Le Centre de Visionnage : Films et débats

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groil_groil
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C'est moi ou il se hong-sang-sooise de plus en plus Hamaguchi ? Sinon, le film est très bien, mais j'ai une fois de plus du mal à être complètement emballé par ce que propose le cinéaste. Je n'en ai vu que deux, hein, et j'ai prévu de creuser son oeuvre cette année, mais j'y vois pour le moment un sentiment d'inachèvement permanent.

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Une trader new yorkaise se fait enlever et se réveille dans un harem en plein désert, offerte à un homme riche et mystérieux, dont elle va évidemment finir par s'éprendre. C'est un film à la fois misogyne, raciste, et complètement con. Je ne sauve que la superbe Kinski et les scènes du début à New York qui sont magnifiquement filmées.
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sokol
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Autrefois, c'était des gens qu'on détestait et tout ça mais plus maintenant, on laisse aller
car , "Aujourd'hui, les salauds sont sincères"
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
len'
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Quelques souvenirs de 2022 :

Du côté d'Orouët de Jacques Rozier
L'humanité de Bruno Dumont
La gueule ouverte de Maurice Pialat
Mouchette de Robert Bresson
The corner de David Simon
Muhammad Ali de Ken Burns
10 ans avec Hayao Miyazaki de Kaku Arakawa
Au coeur des volcans de Werner Herzog
How to save a dead friend de Marusya Syroechkovskaya
Stromboli de Roberto Rossellini
Les passagers de la nuit de Mikhaël Hers
Même heure, l'année prochaine de Robert Mulligan
Prénom Carmen de Jean-Luc Godard
Drive my car de Ryusuke Hamaguchi
J'ai perdu mon corps de Jeremy Clapin
Licorice pizza de Paul Thomas Anderson
Trouble every day de Claire Denis
La caméra de Claire de Hong Sang-Soo
Le monde de demain de Katell Quillévéré
Ambulance de Michael Bay

et bonne année.
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sokol
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len' a écrit :
mar. 21 juin 2022 18:51
Incroyable mais vrai de Quentin Dupieux

J'ai entendu quelque part que bon nombre d'acteurs aimeraient jouer dans un film de Dupieux, parce que c'est "comme des vacances". D'où l'impression qu'on pourrait avoir, en tant que spectateur, d'être le pigeon qui finance ces vacances. Mais un peu à l'image de ses musiques en tant que Mr Oizo, il y a toujours un côté ludique avec des idées originales qui me donne envie d'y retourner. Un côté jeu vidéo (dont on retrouve ici des images au début et des sons à la fin), comme si Dupieux songeait au cinéma de cette façon. "Si on fait ça, qu'est ce qui se passe ? Et si on ajoute ça, si on avance ça..." Sauf qu'il n'avance pas de façon linéaire, il préfère chercher le glitch, la faille dans le jeu qui va l'emmener ailleurs. Or il s'agit d'un ailleurs qui fait toujours partie du code, avec ses limites, d'où l'impression à chaque film d'être face à une idée géniale de base qui tend à s'essouffler dans la durée. Cela dit, malgré l'effet théâtre encore présent, je trouve que ça tient mieux dans celui-ci, peut-être parce qu'il a la durée idéale, peut-être parce qu'il joue constamment avec le temps et les apparences par la mise en scène (pas toujours réussie mais l'intention est là). C'est cynique sur la manière de voir la vie, mais chaque personnage, toujours joués par d'excellents acteurs, est attachant et amène vers une finalité tantôt amère, tantôt douce. Bizarrement, j'aime aussi le choix de l'image, moins nette, plus étrange, ce qui rappelle là aussi ses meilleurs morceaux. C'est une des rares fois où je ne ressens pas l'idée initiale se vider aussi vite qu'un ballon de baudruche : elle continue de planer à la fin.
C'est un peu débile de ma part de réagir si tard mais je suis tombé dessus par hasard et je trouve excellent ce qu tu as écris à propos de ses films (je ne sais pas si j'ai lu mieux, sérieux !).
Ce que j'ai souligné (et que je trouve extrêmement juste) me fait penser à un certain Godard car ses films ont toujours fonctionné comme ça : Si on fait ça, qu'est ce qui se passe ? Et si on ajoute ça, si on avance ça..

Donc : et si Mr Oizo n'était, avant tout, Godardien ? Ce dernier n'avait pas-t'il dit à plusieurs reprises que, depuis les années 80, son vrai inspiration était la musique ?

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Jean-Marie Straub
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sokol
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len' a écrit :
jeu. 5 janv. 2023 12:57
Quelques souvenirs de 2022 :
et un top annuel, tu ne fais pas ?? :??:
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Tyra
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sokol a écrit :
jeu. 5 janv. 2023 11:50
Autrefois, c'était des gens qu'on détestait et tout ça mais plus maintenant, on laisse aller
car , "Aujourd'hui, les salauds sont sincères"
J'ai l'impression que tu réponds à ton message posté plus haut qui me citait à propos d'Avatar, mais tu sembles avoir effacé ce post.
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sokol
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Tyra a écrit :
jeu. 5 janv. 2023 16:19
sokol a écrit :
jeu. 5 janv. 2023 11:50
Autrefois, c'était des gens qu'on détestait et tout ça mais plus maintenant, on laisse aller
car , "Aujourd'hui, les salauds sont sincères"
J'ai l'impression que tu réponds à ton message posté plus haut qui me citait à propos d'Avatar, mais tu sembles avoir effacé ce post.
Absolument vrai, et je ne sais pas comment je me suis démerder ! :D
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Jean-Marie Straub
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Tyra
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La grosse cata. Film qui me faisait forcément du coude, avec son mix assumé de Tintin et d'Hitchcock, et avec lequel j'étais prêt à être indulgent. Malheureusement on se rend vite compte que rien ne marche, ni le scénario à l'intrigue mal ficelée, ni la mise en scène toute mole. Ce n'est ni drôle ni haletant. Et puis, les références hitchcockiennes ne sont réduites qu'à des signes reconnaissables par les fans, à commencer par ce premier plan totalement gratuit sur une femme de dos avec un chignon à la Carlota dans Vertigo. D'autres clins d'œil tout aussi vains parsèment ainsi tout le film, le réduisant à un jeu de de piste pour connaisseurs. A la fin du film, Pariser veut faire une séquence du type "L'Homme qui en savait trop", où le concert classique est remplacé par une pièce de théâtre. Dans le Hitchcock, le suivit de la partition qui était jouée au public servait de repère et de montée en tension puisqu'on connaissait la musique, et qu'à un certain moment, fatidique, annoncé dans le film, le coup de feu aurait lieu. Ici, il s'agit de débusquer un mot rajouté par l'espion dans la pièce. Or, nous ne connaissons ni la pièce, ni le mot en question, de sorte que pendant tout le déroulé, assez long, de la séquence, on ne sait pas sur quoi porter l'attention, et lorsque le mot tant attendu arrive, on ne le repère pas puisqu'on ne le connait pas... Incompréhensible que personne, dans la chaine de production du film, n'ait alerté quelqu'un sur ce genre de ratés qui parsèment le film, et qui devaient être visibles dès le scénario. Il y a peut être une vraie conviction ou sincérité à l'initiative de ce film, mais quel manque de tallent et de travail derrière...


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Complètement passé à coté de ce film, qui semble tenir un discours, mais qui reste assez opaque, voir fumeux (mais je ne vais jamais voir un film pour avoir un discours de toute façon). Franchement gêné par cette fin qui semble chercher in fine l'émotion après l'avoir maintenue à distance tout du long. La raisonnance lourdingue entre la situation de l'accusée et celle du perso principale me semble totalement artificielle, les scènes de convultion de cette dernière dans sa chambre d'hôtel totalement hors propos par rapport aux scènes vaguement bessoniennes du procès. Et puis, cette mauvaise plaidoirie finale (réécrite pour le film ou vraiment défendue par l'avocate à l'époque ?), ces flash-backs poussifs... Vraiment une grosse déception, j'attendais pas mal du film.
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groil_groil
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C'est un Argento que je n'avais vu qu'une fois, en VHS louée en videoclub et je me souvenais l'avoir beaucoup aimé. Le revoir aujourd'hui en bluray remasterisé 4K dans une copie absolument somptueuse est un vrai choc esthétique et une confirmation qu'il compte bien parmi les plus beaux et les plus personnels des films du réalisateur. Pourtant de nombreux fans annoncent que ce film est déjà celui du déclin, mais pour moi c'est Opera (qui est encore un bon film, mais c'est le dernier). Phenomena, même s'il est plus tardif que les grands faits d'armes du cinéaste (1985) est une oeuvre profonde et inspirée, une sorte de croisement entre L'Au-Delà de Fulci et un Alice au Pays des Nécrophiles. Un peu dans le même genre qu'Inferno, Phenomena est un film labyrinthique, dans lequel une héroïne (ici c'est la jeune et déjà sublime Jennifer Connelly qui lui avait été conseillée par Sergio Leone après Il Etait une Fois en Amérique) vous prend par la main et vous invite à remonter les méandres du cerveau d'Argento en acceptant de perdre tous vos repères, mais sans jamais perdre le fil narratif, toujours parfaitement clair. Grande oeuvre d'un grand poète du macabre.
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Narval
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groil_groil a écrit :
ven. 6 janv. 2023 10:59
Pas mieux ! Grand film :jap:
len'
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sokol a écrit :
jeu. 5 janv. 2023 14:33

C'est un peu débile de ma part de réagir si tard mais je suis tombé dessus par hasard et je trouve excellent ce qu tu as écris à propos de ses films (je ne sais pas si j'ai lu mieux, sérieux !).
Ce que j'ai souligné (et que je trouve extrêmement juste) me fait penser à un certain Godard car ses films ont toujours fonctionné comme ça : Si on fait ça, qu'est ce qui se passe ? Et si on ajoute ça, si on avance ça..

Donc : et si Mr Oizo n'était, avant tout, Godardien ? Ce dernier n'avait pas-t'il dit à plusieurs reprises que, depuis les années 80, son vrai inspiration était la musique ?

