Le Centre de Visionnage : Films et débats

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sokol
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Tyra a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 21:18

Mais je prends beaucoup de plaisir à écouter les podcast de Bégaudeau, parce qu'il fait penser. Avec ou contre lui, finalement c'est secondaire.

:jap:
Pareil
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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cyborg
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Flute, bas de page ! Mon texte sur Glazer va passer à la trappe :D
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sokol
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cyborg a écrit :
ven. 23 févr. 2024 02:58
:jap: :jap: :jap: :jap: :jap:

Le meilleur texte (podcast, commentaire…. ) que j’ai lu (entendu…) sur le film. De loin.

Je vais y revenir plus tard
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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sokol
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cyborg a écrit :
ven. 23 févr. 2024 10:46
Flute, bas de page ! Mon texte sur Glazer va passer à la trappe :D
Envoie-le au Cahiers. Je parie cher qu’ils le publieront. Mais faut se dépêcher car ils bouclent le numéro de mars (si ce n’est déjà fait).
Ton papier est meilleur que celui concernant le dernier Radu Jude. C’est dire !!
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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Mr-Orange
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JanosValuska a écrit :
ven. 23 févr. 2024 00:01
Tyra a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 21:18
JanosValuska a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 11:46

Concernant le fait que Begaudeau serait plus intéressant lorsqu'il défonce des films, pas d'accord non plus. Je le trouve même assez besogneux et ennuyeux quand il évoque des films qui en théorie ne sont pas pour lui. Catastrophique sur Avatar et The Fabelmans par exemple. Plus intéressant quand il égratigne des classiques américains style Shining (évidemment car il n'aime pas Kubrick) ou Heat, sans doute car il a le recul, c'est plus simple.
Bon Dieu mais c'est l'inverse ! :D

De toute façon concernant Kubrick, Bégaudeau est tout simplement dépassé par plus matérialiste que lui, ce qui le laisse sur le carreau. Ce qui me permet d'apporter un peu de mon grain de sel au débat : si Bégaudeau aime Haneke, Oslundt, ou Lanthimos, c'est parce que ces derniers sont, contrairement à Kubrick, des moralistes, qui demandent constamment au spectateur de se positionner sur les situations qu'ils voient, de se projeter (que ferais je à la place de ce type ?), qui jouent sur leur inconfort, leur mauvaise conscience. Considérations qui n'existent pas il me semble chez Kubrick, chez qui le libre arbitre et donc la morale n'existent pas. D'où le fait que FB se trouve démuni devant Kubrick qu'il trouve pontifiant (et en choisissant de parler de Shinning, il choisit sciemment le film le plus caricaturable) , alors qu'il s'agit d'un cinéaste profondément humain.

Mais je prends beaucoup de plaisir à écouter les podcast de Bégaudeau, parce qu'il fait penser. Avec ou contre lui, finalement c'est secondaire.
Pas faux (sur Kubrick) :D Je serais curieux de l'entendre longuement sur un autre que Shining, tiens.
En tout cas, on sera au moins d'accord sur ta dernière phrase.
Pareil, il peut m'agacer aussi ici ou là. Mais qu'importe, il fait penser, oui, c'est l'essentiel.
Peut-être l'as tu déjà vue, mais il aborde plusieurs films de Kubrick dans cette vidéo. Il ne consacre certes pas autant de temps à chaque film que dans le cadre d'une Gêne, mais il traite quand même assez longuement de sa filmographie : https://www.youtube.com/live/bfrw1LKfh0 ... glWvUVTDB9
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B-Lyndon
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sokol a écrit :
ven. 23 févr. 2024 09:42
Tyra a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 21:18

Mais je prends beaucoup de plaisir à écouter les podcast de Bégaudeau, parce qu'il fait penser. Avec ou contre lui, finalement c'est secondaire.

:jap:
Pareil

J'ai même plus besoin de dire quoique ce soit sur La Zone d'interêt : Bégaudeau y dit, mot pour mot, tout le bien que je pense du film.
Sur le cinéma "hanekien" qu'il défend mordicus, je ne le suivrai peut-être pas, mais il a le mérite de déjouer tous les réflexes critiques et bêtement moralisateurs (pas moraux, car la morale c'est autre chose) qui dézingue ce cinéma là depuis des années : cinéma froid, cynique, etc. Regardons les films ! Je crois que ces réflexes habitent toute une génération qui a découvert le cinéma avec les Cahiers de Delorme, et je suis très content que des mecs comme Bégaudeau nous sortent de ça, parce que c'était quand même une revue habituée aux procès d'intention et au copinage le plus crasseux. Je le vois notamment avec Ceylan : pas sûr que si Delorme sévissait encore, je n'aurai eu les bons yeux pour voir ce que ce type est en train de faire aujourd'hui.
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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sokol
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B-Lyndon a écrit :
ven. 23 févr. 2024 13:15
J'ai même plus besoin de dire quoique ce soit sur La Zone d'interêt : Bégaudeau y dit, mot pour mot, tout le bien que je pense du film.
Sur le cinéma "hanekien" qu'il défend mordicus, je ne le suivrai peut-être pas, mais il a le mérite de déjouer tous les réflexes critiques et bêtement moralisateurs (pas moraux, car la morale c'est autre chose) qui dézingue ce cinéma là depuis des années : cinéma froid, cynique, etc. Regardons les films ! Je crois que ces réflexes habitent toute une génération qui a découvert le cinéma avec les Cahiers de Delorme, et je suis très content que des mecs comme Bégaudeau nous sortent de ça, parce que c'était quand même une revue habituée aux procès d'intention et au copinage le plus crasseux. Je le vois notamment avec Ceylan : pas sûr que si Delorme sévissait encore, je n'aurai eu les bons yeux pour voir ce que ce type est en train de faire aujourd'hui.
Oui, enfin Bégaudeau me fait rire quand il dit (dans le podcast de Pauvres créatures) que misanthrope ne veut pas dire grand chose. Tiens tiens, ça ne veut rien dire parce que ça m’arrange 😆

Oui, on a vu les dernier films de Haneke (Amour, Happy end). On a bien ouvert les yeux : l’horreur quoi. Or il dit que “Happy end” est un chef d’œuvre.
:D Non mais et puis quoi encore ?!

Quant à Ceylan, force est de constater que, une fois qu’il a eu sa Palme, il est revenu à son cinéma (les deux derniers films sont splendides oui), mais les Cahiers y sont pour rien par rapport à ce qu’il a fait entre 2010 et 2015 (“Palme d’Or mon beau souci”), je me demande même si le positionnement des Cahiers ne l’a pas aidé un peu pour se remettre sur le bon chemin (et c’est tant mieux, bien sûr !)
Modifié en dernier par sokol le ven. 23 févr. 2024 15:39, modifié 1 fois.
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Jean-Marie Straub
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Tyra
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Mr-Orange a écrit :
ven. 23 févr. 2024 12:25
JanosValuska a écrit :
ven. 23 févr. 2024 00:01
Tyra a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 21:18


Bon Dieu mais c'est l'inverse ! :D

De toute façon concernant Kubrick, Bégaudeau est tout simplement dépassé par plus matérialiste que lui, ce qui le laisse sur le carreau. Ce qui me permet d'apporter un peu de mon grain de sel au débat : si Bégaudeau aime Haneke, Oslundt, ou Lanthimos, c'est parce que ces derniers sont, contrairement à Kubrick, des moralistes, qui demandent constamment au spectateur de se positionner sur les situations qu'ils voient, de se projeter (que ferais je à la place de ce type ?), qui jouent sur leur inconfort, leur mauvaise conscience. Considérations qui n'existent pas il me semble chez Kubrick, chez qui le libre arbitre et donc la morale n'existent pas. D'où le fait que FB se trouve démuni devant Kubrick qu'il trouve pontifiant (et en choisissant de parler de Shinning, il choisit sciemment le film le plus caricaturable) , alors qu'il s'agit d'un cinéaste profondément humain.

