Le Centre de Visionnage : Films et débats

Discutez de vos récentes expériences cinématographiques et complétez vos Tops annuels !
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B-Lyndon
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Le film pour moi ne va pas tout à fait au bout de ce qu'il enclenche, c'est tout
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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asketoner
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:hello:

(Je continue le rattrapage)

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A Place on earth, Artur Aristakisyan (2001)

Il s'agit du deuxième film d'Arthur Aristakisyan, qui avait réalisé dix ans plus tôt Les Paumes de la mendicité.

Le "temple de l'amour" est un lieu à Moscou, un appartement démeublé où les clochards, les fous, les désespérés peuvent se réfugier. Ils y rencontreront leurs semblables, et quelques hippies qui atténueront leurs souffrances avec de l'herbe et du sexe libre. Ils mangent ce que Moscou a jeté, et font des enfants que les rats mordent ou sur lesquels les poivrots s'assoient. Ils sont conduits par un Jésus très manipulateur, figure centrale et dramatique de cette communauté relativement indistincte, jetant les jolies filles qui l'adulent entre les bras des plus pauvres et s'émasculant au moindre doute émis à son encontre. Aristakisyan met en scène la vie conjugale de ce gourou, sans doute fictionnelle, au milieu d'images plutôt documentaires (il semblerait que ce refuge existe bel et bien). Pour nous guider dans son utopie terrible, il laisse se détacher deux figures : une mendiante qui vient d'arriver, hallucinée de comprendre que ce lieu dont elle a toujours rêvé soit réel, et un Chinois en pleine bouffée délirante, persuadé qu'on l'a transformé en chien, qui s'initie aux plaisirs sexuels avec cette bande d'éclopés. Les images sont sublimes et dégoûtantes, parfaitement pasoliniennes. On retrouve le noir et blanc si expressif du cinéaste, et son tremblement moral si singulier. Il n'y a pas de voix off cette fois-ci, quelques musiques seulement, à pleurer de désespoir. L'obscénité de certaines scènes est parfois insupportable, et l'ambiguïté du regard jamais nuancée ou précisée par une chose qui viendrait lui répondre. Dans Les Paumes de la mendicité, la voix-off du cinéaste révélait le poème, voire la prière glissée sous les images. Ici, on comprend un peu moins ce qu'il espère, ou pense du grand chaos qu'il organise. Malgré cette réserve, la puissance du film, outre les visions saisissantes qu'il propose, tient beaucoup à sa façon de placer l'amour au centre de toutes les inégalités. Aristakisyan témoigne de ce scandale.


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Agent X27, Josef von Sternberg, 1931

Portrait d'une femme insoumise, qui suite à son veuvage semble n'avoir plus rien à perdre. Enrôlée comme espionne, elle va jouer à vivre, séduire, aimer de nouveau. Elle ne craint pas le mensonge : sa vie même en est un. Et elle ne se laissera pas prendre à son propre jeu - la mort est là, au bout, elle le sait, pas la gloire, cette illusion aussi funeste que la nation.
Josef von Sternberg déploie dans ce film une étrange sensualité, qui passe par la temporalité légèrement boiteuse des scènes, l'insistance sur le visage fabuleux de Dietrich, et quelques superpositions très appuyées, qui déréalisent le monde mais pas les corps qui les traversent.

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Walden, Jonas Mekas, 1969

C'est un journal, donc il y a de bons moments, et d'autres qui le sont moins. Des fulgurances, des complaisances. Et surtout : une errance au plus près de la vie.
Celle de Mekas est riche, variée, on y croise des célébrités, la mondanité se distingue mal de l'amitié, et la famille s'y mêle aussi, sans hiérarchie. Le cinéaste enregistre le foisonnement artistique de la scène new-yorkaise des années 60 avec la même constance, la même curiosité que sa mélancolie, cet étrange détachement qui l'habite, cette distance infranchissable de l'exilé. Le film crée ainsi de superbes équivalences entre (par exemple) le premier concert du Velvet Underground et l'arrivée de l'automne dans les branches des arbres de Central Park. Mieux que des équivalences : une parfaite égalité. C'est la même émotion qui est cherchée, au concert comme au passage des saisons, le même sentiment de vie. La caméra, plus que nerveuse, s'agite dans tous les sens. On ne sait pas où donner de la tête, semble-t-elle nous dire en permanence : bonne définition d'une vie vécue avec intensité. Mekas lance la caméra à la vitesse du souvenir, c'est-à-dire à la poursuite du présent, toujours un peu plus rapide que l'image, et qui se dérobe à chaque fois.

(L'une des séquences les plus passionnantes concerne le tournage d'un documentaire pour la télévision allemande où le réalisateur demande à Mekas et sa bande de faire comme s'ils étaient en train de tourner un film underground, afin d'instruire le public européen à ce sujet. Jonas et son frère Adolfas se mettent alors à singer tous les signes du film underground, par complaisance envers le cinéaste allemand. Ils grimpent aux arbres, ne regardent pas dans le viseur de leur caméra, inventent des situations politiques. Mais tout ce qui compte, c'est d'être parti dans le New Jersey pour faire semblant. Et finalement, ces images fausses sont dans le vrai film. Pourquoi n'y seraient-elles pas ?)

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Illusions perdues, Xavier Giannoli

(Que j'ai vu pour entrer dans le plus vieux cinéma du monde, l'Eden Théâtre à la Ciotat (dont la programmation, malheureusement, n'est pas top).)

Quelqu'un fait la lecture des meilleures pages du roman de Balzac, et quelqu'un d'autre illustre avec des images jaunes et des visages célèbres. Parfait pour les paresseux qui ne peuvent plus lire, mais tant pis pour le cinéma.

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Lost lost lost, Jonas Mekas, 1976

Jonas Mekas, c'est toujours au bord de l'inconsistance, et pourtant assez vite une émotion afflue, emportant le film dans son débordement soudain et bouleversant celui ou celle qui le voit. A chaque fois on croit que ça ne va pas le faire, et à chaque fois ça le fait. Mekas est au rendez-vous : on rencontre son âme.

Le cinéaste développe ici la question de l'exil. Il revient sur ses premières années à New York depuis 1949, date à laquelle il achète une caméra, commence à enregistrer tout ce qu'il fait, crève de solitude, et perd peu à peu son enfance pour que sa vie devienne celle d'un homme qui marche dans une ville où il n'est pas né. Il ne sait pas encore ce qu'il veut faire. Le cinéma est là, pure potentialité, comme l'écriture. Et on voit le cinéma l'emporter peu à peu, au fil des projets avortés, des courts-métrages ratés, des voyages, des poèmes.
C'est un film d'archives personnelles, porté par un regard rétrospectif, 25 ans plus tard. Cette distance permet au cinéaste de démêler, dans l'anodin, le brouillon, le foisonnement, ce qui se jouait réellement. Sans rien éluder du désordre de la jeunesse.
La 4ème bobine dans le Vermont sous la neige, intitulée "haïkus des crottes de lapin", est vraiment magnifique, totalement inspirée, dans sa façon d'essayer de saisir quelque chose qui fera souvenir - ou socle pour la construction d'un être que l'exil a détruit. Ce sont clairement des images à la place de l'enfance, à la place du pays perdu, à la place de la mémoire.
Ce qui est très émouvant, c'est de voir naître progressivement le style de Jonas Mekas dans sa façon de filmer. Au début les plans sont très sages, et puis à partir du moment où Mekas comprend qu'il ne sait pas où il va et ne le saura jamais, et que cette ignorance est son chemin de vie, le mouvement même de son existence, alors il commence à tourner sa caméra dans tous les sens, jusqu'à danser avec elle, au milieu du monde, au bout du monde, au bord de disparaître.

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Au crépuscule, Sharunas Bartas

2h15 : une heure de trop.
Bartas ne choisit pas entre l'histoire du père et du fils, et celle des résistants nationalistes. Il essaie de coller ces deux blocs, les circulations n'adviennent pas, ou ne produisent pas grand chose. Pourtant le choix était vite fait : les scènes de résistance sont de pénibles reconstitutions, celles entre le père et le fils magnifiques. On voit un cinéaste accroché à un procédé : choisir un visage qui serait le témoin de tous les autres, et s'y agripper. Le visage est parfait, mais celui du père, en regard, suffisait. On n'avait pas besoin, cette fois-ci, de la foule, de la multitude. La famille était suffisamment peuplée pour faire monde.
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sokol
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asketoner a écrit :
mar. 7 déc. 2021 15:01
:
J’ai hâte de voir le dernier Bartas car c’est un film lituanien ouvertement politique (au moins, le contexte est très politisé) et je rêve de voir comment Bartas s’en sort.
En plus, comme j’étais mortellement déçu de «Dans la brume » de l’ukrainien Loznitsa (les sujets ne sont pas très éloignés), j’ai double hâte
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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asketoner
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Memoria, Apichatpong Weerasethakul