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Le cinéma de Dupieux c'est le Godard facétieux des plateaux télévisés. C'est souvent rigolo, parfois brillant, mais c'est aussi sa limite. Parce que quand il fait ça, il continue quand même à jouer avec ses legos et playmobils sortis de la boîte. Godard, quand il s'agit de réaliser un film, il explose les legos.
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sokol a écrit :
jeu. 5 janv. 2023 15:19

et un top annuel, tu ne fais pas ?? :??:
Le problème c'est que le cinéma à côté de chez moi ne diffuse plus rien (à part avatar et des trucs standardisés façon fast-food), donc je n'ai pas vu assez de films pour faire un top 2022.

Par contre, je m'aperçois que j'ai oublié un film important dans ma liste : an elephant sitting still de Hu bo. Bizarre que je l'ai oublié, ou peut-être pas, dans mon esprit c'est opaque mais pas totalement non plus, vague mais pas totalement non plus. Il me revient par à coups, sans prévenir,  mais il ne semble pas obéir à un temps et un espace bien définis. Enfin, je m'arrête là, j'arrive pas bien à en parler.
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asketoner
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Duvidha, Mani Kaul, 1973

L'histoire est très jolie : une femme se marie, mais le lendemain de ses noces, son mari choisit de partir pendant 5 ans en ville pour faire fortune. Un esprit, qui vivait dans un arbre auquel la femme a cueilli des fruits le jour de ses noces, prend l'apparence du mari pour vivre avec la femme. Elle voit bien qu'il ne s'agit pas de son mari, mais comment pourrait-elle chasser cet esprit amoureux d'elle, alors qu'elle n'a pas su retenir son mari ?
Les couleurs sont magnifiques, vraiment. Mais le rythme du film ferait passer un Weerasethakul pour un James Bond. C'est peut-être dû au silence : le son est très très minimal dans Duvidha, au point que la plupart du temps il n'y a rien du tout à entendre. Les images arrêtées, nombreuses, sont étranges également, leur statut n'est pas clair. Parfois on dirait qu'il s'agit de feuilleter un album de photos en remontant le temps de l'histoire. Parfois c'est un simple portrait qui vient arrêter le film, ou bien le ponctuer. Beaucoup de choses m'échappent.

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Venez voir, Jonas Trueba

Tout est parfaitement posé, mais rien ne prend. Et le récit est soudain court-circuité par une idée qui ressemble plutôt à une façon de se défiler.
C'est un film très prudent, à l'image de ses personnages qui n'osent pas dire ni faire grand chose.
A un moment, une femme (l'actrice d'Eva en août, dont l'intensité semble ici presque déplacée, hors sujet) décide de lire à ses amis qui déjeunent le passage d'un livre qu'elle aime. Elle lit debout, longtemps. Personne ne l'interrompt. Et quand elle a fini, son compagnon lui sourit, gêné, pour lui demander de se rasseoir. Le film est exactement sur le même ton que cette scène : convenable, presque conventionnel à force de timidité. Et pourtant le cinéma est là, manifestement. Mais pas le risque, la vie, les autres choses dont un film peut se charger parfois. Parce que je pense qu'il n'y a pas que le cinéma dans les films. Sinon c'est beaucoup trop ennuyeux.

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L'âme-soeur, Fredi M. Mürer, 1985

Une famille vit dans une maison au sommet d'une montagne, sur un terrain en pente. La pente conditionne toutes leurs relations. A l'image, ils sont, littéralement, les uns sur les autres. Ils dévalent ou décollent, penchent, s'inclinent, sautent, se hissent, dégringolent. L'espace est vaste, la maison est isolée, et pourtant tout est serré. Comme le cadre choisi, malgré les paysages grandioses. Tout est serré, autrement dit : tout fait famille. (J'ai pensé à La Cienaga, de Lucrecia Martel.)
Le récit s'intéresse d'abord au quotidien de cette famille, deux parents assez âgés, une mère asthmatique, une jeune femme lumineuse, et son petit frère sourd et muet. Ils ont des cochons, du lisier à épandre, des arbres qui tentent de pousser malgré les tempêtes. Leur isolement tient lieu de fable. La jeune femme aurait pu devenir institutrice si son frère n'était pas handicapé. Elle ne lui fait pourtant pas porter la moindre culpabilité, et de toute façon il en est incapable. Ce garçon, jovial, étrange et pulsionnel, est un petit dieu venu semer, parmi les siens, le désordre et la destruction. Il casse ce qui le dérange. Il ne connaît que le plaisir et la colère. Plus isolé encore, par son handicap, que la famille dans laquelle il est né, il est sa seule mesure.
Peu à peu, le drame arrive. Sans dramatisation. Avec l'évidence de ce qui se prépare depuis longtemps sans s'annoncer. L'inceste, le meurtre : il n'aurait pas pu en être autrement. Tout semble s'être produit par nécessité. Et la douceur est là, toujours, malgré ce qui survient. La tendresse. La beauté des liens. Le trouble plutôt que le propos.
L'hiver vient lui aussi, ensevelissant peu à peu la maison sous la neige. Dans le blanc, le silence et l'oubli. La maison disparaît. Il n'y a plus que les montagnes. Un hélicoptère passe, il porte une vache morte dans le ciel.
Très belle découverte.
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asketoner
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Et sinon, voilà un florilège de ce qui nous attend dans les prochaines semaines :

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Difficile de faire son choix...
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sokol
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asketoner a écrit :
sam. 7 janv. 2023 17:56
[C'est peut-être dû au silence : le son est très très minimal dans Duvidha, au point que la plupart du temps il n'y a rien du tout à entendre.
On l’a vu au même moment ! C’est marrant.

Je ne l’ai pas trouvé si silencieux que ça : il y a pas mal de chansons indiennes qu’on entend durant le film.
Quand au rythme, je trouve que le montage n’est pas top car le réalisateur hésite entre Bresson et Marker (or, ces deux derniers ne font pas trop bon ménage… ).
C’est bien mais rien d’exceptionnel je trouve
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B-Lyndon
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asketoner a écrit :
sam. 7 janv. 2023 17:56
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Duvidha, Mani Kaul, 1973

L'histoire est très jolie : une femme se marie, mais le lendemain de ses noces, son mari choisit de partir pendant 5 ans en ville pour faire fortune. Un esprit, qui vivait dans un arbre auquel la femme a cueilli des fruits le jour de ses noces, prend l'apparence du mari pour vivre avec la femme. Elle voit bien qu'il ne s'agit pas de son mari, mais comment pourrait-elle chasser cet esprit amoureux d'elle, alors qu'elle n'a pas su retenir son mari ?
Les couleurs sont magnifiques, vraiment. Mais le rythme du film ferait passer un Weerasethakul pour un James Bond. C'est peut-être dû au silence : le son est très très minimal dans Duvidha, au point que la plupart du temps il n'y a rien du tout à entendre. Les images arrêtées, nombreuses, sont étranges également, leur statut n'est pas clair. Parfois on dirait qu'il s'agit de feuilleter un album de photos en remontant le temps de l'histoire. Parfois c'est un simple portrait qui vient arrêter le film, ou bien le ponctuer. Beaucoup de choses m'échappent.

J'ai tenté d'aller voir Son pain quotidien hier après-midi, mais je suis sorti au bout d'une demi-heure, épuisé, en étant un peu en colère contre moi. Ton texte me permet de relativiser un peu mon départ. Aucune image, aucun plan n'a donné quelque chose à ressentir à mon corps. Pourtant, tout est beau, et semble t-il composé avec goût. C'est suspect quand toutes les images d'un film sont élégantes et qu'on ne sent tout simplement rien. J'ai trouvé ça mort et chiant quoi, et le jeu des acteurs un côté a un côté très raide qui ne le rend pas bressonien pour autant. Aussi, le montage me semble confus, je vois ce que sokol veut dire quand il parle d'un non-choix entre Marker et Bresson. Le film n'inventait pas un temps, mais semblait une machine à produire des images. Et le récit, pourtant intéressant et beau en puissance, ne s'y accrochait tout simplement pas.
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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yhi
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Attention parce que les deux films sont assez différents quand même. Duvidha est encore plus extrême. Kaul est presque plus proche du peintre que du cinéaste.

Le texte d'Uzal sur Kaul dans les Cahiers de ce mois est assez juste et permet bien de cerner ce cinéma qui est assez déstabilisant.
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asketoner
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B-Lyndon a écrit :
dim. 8 janv. 2023 09:05
J'ai tenté d'aller voir Son pain quotidien hier après-midi, mais je suis sorti au bout d'une demi-heure, épuisé, en étant un peu en colère contre moi. Ton texte me permet de relativiser un peu mon départ. Aucune image, aucun plan n'a donné quelque chose à ressentir à mon corps. Pourtant, tout est beau, et semble t-il composé avec goût. C'est suspect quand toutes les images d'un film sont élégantes et qu'on ne sent tout simplement rien. J'ai trouvé ça mort et chiant quoi, et le jeu des acteurs un côté a un côté très raide qui ne le rend pas bressonien pour autant. Aussi, le montage me semble confus, je vois ce que sokol veut dire quand il parle d'un non-choix entre Marker et Bresson. Le film n'inventait pas un temps, mais semblait une machine à produire des images. Et le récit, pourtant intéressant et beau en puissance, ne s'y accrochait tout simplement pas.
Je l'ai vu chez moi il y a un an ou deux, c'était un enfer ! :D Je voulais me redonner une chance en allant voir Duvidha... Mais ce n'est pas pour moi.

Cyborg avait beaucoup aimé, lui.
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asketoner
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Cachée, Jafar Panahi, 2020

Court-métrage magnifique, où tout est dit.
Comme dans Trois visages, le cinéaste part à la recherche d'une jeune femme qui a une très belle voix, dans un village. Ses parents ne veulent pas qu'on la voie, mais ils acceptent qu'on l'entende. Panahi filme donc un rideau, depuis lequel nous parvient un chant fabuleux. Et c'est très triste, et c'est tout ce qu'il peut faire. Les derniers films de Panahi sont ainsi : ils viennent s'écraser sur une impuissance. Il s'en dégage un sentiment d'amertume infinie.

