Enième revisionnage, mais j'adore ce film qui est pour moi l'incarnation du bon thriller 80's à l'américaine, un bonheur visuel total. Qui plus est j'adore Bob Rafelson, même dans un film a priori moins personnel comme icelui, mais sa mise en scène a beau être plus discrète elle n'en reste pas moins le facteur déterminant de la réussite du film, et évidemment Debra Winger, l'une des plus grandes actrices de l'époque, on ne le dira jamais assez.
Ce remake d'Apocalypse Now dans l'espace m'avait littéralement fasciné lors de sa sortie (un des plus beaux James Gray, haut la main), le revoir enlève l'effet de surprise, voire de sidération sur certaines scènes, mais c'est bel et bien, et à jamais, un film sublime.
Non Nanni Moretti ne fait pas un cinéma de vieux comme j'ai pu, consterné, le lire un peu partout, mais revient à ses amours premières d'un cinéma bricolé à la structure pas toujours bien équilibrée (tant mieux !) pour offrir un nouveau chef-d'oeuvre qui se glisse pour moi dans la suite logique de ses deux plus beaux films, Palombella Rossa et Journal Intime (il y a du Aprile aussi, mais Aprile est nettement moins bon...). Moretti brocarde les dérives du monde et des comportements humains qui l'insupportent, et c'est au nom de ça qu'on le traite de réac, voire de boomer (au secours les expressions de faux jeune) alors qu'il a toujours été comme ça, depuis ses premiers films, depuis Sogni d'Oro où du haut de ses vingt ans ils insultent les gens en leur hurlant "mais vous y connaissez quoi, vous au cinéma", ou depuis Palombella Rossa où il met une claque à une journaliste qui utilise le mot "kitsch", ou depuis Journal Intime où il va torturer jusque dans son lit un critique qui a osé défendre un film qu'il considère comme abject. Le cinéma de Moretti est l'un des plus personnels qui soient, et celui-ci l'est encore plus car son personnage n'a même plus le nom de son alter ego Michele Apicella, il se nomme carrément Giovanni, soit le vrai prénom de Moretti. Réalité et fictions se mêlent en permanence, comme se mêlent admirablement bien dans le film la partie "film dans le film", soit les années 50 et cette troupe de cirque hongroise qui vient trouver refuge en Italie, et la partie "réelle" soit celle des atermoiements d'un cinéaste pour parvenir à boucler le tournage de son film, et les aléas des producteurs. C'est la partie la plus drôle du film bien sûr, j'ai ri aux éclats quasiment à chaque scène, les plus réussies étant celle où il finit par téléphoner à Martin Scorsese pour lui demander son avis sur un plan (d'un autre cinéaste) qu'il juge obscène, et surtout le rendez-vous avec Netflix, ce que j'ai vu de plus drôle et de plus jouissif depuis des années. Mais il y a deux autres parties dans le film, celle qui concerne le parti communiste italien, le film se déroulant au moment historique où ce dernier prend ses distances d'avec le PC d'URSS. On sait l'importance du PC dans l'oeuvre et la vie de Moretti, et je crois qu'il n'avait pas abordé la question avec autant d'émotion auparavant. Puisqu'il est question d'émotion, le quatrième côté du film est sans hésitation le plus émouvant, puisqu'il est celui de la fin d'un amour. Le film s'ouvre là-dessus d'ailleurs : l'épouse de Giovanni, productrice de cinéma et qui pour la première fois produit le film d'un autre et pas le sien, est chez le psy, et lui confie qu'elle a besoin d'un psy pour parvenir à quitter son mari. Elle n'y arrive pas seule, car elle ne l'aime plus et l'aime encore en même temps, elle a besoin de vivre sans lui, d'exister pour elle-même et plus dans son ombre, mais en même temps elle veut le protéger et lui faire le moins de mal possible. Cette fin d'amour rappelle de toute évidence tout ce qui est magnifiquement dit sur le divorce des deux protagonistes du Caïman, et c'en est tout aussi bouleversant. In fine, Vers un Avenir Radieux est tout sauf une compile ou une redite des thèmes morettien, c'est au contraire une merveilleuse quintessence de son oeuvre dans laquelle il accepte le fait de vieillir et de regarder un monde qui le désespère de plus en plus mais qu'il continue d'aimer et d'embrasser avec la même rage.