C'est l'histoire d'une femme qui se souvient d'un son et qui cherche à le retrouver. Apichatpong Weerasethakul cherche avec elle, et organise les images manquantes autour de ce son enfui. D'ailleurs, cherche-t-elle à le retrouver, ou bien plutôt à se défaire de ce souvenir qui la hante ? Peut-être qu'une image l'en désensorcellerait. Peut-être le film lui-même est-il un rituel de désenvoûtement pour son personnage. Une chose est sûre : Memoria est comme un nid, constitué brindille après brindille, plan après plan, pour couver une image impossible et parfaite, un oeuf cinématographique, un ovale de fumée. La douceur préside à cet agencement. Une certaine lenteur aussi, qui ne surprend pas mais finit par être un peu trop "ressemblante", c'est-à-dire collée à ce qu'on peut attendre d'un film d'Apichatpong, et finalement prudente.
Pourtant, comme à chaque fois avec lui, quand je sors de la salle, je suis surpris de ce que je vois : une ville, la nuit, un trafic fou, des gens. C'est un cinéaste qui transporte, quoi qu'il fasse, et dont les films se surimpriment à la réalité, au point de la remplacer totalement, peu à peu.
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cyborg
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Le temps file et je n'ai pas réussi à poster depuis longtemps, pourtant j'ai vu pas mal de films dont des bons :

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My crasy life! - Jean Pierre Gorin

My crasy life! est la tentative de Jean Pierre Gorin, ex-acolyte de Godard ayant choisi la voix du documentaire, de filmer un célèbre gang de Los Angeles, les Crips.
Gorin prend à contre-pied tout ce qu'un tel sujet pouvait présenter de spectaculaire : il y sera ainsi assez peu question de violence ou de meurtre comme on aurait pu s'y attendre, tandis que leur rivalité légendaire avec les Bloods, l'autre gang de la ville sera à peine évoqué.
Au contraire Gorin filme la banalité du quotidien de ces jeunes hommes et recueil leurs paroles, leurs esthétiques, avant de partir filmer sur les iles Samoas dont sont originaires les plus part des gens qu'il filme.
L'échec du film me semble assez évident mais est à relativiser par la conscience qu'à Gorin lui même de son échec, de s'être mis face à une culture aussi éloigné de la sienne, aussi crypté et extrême et qu'il peine tout à fait à intégrer et à filmer. Il passe alors par d'étrange biais fictionnels, un personnage de policier partant dans les iles pour rencontrer les ancêtres du gang, ainsi qu'une voiture de police qui parle en s'adressant directement aux spectateurs, pour faire tenir ses images et son film tout entier. Le résultat est troublant, imparfait, mais loin d'être mauvais.

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Après le couvre-feu - Usmar Ismail - 1954

Film faisant partie du patrimoine indonésien, Après le couvre-feu narre le retour d'un homme chez lui après s'être battu pour la libération de son pays de la colonisation hollandaise. Il est hanté par ses exactions passées et va de désillusion en désillusion en réintégrant la société civile : était-ce bien pour ces idéaux et ces gens qu'ils s'est battu ?
Le rythme est lancinant, tout en s'autorisant de beaux décrochages quasi-documentaires lors d'une scène de fête, et j'en retiendrais essentiellement sa gestion très particulière du temps, le film se déroulant sur une seule journée aux multiples rebondissements alors qu'il pourrait semblé s'être passé de nombreuses journées.

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Routine Pleasure - Jean Pierre Gorin

Magnifique film de Gorin au sujet aussi déstabilisant que génial : la vie et les activités d'un club de modèle-réduit se concentrant depuis de nombreuses années à la création et l'utilisation d'une maquette géante de train.
Les liens entre le cinéma et le train sont évidemment riches (1er film de l'histoire, industrialisation, conquête de l'ouest etc...), mais il est ici génial que Gorin se concentre sur sa version jouet recrée à la perfection par des hommes adultes, faisant basculer son propos sur la notion d'échelle miniature et de maquette : pourquoi un réalisateur viendrait-il filmer inlassablement ces paysages factices et la circulation de ces wagons ? Toute tentative documentaire n'est-elle pas, en fait, toujours la recréation d'une maquette ? Et Gorin d'encore une fois interroger sa place par rapport à ce (et ceux) qu'il filme, décrochant régulièrement vers l'ami peintre lui ayant fait découvrir l'existence de ce club de maquettiste. Ami peintre dont Gorin filme longuement une toile ou l'artiste peignait en détail son atelier de travail et les objets qui s'y entassent... métaphore là encore du modèle réduit d'une pensée plus grande. Routine Pleasure est un film superbement atypique et extrêmement touchant.

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Les hommes de la baleine - Mario Ruspoli - 1958

15 ans avant le sublime Vive La Baleine co-réalisé avec Chris Marker, Mario Ruspoli était parti filmer les chasseurs de baleines portuguais, leur quotidiens, leurs attentes, leurs traques. Les images sont magnifiques et dramatiques, tant par la violence qu'elles dépeignent que par le monde disparu qu'elles nous présentent.


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Star à l'écran, film à l'étranger... autant d'éléments qui pouvaient faire craindre la déconvenue pour le nouveau film d'Apichatpong. Et pourtant il n'en est rien, tant celui-ci semble à son aise dans cette Colombie qui n'est, au final, pas si différente de sa Thaïland natale (jungle, pluies diluviennes, animisme...). Peut-être un peu trop d'ailleurs, Weerasethakul semblant nous compiler de nombreuses éléments qui lui sont caractéristiques, au point de nous faire friser l'impression de déjà-vu. Et, comme pour parfaire cette impression, j'ai envie de revoir ce film qui m'a partiellement échappé...
Néanmoins c'est la première fois qu'Apichatpong semble presque mettre en perspective son médium, lançant son héroïne à la quête d'un son qui la hante, lui qui a toujours été classifié comme un cinéaste sensoriel dont l’œuvre passe en grande partie par le traitement sonore. Cette dernière scène -ou presque- dans laquelle la connexion entre deux corps fait ressurgir le son du passé, tandis qu'en arrière plan le vent fait vibrer un rideau blanc recouvrant une fenêtre dont les dimensions rappellent celle d'un écran de cinéma est à ce titre assez magnifique.
A priori pas le meilleur film de son auteur donc, mais que j'ai néanmoins déjà envie de revoir.

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Si je tenais jusqu'à présent "La dernière piste" pour le meilleur film de KR, celui-ci s'en rapproche dangereusement. La réalisatrice aurait-elle une puissance particulière à mettre en scène les racines du mythe américain ?
Images 4/3, plans simples, mouvements de caméra réduits (absents ?), Reichardt fait tremper son film dans le cinéma muet des origines, tout en se permettant une reconstitution d'époque magnifique tout en couleurs chatoyantes. Le récit lui même fait de sa simplicité son essence, regardant la naissance et la vie d'une amitié qui se trouvera gâché par la cupidité des hommes. Les enjeux sont simples mais beaux et semblent se poser en lointains précurseurs de nos maux contemporains. N'en faisant ni trop ni trop peu, First Cow est une réussite à l'enthousiasmante sobriété radicale.

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Variation du modèle road-tripesque en version train pour l’arctique, Compartiment n°6 ne surprend pas tant par sa forme que par la justesse de son ton. Comme les deux autres films vus en salle cette semaine, le film convainc par son humilité, son honnêteté et surtout son désir de vie et d'amour. Cela restera pour moi un "petit film", mais pour autant un film très juste, ce qui est loin d'être une qualité évidente.
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asketoner
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@cyborg : ça, la question du petit ou du grand film, ça touche directement à nos imaginaires, je trouve, voire à l'imaginaire collectif (donc à la culture). C'est un peu comme on dit "la grande musique" pour la musique classique.
Je chipote, mais je suis content que tu aies aimé ce Compartiment. :love2:

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Madres Paralelas, Perdo Almodovar

C'est quand Almodovar parle des femmes qu'il me convainc le moins. Pourtant il faut bien reconnaître que son dernier film est à la page, et ça fait plaisir à voir, tant les cinéastes de sa génération semblent s'enfoncer dans des ornières de plus en plus réactionnaires. Il accueille dans son cinéma une nouvelle figure féminine, tout droit sortie de 2021. Et ce n'est pas seulement lui qui l'accueille, mais cette autre figure, incarnée par Penelope Cruz, persistante depuis les années 90, qui devient de plus en plus sensible et sensée. Almodovar lui-même a changé. Son cinéma s'est approfondi. On n'échappe pas, dans Madres Paralelas, à quelques déjà-vus et principes un peu mécaniques (comme dans le dernier Moretti), mais le coeur et la conscience du cinéaste semblent s'épanouir dans un même mouvement tardif, très émouvant. Un signe ne trompe pas : les scènes de cuisine un peu affligeantes de Volver sont ici très correctes, leurs enjeux sont plus clairs, plus affirmés. C'est dans le plus banal et le plus quotidien que l'émotion point le mieux. Les rebondissements et les effets sont encore là, malheureusement, et je regrette qu'il ne parvienne pas tout à fait à s'en séparer (comme dans Douleur et Gloire, qui était encore plus limpide, calme et doux).
Grosse ombre au tableau : les placements de produits incessants. Ca sent le fric et ça nous le fait payer. Est-ce que je viens au cinéma pour voir des gros plans sur des tatanes Louis Vuitton ? Non. Et Almodovar a beau faire le malin et tenter d'intégrer ses petits arrangements au récit, c'est juste lourd et très déplacé.
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asketoner
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First Cow, Kelly Reichardt

Film parfait, plus cueilleur que chasseur dans son récit (comme dirait Ursula Le Guin), antiviriliste, moral, critiquant le libéralisme - tout est là (et je le dis sans ironie). Mais ça manque tout de même un peu de vigueur, de flamme, de fièvre. La faute peut-être à cette esthétique instagrammable très convenue, qui serait du meilleur effet encadrée sur les murs bruts d'une boulangerie hors de prix à Portland.
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sokol
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asketoner a écrit :
lun. 13 déc. 2021 08:42

Film parfait, plus cueilleur que chasseur dans son récit (comme dirait Ursula Le Guin), antiviriliste, moral, critiquant le libéralisme - tout est là (et je le dis sans ironie). Mais ça manque tout de même un peu de vigueur, de flamme, de fièvre. La faute peut-être à cette esthétique instagrammable très convenue, qui serait du meilleur effet encadrée sur les murs bruts d'une boulangerie hors de prix à Portland.
:D

:jap:


ps : c'est exactement cela que j'ai appelé : la Kawaseisation de Kelly.
Modifié en dernier par sokol le lun. 13 déc. 2021 14:01, modifié 1 fois.
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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cyborg a écrit :
sam. 11 déc. 2021 16:59
My crasy life! est la tentative de Jean Pierre Gorin, ex-acolyte de Godard ayant choisi la voix du documentaire, de filmer un célèbre gang de Los Angeles, les Crips.
ah, j'avais adoré ce film quand je l'ai vu l'an dernier ! C'étias mon premier Gorin
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
Jean-Marie Straub
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sokol a écrit :
lun. 13 déc. 2021 12:08
c'est exactement cela que j'ai appelé : la Kawaseisation de Kelly.
:jap:
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JanosValuska
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:hello:

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La pièce rapportée, Antonin Peretjatko.