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L'Accordéon, Jafar Panahi, 2010

Dix ans plus tôt, les fables de Panahi étaient pleines d'espoir.
Ici, on voyait deux petits chanteurs des rues s'associer à un voleur plutôt que de se liguer les uns contre les autres.

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Les Couleurs + Moi aussi je peux, Abbas Kiarostami, 1975

Très beaux films courts destinés à l'éducation des enfants. Celui sur les couleurs est vraiment gracieux.

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Le Choeur, Abbas Kiarostami, 1982

Un autre court très simple et très heureux, où la surdité d'un homme produit un événement extraordinaire et magnifique dans sa vie ainsi que dans celle des gens qui l'entourent.
C'est surtout l'effort pour montrer ce qu'il y a de beau dans la vie qui émeut, et qu'on reconnaît ici, dans ce petit film, avant que ça ne se déploie plus tard dans les plus grands.

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Le Costume de Mariage, Abbas Kiarostami, 1976

Un film de presque une heure, qui ressemble déjà à ceux qu'on connaît mieux. Kiarostami s'intéresse aux relations entre trois enfants pauvres qui travaillent et ne vont pas à l'école. L'un d'entre eux est très bagarreur. Le plus petit doit confectionner un costume luxueux pour un enfant plus riche que lui. Ses deux amis insistent pour l'emprunter avant que les clients ne l'emportent. Toute la question est de savoir si le costume reviendra à temps pour la transaction et s'il sera déchiré ou taché.
La grande différence avec les films qui suivront, c'est que celui-ci a lieu en ville, et il s'agit presque d'un huis-clos. C'est fou ce que l'espace a apporté à ce cinéma. Il a suffi à Kiarostami de quitter la ville pour réaliser des chefs d'oeuvre. Tout était déjà là, sauf les paysages, les circulations, les chemins, les villages isolés, minuscules et grandioses à la fois - cette géographie qui apporte aux récits cette dimension si singulière, intense et dérisoire, transformant la moindre dispute en querelle morale ou philosophique.
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cyborg
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@asketoner : oui en effet j'ai beaucoup aimé Notre Pain Quotidien (surtout la partie finale, qui devient très abstraite, où les éléments se retrouvent sur des fonds noirs) ainsi que Duvidha que j'avais trouvé très beau, par son sens des images et de la narration, comme un conte très délié (et j'aimais sa variation du "double", aussi).
Dans le reste des films de Kaul il y a du bon (Un jour avant la saison des pluie) et du moins bon (Nazar). Dommage qu'ils n'aient pas oser restaurer et sortir Émergent de la surface qui est sans doute son plus étrange et ambitieux intellectuellement, dans mon souvenir.

Bien sur il y a beaucoup de choses qui doivent m"échapper, dont je n'ai pas les références culturelles et politiques, des doutes sur des choix esthétiques etc etc, mais c'est vraiment lui, couplé à la découverte de Toute une nuit sans savoir, sorti cette année, qui m'a donné envie de m'intéresser au cinéma indien, comme vous l'avez sans doute compris ici ;)
Il s'agit d'un champ immense dans lequel je pars sans aucun guide ou presque et j'y trouve beaucoup de fraicheur. C'est un grand plaisir plein de surprises avec des choses qui m'ennuient et d'autres que je trouve très enthousiasmantes. Car oui en dehors du cliché habituel du "Bollywood chanté" semble s'étendre un vaste monde cinématographique méconnu par chez nous.

Si j'ai tenté de creuser le cinéma indien je crois que vous aurez vu que j'essaie aussi de me tourner d'avantage vers "le cinéma du monde", ou autrement dit " non-occidental" (enfin en vérité surtout non américain & non français, les deux pays dont je "connais" le mieux le cinéma) ces derniers temps. Un tournant qui s'est mis en place progressivement depuis La Loupe. Bien sur je ne tourne pas le dos à l'histoire plus conventionnelle du cinéma -dont je suis loin d'avoir fait le tour !- mais cela fait un bien fou d'aller voir ailleurs par moment...

Hormis ces découvertes, et si j'ai vu assez peu de choses en salle (et non, Sokol, je ne ferais pas de top :D ) j'ai tout de même vu des choses très stimulantes dans les films contemporains, surtout dans ces derniers mois de l'année : Pacification, St Omer, RMN...

Bonne année à tous les participants de ce forum et que 2023 nous permettent de continuer à voir de beaux films !
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yhi
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@cyborg

As-tu eu l'occasion de tester les films de Raj Kapoor ou pas encore ? C'est une très belle découverte indienne du confinement (le moment ou t'as le temps d'enquiller les films de 2h30) avec Mani Kaul de mon côté.

J'ai regardé Sholay la semaine dernière et j'ai été très déçu par contre. Une ambiance qui se voudrait Sergio leone mais qui ne fonctionne pas du tout j'ai trouvé et une narration beaucoup plus lâche que d'autres bolly modernes plus "remplis" ainsi que des cascades/combats qui frôlent un peu le ridicule qu'on peut connaitre de Bollywood via l'internet populaire.
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cyborg
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@yhi : j'avoue avoir parfois un peu de mal à me souvenir des noms mais non je ne crois pas encore avoir du de Raj Kapoor ! Lequel conseilles tu ?

Pour Sholay je l'ai vu au tout début de mon cycle indien est il est vrai que je l'avais trouvé amusant et distrayant, tout en devant le voir en plusieurs bout. Mais je ne l'aurais pas pas forcément conseillé.
Bien sur ça lorgne vers Léone mais plus sous forme d'un clin d’œil sans jamais chercher à l'égaler ou à s'y comparer sérieusement. C'est plus un film d'aventure grand public avec des héros sympathiques et un grand méchant vraiment méchant qui mélange tout un tas de style.
Quant à "Bollywood moderne" je ne sais pas trop, le film date quand même de 75 et à donc déjà près de 50 ans...
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yhi
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La mousson et Le vagabond sont les deux films de et avec Raj Kappoor que j'ai vus et qui sont tous les deux très réussis et que je te conseille.

Je suis allé relire ton texte sur Sholay après coup et c'est vrai que j'avais un meilleur souvenir de ta critique. De toute façon ça faisait un moment que je voulais le voir. Ce que je voulais dire par rapport au bollywood moderne, ce n'est pas que Sholay en est un (oui, 50 ans :D ) mais c'est que son influence retentit encore sur des films qui sortent aujourd'hui et que j'ai vus avant et qui m'avaient plus plu. Par exemple, le récent Gunday qui s'en réclame j'avais trouvé ça mieux, mais c'était aussi au début que je découvrais Bollywood, difficile de dire si j'apprécierais autant une seconde fois.
(je réalise en écrivant que ce dernier film a apparemment subit un assaut de mécontents du Bengladesh sur imdb où sa note culmine à la triste valeur de 2.6/10 :lol: c'est la deuxième fois que je constate ce phénomène de rush imdb politique après Marighella. Étrange comme campagne)

Si tu cherches du plus moderne, les films d'Aamir Khan semblent être ceux qui arrivent à rassembler public indien et public occidental. Tu peux essayer notamment Lagaan ou 3 idiots.
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sokol
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Dans les pays de l'Est, Raj Kapoor était presque plus connu que Charlie Chaplin (j'ai du voir plein de films de lui, même s'il n'était pas du tout de ma génération). "Shree 420" (1951) passait tout le temps dans les années '70.
Bon, ça n'a rien à voir avec le génie de Chaplin hein ? Mais c'est 'plaisant'. Je ne crois pas que je regarderais plus qu'un quart d'heure aujourd’hui.
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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il y a quelques jours, j'avais commenté ce post de Tyra, puis je l'ai efacé par mégarde
Tyra a écrit :
mer. 4 janv. 2023 17:24
Ce qui pouvait marcher dans le premier, c'était que cet univers de Pandora était, en plus d'une planète exotique, un monde numérique dans lequel le héros se téléportait. Il y a avait un envers, le monde de chair des humains oposé aux créatures numériques Navis. Cela donnait, parfois, des scènes réussies. Ici, Cameron se débarrasse clairement de cette thématique au début du film (début tout en voix off assez catastrophique en terme de narration) prenant à peine le temps d'expliquer la résurrection des personnages, pour mieux faire de ce monde numérique l'unique référent du film, le privant ainsi de ce qui faisait relief sur lui.
Tout ce qui posait problème dans le premier en ressort renforcé, cette laideur générale, cette incapacité à créer du trouble et de la beauté par cette nature entièrement numérique, cette vision idéalisée de la nature (les Navis ont des montures qui leur obéissent au doigt et à l'œil par un lien magique, atténuant la violence intrinsèque que constitue le dressage), où globalement toute question de violence pour la survie est évacuée. A une nature originelle où un être vivant se développe au détriment d'un autre, on oppose ici une sorte de symbiose magique et panthéiste, avec en prime un lien magique avec mère Gaia pour un des enfants des deux héros.
Deux premières heures d'ennui poli donc, atténué dans la dernière heure par l'arrivée de ce qui a toujours réussi à Cameron : une orgie de brutalités mécaniques, d'engins aquatiques de toutes sortes, de destructions et collisions de machines et de métal qui lui permettent même quelques autocitations (Titanic et Abyss surtout).
Au final deux choses qui me posent de gros problèmes, comme dans le premier :
- Un film contradictoire, qui nous survend sa technologie dans sa fabrication pour nous assener un message anti techniciste accompagné d'un retour à un état primitif fantasmé (scène ahurissante où la médecine occidentale est rejetée au profit d'incantations vaudous)
- Un film antihumaniste, où le spectateur est constamment poussé à haïr les hommes jusqu'au souhait de les voir massacrés par des créatures numériques.
:jap:
Même si je n'ai pas vu le film, j'ai vu le premier dont tu en parles pas mal donc je ne peux qu’être d'accord.