Mais je prends beaucoup de plaisir à écouter les podcast de Bégaudeau, parce qu'il fait penser. Avec ou contre lui, finalement c'est secondaire.
Pas faux (sur Kubrick) :D Je serais curieux de l'entendre longuement sur un autre que Shining, tiens.
En tout cas, on sera au moins d'accord sur ta dernière phrase.
Pareil, il peut m'agacer aussi ici ou là. Mais qu'importe, il fait penser, oui, c'est l'essentiel.
Peut-être l'as tu déjà vue, mais il aborde plusieurs films de Kubrick dans cette vidéo. Il ne consacre certes pas autant de temps à chaque film que dans le cadre d'une Gêne, mais il traite quand même assez longuement de sa filmographie : https://www.youtube.com/live/bfrw1LKfh0 ... glWvUVTDB9
Merci, je prendrai le temps d'écouter, même si je sais très bien que ça va m'énerver... :D
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B-Lyndon
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sokol a écrit :
ven. 23 févr. 2024 14:19
B-Lyndon a écrit :
ven. 23 févr. 2024 13:15
J'ai même plus besoin de dire quoique ce soit sur La Zone d'interêt : Bégaudeau y dit, mot pour mot, tout le bien que je pense du film.
Sur le cinéma "hanekien" qu'il défend mordicus, je ne le suivrai peut-être pas, mais il a le mérite de déjouer tous les réflexes critiques et bêtement moralisateurs (pas moraux, car la morale c'est autre chose) qui dézingue ce cinéma là depuis des années : cinéma froid, cynique, etc. Regardons les films ! Je crois que ces réflexes habitent toute une génération qui a découvert le cinéma avec les Cahiers de Delorme, et je suis très content que des mecs comme Bégaudeau nous sortent de ça, parce que c'était quand même une revue habituée aux procès d'intention et au copinage le plus crasseux. Je le vois notamment avec Ceylan : pas sûr que si Delorme sévissait encore, je n'aurai eu les bons yeux pour voir ce que ce type est en train de faire aujourd'hui.
Oui, enfin Bégaudeau me fait rire quand il dit (dans le podcast de Pauvres créatures) que misanthrope ne veut pas dire grand chose. Tiens tiens, ça ne veut rien dire parce que ça m’arrange 😆

Oui, on a vu les dernier films de Haneke (Amour, Happy end). On a bien ouvert les yeux : l’horreur quoi. Or il dit que “Happy end” est un chef d’œuvre.
:D Non mais et puis quoi encore ?!

Quant à Ceylan, force est de constater que, une fois qu’il a eu sa Palme, il est revenu à son cinéma (les deux derniers films sont splendides oui), mais les Cahiers y sont pour rien par rapport à ce qu’il a fait entre 2010 et 2015 (“Palme d’Or mon beau souci”), je me demande même si cela ne l’a pas aidé un peu pour se remettre sur le bon chemin (et c’est tant mieux, bien sûr !)

Effectivement sur le mot misanthropie je suis d'accord avec toi, il est un peu de mauvaise foi. Mais dire que la misanthropie d'un cinéaste n'est pas une raison suffisante pour le descendre, je suis assez d'accord. "Misanthrope" n'est pas une considération esthétique. C'est quand même assez flou cette histoire. Je partirai pas en vacances avec Ostlund, mais il me suffit de trois plans de Snow Therapy pour voir que ce mec a du cinéma plein les doigts. Et que les gens qu'il filme existent. On a pas besoin d'aimer les gens qu'on filme : il suffit de bien les regarder, c'est tout.
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sokol
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cyborg a écrit :
ven. 23 févr. 2024 02:58
La question qui ressort donc du film, et qui en réalité taraude tout film basé sur un concept, est : Glazer aurait-il du en rester strictement à son protocole de départ, ou a-t-il bien fait de le rompre ?
Bien sûr qu’il ne fallait pas rompre ! C’est exactement ce que j’ai appelé : du Straub pour les nuls. Ou : c’est tout à fait ça que je voulais dire quand j’ai répondu à @B-Lyndon en lui disant que j’aurais adoré si ça restait entièrement un film-concept (que Glezer ne sortait pas de son protocole - je te cite). Or, comme je disais au début des débats, c'est la mode en ce moment : prenons juste un peu (un peu, pas beaucoup quand même car, faut pas que le spectateur s'ennuie) d’un "ancien style de cinéma" (des Straub, en occurrence) car ça fera original.

cyborg a écrit :
ven. 23 févr. 2024 02:58
A cette faiblesse de choix et ce positionnement approximatif, Glazer semblent répondre avec une foule d'effets lourdingues, tant sonores que visuels (les 3 écrans monochromes rouge, noir, blanc, les scènes de rêves etc...) cherchant à nous confirmer le sérieux arty de son projet.
C’est ce que Begaudeau n’a pas aimé non plus mais il n’a pas de couilles pour dire : non, ça c’est du formalisme arty, point. À la place, il dit : le travaille du son ne m’intéresse pas. Facile, je fais le snobe quand ça m’arrange
😆
cyborg a écrit :
ven. 23 févr. 2024 02:58
Une seule scène me semble au final véritablement notable - et bouleversante - à l'intérieur de la maison familial des Hoss, autour d'un personnage lui aussi sous-exploité, la grand mère/mère de Mme Hoss, seul personnage du film faisant preuve d'une évolution morale.

Enchainement d'actions d'une violence absolue, génie de concision d'effets, d'actions-réactions, d'échelles, toute la problématique du film me semble pouvoir tenir en ces quelques instants de cinéma. Car, oui, La Zone d’Intérêt, n'en aurait peut-être été que meilleure ramassée sur une trentaine de minutes.
Parfait ! Tout est dit :jap:
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Jean-Marie Straub
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B-Lyndon a écrit :
ven. 23 févr. 2024 14:53
Je partirai pas en vacances avec Ostlund, mais il me suffit de trois plans de Snow Therapy pour voir que ce mec a du cinéma plein les doigts.
Je sais bien qu’il faut comparer ce qui est comparable et je sais bien que je vais être immonde mais Leni Riefenstahl aussi avait du cinéma plein les doigts, c’est un fait.
B-Lyndon a écrit :
ven. 23 févr. 2024 14:53
On a pas besoin d'aimer les gens qu'on filme : il suffit de bien les regarder, c'est tout.
Je sais bien, puisque c’était le cas de Godard ou Kiarostami (ils savaient regarder mais pas forcément aimer) tandis que de Ford, Minelli, Demy, Tsai, etc savaient regarder ET aimer aussi. Ne pas (forcément) aimer les gens est une chose, être misanthrope voir les détester, en est une autre.
Lanthimos surtout, il est grave
Modifié en dernier par sokol le ven. 23 févr. 2024 16:12, modifié 1 fois.
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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Tamponn Destartinn
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sokol a écrit :
ven. 23 févr. 2024 09:39
Tamponn Destartinn a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 18:41
de l'autre c'est probablement lié au fait qu'il adore qu'on l'adore, et faire ce genre d'exercice gonfle l'égo.
Oui, mais c’est dans ce sens que je le disais : ça le gonfle qu’il fasse ça gratuitement pour des gens ‘qui ne le méritent pas’
A nouveau, les faits te donnent tort : il va partout où il est invité, dans les podcasts les plus amateurs, sur twitch ou autres, avec du son dégueulasse souvent :D
Bref : tout ça gratuitement ! et sans mépris pour les gens qui l'invitent alors qu'ils sont objectivement pas "à son niveau", ne serais-ce de reconnaissance.
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Tamponn Destartinn
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cyborg a écrit :
ven. 23 févr. 2024 10:46
Flute, bas de page ! Mon texte sur Glazer va passer à la trappe :D
Ouais, désolé, c'est trop important de décider à quel point on paluche Bégaudeau, on s'en fout du film lui-même désormais :D

(je m'en vais te lire !)
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Tamponn Destartinn a écrit :
ven. 23 févr. 2024 16:00