Le temps d’une ouverture en fanfare avec carton d’avertissement décalé, chasse à courre de gilets jaunes puis bifurcation narrative, coup de foudre entre une guichetière RATP et un héritier aristocrate, on croit retrouver l’insolence malicieuse qui parcourait les deux superbes longs-métrages d’Antonin Peretjatko : La fille du 14 juillet, La loi de la jungle.

Si tout n’a pas disparu, puisque l’esprit est resté globalement le même, La pièce rapportée souffre d’imposants problèmes de rythme, d’un cadre sans doute trop isolé et rigide (La demeure parisienne d’une aristocratie fin de race) et d’une folie plus douce, plus canalisée : Le vaudeville offre en effet moins d’espace de jeu, de liberté pour Peretjatko, comme s’il était empêché par les codes sclérosés du genre. Disons que ça lui réussit moins que le film de vacances ou le film d’aventures.

Dans ses films, courts ou longs, il y a toujours des problèmes de rythme, des ratés, une scène absurde qui peut tomber à plat, ce n’est pas le problème.
Simplement ici, l’équilibre est moins évident. On retrouve toutefois quelques petites saillies burlesques qui font le sel de son cinéma : Ici Balasko qui détricote des pulls, le son du téléphone sur lequel Katerine joue en permanence. Il y a la séquence de la contrebasse. Et une attention portée aux arrière-plans : Notamment dans le parc où l’on aperçoit dans les plans une joggeuse faire son sport dans des positions chaque fois plus insolites. Et parfois ce sont juste des objets, ici un téléphone qui sert aussi de contenant à whisky ou des prothèses mécaniques téléguidées offrant à Mme Château-Têtard la possibilité de se déplacer sous une allure de Robocop : On se souvient encore du déguisement « La métamorphose, de Kafka » dans La fille du 14 juillet.

Néanmoins, la mise en scène elle-même est plus passe-partout, alternant des idées bâclées (la scène de la tour Eiffel, par exemple) et d’autres inventives et drôles. Dans ces moments-là puis dans certains dialogues, Peretjatko retrouve toute sa verve comique et surtout politique, tant il n’hésite pas à parler d’exil fiscal, de campements de migrants, des gilets jaunes ou de la suppression de L’ISF.

Si sa narration est plus anecdotique, c’est dans l’utilisation de la voix off, tour à tour neutre, partiale ou espiègle, ou dans sa déconstruction qu’on le retrouve pleinement. Et il y a cette idée géniale que la famille Château-Têtard a jadis fait fortune grâce à son invention du monte-charge Pinochet crée pour le dictateur chilien, qu’ils réutilisent depuis que la reine mère (surnom donné par Demoustier à Balasko dans le film) est en chaise roulante depuis un banal accident de chasse.

A noter qu’Anaïs Demoustier, Philippe Katerine, Josiane Balasko et Sergi Lopez se fondent admirablement dans son univers. Un peu déçu globalement parce que j’adore Peretjatko, mais c’est un film très chouette.

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Au crépuscule, Sharunas Bartas.

Dix ans après une incursion (un peu ratée) dans l’univers du polar (Indigènes d’Eurasie, 2010) le réalisateur lituanien s’aventure dans le film historique, en plaçant son récit en terres rurales lituaniennes, au lendemain de la seconde guerre mondiale. On y suit le jeune Unte, engagé dans le mouvement des partisans, qui résiste face à l’Occupation soviétique qui dépossède les paysans de leurs biens. Il y a du Requiem pour un massacre dans le portrait de ce jeune personnage, son regard, son mutisme face à l’horreur, mais Bartas n’est pas Klimov et son film ne décolle pas. Il s’ouvre austère et le restera, sans sursaut ni trouées, comme paralysé. Il alterne les scènes d’intérieur, les plus réussies étant celles entre père et fils éclairées à la bougie, les plus conventionnelles celles déployant la pauvreté des paysans du village, avec les scènes d’extérieur, faites de plans d’ensemble écrasants le paysage gris, dévêtu de vie et les scènes de résistance en forêt. Et la plupart du temps, comme souvent chez Bartas, ce sont les visages qui l’intéressent. Mais ça ne prend pas. Je n’ai jamais retrouvé le Bartas que j’aime (Celui de Trois jours, de Few of us, de Corridor) tant tout m’a semblé terne, dévitalisé, déséquilibré, complètement enlisé et sans doute intimidé par son sujet et l’époque qu’il ne parvient pas à reconstituer.

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Madres paralelas, Pedro Almodovar.

Après l’introspection somme que constituait Douleur et gloire (2019) je suis très heureux de retrouver Almodovar réemprunter les contours du mélodrame. Et s’il n’atteint pas la puissance de Julieta (2016) pour ne citer que ses derniers films, le film m’a d’abord passionné pour son histoire de femmes qui accouchent en même temps, se perdent de vue puis se retrouvent un an plus tard, tandis qu’il a ouvert une boite à secrets et qu’il s’apprête à en révéler d’autres – J’essaie de ne pas trop en dire car il y a une révélation (la seule qui soit véritablement inattendue, par ailleurs) qui m’a complètement cassé la gueule. Surtout j’aime que le film s’aventure sur une ligne trouble, un peu hitchcockienne forcément, entre drame et passion, d’autant qu’il n’est jamais loin de basculer dans le pur thriller voire le film d’horreur, ne serait-ce que par les deux sujets qu’il aborde. Et c’est là-dessus que Madres paralelas m’a fasciné tant il raconte l’impossibilité d’Almodovar à raconter la grande Histoire autrement que par le prisme de l’intime, ici les excavations des fosses du régime franquiste enrobées par cette histoire de mères célibataires aux prises avec leur relation dramatique née de leurs grossesses accidentelles. Almodovar ne va pas suffisamment loin sur le sujet des fosses communes, mais il l’intègre parfaitement au récit puisque c’est le personnage incarné par Penelope Cruz qui impulse les recherches et son désir notamment d’excaver le corps de son arrière-grand-père. La fin est très belle – Même si elle devait se terminer sur les yeux de cette petite fille et non sur ce plan racoleur « reconstitué » du trou.

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La fièvre de Petrov, Kirill Serebrennikov.

J’en sors à peine et je me sens sale : L’impression de m’être fait gueuler dessus, cracher au visage et piétiner les yeux et les oreilles 2h30 durant – Ressenti 8h.
C’est un film qui pue la pisse, la merde, le vomi, le sang, l’alcool et le cambouis.
Alors c’est une expérience, oui. Et le film ne lésine sur rien non plus d’un point de vue formel : Plans séquences impossibles, changements de format, de point de vue, irruption d’animation, un chapitre en noir et blanc, petites phrases choc dans le décor du type « La journée est merdique et toi aussi » ou « Comment vivre ensuite ? ». Dernière réplique du film prononcée par un personnage secondaire récurrent qui brise le quatrième mur et face caméra d’un ton rigolard balance « Faut payer le voyage, hahaha ». Tout y passe, jusqu’à l’écœurement. Même ses rares accalmies sont aussitôt compensées par un cri, comme pour ne pas te faire oublier que tu traverses l’enfer. Rarement vu un truc aussi satisfait de sa virtuosité malade. Rarement vu un film aussi nihiliste. Franchement ça donne envie d’en finir avec l’humanité.
Bref c’était horrible.
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groil_groil
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C'est l'un des rares Bresson que je n'avais pas encore vu et putain quelle claque. Gros chef-d'oeuvre, d'une densité et d'une intensité rare. Le fait de reprendre comme seule source de dialogues les minutes du procès rend l'ensemble encore plus fou, car on sait que ce que Bresson nous donne à voir est précisément ce qu'il s'est passé, ce qu'il s'est dit. Et c'est ça aussi qui donne sa grande modernité au film, accompagné par le talent de Florence Delay, qui est la seule actrice à jouer face à une armada de mecs, et qui a l'aura d'une Falconetti.