Au fond, ce que propose Cameron (et que tu appelle un film contradictoire) c'est exactement ce que propose tous les écolos (au sens large du mot et pas uniquement ceux d'Europe Écologie) donc ce que propose tous les politiciens aujourd’hui : ceux de 'gauche' qui mettent en avant la soi disant énergie propre (or, pour produire de l'énergie propre, il faut utiliser de l'énergie sale, n'est ce pas ?) et ceux de droite qui pense que tout est foutu, il n'y a rien à faire.

Pour périphraser quelqu’un, "Cameron est un faquin, mais tant mieux s'il est heureux. Autrefois, c'était des gens qu'on détestait et tout ça mais plus maintenant, on laisse aller
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sokol
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et je m'étais cité (tout en périphrasant quelqu'un) :
sokol a écrit :
lun. 9 janv. 2023 12:25
Autrefois, c'était des gens qu'on détestait et tout ça mais plus maintenant, on laisse aller
On laisse aller car, "aujourd'hui, les salauds (Cameron entre autres) sont sincères"
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groil_groil
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Après la forme longue (3h45 pour Qui à part nous), Jonas Trueba, soit l'un des meilleurs cinéastes en activité, choisit pour son nouveau film la forme courte (1h04 seulement). J'avais entendu récemment Sébastien Betbeder dire qu'il plaidait pour un cinéma modeste, et je trouve que le fait de faire un film si court et si simple est dans cette démarche, retrouver la modestie du cinéma, ça me plait beaucoup. Autre point commun entre Jonas et Sébastien, c'est cette capacité à changer de forme, de format, du durée au fil des films, afin de toujours surprendre son spectateur et ne jamais entrer dans une routine qui générerait de la lassitude. L'argument de Venez Voir est simple et tient sur deux couples qui se retrouvent lors d'un café concert en ouverture du film. L'un des deux couples vient de quitter Madrid pour s'installer à la campagne et invite l'autre à venir voir. Ils y vont, et le trajet en train offre la plus belle séquence du film, accompagnée in extenso par le sublime Let's Go to the Country, dans sa récente version par Bill Callahan solo et non la version initiale de Smog. Le reste du film est consacré à l'après-midi qu'ils passent ensemble et où malheureusement pas assez de choses se jouent pour que le film soit vraiment émouvant. Il y a de belles idées, mais elles ne sont pas suffisamment exploitées pour être totalement convaincantes, et surtout Trueba semble les filmer comme s'il faisait de nouveau un très long film, en faisant durer les plans jusqu'à épuisement, sur des séquences incroyablement longues. Mais comme son film est très court, il n'a pas le temps de se mettre en place qu'il est déjà fini et nous laisse avec un sentiment d'inachèvement. Pas grave, je le vois plus comme un exercice de style, et plein de choses sont réussies, mais voilà, on est assez loin de ses réussites précédentes.

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Vendredi soir on était partis pour montrer Fantômas 2 aux enfants mais ils ont tous les deux insisté pour regarder Les Temps Modernes de Chaplin, surtout ma gamine de 5 ans, ça fait plaisir. Heureux de revoir ce film magnifique et j'ai été surpris car mon souvenir me poussait à penser que tout le film ou presque se déroulait dans l'usine alors que pas du tout. Et sinon j'ai été scotché de voir le nombres d'emprunts que Tati a fait à ce film, je ne me souvenais pas de ça, à ce point-là, mais c'est sans doute aucun l'un des films les plus déterminants pour Mr Hulot.

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Malgré plein de choses ridicules, un acteur principal complètement nul et agaçant, quelques incongruités (Marlène Jobert en productrice de rock ou Christophe Malavoy en rockstar par exemple), le film a tout de même un certain souffle et une bonhommie à nous faire revivre ce que les cinéastes populaires des 80's considéraient alors comme un âge d'or, à savoir la période yéyé en France, à grands coups de Salut les Copains ! et des twists endiablés... C'est totalement ringard, mais un ringard assumé qui délivre un certain charme, mais ce charme suranné est plus celui des 80's regardant les 60's qu'autre chose...

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Trois cadavres au visage arraché sont découverts sous la neige immaculée environnant Moscou. Un flic se met sur l'affaire, et va devoir s'associer avec un Américain et mettre au jour tout un complot. Belle promesse sur le papier ce film est une déception, notamment à cause de son intrigue vite confuse, et au fait que tous les Russes sont sans exception joués par des Américains, truc qui ne passe absolument plus aujourd'hui, et qui fait que tu ne sais jamais si tu es face à un Russe ou un Ricain... Mais je l'ai vu en étant méga claqué et je vais le revoir par honnêteté avant d'entériner mon jugement.

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A l'origine conçu comme le second volet de programme Grindhouse après le naveton de Tarantino "Boulevard de la Mort". Celui-ci est à la fois beaucoup convaincant et réjouissant, car Rodriguez joue vraiment la carte de la série B / Z et ne cherche pas à poser son regard distancié ou meta-mes-couilles sur le genre, mais fait vraiment un film gore à l'ancienne, en en assumant le pastiche bien sûr, mais n'empêchant pas une lecture au premier degré. C'est con et vulgaire au possible bien évidemment mais extrêmement réjouissant. Et sinon c'est extrêmement troublant de voir Rose Mac Gowan maltraitée de bout en bout dans un film produit par les Weinstein...

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Disons-le d'emblée, alors que je flippais : le film est à mille lieues, et donc mille fois mieux, que l'affreux Bac Nord, précédent film du réal. Et pourtant le sujet est encore plus épineux. Qui a vraiment envie de se frotter à une fictionnalisation du 13 novembre ? Et pourtant Jimenez s'en sort avec les honneurs, notamment parce qu'il a choisi un angle parfait : du factuel, rien que de factuel. Tout le monde porte son vrai nom, c'est l'enquête la plus proche possible de la réalité, et on n'est pas là pour faire du lacrymal, mais embarqué avec une équipe qui veut chopper un mec. Parce que le film débute au moment des attentats et que son sujet c'est la traque d'Abaoud et rien d'autre, et c'est parfait qu'il en soit ainsi. Du coup, Jimenez est au niveau des meilleures saisons d'Engrenages, des bons vieux 24H Chrono de l'époque, voire même des films de Bigelow. Sa mise en scène a gagné en épaisseur mais aussi en concision et son film n'a jamais la moindre ambiguïté quant à son contenu. Chapeau !
Modifié en dernier par groil_groil le lun. 9 janv. 2023 14:24, modifié 2 fois.
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@groil_groil

:hello:
«Venez voir » tu l’as vu au ciné ?
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groil_groil a écrit :
lun. 9 janv. 2023 12:47

Ah et un élément de scénario m'a perturbé tout du long : lors de la séquence initiale, la jeune femme partie vivre à la campagne annonce à ses amis qu'elle est enceinte, c'est un de moments-clés de la séquence. Une fois sur place, 6 mois plus tard, la femme n'a aucun ventre, rien, et cet enfant à venir n'est jamais mentionné. Quid ? Que se passe-t-il ? La jeune femme aurait fait une fausse couche ? Elle n'est mentionnée à aucun moment... C'est d'autant plus perturbant que les éléments scénaristiques sont rares dans ce film d'ambiance, donc d'autant plus flagrant...

Je crois que les deux femmes en parlent lorsqu'elles se retrouvent seules autour d'une table. Elle dit que ça a été très dur, qu'on ne dit jamais qu'on peut perdre un enfant mais que c'est courant en fait, et que le fait qu'on n'en parle pas rend l'événement d'autant plus terrible qu'on se trouve très seul. Elle dit aussi que son compagnon voudrait bien réessayer d'en avoir un, mais qu'elle n'est pas sûre, elle, de le supporter.
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asketoner a écrit :
lun. 9 janv. 2023 13:59
groil_groil a écrit :
lun. 9 janv. 2023 12:47

Ah et un élément de scénario m'a perturbé tout du long : lors de la séquence initiale, la jeune femme partie vivre à la campagne annonce à ses amis qu'elle est enceinte, c'est un de moments-clés de la séquence. Une fois sur place, 6 mois plus tard, la femme n'a aucun ventre, rien, et cet enfant à venir n'est jamais mentionné. Quid ? Que se passe-t-il ? La jeune femme aurait fait une fausse couche ? Elle n'est mentionnée à aucun moment... C'est d'autant plus perturbant que les éléments scénaristiques sont rares dans ce film d'ambiance, donc d'autant plus flagrant...

Je crois que les deux femmes en parlent lorsqu'elles se retrouvent seules autour d'une table. Elle dit que ça a été très dur, qu'on ne dit jamais qu'on peut perdre un enfant mais que c'est courant en fait, et que le fait qu'on n'en parle pas rend l'événement d'autant plus terrible qu'on se trouve très seul. Elle dit aussi que son compagnon voudrait bien réessayer d'en avoir un, mais qu'elle n'est pas sûre, elle, de le supporter.
Yes je vais effacer cette partie de commentaire, on vient de me le dire sur FB, c'était un moment d'inattention de ma part :)
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sokol a écrit :
lun. 9 janv. 2023 13:16
@groil_groil

:hello:
«Venez voir » tu l’as vu au ciné ?
yes
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cyborg a écrit :
dim. 8 janv. 2023 18:29
j'ai tout de même vu des choses très stimulantes dans les films contemporains, surtout dans ces derniers mois de l'année : Pacification, St Omer, RMN...
T'as oublié "Fumer fait tousser" ;)
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len' a écrit :
ven. 6 janv. 2023 16:52