A nouveau, les faits te donnent tort : il va partout où il est invité, dans les podcasts les plus amateurs, sur twitch ou autres, avec du son dégueulasse souvent :D
Bref : tout ça gratuitement ! et sans mépris pour les gens qui l'invitent alors qu'ils sont objectivement pas "à son niveau", ne serais-ce de reconnaissance.
Je parlais uniquement de son podcast (car là, il n’est pas interviewé). Là c’est son produit. Mais… gratuit
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sokol a écrit :
ven. 23 févr. 2024 15:56
B-Lyndon a écrit :
ven. 23 févr. 2024 14:53
Je partirai pas en vacances avec Ostlund, mais il me suffit de trois plans de Snow Therapy pour voir que ce mec a du cinéma plein les doigts.
Je sais bien qu’il faut comparer ce qui est comparable et je sais bien que je vais être immonde mais Leni Riefenstahl aussi avait du cinéma plein les doigts, c’est un fait.
B-Lyndon a écrit :
ven. 23 févr. 2024 14:53
On a pas besoin d'aimer les gens qu'on filme : il suffit de bien les regarder, c'est tout.
Je sais bien, puisque c’était le cas de Godard ou Kiarostami (ils savaient regarder mais pas forcément aimer) tandis que de Ford, Minelli, Demy, Tsai, etc savaient regarder ET aimer aussi. Ne pas (forcément) aimer les gens est une chose, être misanthrope voir les détester, en est une autre.
Lanthimos surtout, il est grave
Lanthimos je connais mal, je vais rester sur Ostlund.
Qu'est-ce qui te dit qu'il filme les gens avec misanthropie ? Le couple au début de Sans filtre par exemple. Comment tu le démontrerais esthétiquement ?
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Tamponn Destartinn a écrit :
ven. 23 févr. 2024 16:00
sokol a écrit :
ven. 23 févr. 2024 09:39
Tamponn Destartinn a écrit :
jeu. 22 févr. 2024 18:41
de l'autre c'est probablement lié au fait qu'il adore qu'on l'adore, et faire ce genre d'exercice gonfle l'égo.
Oui, mais c’est dans ce sens que je le disais : ça le gonfle qu’il fasse ça gratuitement pour des gens ‘qui ne le méritent pas’
A nouveau, les faits te donnent tort : il va partout où il est invité, dans les podcasts les plus amateurs, sur twitch ou autres, avec du son dégueulasse souvent :D
Bref : tout ça gratuitement ! et sans mépris pour les gens qui l'invitent alors qu'ils sont objectivement pas "à son niveau", ne serais-ce de reconnaissance.
Je ne peux que confirmer : je lui avais envoyé un lien d'un de mes courts d'étudiant il y a quelques années, il avait vu le film, et m'avait répondu de façon très précise, en prenant le temps, et sans jamais me prendre de haut. La très grande classe.
Souvent ce genre de mecs répondent plutôt par le mépris, ou par un "je suis débordé" qui veut dire la même chose. Et Bégaudeau fait plein de trucs, donc elle aurait été crédible, l'excuse. :D
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B-Lyndon a écrit :
ven. 23 févr. 2024 17:23
Lanthimos je connais mal, je vais rester sur Ostlund.
Qu'est-ce qui te dit qu'il filme les gens avec misanthropie ? Le couple au début de Sans filtre par exemple. Comment tu le démontrerais esthétiquement ?
J’ai plutôt aimé Sans filtre. D’ailleurs, tu évoque la première partie qui est carrément top 👍.

Mais puisque tu as évoqué «Snow thérapy » : le problème vient de la scène finale. Je l’ai vu qu’une fois mais je me souviens très bien : on est dans un bus qui a une énorme fenêtre panoramique. Aujourd’hui je ne sais plus dire pourquoi c’est degueulasse (car l’ancien forum a disparu or, je l’aurais trouver plus que facilement car j’ai toujours commenté les nouveaux films que je vois sur la liste du top de l’année concernée) mais c’est lié au point de vue du cinéaste. Plus misanthrope tu meurs (l’homme, l’humain est mauvais quoi).

Mais ils s’améliorent un peu quand même ce genre de cinéaste car ils comprennent bien que leur système ‘clôt’ a des limites à un moment donné
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B-Lyndon a écrit :
ven. 23 févr. 2024 17:26
Je ne peux que confirmer : je lui avais envoyé un lien d'un de mes courts d'étudiant il y a quelques années, il avait vu le film, et m'avait répondu de façon très précise, en prenant le temps, et sans jamais me prendre de haut. La très grande classe.
Souvent ce genre de mecs répondent plutôt par le mépris, ou par un "je suis débordé" qui veut dire la même chose. Et Bégaudeau fait plein de trucs, donc elle aurait été crédible, l'excuse. :D
Je pense que c’est exactement comme si il est interviewé (d’ailleurs, tu lui as demandé un avis).
Or, je parlais que de son podcast. Par moment il est tellement arrogant et suffisant que tu ne crois pas à tes oreilles quoi
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yhi
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sokol a écrit :
ven. 23 févr. 2024 20:09
Plus misanthrope tu meurs (l’homme, l’humain est mauvais quoi).
Je ne pense pas qu'Ostlund soit misanthrope. C'est plutôt un cinéaste qui aime nous mettre face à nos propres tares (mais qui sont aussi les siennes quelque part). Et même s'il a dérivé un peu ces derniers temps en s'attaquant à des sujets un peu plus faciles et avec un peu plus de cynisme, le fond reste de placer ses personnages dans des situations de la vie de tous les jours et de confronter le spectateur à son propre positionnement par rapport à ces situations assez classiques (le vol du portefeuille de The square, les vacances en famille de Snow therapy, le voyage en bus de Happy Sweden...).
Je ne sais pas si je dirais que c'est un cinéaste scientifique, mais c'est en tout cas un cinéaste analytique (cf Incident bancaire aussi qui est sur de la reconstitution quasi-scientifique aussi en effet). S'il y a malaise, ce n'est pas parce que le film est misanthrope, au contraire, je le vois comme une sorte d'avertissement sur mes propres comportements potentiels. Ce que je trouve assez humain de la part du cinéaste finalement. Et si scène dégueulasse il y a (je ne me rappelle plus trop de Snow therapy malheureusement) il me semble que ce sont des choix de mise en scène qui épousent le point de vue d'un personnage à un moment donné. Et je pense qu'Ostlund ne se place jamais vraiment d'un côté ou de l'autre.
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yhi a écrit :
ven. 23 févr. 2024 20:32
sokol a écrit :
ven. 23 févr. 2024 20:09
Plus misanthrope tu meurs (l’homme, l’humain est mauvais quoi).
Je ne pense pas qu'Ostlund soit misanthrope. C'est plutôt un cinéaste qui aime nous mettre face à nos propres tares (mais qui sont aussi les siennes quelque part). Et même s'il a dérivé un peu ces derniers temps en s'attaquant à des sujets un peu plus faciles et avec un peu plus de cynisme, le fond reste de placer ses personnages dans des situations de la vie de tous les jours et de confronter le spectateur à son propre positionnement par rapport à ces situations assez classiques (le vol du portefeuille de The square, les vacances en famille de Snow therapy, le voyage en bus de Happy Sweden...).
Je ne sais pas si je dirais que c'est un cinéaste scientifique, mais c'est en tout cas un cinéaste analytique (cf Incident bancaire aussi qui est sur de la reconstitution quasi-scientifique aussi en effet). S'il y a malaise, ce n'est pas parce que le film est misanthrope, au contraire, je le vois comme une sorte d'avertissement sur mes propres comportements potentiels. Ce que je trouve assez humain de la part du cinéaste finalement. Et si scène dégueulasse il y a (je ne me rappelle plus trop de Snow therapy malheureusement) il me semble que ce sont des choix de mise en scène qui épousent le point de vue d'un personnage à un moment donné. Et je pense qu'Ostlund ne se place jamais vraiment d'un côté ou de l'autre.
Je ne pense pas non plus. A vrai dire, je pensais comme Sokol lorsque je n'avais vu que The Square, mais Sans Filtre m'apparaît comme le contraire d'un film misanthrope. La partie sur l'île dépeint littéralement la possibilité d'une entente et d'une cohésion des hommes, presque primitive, une fois qu'ils sont dépouillés de leur statut et de leurs oripeaux sociaux.
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Kit
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l'interview de Jean-Jacques Annaud sur la sortie restaurée de Le Nom de la rose blu-ray et 4K, anecdotes sur la genèse du film ainsi que sur L'Ours
https://www.youtube.com/watch?v=iLLPu7s9eKc
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cyborg
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@sokol merci c'est gentil ;)