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Un inspecteur de police alcoolique et d'origine russe (n'y voyez pas forcément de lien de cause à effet bien qu'il se pinte à la vodka) est devenu si incompétent qu'on lui colle une adjointe, une inspectrice dynamique et élégante (la sublimissime Paula Prentiss) qui le mène à la baguette. Ensemble ils enquêtent sur le vol et la demande de rançon d'un chien, star de concours, enlevé par un toiletteur canin (Harry Dean Stanton) qui espère ainsi régler ses dettes de jeu à la mafia locale. Sous ce pitch loufoque ce cache un film aussi méconnu que génial, sorte de chainon manquant entre le nouvel Hollywood, la comédie 80's et le drame psychologique, qui change sans cesse de braquet, passant de gags désolants (du type un rot lors d'un enterrement, ou la bite coincée dans une paire de menottes) à des moments réellement traumatisants (ceux où le flic explique l'origine de son trauma font partie des choses les plus éprouvants vues récemment) ou à des envolées dignes des meilleurs comédies romantiques... Bref, ce film ne ressemble à rien de connu et c'est une vraie petite merveille.

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Une jeune lycéenne est retrouvée morte dans son lycée. Un professeur est accusé du meurtre, puis jugé, et sans qu'on ait de véritables preuves, son sort est joué, uniquement par la force de la vindicte populaire, des médias et d'une justice expéditive. Le film de LeRoy est aussi beau qu'édifiant, on peut y voir des réminiscences de Furie de Lang par exemple, mais on peut lui reprocher sa fin expéditive qui se garde bien de nous dévoiler le coupable. Ce qui, pour un film de meurtre puis de procès est quand même relativement gênant.

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Je le vois en retard, mais j'ai bien aimé. C'est drôle, le perso est super et son évolution aussi, et la mise en scène tant décriée de Bedos est plutôt irréprochable et très pro. Alors oui, on a perdu le côté enfantin et débonnaire de celle d'Hazanavicius, disons que pour comparer on a remplacer le crocodile tout pourri en plastique par un crocodile chiadé en effet numérique, mais vue comment cette suite était attendue, je trouve le résultat plus que correct.

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Splendeur et misère d'une jeune femme qui monte à la ville (Chicago), qui veut réussir, et qui est sans cesse manipulée par les hommes, qu'ils soient ou non de bonne volonté. Le génie de Wyler.

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L'archétype du film d'auteur 2.0 à la française, qui oscille en permanence entre le vide et la prétention et qui réussit à scorer dans les deux tableaux. Zéro pointé.

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La chute d'Almodovar continue avec ce film qui ne contient plus que les tics de son cinéma, esthétiques comme narratifs et qui se contente de cocher les cases du type : pédophilie, check ! desigual, check ! décolleté nichonné, check !

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Alors c'est pas mal, parce que Campion a du métier et qu'il y a de beaux paysages et la petite musique lancinante de Greenwood, mais ça reste quand même du cinéma Netflix, même si c'est le haut du panier. Le cinéma Netflix c'est une image lissée, toujours les mêmes acteurs ou en tout cas qu'on fait rentrer dans le même moule, et surtout une dichotomie permanente entre tension / humiliation des personnages. Je spoile mais l'arrivée du sentiment homosexuel refoulé comme un cheveu sur la soupe en fin de film comme tentative d'explication de la noirceur du personnage est tellement scolaire et à la mode que c'en est fatiguant... Mais bon... c'est visiblement ça les codes d'aujourd'hui, quelle fatigue...

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Netflix movie, again... J'adore Rebecca Hall comédienne, et j'étais donc curieux de voir ses premiers pas de réalisatrice. Elle s'en tire pas mal, là aussi, mais c'est encore une fois un film estampillé Netflix, qui transpire le Netflix par tous les pores de sa non-pellicule, version noir et blanc granuleux ce coup-ci, dans lequel on va bien évidemment évoqué le racisme, le féminisme, les différences sociales liées à la couleur de peau... Bref, que des combats essentiels, c'est une évidence, mais enrobées dans une telle esthétique chic que ça les rend suspicieux. Et puis, d'u point de vue purement scénaristique, comment croire que des femmes noires se fassent passer pour des blanches, sans que personne ne s'en rende compte, même pas leur mari raciste ? ça me semble tellement gros. Et ce n'est pas de passer l'image en noir et blanc qui va atténuer le problème...

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C'est assez grisant de découvrir le nouveau Almodovar alors que, vous le savez, je suis en pleine rétrospective intégrale. Almodovar qui, après avoir touché le fond, remontait la pente depuis deux films. Un mot d'abord sur les circonstances de visionnage. On dit que les gens ne vont plus en salle, mais on arrive et on nous dit : Complet ! Par chance un autre ciné le joue de l'autre côté de la rue 10mn plus tard, on achète nos places et on rentre dans la grande salle pour se rendre compte que la séance est aussi complète et qu'il ne reste que quelques fauteuils de libre. On parvient à en trouver deux côte à côte au premier rang, et très vite derrière nous des quolibets et des pugilats éclatent à cause de spectateurs qui ont mis des manteaux à leur gauche et droite pour créer une jauge alors qu'il n'y en a pas, face à des gens ayant payé leur place et ne pouvant pas s'asseoir. ça a vraiment failli se battre, ça hurlait dans tous les sens, le personnel du ciné est intervenu, perso j'applaudissais le spectacle, bref, c'était chaude ambiance... Bref, le film ! Almodovar est clairement dans une nouvelle phase ascendante et ce film, bien que fait à l'ancienne, est vraiment réussi, émouvant, digne, grave, superbement interprété par une Cruz qui trouve sans doute son meilleur rôle... Mais, il y a un grave problème de crédibilité scénaristique dans le film, un truc qui fout tout en l'air, et qui m'empêche d'y croire une fois qu'il est arrivé. Attention, je vais SPOILER, mais vraiment SPOILER grave, donc ne lisez pas si vous voulez voir le film : Cruz nous fait donc la famille Groseille, son fils n'est pas le sien, y a eu mélange etc., elle retrouve l'autre mère, celle qui élève son gosse donc, et qui lui apprend qu'il est mort. OK. Sauf que, Cruz, dans un élan de bonté totalement impensable accepte de rendre l'autre enfant à sa génitrice, presque contente de faire un bon geste. Oh wait ! Ce gosse, même si tout ça, ça reste son gosse putain ! Vous vous voyez deux secondes apprendre que votre rejeton n'est pas le vôtre et accepter de le rendre sans la moindre difficulté, avec une simple petite larme ? Déjà parce que juridiquement ça reste ton enfant, et ensuite ce qui compte, ce n'est pas tant le sang que l'éducation, et que ce gamin c'est le gamin de Cruz ! Pire encore, Almodovar semble dire qu'il suffit d'en faire un autre derrière pour effacer ce chagrin. Mon dieu, quelle méconnaissance de ce que peut être la maternité / paternité. Pour moi, après cette scène, impossible de croire à tout ce qui arrive ensuite. Personne, absolument personne ne rendrait ainsi son enfant, c'est une aberration totale. Quand j'ai vu le truc arriver, car on le devine en avance, dès que Penelope vient se mettre au lit à côté de la jeune femme pour veiller son gosse, j'ai imaginer une suite de l'histoire qui aurait pu être si belle : Penélope comprend que c'est le gosse de l'autre, il se trouve qu'elles tombent amoureuses l'une de l'autre, elles finissent par se marier, et Cruz fait tout pour que son épouse puisse adopter son enfant, redevenant alors la mère de son propre enfant. Cruz ne lui disait rien, vivant avec ce secret. ça aurait été beau comme du Sirk. Mais non, il a préféré cette absurdité qui m'empêche d'aimer le film comme il se doit, car c'est un vrai beau film sinon, extrêmement sombre par ailleurs, et dont la partie sur la fosse commune et la guerre d'Espagne est parmi ce qu'Almodovar a filmé de plus grave dans toute son oeuvre, et il le fait remarquablement bien (la dernière séquence est sublime).

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Une gamine qui passe le weekend gardé par son oncle immature, recueille un bébé chien tout rouge qui se transforme le lendemain matin au contact des larmes de l'enfant en un chien gigantesque de la taille d'un éléphant, avec qui il va falloir composer en attendant le retour de la maman. Superbe film pour enfant, dont le début avant le chien est étonnamment d'influence Spielbergienne ou Dantienne, et qui est une sorte de Peter et Elliott le Dragon revisité. J'ai aimé ce film car il est drôle, tendre, et ne fait jamais rien pour tendre vers un jeunisme à la mode qui sera démodé dans deux ans. C'est une sorte de film pour enfant intemporel, sincère et touchant.

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Le traditionnel film de l'écrivain sans succès qui trouve un livre manuscrit, le recopie et l'envoie à son éditeur qui le trouve fabuleux, le publie et qui devient une star internationale, jusqu'au moment où le réel écrivain sort de l'ombre. Le film se met en place correctement, mais est totalement foiré par la suite, à la fois à cause d'un triple récit dans le récit qui ne sert à rien si ce n'est à prouver le manque d'épaisseur de l'initial, et à cause de l'incompétence des deux metteurs en scène qui gâchent à peu près toutes leurs séquences par incompétence.

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Un film de loup-garou français, contemporain, branché et trash, surtout super drôle et chouette esthétiquement. Avouez que ça n'arrive pas souvent de réunir tout ça en une seule oeuvre. Quelques petites faiblesses visuelles sur les effets spéciaux (pas gênant puisque par manque de moyen, les cinéastes ont préféré ne pas montrer et c'est très bien ainsi), et d'autres dans la progression narrative de la seconde partie, mais pas de quoi gâcher le plaisir.

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j'aime bien perdre mon temps en scrollant sur instagram, mais pas deux heures de suite sur le même compte !