Par contre, je m'aperçois que j'ai oublié un film important dans ma liste : an elephant sitting still de Hu bo. Bizarre que je l'ai oublié, ou peut-être pas, dans mon esprit c'est opaque mais pas totalement non plus, vague mais pas totalement non plus. Il me revient par à coups, sans prévenir,  mais il ne semble pas obéir à un temps et un espace bien définis. Enfin, je m'arrête là, j'arrive pas bien à en parler.
J'avais vu la première heure au ciné puis j'avais quitté la salle, sans aucune animosité (le fait que son malheureux réalisateur était mort a du apaiser en partie ma réaction) : j'avais l'impression qu'au cours de chaque minute (chose très rare, il faut reconnaitre !) le cinéaste trouvait une méthode qui devenait, au cours du même film, carrément un système. La durée de 3h50 n'est peut être pas un hasard car c'est comme si le cinéaste avait filmé avec la même méthode pendant des heures et des heures et des heures puis, il a sélectionné un "best of" de son travail.
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Celui-ci aussi je ne l'avais pas revu depuis les 80's, une seule vision en vhs VF assez dégueu, autant dire que c'est une vraie redécouverte. J'ai évidemment beaucoup aimé, mais je ne considère pas non plus que c'est son meilleur film, voire le meilleur giallo ever comme j'ai pu souvent le lire (et même si je comprends tout à fait pourquoi on dit ça). Disons que ce qui me plait moins dans le film c'est sa partie giallo pure, d'ailleurs, tout ce qui est intrigue, recherche de coupable, police, etc. C'est plan-plan (j'exagère hein, mais vous voyez le sens), convenu, on sait d'entrée de jeu qui est le/les coupable(s) et surtout ce n'est pas tellement novateur sur la forme, surtout après les giallos initiaux d'Argento (la trilogie) que je trouve (dans mon souvenir au moins, je vais les revoir également) beaucoup plus aventureux. Mais, cette partie n'est heureusement pas la seule du film, elle n'est d'ailleurs pas désagréable du tout hein, et elle est magnifiquement contrebalancée par toute la seconde partie qui tourne autour de la maison mystérieuse dans laquelle s'aventure le héros (joué par David Hemmings, magnifique clin d'oeil à Blow Up et à toutes les questions tournant autour du faux-semblant). A partir de là, Argento se lâche et annonce dans cette partie tout ce que deviendra son cinéma dans les années suivantes (on pense beaucoup à Inferno, et même à Phenomena, mais aussi à L'Emmurée Vivante que Fulci réalise en 77). Disons que la maison, le lieu, devient de centre de l'intérêt du personnage, du cinéaste et du spectateur, elle prend le dessus sur l'intrigue, c'est un ventre matriciel dans lequel va se perdre le personnage en espérant trouver la vérité. Et ça touche au sublime car c'est ce qu'Argento fait de plus personnel, cette remontée vers l'intime, avec des tas d'indices et de pistes qui ne mènent jamais à rien, comme cette chambre à faire renaitre en en cassant les murs ou cette fresque enfantine camouflée sous le plâtre du mur qu'on fait revenir au jour en se cassant les ongles à force de gratter, ou bien sûr l'emblématique poupée maléfique qui préfigure Chucky avec plusieurs années d'avance. Là, quand il est dans le cauchemar pur, mais un cauchemar qui, je me répète, touche à l'intimité la plus profonde, Argento touche au sublime.
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Professeur Yamamoto part à la retraite, Kazuhiro Soda

C'est très bien que ce film sorte peu de temps après Vortex de Gaspar Noé, ça remet les pendules à l'heure. L'un cherche l'effet de réel (regardez comme c'est long et chiant de se faire un petit déjeuner quand on est vieux), l'autre tente de dépasser l'effet pour donner à voir, non le temps, mais la relation à ce temps, et ce qui y circule d'autre que nos impressions : l'amour peut-être, la patience, les souvenirs, et sinon les fantômes des histoires passées. La solitude aussi. La solitude immense des vieux couples qui tentent de vivre normalement quand tout leur corps tend à les marginaliser.
Le film est très bien construit : d'abord les dernières consultations du psychiatre (où la personne et la fonction tentent de se dissocier), et puis ce qui attend ce dernier, sa femme qui ne sait plus ouvrir une porte, leur maison, les visites aux vivants et les visites aux morts (mais toujours des visites). La force du film tient beaucoup à l'assemblage des séquences : le spectateur a toujours l'impression de découvrir un nouvel aspect, une nouvelle dimension de la vie du Professeur Yamamoto.
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asketoner a écrit :
mar. 10 janv. 2023 10:42
La force du film tient beaucoup à l'assemblage des séquences
Toujours le même refrain en ce qui concerne le bon cinéma : le cinéaste sait quand il faut couper (et passer à l'autre séquence).

ps: je ne voulais pas que le film termine, j'étais bien avec eux (en plus, pendant le dernier quart d'heure, j'essuyais les larmes). J'étais déçu à la fin (que ça termine quoi). Du coup, je veux le revoir un jour car, peut être, ça sera plus long
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Le voilà donc, le film événement de l'année 22, meilleur film des Cahiers, meilleur film des Inrocks, le nouveau Serra, ce hipster de festival qui a construit toute sa carrière sur un malentendu et qui passe beaucoup plus de temps à remplir son cahier d'adresse que ses propres films. Je le suis pourtant depuis ses débuts, je crois avoir tout vu, et je n'aime que son premier film, relecture de Don Quichotte abstraite, audacieuse et habitée. Dès ce premier film on lui a dit, beaucoup trop tôt, que c'était un immense cinéaste, il a pris un melon qui ne passe plus les portes, et ses films, tous sélectionnés et / ou récompensés dans les plus grands festivals du monde, ne passent plus les portes non plus, et sont des caricatures du cinéma post-moderne frisant souvent le ridicule. Mais il y a toujours un petit quelque chose, évidemment, le mec sait faire et a conscience de ce qu'il fait, qui me pousse à voir le suivant. Pacifiction est en deux mois seulement devenu son hit, et sans doute son film le plus vu. C'est sans doute le moins raté de ses films hormis le premier, mais ça tient à pas grand chose, des décors, une lumière magnifique, un beau travail de chef-op et une musique parfaite. Quelques idées de cinéma aussi, il y en a bien sûr, un sens du cadrage indéniable, des lieux qui existent (la boite de nuit par exemple). Mais franchement beaucoup de bruit pour rien, un océan sous la main pour ne déclencher que cette toute petite vaguelette... J'ai vraiment l'impression que la pose arty prend le dessus sur le fond et que c'est le mal du cinéma de notre époque. On est loin des films de Duras qui sont visiblement l'une des obsessions de Serra sur ce dernier opus, elle qui parvient en un plan de Baxter Vera Baxter à créer plus d'émotion, à générer plus de sens que sur ces 2h45 tellement vides... Alors oui, il sera facile d'y trouver un sujet de fond, d'y dégager des résonnances contemporaines, mais ça ne dépasse jamais la note d'intention. Et puis franchement, ce qui motive le film : la reprise des essais nucléaires français dans le Pacifique... Aujourd'hui ? sérieusement ? Et que dire du whatthefuck général qui semble baigner l'ensemble : les acteurs à qui on ne donne pas de dialogues et qui sont obligés de broder, de chercher leurs mots, de se reprendre sans cesse, faisant durer les scènes de manière incongrue ? De ces erreurs de script permanentes où dans la même scène, d'un plan à l'autre, le verre est vide, puis plein, puis vide, puis plein... OK, l'essentiel n'est pas là, je suis bien d'accord, mais si tu ne portes pas la moindre attention à ça, ça signifie souvent que tu te fous complètement du reste...

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Quelques semaines seulement après l'excellent Seraphim Falls, je découvre un nouveau très bon néo-western. C'est un néo-western à deux titres d'ailleurs, déjà parce qu'il se déroule en 1949 et ensuite parce qu'il date de 2001 et qu'il fait partie de cette nouvelle vague du genre initiée à partir du Unforgiven d'Eastwood. Réalisé de manière très aguerrie par l'acteur Billy-Bob Thornton, et adapté d'un roman de Cormac McCarthy, c'est un film assez plein, qui change de braquet régulièrement, passant du western au film de prison à la romance avec beaucoup d'aisance et qui retombe toujours sur ses pattes.
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Je ne parle que rarement des 'vieux' films que je regarde mais juste pour dire pourquoi non seulement je n'avais pas aimé, mais j'avais détesté le cinéma que proposait Arthur Harari avec son "Onoda" (j'étais parti au bout de 20 minutes du cinéma).
Je comprends mieux maintenant : "Diamant noir" c'est pareil, c'est un cinéma que je ne peux saquer (dès que Harari ne s'en sort pas avec les images, hop, une petite musique !! Tout en faisant semblant de ne pas trop en mettre, hein ?!). Et ses plans léchés, tellement léchés, où il y a rien pourtant.

Aie aie aie, que c'est mauvais ! (j'ai arrêté le visionnage également au bout d'un quart d'heure, bien évidement).
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sokol a écrit :
mer. 11 janv. 2023 14:29
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Je ne parle que rarement des 'vieux' films que je regarde mais juste pour dire pourquoi non seulement je n'avais pas aimé, mais j'avais détesté le cinéma que proposait Arthur Harari avec son "Onoda" (j'étais parti au bout de 20 minutes du cinéma).
Je comprends mieux maintenant : "Diamant noir" c'est pareil, c'est un cinéma que je ne peux saquer (dès que Harari ne s'en sort pas avec les images, hop, une petite musique !! Tout en faisant semblant de ne pas trop en mettre, hein ?!). Et ses plans léchés, tellement léchés, où il y a rien pourtant.

Aie aie aie, que c'est mauvais ! (j'ai arrêté le visionnage également au bout d'un quart d'heure, bien évidement).
j'avais arrêté avant la fin aussi.
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Non mais, attendez, le nouveau film de Paz Encina (Hamaca Paraguaya) est sur Arte Replay depuis fin novembre (perso j'étais en vacance, je suis excusé :p ) https://www.arte.tv/fr/videos/097593-00 ... -la-foret/ et personne n'en parle ici ??? et pas cité au moins dans un seul top-2022 ???