Mais bon, les Cahiers, haha c'est la deuxième fois que tu me suggères ça (l'autre étant pour le RAZ début d'année), mais quoi, ils ont un courrier des lecteurs ?
Je ne suis même pas abonné, ça les ferait bien marrer de recevoir mon texte de nul part non ? ^^
Et puis je n'ai pas la prétention d'être diffusé...
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cyborg
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Le prolixe réalisateur allemand Emigolz (dont je n'avais jamais rien vu jusqu'à présent), habitué des films sur l'architecture, se concentre ici sur une curiosité : une série d'abattoirs et d"églises construites en Argentine au début du XXème siècle dans le même style moderniste par le même architecte. Après d'innombrables plans (dans un style très particulier : de travers, décadrés, etc...) et l'énonciation d'un conte de Borges dans une ville à moitié ensevelie sous l'eau, l'auteur fait un détour (très personnel) par Berlin puis un retour en Bolivie pour nous montrer les incroyables bâtiments de Freddy Mamani Silvestre. Ce mélange surprenant tente de tisser des liens entre architecture et propagande, entre constructions urbaines et politiques, mais le résultat reste malheureusement relativement obscur. Les intentions sont au final assez proches d'un certain mouvement de philosophie allemand (les media studies), mais aussi d'un certain cinéma du même pays (on songe à Farocki, Bitomsky ou même Nestler), la saveur en moins et la prétention en plus. Dommage car le sujet est passionnant.



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Soucieux de découvrir du cinéma indien de diverses époques, je me suis penché sur Salaam Bombay!, projeté à La Semaine de la Critique de Cannes en 1988 où la réalisatrice à décroché la caméra d'or.
@groil_groil nous rappelait l'autre jour la phrase de Daney disant qu'on pouvait savoir en trois plans si un film allait nous plaire ou non... et bien parfois il suffit d'un seul (premier) plan et de trois éléments qui ne "vont pas" pour le savoir, ici le format de l'image, le cadrage et l'accompagnement musical. Autrement dit : l'autrice regarde à plein tube vers le cinéma américain plus que vers son pays. Pour un film traitant de la vie des enfants des rues de Bombay, ce n'était peut-être pas la meilleure chose à faire.
D'ailleurs la ville en elle même n'existe presque pas à l'image, il n'y a aucun plan d'ensemble ou ne serait ce que large, ou doté d'un travail d’atmosphère un peu poussé, qui permettraient d'appréhender mieux l'univers dans lequel évolue le jeune héros du film. La première réaction m'étant venu à la fin du film est que Nair aurait pu filmer un sombre recoin du Bronx et le résultat n'en aurait pas été si différent.
Bref, les péripéties de Krishna, 11 ans, travaillant (contre son gré) dans un cirque, se retrouvant livré à lui même dans la tentaculaire ville de Bombay, sont avant tout le prétexte à un film misérabiliste, tire larme et balourd. La suite de la carrière de la réalisatrice se passera en bonne partie aux USA : rien de surprenant.

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Le Train en marche - Chris Marker

Documentaire de 30 minutes de Chris Marker revenant sur l'incroyable aventure du ciné-train. Le film est divisé en deux : tout d'abord des images d'époques, puis une interview de Medvedkine, narrant ses souvenirs du projet et la ferveur politique porté par l'outil-cinéma d'alors. Le film est très intéressant mais on sent aussi que Marker se met en retrait dans sa création pour laisser toute la place au légendaire réalisateur soviétique qu'il met ici à l'honneur
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sokol
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cyborg a écrit :
sam. 24 févr. 2024 16:47
@sokol merci c'est gentil ;)

Mais bon, les Cahiers, haha c'est la deuxième fois que tu me suggères ça (l'autre étant pour le RAZ début d'année), mais quoi, ils ont un courrier des lecteurs ?
Je ne suis même pas abonné, ça les ferait bien marrer de recevoir mon texte de nul part non ? ^^
Et puis je n'ai pas la prétention d'être diffusé...
Oui, ils ont un courrier des lecteurs de plus en plus mis en valeur
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yhi a écrit :
ven. 23 févr. 2024 20:32
Je ne pense pas qu'Ostlund soit misanthrope.
...
Et si scène dégueulasse il y a (je ne me rappelle plus trop de Snow therapy malheureusement)
Mea culpa mais ça prouve que à la sortie du film, en 2014, je n'étais pas encore capable de voir que le problème principale ne venait pas de la fin, comme j'ai écrit, mais tout simplement du début, c'est à dire du plot du film, le point de vue de la fin n’étant que sa conséquence logique :

Je voulais dire cela à @B-Lyndon aussi :
Aucun père sur la planète terre ne fout le camps devant un danger en laissant ses enfants en rade. Impossible ! Personne, mais alors vraiment personne peut me convaincre que ça peut exister. Je sais que je vulgarise mais, même les animaux ne font pas ça !

Et même si on me dit que quelqu’un connait une histoire pareille (un père, durant un déjeuner dans un restaurant de montagne, lors qu'une avalanche arrive, prend la fuite ne pensant qu’à sauver sa peau !) je répond : non et non et non. On ne fait pas un film avec ça (de toute façon, je suis convaincu que ça ne peut arriver).

C'est ça le problème des Ostlund, Lanthimos & co. : ils inventent des situations complètement impossibles, totalement inhumains etc et tu me dis que leur cinéma n'est pas un cinéma misanthrope ? Mais tu veux quoi, qu'ils nous chient dessus et qu'on dise : mais non mais non, c'est humain qu'on te chie dessus !
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Bouquin essentiel et très dur à adapter (je n'ose même pas imaginer ce qu'il en sera lorsque viendra le moment d'adapter Triste Tigre), mais franchement Vanessa Filho s'en sort super bien. Certes le film n'a pas la complexité du livre, et il manque une analyse précise de mécanisme de domination et de destruction, mais c'est beaucoup mieux que dans mes craintes, c'est un vrai film de cinéma (il y a des questions de mise en scène tout le temps, et les réponses sont souvent bonnes), Rouve qui était ma grande crainte est absolument parfait (et entre nous quel courage de jouer cette ordure de Matzneff - je ne suis pas comédien, mais j'en aurais été incapable), et la jeune Kim Higelin est tout simplement extraordinaire. J'ai évidemment vérifié son âge tout de suite, elle a 24 ans, mais elle en parait vraiment 14, ce qui colle parfaitement au livre et à la réalité, et je trouve ça génial de la part de Filho d'engager une actrice majeure et non pas une gamine pour jouer un rôle aussi difficile qui pourrait vraiment être destructeur pour une enfant.

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Quelle joie de voir le premier film de mon ami Frédéric Rosset - et éminent membre d'ALED puis de ce beau forum ;) - après des débuts en tant que scénariste et showrunner pour la télévision (Irresponsable, Les 7 Vies de Léa, participation à 10%). J'y retrouve tout ce que j'avais décelé dans les séries précités, à savoir une façon de soulever des sujets grave tout en adoptant un ton humoriste, souvent proche de la déconnade, qui n'est qu'une façade pour cacher avec pudeur blessures et traumatismes. Surtout, La Vie au Canada m'apparait comme un film de son temps, tant il pose des questions liées à des problématiques contemporaines. Bravo Fred, et vivement le long !

