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Tamponn Destartinn
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sokol a écrit :
mer. 31 mai 2023 15:27
Tamponn Destartinn a écrit :
mar. 30 mai 2023 14:23

Il ne me semble pas que ce soit dit explicitement.
Je ne veux surtout pas faire un procès d'intention à M Kaurismaki (car je ne connais pas du tout ses opinions concernant la guerre en Ukraine) mais force est de constaté qu'il y a tout une frange de la gauche mondiale qu'on appelle campiste devenue très nuancés et "réflexifs" (disent-ils) vis à vis de l'invasion de l'Ukraine par la Russie fasciste. Pour ne pas dire, parfois, carrément pro-Poutinienne.
Je répète, je ne connais pas du tout les opinion de Kaurismaki à ce sujet, mais associer les prix élevés de l'électricité à cette tragédie non seulement est immoral éthiquement parlant mais faux économiquement parlant : l'inflation actuelle a commencé bien avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie et est une suite directe de la politique populiste, hypocondriaque et ultra-hygiéniste de nos gouvernements pendant quasiment 2 ans (confinement à volontés, commerces fermés, "restez à la maison sauvez des vies" et j'en passe). "Quoi qu'il en coute" était une fumisterie populiste car, tout a un prix (de la dialectique quoi). Et le prix on le paye maintenant et il s'appelle inflation. La guerre en Ukraine a bon dos.

Un lien excellent concernant les campistes : https://lundi.am/Des-pensees-decolonial ... en-Ukraine


A nouveau (même si je ne l'ai peut être pas dit assez clairement, je le reconnais) : Kaurismaki ne fait jamais le lien avec ses problèmes de facture et la guerre en Ukraine. L'héroine est fauchée de base, elle n'a plus de boulot, même sans guerre, sa réaction face à la facture aurait pu être la même.
La guerre n'est jamais un problème direct à nos personnages. Elle n'existe qu'à travers la radio.
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Tamponn Destartinn a écrit :
mer. 31 mai 2023 21:08
Kaurismaki ne fait jamais le lien avec ses problèmes de facture et la guerre en Ukraine.
J’ai bien compris : Kaurismaki ne fait pas le lien. Les Irrocks oui.
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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@sokol
alors le MC Treilhou ?
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Ravi de m'être reconfronté, qui plus est dans une sublime copie bluray, avec ce que je considère être l'un des deux plus beaux Visconti (avec Mort à Venise) et l'un des plus beaux, riches, denses, films qui soient. Rocco et ses Frères est aussi lié à un très fort souvenir d'enfance : j'étais tout minot, le film passait à la TV et arborait le carré blanc (truc rarissime et qui signifiait que le film était interdit aux moins de 18 ans, réservé aux films ultra violents ou choquants). Mon père était devant, grand fan du film, et je me souviens qu'il me disait combien c'était un chef-d'œuvre, mais que je le verrai plus tard car trop dur pour moi du haut de mes 10 ou 11 ans. J'avais vu les premières minutes, et je m'en souviens encore). Bref, je l'ai évidemment vu depuis, et ce revisionnage à confirmer tout le bien que je pensais de cette merveille, film d'une beauté rare, et qui a une façon d'englober le monde entier en ne filmant qu'une famille qui est le signe des plus grands. Le film est évidemment très noir, très cruel, construit en 5 chapitres comme il y a 5 frères, mais avec évidemment la figure de Rocco au centre. Pourtant, c'est Simone le vrai centre du film (génial Renato Salvatori qu'il est pourtant difficile d'aimer tellement son personnage est négatif.) Rocco / Delon m'a fait penser au Pharaon de Winter dans le chef-d'oeuvre de Bruno Dumont. Il accepte de prendre sur lui tout le mal provoqué par les autres, et s'offre en sacrifice par amour pour autrui, en l'occurrence ici pour son frère Simone. Les actions de Rocco sont incompréhensibles si on essaie d'analyser à froid son comportement. En fait tout ce que fait Rocco est pour moi de l'ordre d'un acte de foi, et je pense que c'est ainsi qu'il faut voir le personnage, il a quelque chose de véritablement christique. Et sinon je suis littéralement scié, sidéré, par la performance d'Annie Girardot, c'est son meilleur rôle, et elle bouffe le film, et la vedette à Cardinale, dont le rôle n'a pas grand intérêt. Girardot est sublime, et son personnage est lui aussi très christique, elle est littéralement sacrifiée. Et quant à la mise en scène de Visconti, il faudrait des pages et des pages pour tenter d'en décrire la magnificence... Disons que quand tu es face à un film comme ça, c'est comme écouter du Bach, ou lire du Flaubert...