:eek:
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Grand Marin, Dinara Drukarova

J'étais curieux de voir le film que la petite fille de Bouge pas, meurs, ressuscite avait réalisé. Le problème, je crois, c'est qu'elle joue dedans également, et que tout est fait pour lui donner un grand rôle. C'est à peu près honnête pourtant, mais banal. Pas assez documenté pour qu'on éprouve physiquement ce qu'est la pèche en haute mer, pas assez rêveur ni rêvé pour émouvoir.
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sokol a écrit :
jeu. 12 janv. 2023 10:57
Non mais, attendez, le nouveau film de Paz Encina (Hamaca Paraguaya) est sur Arte Replay depuis fin novembre (perso j'étais en vacance, je suis excusé :p ) https://www.arte.tv/fr/videos/097593-00 ... -la-foret/ et personne n'en parle ici ??? et pas cité au moins dans un seul top-2022 ???

:eek:
On est en train de s'habituer à ne plus voir les films sortir au ciné, c'est génial...
Mais c'est une bonne nouvelle quand même.
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sokol a écrit :
jeu. 12 janv. 2023 10:57
Non mais, attendez, le nouveau film de Paz Encina (Hamaca Paraguaya) est sur Arte Replay depuis fin novembre (perso j'étais en vacance, je suis excusé :p ) https://www.arte.tv/fr/videos/097593-00 ... -la-foret/ et personne n'en parle ici ??? et pas cité au moins dans un seul top-2022 ???

:eek:
je n'étais pas au courant non plus, mille mercis pour l'info !!!
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Venez Voir

Cette image du film, qui est celle qu'on voit partout pour la promo, a désormais une légende qui change quelque peu la donne : "30 secondes avant le pipi rigolo".
J'aime ce cinéaste et, sur le premier tiers de ce film, j'ai particulièrement eu l'impression qu'il parlait de moi. Mais telle la règle de la vallée dérangeante (qui dit que lorsqu'un robot ressemble de trop près à un humain, ses défauts nous paraissent monstrueux), j'ai pas mal bloqué sur certaines caractéristiques des personnages, et - ô surprise - surtout sur celle du mec du couple resté en ville, que j'ai trouvé insupportablement insipide.
Bref, revenons au plus important : le pipi et son après, que personnellement j'interprète comme un aveu d'échec. Une façon de dire : "sorry les gens, je croyais que je tenais un film, mais j'ai rien à dire, ça en devient ridicule donc on s'arrête là". Le cynisme allant jusqu'à avoir étiréééééé toutes les scènes du film au maximum pour réussir difficilement à dépasser l'heure, et donc être vendu comme long métrage à diffuser en salle, et non pas un logique moyen métrage, car ce format n'est exploité qu'en festivals.
Je suis super dur. J'ai pas détesté en plus, loin de là. Mais la déception est claire.
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Tamponn Destartinn
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ATTENTION : JE SPOILE !

Donc, il y a un film japonais, réalisé par des étudiants que personne ne connait, qui a su surprendre ses spectateurs. L'idée est d'avoir un premier tiers qui ressemble à un concept de film de zombis, en plan séquence, sympathique mais clairement limité par l'absence de moyen... Puis surprise : le reste du film montre la prépa et le tournage de ce court métrage en plan séquence, s'amusant à empiler les emmerdements, qui à la fois expliquent les erreurs techniques du résultat final qu'on avait repéré, et à la fois rend malgré tout victorieux le fait que le plan séquence ressemble à quelque chose in fine !

Et donc, Hazzanavicius s'est dit qu'il allait en faire un remake avec beaucoup plus de pognon et des acteurs connus. Avec deux seules différences : en seconde partie, il ajoute des blagues méta sur le côté remake (ça ok), mais surtout, en première partie, il accentue le côté nanar, aussi bien sur la mise en scène que avec ses acteurs professionnels qui en font des caisses dans le mauvais jeu ! Résultat, même pour un spectateur qui ne connait rien, ça rend définitivement évident que ces 30 premières minutes sont un faux film, ce qui déjà nique tout le délire, mais en plus, c'est tellement mauvais que le côté victoire de la fin est ridicule. Donc ce n'est pas que le début le problème : tout le film se casse la gueule.
Alors cela dit, en prenant Duris et Bejo, on aurait presque pu y croire tant ils sont capables d'être mauvais. Mais ça ne marche pas avec Olfield, Gadebois, Chassagne & co, qui eux sont de trop bon acteurs. Ma théorie est que ce remake aurait eu du sens s'il avait à l'inverse assumé de faire un film avec plus de sous, d'acteurs qui savent jouer et de savoir faire technique, surtout sur la première partie, qu'il fallait faire en meilleure qualité, avec toujours des détails qui nous donne la sensation que c'est un peu raté, mais qui rend crédible que c'est le film d'Hazzanavicius au premier degré.
Pourquoi il ne l'a pas fait ? Parce que ce serait se mettre réellement en danger, je pense.

Et comme je parle du même gars qui a fait un biopic sur Godard, qu'il rend aussi con qu'un OSS117, tout en semblant s'identifier à lui quand il dit qu'il ne veut plus faire du cinéma comme ses succès commerciaux d'antan, TOUT EN pastichant l'esthétique de cette période de succès commerciaux d'antan !... Clairement, ça semble se confirmer que le gars est un faquin, quoi !
Et que, s'il n'a pas auprès de lui un prod ou un scénariste qui lui offre un concept tout bien pensé et préparé (je ne pense pas qu'aux OSS, il y a aussi La classe américaine où il me semble qu'on l'a mis dans les bonnes rails), tout seul il passera toujours à côté. Donc faut qu'il arrête de se penser comme un artiste total. Il l'est pas et si ce n'est pas si grave.
Kahled
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A plein temps, Eric Gravel (2021)

J'ai plutôt aimé, cependant je suis également assez déçu. Déjà, j'ai lancé le film en m'accrochant à la fausse idée que l’intrigue n’était resserrée que sur une journée spécifique de la vie de l’héroïne, au cours des grèves de 2019, et que le cinéaste allait déployer toute sa mise en scène en filmant une réelle course contre la montre pendant laquelle le personnage de Laure Calamy (très convaincante) serait mis en scène faisant face aux aléas de la situation (suppressions des trains, des métros, bus bondés, marche et course à pied, tension généralisée) pour ne pas rater son rendez-vous professionnel tout en observant, au cours de cette journée, toute sa vie lui échapper petit à petit, chose que le film tente effectivement de montrer mais différemment (instabilité professionnelle, finances en berne, pension alimentaire qui n’arrive pas, enfants usés placés chez une nounou qui l'est encore plus, etc.).

Bref, je m’attendais à quelque chose de plus resserré dans le temps avec un sentiment d’urgence plus immédiat et en fin de compte le choix qui a été fait est tout autre dans la mesure où ce sentiment d’urgence, s’il est bien présent, est plus étalé dans le temps, sur plusieurs jours. Les choix de mise en scène du réalisateur ne sont donc pas aussi radicaux que ce à quoi je m’attendais et ça m’a un peu frustré dans la mesure où je pensais avoir affaire à une sorte d’After Hours inversé, de jour et avec une dimension plus tragique, avec un récit ancré dans une problématique plus contemporaine. A ce titre d’ailleurs, tout ce qui ne concerne pas la situation professionnelle de l’héroïne, placée dans ce contexte social bien spécifique, est banal et insipide. Les moments d’accalmie ne créent pas grand chose et on a surtout l’impression qu’ils ne sont là que pour en rajouter une couche aux tourments du personnage de manière assez superficielle (exemple : le gosse qui se casse le bras) ou créer des sous-intrigues qui alourdissent inutilement le récit comme l’esquisse de love story avec le jeune militaire retraité (Mais WTF ?! C'est complètement hors-sujet !).

Tout ça m’amène d’ailleurs à un autre problème : la durée du film qui est de 1h30. C’aurait été la durée idéale si le cinéaste avait privilégié la première option décrite ci-dessus, à savoir une journée entière dans la vie de l’héroïne, pendant les grèves, où on la voit en permanence en mouvement, luttant et se débattant pour parvenir à ne pas rater son rendez-vous. Le cinéaste aurait alors pu construire un film plus sec et rigoureux en optant pour une ligne plus claire ainsi qu’une certaine concision, en épurant au maximum son récit pour ne laisser place qu’à sa mise en scène. Chose qu’il ne fait pas dans la mesure où il empile tellement les sous-intrigues que celles-ci, en l’espace d’1h30, ne peuvent pas pleinement se déployer. Autrement, il aurait pu donner à voir plus de choses de ce contexte social en filmant plus d’interactions entre l’héroïne et le monde qui l’entoure, la foule, la tension populaire qui s’est emparée du pays à l’époque. La conséquence de ses partis pris c’est qu’il n’y a aucune scène qui se construit sur la durée, aucune séquence qui prend la peine de se déployer, à peine l’une commence qu’elle laisse place à la suivante : la scène du second entretien, pourtant l'une des plus réussies du film, par exemple, aurait pu durer plus longtemps, laisser la tension s’installer progressivement, prendre le temps de se construire mais non, elle s’interrompt juste au moment où elle commence à être intéressante, où on sent un crescendo s’installer. Et tout le film est construit et monté selon cette logique, ce que je trouve dommage.