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Grosse dernière découverte, film sublime, d'une délicatesse et d'une élégance rare, magnifiquement joué, mais surtout mis en scène par Iris Kaltenbäck, une jeune réalisatrice dont on n'a pas fini de parler, je pense. Incroyable comme sa manière de mettre en scène semble fluide, naturelle, faite de choix forts et travaillés, mais travaillés pour qu'on ne les voit pas et que le flux du récit semble ininterrompu, alors que justement, c'est là où est son plus bel apport. La construction de son film est beaucoup plus complexe qu'il n'y parait et fait montre d'une maturité exceptionnelle, notamment dans l'utilisation de la voix off. C'est un outil ultra casse-gueule et que peu de cinéastes savent maitriser, encore moins les débutants. Là, je crois que c'est la plus belle utilisation de voix-off entendue/vue depuis Comment je me suis disputé de Desplechin (dans un registre totalement différent.)
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@groil_groil :hello:

Comme tu es par ci : quant à "Snow Therapy" (je viens de voir sur le top 2015 que tu l'as vu), le plot du film ne t'avait pas choqué ? (toi qui est, très justement, si vigilant en ce qui concerne les films sur les rapports parents/enfants). Merci
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groil_groil a écrit :
lun. 26 févr. 2024 14:52
Quelle joie de voir le premier film de mon ami Frédéric Rosset - et éminent membre d'ALED puis de ce beau forum ;) - après des débuts en tant que scénariste et showrunner pour la télévision (Irresponsable, Les 7 Vies de Léa, participation à 10%).
Mais attends, c'est un film de T.D ??? :ouch: Mais pourquoi il ne dit rien ??? (je peux le voir sur youtube apparemment !! :love: )
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sokol a écrit :
lun. 26 févr. 2024 15:08
groil_groil a écrit :
lun. 26 févr. 2024 14:52
Quelle joie de voir le premier film de mon ami Frédéric Rosset - et éminent membre d'ALED puis de ce beau forum ;) - après des débuts en tant que scénariste et showrunner pour la télévision (Irresponsable, Les 7 Vies de Léa, participation à 10%).
Mais attends, c'est un film de T.D ??? :ouch: Mais pourquoi il ne dit rien ??? (je peux le voir sur youtube apparemment !! :love: )
Ben ouais notre ami Tamponn :love: il en parle sur FB mais ici il est beaucoup plus discret :D
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sokol a écrit :
lun. 26 févr. 2024 15:01
@groil_groil :hello:

Comme tu es par ci : quant à "Snow Therapy" (je viens de voir sur le top 2015 que tu l'as vu), le plot du film ne t'avait pas choqué ? (toi qui est, très justement, si vigilant en ce qui concerne les films sur les rapports parents/enfants). Merci
Si, et plus je pense au film plus je le trouve dégueulasse (je ne reverrai jamais et je fais tout pour l'oublier :D )
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groil_groil a écrit :
lun. 26 févr. 2024 15:38
Si, et plus je pense au film plus je le trouve dégueulasse (je ne reverrai jamais et je fais tout pour l'oublier :D )
Ah ben voilà ! Et je trouve inadmissible de ma part de ne pas avoir vu ça à l'époque (d'où mon mea culpa aujourd’hui).
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C'est marrant que vous parliez de Snow Therapy dont mes souvenirs sont vagues sauf... la fin. Je me souvenais avoir particulièrement écrit dessus dans mon bref texte sur le film, qui a désormais près de 10 ans ! (le film datant de 2015)

Je disais donc :


J'ai mis longtemps à comprendre la dernière scène. Je ne voyais pas son but, je ne comprenais pas ce soudain décrochage stylistique dans les dernières minutes. Et puis en y resongeant, et parcourant ce que vous avez dit ici, j'ai saisit que le point essentiel est dans la prise de la cigarette par le père. J'ai lu ici que en prenant la cigarette et en avouant à son fils qu'il fume, le père fait un pas en avant vers la liberté, vers la vérité. Je pense que c'est précisément l'inverse qui se joue ici. En effet on ne voit absolument jamais le père fumer à travers le film, ni aucun signe indicateur de son tabagisme ou d'un désir de cacher cela à ses enfants. Le père nous aurait il donc menti également à nous durant tout le film ? Cela n'a pas tellement de sens. Je pense que le père n'a absolument jamais fumé et qu'en acceptant cette cigarette que lui tend cet homme un peu balourd qui avance à côté de lui, le père retombe dans le cliché masculin ou il s'était enfermé, voulant ainsi -et peut être même inconsciement- reconquérir son image de mâle dominant longtemps véhiculé par l'industrie du tabac. Je pense que cette fin n'est donc pas particulièrement lumineuse et que le couple est loin d'être sorti d'affaire Bon il est temps de sortir de cette analyse Le film est bon mais son vrai plus c'est avant tout son humour. Un humour omniprésent et très noir, basé sur le personnage du père, baudruche et pantin incarnant le machisme courtois qui domine de nos jours. Je pense que c'est ce traitement d'un tel sujet qui permet au film d'échapper au carcan film nordique/film Hanekien ou il aurait pu s'enfermer et qui lui donne un véritable intérêt.


Et pour le deuxième bout de mon texte, je n'ai aucun souvenir d'avoir ris, mais ce n'est pas grave :D
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cyborg a écrit :
lun. 26 févr. 2024 16:14
J'ai mis longtemps à comprendre la dernière scène. Je ne voyais pas son but, je ne comprenais pas ce soudain décrochage stylistique dans les dernières minutes. Et puis en y resongeant, et parcourant ce que vous avez dit ici, j'ai saisit que le point essentiel est dans la prise de la cigarette par le père. J'ai lu ici que en prenant la cigarette et en avouant à son fils qu'il fume, le père fait un pas en avant vers la liberté, vers la vérité. Je pense que c'est précisément l'inverse qui se joue ici. En effet on ne voit absolument jamais le père fumer à travers le film, ni aucun signe indicateur de son tabagisme ou d'un désir de cacher cela à ses enfants. Le père nous aurait il donc menti également à nous durant tout le film ? Cela n'a pas tellement de sens. Je pense que le père n'a absolument jamais fumé et qu'en acceptant cette cigarette que lui tend cet homme un peu balourd qui avance à côté de lui, le père retombe dans le cliché masculin ou il s'était enfermé, voulant ainsi -et peut être même inconsciement- reconquérir son image de mâle dominant longtemps véhiculé par l'industrie du tabac. Je pense que cette fin n'est donc pas particulièrement lumineuse et que le couple est loin d'être sorti d'affaire Bon il est temps de sortir de cette analyse Le film est bon mais son vrai plus c'est avant tout son humour. Un humour omniprésent et très noir, basé sur le personnage du père, baudruche et pantin incarnant le machisme courtois qui domine de nos jours. Je pense que c'est ce traitement d'un tel sujet qui permet au film d'échapper au carcan film nordique/film Hanekien ou il aurait pu s'enfermer et qui lui donne un véritable intérêt.
Voilà une preuve supplémentaire qui prouve que, tout comme moi, en s'occupant de la fin du film, tu as approuvé sans te rendre compte le plot du film (un père qui abandonne ses génitures devant un danger, pour sauver uniquement son cul). Il fallait le faire quand même (mais c'est ça en fait la force et le danger du cinéma : on peut faire passer la pilule parce que "c'est le réel" (or, c'est tout sauf le réel).
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Hum mais ce n'est pas précisément le sujet du film, le fait que son action soit inacceptable/inenvisageable/in-ce-que-tu-veux... et dont déroule tout le propos et scénario du film ?
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cyborg a écrit :
lun. 26 févr. 2024 18:13
Hum mais ce n'est pas précisément le sujet du film, le fait que son action soit inacceptable/inenvisageable/in-ce-que-tu-veux... et dont déroule tout le propos et scénario du film ?
Ce n’est peut être pas le sujet mais c’est la prémisse principale du film sur laquelle se construit tout le reste ! Du moment que cette action est inacceptable/inenvisageable, comment parler de la suite ?? Elle est inévitablement faussée, immorale (donc inévitablement misanthrope). La misanthropie ne tombe pas du ciel, ni dans la vie réelle ni dans une œuvre d’art. Ou alors, l’éthique n’existe pas (ou comme dirait Deleuze, "l'éthique c'est ce qui nous arrive" or, ça, ne peut arriver).
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sokol a écrit :
lun. 26 févr. 2024 23:09

Ce n’est peut être pas le sujet mais c’est la prémisse principale du film sur laquelle se construit tout le reste ! Du moment que cette action est inacceptable/inenvisageable, comment parler de la suite ?? Elle est inévitablement faussée, immorale (donc inévitablement misanthrope). La misanthropie ne tombe pas du ciel, ni dans la vie réelle ni dans une œuvre d’art. Ou alors, l’éthique n’existe pas (ou comme dirait Deleuze, "l'éthique c'est ce qui nous arrive" or, ça, ne peut arriver).

C'est un gros mot misanthrope ? En tout cas, pour Ostlund, ça me paraît étrange. Misanthrope me paraît être un mot trop extrême pour ce qu'il fait. Il aime apparemment la provocation mais ne provoque rien du tout, ses films sont finalement assez neutres, plutôt bien intégrés (il y a un gros public pour ça), un peu comme Lanthimos. Après, c'est pas désagréable, ils m'ont jamais énervé, ça se laisse regarder l'après-midi en mangeant un yaourt.