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C'est pourtant un durassien le Jacquot, il a longtemps été son chef-op et son bras droit, mais il est tellement à l'ouest qu'il parvient à transformer un Duras en un drame bourgeois d'une indécence rare et d'un ennui qu'il est tout autant. Quelques belles images et Charlotte Gainsbourg sauvent le film du naufrage total.
Modifié en dernier par groil_groil le mar. 14 déc. 2021 14:46, modifié 1 fois.
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:lol: pour ton commentaire sur First Cow

Et sinon, mais tu as tellement raison pour Madres parallelas ! J'ai tout fait pour ne pas y penser afin de pouvoir continuer à suivre le film, mais c'est vrai qu'en plus c'est un peu dégueu.
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asketoner a écrit :
mar. 14 déc. 2021 14:20
:lol: pour ton commentaire sur First Cow
Justement ! J'ai rien compris :(
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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asketoner a écrit :
mar. 14 déc. 2021 14:20
:lol: pour ton commentaire sur First Cow

Et sinon, mais tu as tellement raison pour Madres parallelas ! J'ai tout fait pour ne pas y penser afin de pouvoir continuer à suivre le film, mais c'est vrai qu'en plus c'est un peu dégueu.
horrible oui, mais surtout tellement impensable !

Quant à First Cow, vu hier soir, mon dieu...
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sokol a écrit :
mar. 14 déc. 2021 14:27
asketoner a écrit :
mar. 14 déc. 2021 14:20
:lol: pour ton commentaire sur First Cow
Justement ! J'ai rien compris :(
qu'est-ce que tu ne comprends pas ?
tu vas sur Instagram ou pas du tout ?
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groil_groil a écrit :
mar. 14 déc. 2021 14:46

tu vas sur Instagram ou pas du tout ?
pas du tout
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sokol a écrit :
mar. 14 déc. 2021 14:56
groil_groil a écrit :
mar. 14 déc. 2021 14:46

tu vas sur Instagram ou pas du tout ?
pas du tout
ok c'est pour ça.
C'est un site où les gens ouvrent des comptes pour poster des photos, et elles sont toutes un peu formatées, carrées, et ont une esthétique très marquée, proche de celle du film, avec des filtres et des couleurs descendues en tonalité. Tu as déjà du entendre l'expression "cinéma instagram ou instagrammable" pour qualifier des films récents qui optaient gratuitement pour le format 4/3 avec une photo qui suit ce courant de mode.
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groil_groil a écrit :
mar. 14 déc. 2021 15:06
ok c'est pour ça.
C'est un site où les gens ouvrent des comptes pour poster des photos, et elles sont toutes un peu formatées, carrées, et ont une esthétique très marquée, proche de celle du film, avec des filtres et des couleurs descendues en tonalité. Tu as déjà du entendre l'expression "cinéma instagram ou instagrammable" pour qualifier des films récents qui optaient gratuitement pour le format 4/3 avec une photo qui suit ce courant de mode.
Bien, maintenant je comprends ! :)
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groil_groil a écrit :
mar. 14 déc. 2021 13:59


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C'est assez grisant de découvrir le nouveau Almodovar alors que, vous le savez, je suis en pleine rétrospective intégrale. Almodovar qui, après avoir touché le fond, remontait la pente depuis deux films. Un mot d'abord sur les circonstances de visionnage. On dit que les gens ne vont plus en salle, mais on arrive et on nous dit : Complet ! Par chance un autre ciné le joue de l'autre côté de la rue 10mn plus tard, on achète nos places et on rentre dans la grande salle pour se rendre compte que la séance est aussi complète et qu'il ne reste que quelques fauteuils de libre. On parvient à en trouver deux côte à côte au premier rang, et très vite derrière nous des quolibets et des pugilats éclatent à cause de spectateurs qui ont mis des manteaux à leur gauche et droite pour créer une jauge alors qu'il n'y en a pas, face à des gens ayant payé leur place et ne pouvant pas s'asseoir. ça a vraiment failli se battre, ça hurlait dans tous les sens, le personnel du ciné est intervenu, perso j'applaudissais le spectacle, bref, c'était chaude ambiance... Bref, le film ! Almodovar est clairement dans une nouvelle phase ascendante et ce film, bien que fait à l'ancienne, est vraiment réussi, émouvant, digne, grave, superbement interprété par une Cruz qui trouve sans doute son meilleur rôle... Mais, il y a un grave problème de crédibilité scénaristique dans le film, un truc qui fout tout en l'air, et qui m'empêche d'y croire une fois qu'il est arrivé. Attention, je vais SPOILER, mais vraiment SPOILER grave, donc ne lisez pas si vous voulez voir le film : Cruz nous fait donc la famille Groseille, son fils n'est pas le sien, y a eu mélange etc., elle retrouve l'autre mère, celle qui élève son gosse donc, et qui lui apprend qu'il est mort. OK. Sauf que, Cruz, dans un élan de bonté totalement impensable accepte de rendre l'autre enfant à sa génitrice, presque contente de faire un bon geste. Oh wait ! Ce gosse, même si tout ça, ça reste son gosse putain ! Vous vous voyez deux secondes apprendre que votre rejeton n'est pas le vôtre et accepter de le rendre sans la moindre difficulté, avec une simple petite larme ? Déjà parce que juridiquement ça reste ton enfant, et ensuite ce qui compte, ce n'est pas tant le sang que l'éducation, et que ce gamin c'est le gamin de Cruz ! Pire encore, Almodovar semble dire qu'il suffit d'en faire un autre derrière pour effacer ce chagrin. Mon dieu, quelle méconnaissance de ce que peut être la maternité / paternité. Pour moi, après cette scène, impossible de croire à tout ce qui arrive ensuite. Personne, absolument personne ne rendrait ainsi son enfant, c'est une aberration totale. Quand j'ai vu le truc arriver, car on le devine en avance, dès que Penelope vient se mettre au lit à côté de la jeune femme pour veiller son gosse, j'ai imaginer une suite de l'histoire qui aurait pu être si belle : Penélope comprend que c'est le gosse de l'autre, il se trouve qu'elles tombent amoureuses l'une de l'autre, elles finissent par se marier, et Cruz fait tout pour que son épouse puisse adopter son enfant, redevenant alors la mère de son propre enfant. Cruz ne lui disait rien, vivant avec ce secret. ça aurait été beau comme du Sirk. Mais non, il a préféré cette absurdité qui m'empêche d'aimer le film comme il se doit, car c'est un vrai beau film sinon, extrêmement sombre par ailleurs, et dont la partie sur la fosse commune et la guerre d'Espagne est parmi ce qu'Almodovar a filmé de plus grave dans toute son oeuvre, et il le fait remarquablement bien (la dernière séquence est sublime).


C'est drôle ce que tu dis sur l'autre fin possible, car moi aussi c'est exactement ce à quoi je m'attendais durant la séance.
Finalement, ce n'est pas ça, et ça m'a plutôt plu sur le moment de - pour une fois - ne pas avoir vu venir la suite de l'intrigue (tout le reste avant étant assez téléphoné).
In fine, je n'ai pas d'avis tranché sur la question. Je comprends ton positionnement, mais je trouve que la scène arrive à me faire avaler la pilule, à croire en ce geste de Cruz.
Surtout, je trouve la conclusion plus belle que ce tu en dis. Car il y a une vraie ambiguité : on ne sait pas si Cruz est de nouveau en couple avec le mec, si elle est de nouveau en couple avec la jeune femme, si aucun des deux ou les deux... Et oui, elle est de nouveau enceinte, mais il y a quelque chose de très important qui est dit à ce moment là : la jeune femme dit à sa fille "tu vas avoir un petit frère". Il est donc établi que Cruz reste sa mère. Il n'y a pas de bête échange : les deux femmes sont sa mère. Amoldovar fait le choix de ne pas établir de relation stable, de rester dans le flou, sauf sur ce point. Et il préfère l'honnêteté au secret. Ca me va, surtout que tout cela est lié à cette grande Histoire de fosse commune.
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groil_groil a écrit :
mar. 14 déc. 2021 13:59
Attention, je vais SPOILER, mais vraiment SPOILER grave, donc ne lisez pas si vous voulez voir le film :
il faut que tu mette la suite vraiment en SPOILER, c'est à dire xkjxjcuyudhndkdod. C'est beaucoup mieux
"Le cinéma n'existe pas en soi, il n'est pas un langage. Il est un instrument d’analyse et c'est tout. Il ne doit pas devenir une fin en soi".
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Tamponn Destartinn a écrit :
mar. 14 déc. 2021 15:30
groil_groil a écrit :
mar. 14 déc. 2021 13:59