Bon, tout ça ayant été dit, il y a quand même des aspects du film que j’ai aimés et ma déception, en fin de compte, est peut-être davantage liée au fait de ne pas avoir vu le film tel que je l’imaginais qu'à ce qu'il est vraiment. Déjà, comme précisé précédemment, Laure Calamy est impeccable et l’une des forces du film c’est qu’il n’hésite pas à en faire, certes, une femme qui en bave mais aussi une femme qui en fait baver à ses proches, ne la positionnant pas seulement comme victime mais dévoilant aussi tout l’égoïsme dont elle est contrainte de faire preuve. Par exemple, outre le fait qu'elle se repose en permanence sur sa nounou pour garder ses gosses, sur ses collègues pour la remplacer (jusqu'à causer, indirectement, le renvoi de l'une d'elles), la scène du second entretien laisse entre-apercevoir, au détour d'un dialogue tendu, qu'elle a elle-même été, dans le cadre d'un précédent emploi qu'elle occupait, un rouage de cette machine capitaliste qui la broie actuellement, employant des pratiques de concurrence déloyale face à la concurrence, chez laquelle elle postule par la suite. Bref, le film, sans donner l'air d'y toucher, construit en filigrane un personnage plein de paradoxes et de contradictions, bien plus complexe que celui d'une victime absolue du système, stéréotype auquel on aurait pu s'attendre. Et surtout, j’aime finalement la manière dont le film se concentre uniquement sur elle, ne filmant que le strict minimum de ses interactions avec le monde, en réduisant finalement ces grèves et ce contexte social à une problématique quasi hors champ, qu’on écoute à la radio ou qu’on regarde à la télé, quelque chose qui existe à côté de l’héroïne, qui impacte son quotidien mais qui n’est jamais réellement le sujet du film, ce qui donne quasiment à ce dernier une sensation imminente de fin du monde. Sensation que j’avais d'ailleurs plus ou moins vécue à l’époque dans la mesure où j’arrivais moi-même a la fin de mes études et que seule la validation de mon mémoire m’importait, me contraignant, par exemple, à me lever à 5h00 du matin pour prendre un Blablacar et me rendre sur Paris pour ne pas louper ma soutenance. Et, focus sur ça, rien d'autre ne comptait alors que j'avais bien conscience que quelque chose de plus grand et de plus important se déroulait, qu'on était au bord de l'effondrement. Sentiment, encore une fois, extrêmement bien rendu par le film.

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Avatar 2 : La Voie de l'eau, James Cameron (2022)

Là encore, je suis déçu. Alors, on va déjà commencer par le plus évident : sur le plan technique et visuel, le film est une folie furieuse, on comprend bien les 13 années qui séparent ce second opus du premier Avatar, sorti en 2009. Un boulot monstre a été fourni et, au-delà de ça, ce qui impressionne avec le recul c'est de se dire que James Cameron est certes un cinéaste mais qu'il est aussi et surtout devenu un véritable chercheur, un pionnier ambitieux dans l'innovation des moyens technologiques et cinématographiques. Donc, si je lis beaucoup d'avis négatifs sur le film et notamment sur son récit, avis que je partage en grand partie (mais j'y reviendrai), je suis également très très satisfait par le carton, peu surprenant, certes, mais enthousiasmant, qu'il fait actuellement au box-office. Quitte à ce que ça soit un blockbuster hollywoodien qui fasse autant d'entrées, et contribue donc ainsi à sauver ou du moins faire survivre les salles et financer indirectement d'autres films plus indépendants, autant que ça soit un film qui ait fait l'objet d'un réel investissement créatif de la part d'un auteur aussi ambitieux. On pourra dire ce qu'on veut de James Cameron, c'est à mes yeux une réjouissance de savoir que des mecs comme lui existent, expérimentent et prennent autant de risque sur le plan créatif. Bon, ça, c'est dit.

Concernant le film et son fond... Je pense déjà que Cameron a vu trop grand. Le film dure 3h12, le mec fait des films de plus en plus longs (d'ailleurs, aux dernières nouvelles, le montage finalisé d'Avatar 3 durerait actuellement 09h00 !!) et autant sur des films comme Abyss, Titanic et même le premier Avatar, que j'ai revu et réévalué avant de découvrir ce second opus, ça n'était pas gênant du tout (j'en aurais même redemandé) parce que la structure narrative était systématiquement bien construite et d'une solidité implacable, autant sur ce film-là, la structure est bien plus bancale. Le film est divisé en trois parties et le liant entre chacune d'elle n'est pas très convaincant, Cameron refusant de s'en tenir à une idée bien spécifique dans la mesure où il multiplie et empile des idées qui auraient pu / dû être traitées chacune dans un film à part (mais auquel cas, bonjour les suites à gogo, surtout que trois autres sont déjà officiellement prévues).

Dans le premier Avatar, il y avait un argument et un seul : l'Unobtanium qui, dans le film, est la ressource naturelle qui fait l'objet de toutes les crispations et les convoitises et autour de laquelle va s'engager le conflit avec, au centre, un personnage principal confronté à un dilemme moral. Moi ça m'allait, beaucoup de personnes avaient trouver ce motif scénaristique ultra simpliste mais il avait le mérite, d'une part d'être clair et de rendre le film limpide au niveau de ses intentions, et d'autre part de permettre à James Cameron de construire son récit avec autant de clarté et de solidité tout en se focalisant sur ses ambitions de mise en scène : on avait un personnage principal envoyé en mission d'infiltration pour amadouer les autochtones et au cours de cette mission, il change progressivement de camps et se révolte, avec les locaux, contre l'envahisseur. Bref, encore une fois, moi ça me convenait d'autant que le film, en choisissant cette approche et ce développement scénaristique construisait en parallèle, dans sa réalisation, une réflexion sur le basculement opéré par James Cameron entre un cinéma de la matière, mécanique, viscéral et un cinéma qui tend à évoluer vers une certaine virtualisation avec cette idée du tout numérique qui tendrait à créer de nouveaux modes de vie. Le choix final du héros sera ainsi de renaître dans un nouveau corps, entièrement numérique à l'image, pour épouser une nouvelle culture et délaisser sa vie d'autrefois.

Et donc, tout ça pour dire quoi ? Que le premier Avatar avait un argument scénaristique d'une telle simplicité qu'elle lui permettait, in fine, de construire et développer une réflexion et une mise en scène amples, complexes et d'une grande générosité. Bref, Cameron proposait encore une fois une certaine idée de l'absolu au cinéma. Avec Avatar 2, il perd beaucoup de cette force à mon avis. Déjà, si le film est impressionnant techniquement et visuellement (plus que le premier selon moi) et fout un uppercut à toute la production hollywoodienne actuelle, ce tour de force technologique n'est absolument pas valorisé par sa structure en trois parties qui ne semblent pas former un tout unifié et qui agissent par effet d'empilement : on va avoir le commando armé avec une mission d'extermination, puis le peuple de l'eau qui sera finalement introduit dans la seconde partie (pour être complètement délaissé par la suite, paye ton set-up / pay-off !), et enfin, un argument similaire à celui qui constituait la base scénaristique du premier film et qui est, ici, l'huile de Tulkun (aka une baleine) comme ressource énergétique pour le corps humain, censée stopper le vieillissement des cellules. Et si je parle d'effet d'empilement c'est bien parce que je n'ai pas du tout l'impression que James Cameron ait réussi son coup : sur le plan narratif c'est un peu comme une maison qui manque d'une base et de fondations précises et solides, une maison constituée de matériaux assemblés artificiellement les uns avec les autres, censés donner corps, mais sur le point de s'effondrer à tout moment. Bref, grosse régression à ce niveau, d'autant que le film, contrairement à ce qui a été annoncé par son auteur, ne se suffit pas à lui-même dans la mesure où de nombreuses pistes et promesses de scénario ont été lancées (notamment concernant le sort final de l'antagoniste) sans trouver d'aboutissement, annonçant donc les multiples suites prévues à l'avenir. Bon, celles-ci ont été prévues de longue date par Cameron et vu son investissement et son acharnement au travail vis-à-vis de cet univers, je n'irais pas jusqu'à le taxer d'opportuniste, mais c'est presque la sensation qu'il donne. Presque.

Ajouté à ça, je trouve aussi que le film ne respecte même pas les propres promesses qu'il fait. En décidant de s'exiler, la famille de Jake choisit de trouver refuge au sein d'une nouvelle tribu et donc d'adopter ses mœurs et ses coutumes : le problème c'est qu'on ne verra absolument rien de tout ça, là où le premier montrait avec minutie la manière dont Jake s'intégrait et s'adaptait à son nouvel environnement, jusqu'à faire corps avec la tribu qui l'accueille et prendre partie pour elle par la suite. Là où le premier montrait la force du collectif, ici, la logique me semble bien plus individualiste, bien plus américaine en somme, dans la mesure où seule la famille et non plus la tribu (qui est d'ailleurs délaissée deux fois, au début avec l'exil et à la fin pendant le climax) est mise en avant. Cela donne des promesses de scénario non respectées, je pense notamment au personnage de Kate Winslet, Ronal, présentée comme une guerrière qui pourrait, à moyen-terme, venir foutre la merde en refusant l'exil au personnages. Mais non, le film ne fait absolument rien de ce potentiel dramaturgique alors qu'il y avait matière à construire quelque chose de plus ample, en filmant une famille étrangère s'intégrer dans les us et coutumes de cette nouvelle tribu et, peut-être, rencontrer des difficultés à les adopter. Et le décalage culturel qui aurait pu être mis en scène se réduit ici seulement à des conflits entre gosses (les gosses étant également l'un des gros plus du film d'ailleurs). C'est quand même bien mince et, surtout, sur la suite du film, ça ne sert absolument pas à la dernière heure qui est censée faire office de gros climax mais que j'ai trouvée décevante sur le plan du divertissement, décevante car la tribu / le clan / le collectif est une nouvelle fois mis de côté dans une logique purement individualiste ("Ne vous en mêlez, ça ne regarde que nous" - alors que des gosses de la tribu étaient aussi impliqués et en danger, gros WTF scénaristique pour le coup).