En fait, le mot misanthrope ne suffit pas, quand on déteste profondément il arrive aussi qu'on aime profondément. Je pense à Pialat, il est l'un et l'autre, ça dépasse la raison qui voudrait qu'on soit comme ci ou comme ça. C'est d'ailleurs intéressant de voir ce qui se passe quand Ostlund reçoit la palme et quand c'est Pialat qui la reçoit. Pour Ostlund, c'est comme s'il venait de gagner aux JO, il est content, le public est content, c'est la fête (pourquoi on est là déjà ?). Pialat reçoit la palme, il envoie chier tout le monde et retourne chez lui pour penser à d'autres films.
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len' a écrit :
mar. 27 févr. 2024 15:09
sokol a écrit :
lun. 26 févr. 2024 23:09

Ce n’est peut être pas le sujet mais c’est la prémisse principale du film sur laquelle se construit tout le reste ! Du moment que cette action est inacceptable/inenvisageable, comment parler de la suite ?? Elle est inévitablement faussée, immorale (donc inévitablement misanthrope). La misanthropie ne tombe pas du ciel, ni dans la vie réelle ni dans une œuvre d’art. Ou alors, l’éthique n’existe pas (ou comme dirait Deleuze, "l'éthique c'est ce qui nous arrive" or, ça, ne peut arriver).

C'est un gros mot misanthrope ? En tout cas, pour Ostlund, ça me paraît étrange. Misanthrope me paraît être un mot trop extrême pour ce qu'il fait. Il aime apparemment la provocation mais ne provoque rien du tout, ses films sont finalement assez neutres, plutôt bien intégrés (il y a un gros public pour ça), un peu comme Lanthimos. Après, c'est pas désagréable, ils m'ont jamais énervé, ça se laisse regarder l'après-midi en mangeant un yaourt.

En fait, le mot misanthrope ne suffit pas, quand on déteste profondément il arrive aussi qu'on aime profondément. Je pense à Pialat, il est l'un et l'autre, ça dépasse la raison qui voudrait qu'on soit comme ci ou comme ça. C'est d'ailleurs intéressant de voir ce qui se passe quand Ostlund reçoit la palme et quand c'est Pialat qui la reçoit. Pour Ostlund, c'est comme s'il venait de gagner aux JO, il est content, le public est content, c'est la fête (pourquoi on est là déjà ?). Pialat reçoit la palme, il envoie chier tout le monde et retourne chez lui pour penser à d'autres films.
:jap: :jap: :jap:
C'est la limite d'Ostlund : non qu'il soit puant, mais il est inoffensif, et c'est pas les litres de gerbes et les caricatures de bourgeois qui vont rendre son cinéma plus trouble, ou plus méchant. Après, je n'ai pas vu Snow Therapy. S'agissant de Sans filtre, je maintiens ce que j'ai dit : je trouve ce film plutôt optimiste sur l'humain, qui apparaît fondamentalement bon une fois qu'il est désancré socialement.

Je ne mettrais pas Ostlund et Lanthimos dans la même catégorie. Outre ce qu'il montre de ses personnages, le deuxième a un rapport plus dégueulasse avec le spectateur, veut à tout prix le malmener, lui donner le vertige ("Farrell se tranchera les yeux, ne se tranchera pas les yeux ? Tu paniques hein, spectateur", "le lapin que tu vois, elle va l'écrabouiller avec son talon ou pas ? Ca te fait chier, l'attente de son sort hein ?").
C'est d'ailleurs plus dans le rapport aux spectateurs, qu'aux personnages, que s'apprécie le caractère misanthrope d'un cinéaste. Tant dans l'étude de ses personnages que dans son rapport avec le spectateur, Ostlund me semble assez gentil (terme qui le sauve et le remet à sa place en même temps).
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Mr-Orange a écrit :
mar. 27 févr. 2024 16:40

:jap: :jap: :jap:
C'est la limite d'Ostlund : non qu'il soit puant, mais il est inoffensif, et c'est pas les litres de gerbes et les caricatures de bourgeois qui vont rendre son cinéma plus trouble, ou plus méchant. Après, je n'ai pas vu Snow Therapy. S'agissant de Sans filtre, je maintiens ce que j'ai dit : je trouve ce film plutôt optimiste sur l'humain, qui apparaît fondamentalement bon une fois qu'il est désancré socialement.

Je ne mettrais pas Ostlund et Lanthimos dans la même catégorie. Outre ce qu'il montre de ses personnages, le deuxième a un rapport plus dégueulasse avec le spectateur, veut à tout prix le malmener, lui donner le vertige ("Farrell se tranchera les yeux, ne se tranchera pas les yeux ? Tu paniques hein, spectateur", "le lapin que tu vois, elle va l'écrabouiller avec son talon ou pas ? Ca te fait chier, l'attente de son sort hein ?").
C'est d'ailleurs plus dans le rapport aux spectateurs, qu'aux personnages, que s'apprécie le caractère misanthrope d'un cinéaste. Tant dans l'étude de ses personnages que dans son rapport avec le spectateur, Ostlund me semble assez gentil (terme qui le sauve et le remet à sa place en même temps).
L'un est peut-être plus gentil que l'autre, je ne sais pas, mais je les mets dans le même sac parce qu'ils utilisent tous les deux des procédés comme une fin en soi. On trouve dans Snow therapy ce qu'on trouve dans les autres films d'Ostlund, c'est exactement la même chose, le procédé et rien d'autre. J'ai vraiment du mal à voir ça comme du cinéma, ce qui explique peut-être pourquoi tout ce qu'ils peuvent mettre dans leurs films ne me heurte pas.
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len' a écrit :
mar. 27 févr. 2024 15:09
ça se laisse regarder l'après-midi en mangeant un yaourt.
Le problème est que je ne sais regarder un film en mangeant un yaourt :D
Sérieux ! (dans ce cas, je fais autre chose).

len' a écrit :
mar. 27 févr. 2024 15:09
En fait, le mot misanthrope ne suffit pas, quand on déteste profondément il arrive aussi qu'on aime profondément. Je pense à Pialat, il est l'un et l'autre, ça dépasse la raison qui voudrait qu'on soit comme ci ou comme ça.
Ça, j'ai pas compris mais les films de Pialat étaient tout sauf misanthropes
Modifié en dernier par sokol le mer. 28 févr. 2024 10:16, modifié 2 fois.
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Mr-Orange a écrit :
mar. 27 févr. 2024 16:40
S'agissant de Sans filtre, je maintiens ce que j'ai dit : je trouve ce film plutôt optimiste sur l'humain, qui apparaît fondamentalement bon une fois qu'il est désancré socialement.
Tiens tiens, l'homme serait bon s'il est désancré socialement :D Comme si on ne le savait pas ! :p (en fait, justement, l'homme est mauvais s'il n'est pas ancré socialement car il lui reste que la partie 'règne animal' et c'est justement, c'est de là que ça vient leur sottise : ils ne sont pas bien armé idéologiquement - coucou Macron avec son réarmement :D ).
Donc, c'est du Kubrick ça : je ne parle pas de la violence en Angleterre mais de la violence tout court. Je ne parle pas de la guerre au Vietnam mais de la guerre tout court (à propos, merci pour le lien, ça y est, je l'ai écouté :
Mr-Orange a écrit :
ven. 23 févr. 2024 12:25
Peut-être l'as tu déjà vue, mais il aborde plusieurs films de Kubrick dans cette vidéo. Il ne consacre certes pas autant de temps à chaque film que dans le cadre d'une Gêne, mais il traite quand même assez longuement de sa filmographie : https://www.youtube.com/live/bfrw1LKfh0 ... glWvUVTDB9
et c'est vraiment intéressant car, contrairement aux Gènes, il peut être au moins coincé par des questions comme celle (je crois que c'est la première des question que les spectateurs ont posé) et qui le cite (en disant à deux reprises, mais séparément, la même chose sur Haneke ET Kubrick) à savoir : ils seraient des cinéastes qui avant tous veulent impressionner le spectateur (or, il adore Haneke et pas du tout Kubrick ;) ).