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C'est assez grisant de découvrir le nouveau Almodovar alors que, vous le savez, je suis en pleine rétrospective intégrale. Almodovar qui, après avoir touché le fond, remontait la pente depuis deux films. Un mot d'abord sur les circonstances de visionnage. On dit que les gens ne vont plus en salle, mais on arrive et on nous dit : Complet ! Par chance un autre ciné le joue de l'autre côté de la rue 10mn plus tard, on achète nos places et on rentre dans la grande salle pour se rendre compte que la séance est aussi complète et qu'il ne reste que quelques fauteuils de libre. On parvient à en trouver deux côte à côte au premier rang, et très vite derrière nous des quolibets et des pugilats éclatent à cause de spectateurs qui ont mis des manteaux à leur gauche et droite pour créer une jauge alors qu'il n'y en a pas, face à des gens ayant payé leur place et ne pouvant pas s'asseoir. ça a vraiment failli se battre, ça hurlait dans tous les sens, le personnel du ciné est intervenu, perso j'applaudissais le spectacle, bref, c'était chaude ambiance... Bref, le film ! Almodovar est clairement dans une nouvelle phase ascendante et ce film, bien que fait à l'ancienne, est vraiment réussi, émouvant, digne, grave, superbement interprété par une Cruz qui trouve sans doute son meilleur rôle... Mais, il y a un grave problème de crédibilité scénaristique dans le film, un truc qui fout tout en l'air, et qui m'empêche d'y croire une fois qu'il est arrivé. Attention, je vais SPOILER, mais vraiment SPOILER grave, donc ne lisez pas si vous voulez voir le film : Cruz nous fait donc la famille Groseille, son fils n'est pas le sien, y a eu mélange etc., elle retrouve l'autre mère, celle qui élève son gosse donc, et qui lui apprend qu'il est mort. OK. Sauf que, Cruz, dans un élan de bonté totalement impensable accepte de rendre l'autre enfant à sa génitrice, presque contente de faire un bon geste. Oh wait ! Ce gosse, même si tout ça, ça reste son gosse putain ! Vous vous voyez deux secondes apprendre que votre rejeton n'est pas le vôtre et accepter de le rendre sans la moindre difficulté, avec une simple petite larme ? Déjà parce que juridiquement ça reste ton enfant, et ensuite ce qui compte, ce n'est pas tant le sang que l'éducation, et que ce gamin c'est le gamin de Cruz ! Pire encore, Almodovar semble dire qu'il suffit d'en faire un autre derrière pour effacer ce chagrin. Mon dieu, quelle méconnaissance de ce que peut être la maternité / paternité. Pour moi, après cette scène, impossible de croire à tout ce qui arrive ensuite. Personne, absolument personne ne rendrait ainsi son enfant, c'est une aberration totale. Quand j'ai vu le truc arriver, car on le devine en avance, dès que Penelope vient se mettre au lit à côté de la jeune femme pour veiller son gosse, j'ai imaginer une suite de l'histoire qui aurait pu être si belle : Penélope comprend que c'est le gosse de l'autre, il se trouve qu'elles tombent amoureuses l'une de l'autre, elles finissent par se marier, et Cruz fait tout pour que son épouse puisse adopter son enfant, redevenant alors la mère de son propre enfant. Cruz ne lui disait rien, vivant avec ce secret. ça aurait été beau comme du Sirk. Mais non, il a préféré cette absurdité qui m'empêche d'aimer le film comme il se doit, car c'est un vrai beau film sinon, extrêmement sombre par ailleurs, et dont la partie sur la fosse commune et la guerre d'Espagne est parmi ce qu'Almodovar a filmé de plus grave dans toute son oeuvre, et il le fait remarquablement bien (la dernière séquence est sublime).


C'est drôle ce que tu dis sur l'autre fin possible, car moi aussi c'est exactement ce à quoi je m'attendais durant la séance.
Finalement, ce n'est pas ça, et ça m'a plutôt plu sur le moment de - pour une fois - ne pas avoir vu venir la suite de l'intrigue (tout le reste avant étant assez téléphoné).
In fine, je n'ai pas d'avis tranché sur la question. Je comprends ton positionnement, mais je trouve que la scène arrive à me faire avaler la pilule, à croire en ce geste de Cruz.
Surtout, je trouve la conclusion plus belle que ce tu en dis. Car il y a une vraie ambiguité : on ne sait pas si Cruz est de nouveau en couple avec le mec, si elle est de nouveau en couple avec la jeune femme, si aucun des deux ou les deux... Et oui, elle est de nouveau enceinte, mais il y a quelque chose de très important qui est dit à ce moment là : la jeune femme dit à sa fille "tu vas avoir un petit frère". Il est donc établi que Cruz reste sa mère. Il n'y a pas de bête échange : les deux femmes sont sa mère. Amoldovar fait le choix de ne pas établir de relation stable, de rester dans le flou, sauf sur ce point. Et il préfère l'honnêteté au secret. Ca me va, surtout que tout cela est lié à cette grande Histoire de fosse commune.

:jap: :jap: :jap:
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Cry macho de Clint Eastwood

Une année défile en une seconde, et les souvenirs de l'ancienne vedette en quelques autres. Au-delà de l'histoire dont on se fiche, c'est de temps dont il est question ici. Le temps d'un film, le temps d'une vie, Eastwood vieux, Eastwood jeune... Un parcours qui interroge autant l'acteur que le spectateur, à travers ces films qui ont traversé les époques, ces nombreux changements apparents, passant d'un décor à un autre, d'une contradiction à une autre ; ou plus simplement ces choses qui se passent entre un début et une fin. Et quand le temps s'échappe, qu'il n'est plus qu'idée qui se tend et se détend, que reste-t-il ? Une main sur une main, une lointaine douleur qui revient sans cesse, une dernière danse qui ne s'arrête jamais.
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Tyra
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JanosValuska a écrit :
mar. 14 déc. 2021 01:29

J’en sors à peine et je me sens sale : L’impression de m’être fait gueuler dessus, cracher au visage et piétiner les yeux et les oreilles 2h30 durant – Ressenti 8h.
C’est un film qui pue la pisse, la merde, le vomi, le sang, l’alcool et le cambouis.
Alors c’est une expérience, oui. Et le film ne lésine sur rien non plus d’un point de vue formel : Plans séquences impossibles, changements de format, de point de vue, irruption d’animation, un chapitre en noir et blanc, petites phrases choc dans le décor du type « La journée est merdique et toi aussi » ou « Comment vivre ensuite ? ». Dernière réplique du film prononcée par un personnage secondaire récurrent qui brise le quatrième mur et face caméra d’un ton rigolard balance « Faut payer le voyage, hahaha ». Tout y passe, jusqu’à l’écœurement. Même ses rares accalmies sont aussitôt compensées par un cri, comme pour ne pas te faire oublier que tu traverses l’enfer. Rarement vu un truc aussi satisfait de sa virtuosité malade. Rarement vu un film aussi nihiliste. Franchement ça donne envie d’en finir avec l’humanité.
Bref c’était horrible.
Oui nihiliste, ça ne m'était pas venu à l'esprit mais c'est ça. Au delà de l'entremêlement réel/fantasme/vision fiévreuse, le film nous présente une Russie insurrectionnelle, au bord de l'implosion, ce qui pourrait être une charge contre le pouvoir. Or plus le film avance, plus ce que l'on voit est en réalité une guerre de tous contre tous, où tout le monde se méprise, se crache à la gueule, où plus personne n'est capable d'amour ou d'empathie. La "critique du pouvoir" s'évapore pour une vision misanthrope de la Russie et des russes.
A l'image de cette dernière partie en noir et blanc au récit plus classique, qui ne me semble faite que pour "salir" cette fille des neiges qui avait tant impressionné le héros lors de cette fête d'école, annihilant du coup tout idéal, toute vision idyllique à laquelle se raccrocher.
len'
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Tyra a écrit :
mer. 15 déc. 2021 14:11
JanosValuska a écrit :
mar. 14 déc. 2021 01:29

J’en sors à peine et je me sens sale : L’impression de m’être fait gueuler dessus, cracher au visage et piétiner les yeux et les oreilles 2h30 durant – Ressenti 8h.
C’est un film qui pue la pisse, la merde, le vomi, le sang, l’alcool et le cambouis.
Dit comme ça, ça fait penser à "Il est difficile d'être un Dieu" d'Alexeï Guerman.
Une autre expérience, à voir (et à éprouver).
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groil_groil
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Enregistré le : jeu. 8 oct. 2020 21:12

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Marrant de voir Onoda le lendemain de la finale de Koh-Lanta, tant il y a de parenté entre les deux. Bon, le film d'Harari est nettement meilleur, et c'est d'ailleurs sidérant de voir autant de maitrise sur un second film, alors que son premier laissait bien transparaitre la naissance d'un auteur, mais il y a un fossé entre les deux. D'ailleurs, Harari va pouvoir faire ce qu'il veut après un film pareil, tant mieux pour lui, mais attention aussi à la tentation du cinéaste-démiurge qui pointe après un film pareil. Bon le film est une véritable expérience, un véritable voyage tant interne que géographique, un long voyage immobile en même temps. ça dure trois heures, mais ce n'est jamais trop long, le rythme est parfait, et sa principale réussite est de faire, comme le disait Tarkovski, un film dont l'unité de mesure temporelle n'est plus la seconde, mais le plan. Une fois qu'on sait faire ça, on peut faire un film de 8 heures (à la Tarr) et ce n'est jamais trop long. Mes parties préférées du film sont les rencontres entre les deux temporalités, soit le tout début et la toute fin. Il s'y joue quelque chose de magique, d'impalpable, et de vertigineux. Le reste, au milieu, soit la quasi totalité du film, est superbe, mais presque un peu trop sage, un peu trop maitrisé. J'aurais aimé un peu plus d'échappées poétiques, non narratives (ça reste avant tout un film extrêmement narratif, peut-être un peu trop, malgré son minimalisme). Mais ne boudons pas notre plaisir pour autant, c'est bel et bien un très grand film.