Bon, j'irai sans aucun doute voir le troisième opus tant les deux premiers, dans la logique d'une vaste saga, font surtout office d'introduction, même si le premier se suffisait amplement à lui-même. Mais j'espère quand même que Cameron en garde bien plus sous le coude que ce qu'il semble annoncer ici...
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asketoner
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La Toile d'araignée, Vincente Minnelli, 1955

Minnelli, c'est toujours à peu près digne. Et pourtant le scénario ne l'est pas, ici, dans La Toile d'Araignée. Tout tient donc à la mise en scène. Dommage que les dialogues l'étouffent à ce point. Les plans sont tous bien trop chargés, de couleurs assez laides, de meubles immondes, et de répliques explicatives figeant les corps dans des postures.
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sokol
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asketoner a écrit :
dim. 15 janv. 2023 10:48
Minnelli, c'est toujours à peu près digne. Et pourtant le scénario ne l'est pas, ici, dans La Toile d'Araignée. Tout tient donc à la mise en scène. Dommage que les dialogues l'étouffent à ce point. Les plans sont tous bien trop chargés, de couleurs assez laides, de meubles immondes, et de répliques explicatives figeant les corps dans des postures.
C'est marrant car, moi non plus je n'aime pas trop ce film de Minelli (auteur que j'aime gavé - on dit dans le Sud Ouest :D ) or, j'avais toujours marqué que le film est gavé aimé par les cinéphiles ! Un peu comme "Les contrebandiers de Moonfleet" de Fritz lang (tiens, de la même année : 1955 ! c'était peut être l’esthétique de l'époque qui voulait ça alors ! :lol: )
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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Poursuite du cycle Argento (j'ai finalement décidé de faire une intégrale complète) avec son premier long, que je considérais alors comme mon préféré du cinéaste. A la revoyure, ce n'est plus le cas, même si c'est bien évidemment excellent, la maitrise de la mise en scène pour un premier film est hallucinante, c'est une sorte de giallo absolu, extrêmement bien écrit (ce n'est pas toujours le cas) et au dénouement vraiment bien et vraiment original pour un film de ce type (mix d'ouroboros et d'héautontimorouménos parfait). La maitrise narrative est telle que le film ne se dégonfle jamais et c'est assez rare pour le noter. Rajoutons à cela l'énorme musique de Morricone et on tient une sorte de giallo parfait.

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Mon P'tit Papa - Mahaut Adam - 2022

Premier court-métrage d'une jeune réalisatrice produit par Canal +, qui narre les errements amoureux d'une jeune femme. Sujet classique, bateau, voire cliché pour un premier film d'une jeune femme d'aujourd'hui, mais Mahaut Adam parvient à s'en emparer pour proposer une lecture originale et drôle du genre. Un quiproquo va faire que la jeune femme va passer sa soirée d'anniversaire avec son mec et son amant, beaucoup plus âgé, qu'elle fait passer, pour s'en sortir, pour son propre père. Evidemment cette situation est propice à tout un tas de situations drôles, d'autant que les deux garçons vont devenir copains et passer leur soirée à déconner. Au-delà des bons mots, le film est bien écrit et fait souvent mouche, il dépeint bien sa génération tout en abordant une question de fond qui serait l'inaptitude à la solitude. C'est un plaisir de retrouver l'excellent Jean--Luc Vincent dans le rôle de l'amant/papa, il est parfait, comme d'hab, ainsi que l'ami Maxence Cyrin pour la bande son très différente de ce qu'il fait habituellement, une petite electropop acidulée, mais tout aussi convaincant.

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Je vais terminer une rétrospective intégrale entamée l'an dernier, consacrée à Nuri Bilge Ceylan. Il me restait 3 films à revoir : Koza, Kasaba et Nuages de Mai, et un à découvrir, sa Palme d'Or Winter Sleep, que j'avais snobé notamment à cause de sa durée (3h16) mais surtout par les retours négatifs que j'en avais eu (long pensum, archétype du film de festival, metteur en scène trop sûr de lui, pour aller vite). Bref, je n'y allais pas à reculons, car j'adore le cinéaste, mais je n'en avais pas une envie folle non plus... Et bien contre toute attente, grosse déculottée, j'ai littéralement adoré ! Grande classe, le film est sublime, sublimement mis en scène, et à la fois Ceylan ne radote pas du tout, mais surtout je crois que jamais il n'est allé aussi loin dans le traitement de la relation de couple dans son oeuvre (encore plus loin que dans Les Climats), et tout ça en mettant en relation crise de couple et éléments naturels, c'est fait avec une beauté et une force saisissante. En cela il me fait un peu penser au dernier Reygadas (deux cinéastes qui ont pas mal de choses en commun d'ailleurs, même si l'approche est très différente). C'est dingue ça, je pensais détester et le film m'a renversé !

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Avec tout le buzz qu'il y a eu autour du 2, je voulais voir le premier Terrifier. C'est un bon film gore, pas loin du torture porn, inventif et rythmé, sans être très original non plus (sauf pour les tortures :D), mais qui a un excellentissime méchant, un clown tellement terrifiant qu'il te fait passer celui de CA pour l'ours Colargol. Et le film a le bon goût d'être court, pas un poil de gras, et une durée d'1h20. Pas de chance je viens de voir que le 2 fait 2h30 et que le cinéaste a forcément céder aux sirènes de la surenchère, je vais passer mon tour en salle.

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Montré au ciné-club du fiston. Au départ on avait prévu de l'initier à Hitchcock avec La Main au Collet mais le bluray ne passait pas sur la platine (rassurez-vous, je l'ai depuis démontée, nettoyée, tout va bien, même les dvds de Tchoupi de ma fille ne passait plus, il fallait agir). Bref, on s'est rabattu à la dernière minute sur celui-ci qui lui a beaucoup plu, parfait ! Du coup on va enchainer avec La Main au Collet, puis on changera de braquet pour La Mort aux Trousses, etc. Il n'est jamais trop tôt pour commencer...

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C'est assez dingue de voir un nouveau long-métrage de la réalisatrice paraguayenne Paz Encina après son magnifique Hamaca Paraguaya de 2006, sorte de Straub / Huillet sous les tropiques. Elle avait réalisé un autre film entre les deux, mais pas arrivé jusqu'à nous, et ce dernier est diffusé sur Arte, merci !, occasion à saisir d'urgence. Le film est certes moins radical que son coup d'essai, mais ça reste un très beau film sur l'attachement à sa terre (à sa forêt en l'occurrence) et sur la question du déracinement. C'est un peu son Nouveau Monde à elle, ou son Pocahontas. C'est un cinéma d'auteur plus accessible, mais tout aussi beau et sensible.

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C'est un film qui vaut essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, pour son défi technique. C'est assez hallucinant de voir ce qu'arrive à faire Cameron avec un ordinateur, et c'est assez dingue de se dire (c'est très américain) qu'il faut n'utiliser que du tout numérique pour faire une ode à la nature, drôle de paradoxe. Sinon, à part ça le film est assez pauvre. Scénario minimal (affrontement bons / méchant) et absence d'enjeux. Ce qui est le plus regrettable, c'est qu'il n'y a plus du tout ce qui faisait l'intérêt du 1, à savoir la question de l'avatar, de l'être humain qui passait dans le monde des na'vi et de la dualité du personnage sans cesse tiraillé. Non là, l'humain est devenu na'vi et mis à part que ces gamins ont 5 doigts, c'est une question qui n'est jamais soulevée. Pire, même les méchants sont devenus des na'vis et l'une des principales qualités du 1er film, qui en faisait sa complexité, est balayée d'un revers de la main : tous à la même enseigne, bons contre méchants. Ce revirement me fait penser au Schwarzy / Terminator devenu gentil dans le 2, c'est le même principe, on efface toute ambiguïté, c'est dommage. On s'ennuie donc gentiment pendant ces 3h15 dans une esthétique d'une profonde laideur (c'est encore plus moche que le 1er), on dirait un mec qui a chié dans un sarouel. Heureusement qu'il y a la virtuosité qui fait passer la pilule. Il y a deux choses que j'aime tout de même, l'une qui n'est malheureusement pas du tout exploitée, c'est le liquide extrait des Tulkun, qui empêche le vieillissement humain et qui se vend sur Terre des dizaines de millions, justifiant la chasse de cet animal. L'idée est fabuleuse, mais absolument pas exploitée par Cameron, on t'amène ça à la fin, glissé entre deux répliques, alors que c'est un truc passionnant, aussi capital que le diamant "The Heart of the Ocean" de Titanic mais lui occupait le point central du film, là, c'est balancé dans un coin. J'espère sincèrement que ce sérum deviendra la pierre angulaire du troisième film, sinon quel gâchis. L'autre chose que j'ai aimé, c'est la dernière heure, clairement la meilleure du film, à partir de l'affrontement sur le bateau. Ca devient fabuleux, car c'est à partir de ce moment-là que Cameron redevient vraiment lui-même, ressassant sans relâche ses obsessions habituelles et proposons un mix parfait entre Titanic, Abyss et Aliens. Un cinéaste n'est jamais meilleur que lorsqu'il répète toujours les mêmes motifs de manière obsessionnelle, et si ces motifs sont des peurs c'est encore mieux. Sur cette fin de film j'ai l'impression de voir apparaitre le cinéaste qui était caché derrière son ordi sur les deux premières heures. C'est cette fin qui me fera aller voir le 3ème volet.

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Second film et second giallo impeccable pour Argento. Mais je l'ai revu en étant trop claqué pour en profiter pleinement, je vais donc le revoir à nouveau dans les jours qui suivent.

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Inverse du précédent, je le revois quelques jours seulement après le 1er visionnage, et cette seconde fois plus éveillé était nettement plus convaincante. Il y a les mêmes problèmes que j'évoquais au premier visionnage (rien ne fait russe / problème de scénarios sur la partie finale) mais le film est tout de même assez intéressant si tant est qu'on accepte de se dire que tout est 100% américain et qu'ils jouent aux russes comme on jouait aux cowboys et aux indiens.

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Revoyure en forme de grosse claquouze de ce qui est sans doute le film le plus barré, le plus bizarre et le plus bancal de tous les (grands) Argento, quelque part entre Suspiria et Phenomena, mais dont la force du geste cinématographique est si forte qu'elle te fait avaler chaque bizarrerie, chaque truc qui pourrait te sembler bizarre ailleurs. C'est simple, dans ce film plus encore que dans les autres du cinéaste, c'est la mise en scène, ce n'est même que la mise en scène, qui se fait langage.
I like your hair.
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asketoner
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sokol a écrit :
lun. 16 janv. 2023 10:40
C'est marrant car, moi non plus je n'aime pas trop ce film de Minelli (auteur que j'aime gavé - on dit dans le Sud Ouest :D ) or, j'avais toujours marqué que le film est gavé aimé par les cinéphiles ! Un peu comme "Les contrebandiers de Moonfleet" de Fritz lang (tiens, de la même année : 1955 ! c'était peut être l’esthétique de l'époque qui voulait ça alors ! :lol: )
:love2:
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