Mr-Orange a écrit :
mar. 27 févr. 2024 16:40
Je ne mettrais pas Ostlund et Lanthimos dans la même catégorie. Outre ce qu'il montre de ses personnages, le deuxième a un rapport plus dégueulasse avec le spectateur, veut à tout prix le malmener, lui donner le vertige ("Farrell se tranchera les yeux, ne se tranchera pas les yeux ? Tu paniques hein, spectateur", "le lapin que tu vois, elle va l'écrabouiller avec son talon ou pas ? Ça te fait chier, l'attente de son sort hein ?").
C'est d'ailleurs plus dans le rapport aux spectateurs, qu'aux personnages, que s'apprécie le caractère misanthrope d'un cinéaste. Tant dans l'étude de ses personnages que dans son rapport avec le spectateur, Ostlund me semble assez gentil (terme qui le sauve et le remet à sa place en même temps).
Voilà, on y est, on peut même dire : la misanthropie dans le cinéma c'est lors que le metteur en scène veut juste impressionner son spectateur. Bien sur, pour arriver à cela, il faut bien partir d'une base narrative : la violence inexplicable chez Kubrick (Orange mécanique), une action inacceptable/inenvisageable chez Otlund (Snow Therapy) etc.
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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sokol
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len' a écrit :
mar. 27 févr. 2024 19:46
L'un est peut-être plus gentil que l'autre, je ne sais pas, mais je les mets dans le même sac parce qu'ils utilisent tous les deux des procédés comme une fin en soi. On trouve dans Snow therapy ce qu'on trouve dans les autres films d'Ostlund, c'est exactement la même chose, le procédé et rien d'autre. J'ai vraiment du mal à voir ça comme du cinéma, ce qui explique peut-être pourquoi tout ce qu'ils peuvent mettre dans leurs films ne me heurte pas.
Bien sur que c'est le même cinéma. Et, être gentil au cinéma... ça ne veut rien dire (déjà le terme... :sarcastic: )
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Mr-Orange
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sokol a écrit :
mer. 28 févr. 2024 10:21
len' a écrit :
mar. 27 févr. 2024 19:46
L'un est peut-être plus gentil que l'autre, je ne sais pas, mais je les mets dans le même sac parce qu'ils utilisent tous les deux des procédés comme une fin en soi. On trouve dans Snow therapy ce qu'on trouve dans les autres films d'Ostlund, c'est exactement la même chose, le procédé et rien d'autre. J'ai vraiment du mal à voir ça comme du cinéma, ce qui explique peut-être pourquoi tout ce qu'ils peuvent mettre dans leurs films ne me heurte pas.
Bien sur que c'est le même cinéma. Et, être gentil au cinéma... ça ne veut rien dire (déjà le terme... :sarcastic: )
C'est très ironiquement que j'employais le terme. :o :D
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Tyra
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sokol a écrit :
mer. 28 févr. 2024 10:15

et c'est vraiment intéressant car, contrairement aux Gènes, il peut être au moins coincé par des questions comme celle (je crois que c'est la première des question que les spectateurs ont posé) et qui le cite (en disant à deux reprises, mais séparément, la même chose sur Haneke ET Kubrick) à savoir : ils seraient des cinéastes qui avant tous veulent impressionner le spectateur (or, il adore Haneke et pas du tout Kubrick ;) ).
Si on va sur ce terrain là : tout cinéaste veut impressionner le spectateur, au sens où il veut lui donner des impressions, le marquer. Mais j'imagine que vous considérez que Kubrick ou Haneke "passent en force". Mais on peut dire ça déjà de Welles, de Hitchcock...
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cyborg
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Thampu (Circus Tent) - Govindan Aravindan - 1978

CHEF D'OEUVRE

De l'arrivée au départ d'un cirque itinérant, installé trois ou quatre jours à peine dans un petit village isolé du Kerala, voilà tout ce que raconte Thampu, le troisième film de l'extraordinaire réalisateur indien Govindan Aravindan. Alors que son deuxième film, le merveilleux Kanchana Sita (à peu près du Apichatpong 30 ans avant Apichatpong), s'affairait à mettre en scène un texte traditionnel de l'hindouisme où se mélangent royaumes humains, naturels et divins, Thampu marque un franc retour à la réalité de la vie quotidienne.

Filmé sur un mode documentaire, la référence la plus proche à laquelle nous pourrions songer serait le néo-réalisme italien. Mais un néo-réalisme où la part documentaire aurait largement pris le pas sur le versant fictionnel. Le film fut en effet réalisé avec l'aide du Great Chitra Circus dont nous suivons l'installation et la vie durant quelques jours et à qui Aravindan à demandé de s'installer dans un village ou ne s'était, semble-t-il, encore jamais arrêté un cirque. Cette décision permet au réalisateur de filmer longuement quelque chose d'extraordinaire : des regards qui, pour la première fois, voient. Si la part belle est faite aux numéros (équilibristes, clowns, animaux...), Aravindan filme plus longuement encore les spectateur.ice.s, leurs visages et leurs yeux expressifs devant des choses qu'ils n'ont jusqu'alors jamais vus. Les jours passant et les répétitions se multipliant, la lassitude se fait sentir et le public vient à manquer, les gens sont pris dans leurs quotidiens, mais aussi dans les préparatifs et l'exécution de grandes fêtes religieuses, qui constituent le deuxième grand spectacle du film. Mais cette fois ce sont nos regards à nous qui deviennent neufs face à ces corps et rituels dont nous ignorons tout et qui viennent faire vibrer l'écran. (surtout pour moi, spectateur occidental en 2024, mais j'ose imaginer que ce put être le cas également pour des spectateurs indiens de l'époque, tant l'Inde semble immense et remplie de folklores locaux)

Les quelques touches fictionnelles de Thampu ne s’embarrassent pas d'arcs narratifs complexes et viennent simplement donner une tonalité à la troupe que nous côtoyons, semblable à une mélancolie ou plutôt à une cicatrice invisible. Nous apprendrons que la compagnie à traversé un "grand drame" il y a quelques années, sans jamais rien en savoir plus. Mais par de brefs portraits et échanges avec les artistes nous comprendrons que tous sont là à la suite d'abandons, d'échecs ou de drames intimes et que le cirque, le monde du spectacle, l'apparence faussement joyeuse de la scène, à constitué pour eux un refuge, une nouvelle famille, une raison et une excuse pour vivre encore. Il y avait ainsi devant nous, sans que nous n'en sachions rien, tout un monde de marginaux et de déclassés qui, tant bien que mal se sont recrées un monde à eux.

Il y a je crois cette question qui porte le film (et j'en ai l'intuition le cinéma de Govindan Aravindan dans son ensemble, mais il me faut en voir plus) qui est celle de la place qu'occupent les choses, la fragilité de ces places et leurs basculements possibles d'une place à l'autre, comme ce fut le cas des jeux de regards durant le film. Si le cirque est un monde, il l'est bien sur en rapport à celui des spectateurs et du village ou il s'installe, eux même pris dans la société plus largement et la nature environnante, toujours poreux les uns aux autres. Les nombreux plans sur la rivière, le vent dans les arbres ou les animaux sauvages (particulièrement les oiseaux) semblent ainsi répondre en miroir aux animaux aperçus sur scènes ou dans des cages : si les choses sont ce qu'elles sont, il aurait pu en être autrement, et peut-être seront-elle encore amené à changer. Quand enfin le cirque repart, que la tenture s'affaisse et que le camion démarre, surgit soudain un jeune homme d'une famille bourgeoise que nous avions vu mal en point à plusieurs reprises durant le film. En proie au doute il décide, lui aussi, de monter dans le camion, et de se trouver une nouvelle place dans le monde, autre que celle imposé par les cadres de la société et d'entrer dans l'errance des marginaux. Tout ceci, bien sur, n'est que supputation tant le film semble avant tout glisser sur lui-même, livrant avec une parcimonie précieuse sa beauté, sa richesse et son émotion.
Modifié en dernier par cyborg le jeu. 29 févr. 2024 01:40, modifié 3 fois.
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cyborg
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Bon les petits copains, il se trouve que Thampu a été rénové et présenté à Cannes Classic en 2022 et qu'il est dispo GRATOS et en HD sur Youtube (tout comme d'autres films du même réalisateur).
Si certains ont envie (je l'espère), le voici donc à porté de clic : https://youtu.be/R-0l8mL_70Q?si=MGmuilJ7G0qmtcO4

:hot:
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Mr-Orange
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cyborg a écrit :
jeu. 29 févr. 2024 01:35
Bon les petits copains, il se trouve que Thampu a été rénové et présenté à Cannes Classic en 2022 et qu'il est dispo GRATOS et en HD sur Youtube (tout comme d'autres films du même réalisateur).
Si certains ont envie (je l'espère), le voici donc à porté de clic : https://youtu.be/R-0l8mL_70Q?si=MGmuilJ7G0qmtcO4

:hot:
Ton texte donne sacrément envie du film (le deuxième film du réalisateur aussi, voire plus) ! Merci pour le lien et la découverte.
len'
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La zone d'intérêt de Jonathan Glazer

Je ne savais pas grand-chose du film, à part que ça évoquait la Shoah et que ça faisait  beaucoup parler. Je n'avais pas non plus d'a priori sur Jonathan Glazer : sans les adorer, j'ai bien aimé l'esprit conceptuel de ses précédents films. On est toujours dans cet esprit, sauf qu'ici ça passe difficilement.