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Premier long métrage d'une jeune cinéaste australienne, assez passionnant et original, qui filme la vie d'une adolescente atteinte d'un cancer, de sa rencontrer et de sa love story avec un bad boy, et de ses relations avec des parents borderline. Le film est très beau, bien écrit, bien mise en scène, et j'ai adoré son montage et son découpage en chapitres, qui lui donnent sa personnalité et son côté très "indé". Bémol quand même sur la fin du film qui sombre dans le mélodrame lacrymal qu'il évitait pourtant très bien dans sa première partie et qui le dévalue quelque peu in fine même si mon avis reste positif.
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JanosValuska
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Tyra a écrit :
mer. 15 déc. 2021 14:11
JanosValuska a écrit :
mar. 14 déc. 2021 01:29

J’en sors à peine et je me sens sale : L’impression de m’être fait gueuler dessus, cracher au visage et piétiner les yeux et les oreilles 2h30 durant – Ressenti 8h.
C’est un film qui pue la pisse, la merde, le vomi, le sang, l’alcool et le cambouis.
Alors c’est une expérience, oui. Et le film ne lésine sur rien non plus d’un point de vue formel : Plans séquences impossibles, changements de format, de point de vue, irruption d’animation, un chapitre en noir et blanc, petites phrases choc dans le décor du type « La journée est merdique et toi aussi » ou « Comment vivre ensuite ? ». Dernière réplique du film prononcée par un personnage secondaire récurrent qui brise le quatrième mur et face caméra d’un ton rigolard balance « Faut payer le voyage, hahaha ». Tout y passe, jusqu’à l’écœurement. Même ses rares accalmies sont aussitôt compensées par un cri, comme pour ne pas te faire oublier que tu traverses l’enfer. Rarement vu un truc aussi satisfait de sa virtuosité malade. Rarement vu un film aussi nihiliste. Franchement ça donne envie d’en finir avec l’humanité.
Bref c’était horrible.
Oui nihiliste, ça ne m'était pas venu à l'esprit mais c'est ça. Au delà de l'entremêlement réel/fantasme/vision fiévreuse, le film nous présente une Russie insurrectionnelle, au bord de l'implosion, ce qui pourrait être une charge contre le pouvoir. Or plus le film avance, plus ce que l'on voit est en réalité une guerre de tous contre tous, où tout le monde se méprise, se crache à la gueule, où plus personne n'est capable d'amour ou d'empathie. La "critique du pouvoir" s'évapore pour une vision misanthrope de la Russie et des russes.
A l'image de cette dernière partie en noir et blanc au récit plus classique, qui ne me semble faite que pour "salir" cette fille des neiges qui avait tant impressionné le héros lors de cette fête d'école, annihilant du coup tout idéal, toute vision idyllique à laquelle se raccrocher.
Pas mieux ! :jap:
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JanosValuska
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len' a écrit :
jeu. 16 déc. 2021 00:16
Tyra a écrit :
mer. 15 déc. 2021 14:11
JanosValuska a écrit :
mar. 14 déc. 2021 01:29

J’en sors à peine et je me sens sale : L’impression de m’être fait gueuler dessus, cracher au visage et piétiner les yeux et les oreilles 2h30 durant – Ressenti 8h.
C’est un film qui pue la pisse, la merde, le vomi, le sang, l’alcool et le cambouis.
Dit comme ça, ça fait penser à "Il est difficile d'être un Dieu" d'Alexeï Guerman.
Une autre expérience, à voir (et à éprouver).
Très juste, oui. J'y ai pensé durant la séance...
Autre expérience qui m'avait gonflé, au passage.
Ceci étant, le Guerman n'est pas boursouflé comme le Serebrenikov, il est total, on aime ou non le voyage, mais il n'y a pas cette emphase (empruntée à Kusturica, Jeunet, Gilliam, grosso modo) qui traverse tout La fièvre de Petrov et qui vise moins au voyage qu'à un tour d'épate ;)
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JanosValuska a écrit :
jeu. 16 déc. 2021 12:33

Ceci étant, le Guerman n'est pas boursouflé comme le Serebrenikov, il est total, on aime ou non le voyage, mais il n'y a pas cette emphase (empruntée à Kusturica, Jeunet, Gilliam, grosso modo) qui traverse tout La fièvre de Petrov et qui vise moins au voyage qu'à un tour d'épate ;)
eh ben, ça promet :D
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Rapido :

Hervé Guibert, la mort propagande, David Teboul

Documentaire diffusé sur Arte reprenant quelques moments coupés du documentaire autobiographique de Guibert lui-même sur sa maladie.
Ca n'a pas beaucoup d'intérêt cinématographique, mais j'ai beaucoup aimé Guibert alors je regarde tout ce qui le concerne. Disons que le film a le mérite de mettre en perspective tout ce qui dans son travail relevait d'une sorte de morbidité prémonitoire, et surtout d'un certain courage (voire un désir) face à la mort.

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A la vie, Aude Pépin

On suit une sage-femme à domicile (le documentaire ne le précise pas) dans ses dernières visites avant la retraite.
Le film rappelle un peu celui de Claire Simon sur la dernière année d'un médecin de province, mais le film d'Aude Pépin est plus politique, voire plus militant, sans doute à cause de son personnage principal. Le propos de cette femme est passionnant, et le documentaire est honnêtement construit.

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Retour à Reims, fragments, Jean-Gabriel Périot

Périot reprend le texte de Didier Eribon, ne garde que la dimension politique, fait lire les dits fragments à Adèle Haenel, et trouve dans le cinéma un ensemble de scènes (Godard, les films Medvedkine...) qui pourraient répondre au propos d'Eribon. Ca fonctionne très bien, mais encore une fois c'est du cinéma qui nous fait la lecture.
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groil_groil a écrit :
mar. 14 déc. 2021 13:59
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C'est l'un des rares Bresson que je n'avais pas encore vu et putain quelle claque. Gros chef-d'oeuvre, d'une densité et d'une intensité rare. Le fait de reprendre comme seule source de dialogues les minutes du procès rend l'ensemble encore plus fou, car on sait que ce que Bresson nous donne à voir est précisément ce qu'il s'est passé, ce qu'il s'est dit. Et c'est ça aussi qui donne sa grande modernité au film, accompagné par le talent de Florence Delay, qui est la seule actrice à jouer face à une armada de mecs, et qui a l'aura d'une Falconetti.

:love2:
Sublime oui ! L'impression aussi de saisir enfin quelque chose de la grandeur de Jeanne d'Arc avec ce film, personnage historique si souvent recouvert d'un mythe et d'une aura difficile à percer (mais je n'ai pas vu le Dreyer).
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Bad Luck Banging or Loony Porn, Radu Jude

C'est l'histoire d'une femme qui pense à une image au milieu des autres images. Une vidéo porno d'elle a fuité sur internet, elle marche dans la ville pour se rendre à la réunion où les parents de ses élèves sont venus décider de son sort, entourée de toutes les autres images, qui ne sont pas considérées comme pornographiques, alors même qu'elles dégueulent et nous abrutissent.
Le film est divisé en trois parties. La première est cette déambulation très déstabilisante, car Radu Jude s'attarde sans cesse sur le paysage publicitaire dégueulasse dans lequel se perd son héroïne. La deuxième est un lexique imagé, très drôle, mais qui vient encore plus perturber le récit déjà flottant. La troisième est une grande scène, brechtienne, où les parents d'élèves réunis affrontent l'héroïne et jugent de son acte. L'humour de Radu Jude est évident, très réjouissant, bien que sa vision du monde soit d'une noirceur totale. Il y a bien quelques complaisances ou facilités dans Bad Luck Banging, mais je crois qu'elles sont inhérentes à ce genre de films, qui ne serait pas assez libre s'il ne l'était pas trop (il n'y a pas vraiment de juste mesure en terme d'irrévérence, sinon ce n'est plus de l'irrévérence).
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Nous, Alice Diop

Nous, c'est les autres, mais avec soi dedans. C'est le présent plein du passé. Pluralité parfaite, ni hypocrite, ni fermée. Beauté d'un regard qui cherche, se cherche, cherche l'autre partout où il va.
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Tamponn Destartinn a écrit :
mar. 14 déc. 2021 15:30
C'est drôle ce que tu dis sur l'autre fin possible, car moi aussi c'est exactement ce à quoi je m'attendais durant la séance.
Idem. Je me suis dit : et voilà, la gamine aura deux mères. Mais j'aurais trouvé ça trop "dans l'air du temps". Chiant quoi.
Tamponn Destartinn a écrit :
mar. 14 déc. 2021 15:30
Amoldovar fait le choix de ne pas établir de relation stable, de rester dans le flou
Oui. Et il a bien eu raison

Par contre, dès que Pénelope Cruz ouvre sa gueule, c'est pour chialer. Quand elle raconte à Ana (vers 4/5 du film) l’histoire de la fausse commune( il y a80 ans quand même !), elle a déjà les larmes aux yeux.
Eh ben...
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Salut !
un papier qui peut vous intéresser ;)

https://www.troiscouleurs.fr/article/de ... SVTyiE--vI
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asketoner a écrit :
sam. 18 déc. 2021 10:32
entourée de toutes les autres images, qui ne sont pas considérées comme pornographiques, alors même qu'elles dégueulent et nous abrutissent.
...
La première est cette déambulation très déstabilisante, car Radu Jude s'attarde sans cesse sur le paysage publicitaire dégueulasse dans lequel se perd son héroïne.
Je ne comprends pas vraiment le roumain, mais je connais plein de mots de cette langue et je comprends un peu son atmosphère (ou si je peux dire sa tonalité) donc, je peux te dire que la première partie est très drôle aussi (assez Tatienne aussi, si on réfléchit bien). Il y a un mot qui traine tout au long du film : kurvë/kurva (pute/la pute) et la façon comment (et combien) il est prononcé est un régal. Même le titre original du film contient des mots d'origines gitanes (que les roumains, et pas seulement les roumains mais tous les balkaniques les portent tellement dans leur cœur - c'est de l'ironie, bien sur)

Sinon, c'est un film sur la pipe (la fellation) aussi. Les pays de l'Est (qui découvrent le consumérisme en même temps que le libertinage - je ne sais comme je peux le dire), font une fixation sur elle. Le plan final le confirme
:D
Modifié en dernier par sokol le lun. 20 déc. 2021 13:39, modifié 2 fois.
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groil_groil a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:07
Salut !
un papier qui peut vous intéresser ;)

https://www.troiscouleurs.fr/article/de ... SVTyiE--vI
ahahahaha, c'est génial ! En plus, c'était exactement ça l'Aled.