Celui-ci, à force de le voir, je commence à vraiment bien le connaitre, et c'est fou comme le temps passant (même si le film est relativement récent) il est devenu un classique. Je ne lui connais quasiment plus de détracteurs d'ailleurs, c'est un film qui a très vite fait l'unanimité. C'est le meilleur Fincher, de loin, et c'est un film qui aborde le genre serial killer avec un pas de côté, car c'est un film sur l'échec et le renoncement. On n'attrapera ni ne jugera jamais le Zodiac, le spectateur le sait, les protagonistes aussi, et tout le monde rage car on a toutes les preuves sous les yeux, et l'incapacité de les assembler. Et je trouve ça courageux car le genre, par définition, appelle un coupable, un jugement, une condamnation. Là, on doit se passer de tout ça, et faire avec.
D'Erick Zonca, comme quasiment tout le monde, je ne connaissais que son hit surprise La Vie Rêvée des Anges; je savais qu'il avait tourné un film aux USA ensuite et qu'il s'était totalement planté, mais j'étais loin de me douter que c'était une réussite totale. Tilda Swinton (qui y est absolument prodigieuse) endosse le rôle principal, celui d'une femme alcoolique, ingérable, caractérielle et un peu folle, qui décide de kidnapper un gamin pour empocher une rançon. Evidemment, rien ne va se passer comme prévu et ce rapt va la conduire jusqu'au Mexique où elle mettra plusieurs fois sa vie et celle de l'enfant en danger. C'est un film incroyable car on est vraiment embarqué avec elle, qu'on déteste pourtant mais qu'on va trouver de plus en plus attachante, et ce pauvre môme qui n'a rien demandé. La mise en scène de Zonca est incroyable de dynamisme, de maitrise et de rythme, et m'a rappelé aussi bien celle de Raphael Nadjari ou d'Amos Kollek. C'est vraiment rarissime qu'un cinéaste français réussisse un film aux Etats-Unis, mais là c'est une évidence.
J'adore Ira Sachs, vraiment, mais j'ai malheureusement du mal à aimer son nouveau film. C'est un triangle amoureux. Un cinéaste allemand, marié à un anglais, tombe amoureux d'une femme pour qui il va quitter son mari. Elle tombe enceinte, mais lui, qui est vraiment un sale con, recouche avec son mec, elle décide d'avorter, mais finalement le mec le dégage car il est toxique, il tente in extremis de revenir avec la fille mais elle le dégage aussi et il finit seul comme un con. Bon c'est un schéma relativement classique, mais ce qui me gonfle un peu dans le film c'est son côté incroyablement tristoune. Tout est triste, un peu chiant, on ne sent d'envie nulle part, ni chez les personnages, ni dans le scénario, encore moins dans la réalisation. ça m'a pas mal rappelé le cinéma d'auteur français de la fin 90's (le film se déroule intégralement à Paris d'ailleurs, ça aide), cette époque où tout devait constamment être tristoune pour s'affirmer comme acte d'auteur... Bon Adèle Exarchopoulos y est excellente, mais on commence à avoir l'habitude, et elle fait beaucoup de bien au film.
ça ne fait jamais de mal de revoir un petit Bresson de temps en temps...
Découvert ce film en salle en 1991 et beaucoup revu les années qui ont suivi, tant il m'avait fasciné. C'est un cas rare, voire rarissime, de film fantastique à la française qui soit réussi, voire même quasi fascinant je trouve, sans non plus tomber dans les travers de la série B. C'est un film dont je préfère ne rien dévoiler du pitch afin que vous alliez vous y confronter en étant le plus vierge possible, mais c'est un film qui continue de me marquer 30 ans plus tard et qui tient parfaitement la revoyure aujourd'hui. Pas de gras ni de chichi, 1h24 générique compris, et une mise en scène qui ne traite que son sujet et rien autour. Le film avance, imparable, et emporte le spectateur, sidéré comme son protagoniste. Les droits appartiennent à Studiocanal, et le film n'est plus disponible aujourd'hui. J'aimerais vraiment beaucoup que Thoret le sorte en bluray dans sa collection Make My Day !, il y aurait toute sa place.
Un Friedkin si petit, si mineur, si anecdotique, malgré un sujet énorme (serial killer puis film de procès) qu'on dirait un téléfilm.