Dès le début, c'est le déballage de belles choses : un beau son, de belles images avec un mobilier authentique qui donnent l'impression d'y être et des scènes brillamment filmées (je pense à celle de la grand-mère dans sa chambre évoquée par cyborg ou rien que celle de la brouette poussée par un déporté). Et pourtant, je suis resté globalement indifférent et me suis même surpris à bâiller. Je me suis d'abord senti honteux, avant de finir par comprendre que j'assistais à une séance de thanatopraxie : le mort est soigneusement maquillé mais reste mort. Et quand je parle de mort, je parle de la mise en scène, pas du fait de ne pas montrer l'intérieur des camps. Par contre, j'aime la fin parce qu'elle met étrangement en lumière la vitrine qui imprègne tout le film. Et elle est vivante cette fin avec toutes ces mains qu'on voit et qui nettoient dans une sorte de cérémonie qu'on devine se répéter chaque jour. Il y a peut-être une interprétation plus sophistiquée à avoir, mais je ne préfère pas l'imaginer.

Comme on observe à travers une vitrine donc, Glazer filme de loin, tellement loin qu'il devient difficile de voir les personnages, dessinés en quelques gros traits. On met l'accent sur un quotidien, celui d'un ménage qui se préoccupe de son jardin tandis que l'horreur est de l'autre côté du mur (j'ai peur de la comparaison avec notre monde actuel). Le choix n'est jamais fait de suivre quelqu'un ou quelque chose plutôt qu'une autre, la mesure est la règle, il ne faudrait pas déborder. Je pense aussi à ces scènes où on voit à l'œuvre le fonctionnariat de l'abject, avec ses réunions, ses objectifs, sa hiérarchie. D'un côté c'est bien parce que c'est rarement abordé dans les films traitant de la Shoah sachant que c'est peu propice à de belles séquences cinématographiques et sûrement que ça dérange aussi. Mais là encore, ça reste limité (surtout que Jonathan Littell avait déjà développé plus longuement cette idée dans son livre les Bienveillantes). Même pour la durée du film, on est dans l'entre deux, il aurait pu être bien plus court ou plus long avec des choix plus affirmés. Ce n'est donc pas tant le concept initial qui me dérange que la manière qu'a Glazer de muséifier son film, de le coincer, avec ce sentiment constant d'avoir un guide qui me conduit calmement de vitrine en vitrine sans la possibilité de me perdre, de m'attarder ou de trébucher.



Etat limite de Nicolas Peduzzi

J'ai vu ce film juste après la zone d'intérêt avec le sentiment d'être face à l'exact opposé. Ici, il y a beaucoup trop d'effets dès le début, c'est souvent mal cadré et ça passe d'une chose à une autre sans forcément une grande cohérence. Et pourtant, qu'est ce que ça fait du bien, franchement, même si ça fait aussi beaucoup de mal. On y suit Jamal, psychiatre qui travaille dans un hôpital public à Clichy. Ici, pas de vitrine impeccablement nettoyée, pas d'analyse à développer pour comprendre ce qu'il faut ressentir. Tout arrive en pleine face, comme une matière brute qui n'a pas l'air entièrement pensée par le réalisateur, davantage dans l'urgence et l'instinct. Des moments terrassants surgissent, on ne sait pas trop comment, qui tiennent à des détails comme une discussion autour des séries tv, une pause qui dérive sur des angoisses partagées, des rires fatigués qui gagnent même l'équipe du film suite à une anecdote improbable. Et les silences, ils sont là aussi, ils font particulièrement mal parce qu'on sait ce qu'ils suggèrent. La parole tente d'agripper et peine parfois à devenir dialogue, bloquée par une douleur solitaire. La présence, en revanche, n'échoue jamais, comme le souligne aussi la caméra qui se colle aux personnes comme s'il s'agissait d'un aimant qui la fait fonctionner. Elle est conscience de l'autre. J'ai envie de dire que c'est magnifique, même si le terme pourrait être mal interprété parce que c'est affreux en vérité, je préférerais qu'on n'ait pas besoin de tourner un tel film. Mais il le faut, pourtant, et j'aimerais que tout le monde le voit. Vers la fin, Jamal lance un appel au secours à un de ses confrères qui lui répond : "on s'en fiche de ce que tu fais, que les patients meurent, que tu te tues à la tâche ou non", comme si tout était remplaçable et oublié dans l'instant. Au final, non, vu que la caméra saisit ce moment, lui ne sera pas oublié, mais qu'en est-il des autres ? De tous les autres. Ce que n'arrive pas à faire la zone d'intérêt à grand renfort de sons et d'images soigneusement choisis, ici c'est fait avec des tonnes de maladresses, juste parce que la caméra est là où il faut. Le vertige arrive, cruel, celui qui rappelle tout ce qui reste d'invisible et de la douleur qui peut s'y former dans un hurlement intérieur sans écho.
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cyborg
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Capricci - Carmelo Bene - 1969


Dans l'ombre des géants du cinéma italien post-WW2 existent de nombreux auteurs méconnus. C'est notamment le cas de Carmelo Bene, dont j'ai découvert le travail par pur hasard : l'éditeur/distributeur Capricci à tiré son nom du film du même nom paru en 1969, ce qui a attisé ma curiosité.
Poète, dramaturge, auteur, réalisateur, le tempérament touche à tout et l'énergie de Bene semblent se rapprocher de quelques étoiles éparpillées aux quatre coins du monde, comme Fassbinder ou Terayama. Je ne connais aucune de ses autres créations mais il est certain que son cinéma ne ressemble qu'à lui, et surtout pas du tout à ce qui rencontrait le succès en Italie dans les années 60.
Capricci est composé de deux narrations qui ne se croiseront jamais : D'une part trois vieux hommes délirent sur leurs conditions dans une maison obscure, tandis qu'une jeune femme, plutôt dévétue, semble la compagne de l'un d'eux, ce qui attire la jalousie des autres. D'autres part un couple semble prisonniers d'une décharge de voiture ou s'enchainent les crashs et les incidents. N'oublions pas de parsemer le tout d'un mini passage western entre deux personnages inconnus, d'une voix off lisant des textes de Roland Barthes sur les magazines de modes, et d'une fin composée d'une charge de cavalerie, et vous obtenez Capricci.
Objet hétéroclite et radicalement expérimental, Capricci se rapproche plus du happening ou d'un expended theater (?) que d'une précise construction cinématographique. Dynamitant toutes les règles, Bene semble ainsi autant vouloir démolir les arts traditionnels que l'esprit pop de son temps.



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Soleil - Pierre Clémenti - 1988

Jusqu'à l'une des dernières images j'avais oublié l'avoir déjà vu, lors de sa mise à disposition sur Henri durant le confinement (décidément ma mémoire cinéma durant cette période me joue des tours !). D'après mes notes j'avais beaucoup aimé à l'époque, je suis cette fois bien plus réservé, la voix-off caverneuse me semblant débiter des poncifs poétiques, tandis que les images mélangeant film noir et psychédélisme ne m'ont guère plus convaincues.
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