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Rabbit's Moon (long version) - Kenneth Anger - 1950

Version longue originale de Rabbit's Moon qui est tout aussi cohérente que la version courte retravaillée. Tout est allongé, mais le film ne change pas ni de sens ni de structure, c'est le même.

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Eaux d'Artifice - Kenneth Anger - 1953

Une promenade en bichromie dans ce qui ressemble aux grandes eaux de Versailles, avec une reine qui déambule. Plus le film avance, plus Anger se concentre sur les jets d'eaux et le film vire à l'abstraction radicale mais toujours d'une grande beauté plastique.

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Je me faisais la réflexion qu'en 3 jours je venais d'enchainer trois chefs-d'oeuvre absolus et trois de mes films préférés, L'Esprit de la Ruche, Rocco et ses Frères et Cria Cuervos, en réalisant qu'il est nécessaire, vital, et jouissif de revoir régulièrement ses films préférés, ils ont toujours quelque chose à nous dire, à nous apprendre, ils nous surprennent toujours et révèlent toujours de nouveaux secrets. Cria Cuervos, c'est simple, plus je le voie, plus je l'aime. Et plus je le découvre, et plus j'en découvre, c'est un film inépuisable, il a des choses partout, tout le temps, sous son faux rythme et son apparente simplicité. J'avais les larmes aux yeux hier soir, tellement le film m'a encore ému. ça touche à l'indicible, à la difficulté d'être enfant, à la difficulté d'être mère, à la question absolument insoluble du deuil chez l'enfant, au monde intérieur qu'on se construit pour se maintenir debout... tout ça dans l'ombre menaçante du franquisme, du fascisme, incarné par la figure rigide du père. Ces trois gamines orphelines de père et de mère, emmenées bien sûr par l'icone absolue de l'enfance, la sublime Ana Torrent qui me bouleverse chaque fois que je croise ses grands yeux noirs. Elle a à jamais LA figure de l'enfance au cinéma, avec tout ce que ça comporte d'interprétations possibles, de nuances, de finesse, de contradictions. Le chef-d'oeuvre de Saura de très loin, et l'un des plus beaux films qu'il m'ait été donné de voir.

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Inauguration of the Pleasure Dome - Kenneth Anger - 1954

Il n'y a pas vraiment de récit dans ce beau film psychédélique, mais des visions, des hallucinations, des déguisements, censés être la vision du plaisir du cinéaste, celle-ci fricotant de près avec les Enfers. C'est véritablement ici, je pense, qu'Anger pose définitivement sa grammaire visuelle qu'il fera bien sûr évoluer mais qui ici ne se cherche plus, elle est définie et inspirera des générations entières.
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groil_groil a écrit :
jeu. 1 juin 2023 10:35
@sokol
alors le MC Treilhou ?
Oups, j'ai oublié de toucher un mot : oui, j'ai beaucoup aimé ! C'est un film typiquement année 80, libre, drôle, cinéphilique (il m'a fait pensé aux films d'Akerman de cette période : Les rdvd'Anna, Toute une nuit... ) et à une autre cinéaste rare de cette période, Danièle Dubroux (j'ai cru que c'était elle qui avait réalisé le film d'ailleurs).
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sokol a écrit :
jeu. 1 juin 2023 15:31
groil_groil a écrit :
jeu. 1 juin 2023 10:35
@sokol
alors le MC Treilhou ?
Oups, j'ai oublié de toucher un mot : oui, j'ai beaucoup aimé ! C'est un film typiquement année 80, libre, drôle, cinéphilique (il m'a fait pensé aux films d'Akerman de cette période : Les rdvd'Anna, Toute une nuit... ) et à une autre cinéaste rare de cette période, Danièle Dubroux (j'ai cru que c'était elle qui avait réalisé le film d'ailleurs).
Merci mec.
Très bien résumé. C'est ce que je pense aussi.
Et t'as vu y a mon pote Simsolo qui joue dedans.
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groil_groil a écrit :
jeu. 1 juin 2023 19:41
Et t'as vu y a mon pote Simsolo qui joue dedans.
Ahahhaha ouiii je l’ai reconnu de suite (le réalisateur des films pornos 😆).
Comme je te l’avais dit, il y a une quinzaine d’année, il était venu à Bordeaux et comme peu de cinéastes (critiques…) j’ai assisté à son intervention donc je l’avais vu déjà ‘en live’.
Sacré personage ! 😍
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