J'adore !!! :love: :love: :love: :love:


:love2:
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groil_groil a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:07
Salut !
un papier qui peut vous intéresser ;)

https://www.troiscouleurs.fr/article/de ... SVTyiE--vI
Chef d'oeuvre absolu de tous les temps, cet article :love2: :love2:
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groil_groil a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:07
Salut !
un papier qui peut vous intéresser ;)

https://www.troiscouleurs.fr/article/de ... SVTyiE--vI
ahahahahahaha, il y a aussi un truc, je me souviens quand tu as fermer un topic ("à l'écoute de... " ?). Je ne voyais pas pourquoi ! :D (pourtant, on a continué sur un autre topic) , pourtant je ne pipais pas mot :lol: :lol:

je ris comme un débile là :D
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asketoner a écrit :
lun. 20 déc. 2021 10:39
Image

Nous, Alice Diop

Nous, c'est les autres, mais avec soi dedans. C'est le présent plein du passé. Pluralité parfaite, ni hypocrite, ni fermée. Beauté d'un regard qui cherche, se cherche, cherche l'autre partout où il va.
Tu en parles bien mais à vrai dire je n'ai senti cela que dans un seul plan, superbe : lorsqu'elle filme une femme voilée dans le reflet du RER, et qu'elle parle de sa mère. C'est à dire qu'elle filme, honnêtement, cette femme tout autant que le souvenir d'une mère qu'elle fait surgir, dans la distorsion permise par le reflet, la caméra qui se dissimule et reste visible à la fois

j'ai aussi le souvenir d'un plan sur des arbres dans le brouillard, la nuit, au pied du petit immeuble où elle a passé son enfance. peut-être que ces images me rappellent certaines des miennes. pour le reste, je trouve le film un peu mou, un peu terne, pas si voyant. il n'a à mon sens pas su dompter sa belle idée de départ.
« j’aurais voulu t’offrir cent mille cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l’appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous »
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"Sur un réseau social, on se met toujours en avant en tant que personne. Mais ici ce n’est pas soi qu’on met en avant, c’est sa pensée cinéphilique "

groil

:jap: :jap: :jap:
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sokol a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:05
Tamponn Destartinn a écrit :
mar. 14 déc. 2021 15:30
C'est drôle ce que tu dis sur l'autre fin possible, car moi aussi c'est exactement ce à quoi je m'attendais durant la séance.
Idem. Je me suis dit : et voilà, la gamine aura deux mères. Mais j'aurais trouvé ça trop "dans l'air du temps". Chiant quoi.

Cela dit, je dis justement que le seul élément non flou de cette fin, c'est qu'il est considéré que cette gamine a bien deux mères ! Juste, elles ne sont pas forcément restée en couple, ce n'est pas arrivé parce que la mère non biologique a épousé la mère biologique sans lui révéler le pot aux roses.

Et plus j'y pense, plus il fallait cette fin.
Le parallèle avec le passé de l'Espagne est évident : il faut mettre fin aux tabous et déterrer nos secrets honteux.
Il est évident que le personnage de Cruz (que je trouve très bien) envisageait fortement faire ce que groil groil a proposé. Mais elle mentait mal, elle souffrait de cette situation, créant ainsi des suspicions chez sa compagne qui allait la larguer si jamais ça continuait ainsi. Plus j'y pense, plus je crois au geste de Cruz.
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Tamponn Destartinn a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:45
Cela dit, je dis justement que le seul élément non flou de cette fin...
...

Et plus j'y pense, plus il fallait cette fin.
Oui, j'ai bien suivi ta pensé et je suis bien d'accord.
Tamponn Destartinn a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:45
Le parallèle avec le passé de l'Espagne est évident : il faut mettre fin aux tabous et déterrer nos secrets honteux.
Ça par contre, j'étais moins convaincu : on parle de la fausse commune au tout début; puis, on n'en parle plus. et on reparle à la toute fin (effectivement, il fallait bien clore le film).
Bof bof...
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sokol a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:45
"Sur un réseau social, on se met toujours en avant en tant que personne. Mais ici ce n’est pas soi qu’on met en avant, c’est sa pensée cinéphilique "

groil

:jap: :jap: :jap:

Ma phrase préférée de groil est celle là : On était anonymes, non pas pour se cacher mais parce que ça ne se faisait pas à l’époque de déclarer son identité sur Internet. Et cela mettait tout le monde sur un pied d’égalité. On était juste un pseudonyme et on pouvait discuter aussi bien avec un facteur qu’avec un scénariste 

C'est clair que c'était super important. Le jour où j'ai appris que l'un des alediens était un scénariste très connu et que j'admire beaucoup, ça m'a surpris, mais heureusement que je ne l'ai pas su dès le départ. Sinon, je n'aurais surement pas répondu à ses posts de la même façon.
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sokol a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:48

Ça par contre, j'étais moins convaincu : on parle de la fausse commune au tout début; puis, on n'en parle plus. et on reparle à la toute fin (effectivement, il fallait bien clore le film).
Bof bof...

Ben, c'est une boucle, tout simplement. Set up/Pay off, comme disent les scénaristes anglo-saxon. (Préparation/Paiement chez nous :D )
Vu la place que ça prend au début, il était évident que ça allait "servir" à un moment donné, scénaristiquement parlant. Moi j'ai été agréablement surpris par la force de ce retour attendu. Je ne voyais pas comment ça allait résonner avec la petite histoire du film, et c'est finalement le cas pour ce que j'ai dit. Surtout, ça aide le film à prendre de la hauteur et a illustré le fait qu'on s'en fout un peu si Cruz finit avec le mec ou la meuf, ou les deux, ou aucun des deux... C'est ça en fait : ça donne de la hauteur sur la question principale du film que sont nos racines et la maternité.
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@Tamponn Destartinn bon, faut que tu (et pas que toi !!) vois "Bad Luck Banging or Loony Porn" (Mauvaise baise ou porno barjo, selon la traduction proposée par le réalisateur :D) car c'est u n i q u e (car on ne voit pas tous les jours des films comme ça)
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sokol a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:41
groil_groil a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:07
Salut !
un papier qui peut vous intéresser ;)

https://www.troiscouleurs.fr/article/de ... SVTyiE--vI
ahahahahahaha, il y a aussi un truc, je me souviens quand tu as fermer un topic ("à l'écoute de... " ?). Je ne voyais pas pourquoi ! :D (pourtant, on a continué sur un autre topic) , pourtant je ne pipais pas mot :lol: :lol:

je ris comme un débile là :D
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Tamponn Destartinn a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:49
sokol a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:45
"Sur un réseau social, on se met toujours en avant en tant que personne. Mais ici ce n’est pas soi qu’on met en avant, c’est sa pensée cinéphilique "

groil

:jap: :jap: :jap:

Ma phrase préférée de groil est celle là : On était anonymes, non pas pour se cacher mais parce que ça ne se faisait pas à l’époque de déclarer son identité sur Internet. Et cela mettait tout le monde sur un pied d’égalité. On était juste un pseudonyme et on pouvait discuter aussi bien avec un facteur qu’avec un scénariste 

C'est clair que c'était super important. Le jour où j'ai appris que l'un des alediens était un scénariste très connu et que j'admire beaucoup, ça m'a surpris, mais heureusement que je ne l'ai pas su dès le départ. Sinon, je n'aurais surement pas répondu à ses posts de la même façon.
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Tamponn Destartinn a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:49
Ma phrase préférée de groil est celle là : On était anonymes, non pas pour se cacher mais parce que ça ne se faisait pas à l’époque de déclarer son identité sur Internet.
Oui, bien sur. Mais comme je déteste les réseaux sociaux justement à cause de l'absence de l’anonymat, j'ai cité celle où il parle de ça.

Cela dit, j'étais (et je suis) le seul à mettre mon vrai prénom sur ce forum :D, à croire que j'anticipais l'arrivée des RSDM (réseaux sociaux de merde :lol: )
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sokol a écrit :
lun. 20 déc. 2021 13:34
Tamponn Destartinn a écrit :
lun. 20 déc. 2021 12:49
Ma phrase préférée de groil est celle là : On était anonymes, non pas pour se cacher mais parce que ça ne se faisait pas à l’époque de déclarer son identité sur Internet.
Oui, bien sur. Mais comme je déteste les réseaux sociaux justement à cause de l'absence de l’anonymat, j'ai cité celle où il parle de ça.

Cela dit, j'étais (et je suis) le seul à mettre mon vrai prénom sur ce forum :D, à croire que j'anticipais l'arrivée des RSDM (réseaux sociaux de merde :lol: )
Ilan mettait son vrai prénom sur allo, comme toi. mais avant de vous connaitre j'ai toujours cru que c'était deux pseudos :D :D
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